Il ne faisait pas forcément bon prendre un pot en terrasse, ce soir du 13 novembre 2015, surtout à Paris, dans le 11ème arrondissement, et surtout dans cet État français devenu obèse, de plus en plus rongé par le socialisme, la bureaucratie tatillonne et les histoires kafkaïennes. Ce soir-là, au bar de « la Belle Équipe », Djamel C. aura subi la double peine : celle d’être victime de terroristes et celle d’être victime de l’État dans ce qu’il a de plus froid.
Grièvement blessé de quatre balles, deux dans la cuisse gauche, une dans le bras gauche – aujourd’hui paralysé – et une dernière dans la jambe droite, Djamel C., un entrepreneur de 36 ans, en sera finalement amputé. Sur le plan médical, son calvaire commençait auquel s’ajoutera bien vite celui, tout à fait inique, imposé par l’État qui lui refuse le statut d’invalide.
Compte-tenu de ses blessures et de la perte de son autonomie, il avait naturellement entamé des démarches pour obtenir une carte d’invalidité et le statut de travailleur handicapé qui facilite l’accès à l’emploi. Normalement, l’obtention de cette carte nécessite de remplir (je vous le donne en mille) deux cerfas, le 13788*01 et le n°13878*01, auxquels il faut joindre une photocopie de pièce d’identité, un justificatif de domicile (parce que les SDF n’ont pas le droit d’être invalides, apparemment) et une photographie d’identité qui sera jointe à la carte demandée.
Apparemment, l’administration juge aussi nécessaire d’avoir un « projet de vie » sur papier libre décrivant les attentes, les besoins ou les aspirations du demandeur, parce qu’une carte d’invalidité impose non pas d’être invalide, mais – probablement ? – d’être motivé. C’est indubitablement indispensable et parfaitement logique de réclamer une petite rédaction pour justifier l’accès à un élément administratif qui devrait être délivré en fonction de critères objectifs (l’invalidité de la personne) et non de critères moraux ou parfaitement subjectifs : s’il n’est pas donné la possibilité à une administration d’exercer un minimum de pression idiote sur les individus, à quoi diable sert le pouvoir ?
Heureusement, rassurez-vous : ce n’est pas à cause d’une rédaction mal rédigée que Djamel C. verra sa demande refusée par deux fois, mais simplement parce qu’il n’entrait pas dans les bonnes cases ni les bons critères. Monsieur n’étant pas invalide à au moins 80%, il n’aura pas le droit à sa précieuse carte.
Pour rappel, une telle carte permet de révoquer le président de la République ad nutum, de violer le Premier ministre sur une table basse, de toucher le premier gain au loto trois fois de suite et … Ah on me fait savoir que non, en fait, cette carte permet seulement la priorité d’accès aux places assises dans les transports en commun et des places spécifiques dans les salles d’attentes ou les lieux accueillant du public, ainsi qu’une priorité dans les files d’attente. On comprend que, devant un tel passe-droit, la Commission de la Maison départementale des personnes handicapées (CMDPH) soit particulièrement réticente à distribuer le précieux carton, tant les abus pourraient aboutir à des drames évidents, et qu’elle se montre nécessairement pointilleuse sur les critères d’attribution. Dura lex sed lex et « t’es pas dans les critères alors merci au revoir ».
Devant ce double refus, Djamel aura fini par interpeller l’administration (in)compétente, puis, devant le succès flamboyant de la manœuvre, les médias, puis, devant l’évolution extrêmement favorable de son dossier, aura opté pour une petite grève de la faim parce qu’entre deux séances de rééducation, mettre sa santé en danger lui semblait le plus apte à permettre l’obtention de cette véritable clé de trésors innombrables et de privilèges ahurissants.
Au bout du compte, la nouvelle commençant à faire de la mousse dans les médias et quelques réseaux sociaux, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes est finalement sortie de sa léthargie pour venir en aide au futur invalide qui, youpi, aura obtenu gain de cause. Le lundi 4 juillet, en fin de journée, Djamel C. a reçu sa carte. Elle sera valable cinq ans (des fois que sa jambe repousse et qu’il redevienne valide subitement, je présume).
Ah, décidément, il ne fait pas bon tomber sous les balles de terroristes en France, où l’État semble bien plus prompt à faire respecter tous les petits alinéas de tous les petits décrets et circulaires que l’administration produit sans arrêt plutôt que l’ordre et la justice que les citoyens réclament pourtant de façon véhémente.
Qu’il est beau, cet État magnifiquement étanche aux tracas quotidiens de ces petites créatures misérables qui le font vivre ! Qu’il est grand, cet État qui se repaît de cette solidarité forcée sur tous et qui n’en distribue qu’au compte-gouttes et exclusivement à ceux qui ont leurs entrées dans les ministères ! Oublions bien vite l’inhumanité froide du traitement de ces victimes d’attentat qui, malgré un ministère dédié entièrement à leurs cas, pataugent dans les formulaires et les réponses glaçantes d’un système maintenant largement détaché de ses missions de base, aider le citoyen. Oublions ces politiciens, la bouche remplie de solidarité et de fraternité qu’ils ne sont capables de créer nulle part. Oublions ces dérives administratives qui écrabouillent consciencieusement les plus faibles, quitte à les pousser au suicide, sous couvert de redistribution, de solidarité ou d’aide aux défavorisés.
Oublions bien vite ces désagréments, ils pourraient nous rappeler d’autres pays où la collectivisation galopante de toute la société a mené, inexorablement, au désastre. Oublions la bureaucrativite fulgurante qui a durablement retiré toute relation humaine des équations qu’il faut résoudre pour savoir si untel peut recevoir le petit privilège ou la petite carotte que l’État octroie aux miséreux que son système a créé.
Oublions tout cela, on risquerait de se rendre compte que c’est cette collectivisation qui entraîne, tous les jours, un service de plus en plus pourri pour des frais toujours plus grand. C’est ce collectivisme, cette socialisation à outrance, cette normalisation tous azimuts, ces millions de cerfas sclérosants qui produisent une administration tous les jours plus froide et plus inhumaine, incapable de gérer les têtes qui dépassent et les cas exceptionnels.
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Sur le web
je présume que cet entrepreneur , et tout ceux qui se trouvent dans son cas vont avoir droit à une misérable pension d’invalidité , octroyés au compte goutte , paperasse à remplir ,justificatif de ceci , de cela etc….il aurait mieux vallut qu’il soit le coiffeur de mossieur hollande , qui touche 9895 euro brut par mois avec éventuellement indemnités de résidence et avantages familliaux ….je n’ose penser aux dépenses que paient les français pour le physique de ce président ( pédicure , manucure , soins corporel …..) cet état de socialos ne s’intérressent aux contribuables que pour le taxer à outrance , et dilapider leur argent ;
Au-delà du caractère clairement dégueulasse de la situation décrite dans cet article, h16 fait comme d’habitude: des généralisations à partir d’un fait touchant une personne. Si vous aviez déjà bossé dans une grosse boîte dans votre vie, vous sauriez que la bureaucratie incompétente n’est pas le propre de l’administration publique, c’est malheureusement assez récurrent dans les grosses structures en général. J’ai essaye par exemple depuis 6 mois d’obtenir un putain de papier de mon assurance santé (privée, j’habite à l’étranger) pour pouvoir faire ma déclaration d’impôts: sans succès. Si vous voulez, je peux vous donner les détails, vous pourrez en tirer un article un peu ironique et rigolo pour généraliser sur toutes les assurances privées du monde…
Heureusement, tout le monde n’a pas une jambe en moins suite à un attentat. Par contre les tracasseries administratives, on pourrait (presque) généraliser…
C’est vrai qu’il ne faut pas généraliser. Regardez le service-client d’Amazon (une grosse boîte) impeccable ! Même chose pour les vrais compagnie d’assurance ou les grands commerces.
Maintenant si, comme dans votre exemple, vous regardez dans la direction du « quasi-Public » (banques, mutuelles, EDF, …) on voit le foutage de bouche généralisé.
Et comme la mauvaise généralisation, que vous appelez de tous vos voeux, à condition que l’administration y ait tamponné son blanc-seing, je sens que la vie au bord des rivières de lait et de miel est pour bientôt !
C’est surement vrai que l’administration centrale est notre planche de salut. D’ailleurs, dans le privé, c’est pire. Sauf quand on fait correctement son travail…
Moo-dy, vous venez donc nous expliquer que vous avez fait un mauvais choix alors que vous aviez le choix et que vous persistez dans ce choix.
Comme d’habitude, vous vous trompez. Vous imaginez bien que j’ai début changé d’assurance. Ce qui n’empêche pas que j’ai toujours besoin de ce papier de mon ancienne assurance.
MDR ben voyons, c’est vous qui aviez choisi et c’est moi qui me trompe !
Et comme d’hab’, on ne sait pas faire la différence entre l’État qui vous rend un service déplorable mais qui se paie par la force la somme qu’il a fixé de son propre chef et sans possibilité pour vous d’aller voir ailleurs l’année suivante ; et l’entreprise qui vous rend un service déplorable pour un prix négocié et que vous avez consenti à payer et avec la possibilité de faire jouer la concurrence l’année suivante.
Et comme d’habitude, vous répondez à côté de ce que j’essaye de dire: les grosses structures ont une tendance à devenir bureaucratiques et inefficaces, peu importe le nom de l’actionnaire. Moralité: le problème n’est pas plus de privé ou moins de privé.
Changez d’assurances !
La différence entre une grosse boite pas efficace et un service publique pas efficace est pourtant évidente : si la grosse boite est pas efficace elle perd son argent, si le service publique n’est pas efficace il perd votre argent ….
Comme H16, vous lisez tous les problèmes du monde à travers une unique grille de lecture monomanique: public pas bien, privé bien. Ce que j’essaye de dire ici, c’est que le problème ne réside pas dans le fait que l’entité en question soit publique, mais qu’elle soit trop grosse et trop bureaucratique. Si vous avez déjà eu à faire au service client de SFR ou à AXA après un dégât chez vous, vous saurez que c’est peu ou prou la même galère…
Il était entrepreneur, inutile de chercher plus loin !
Le plus délirant dans cette histoire est que des militaires chargés de la sécurité étaient en mission devant le Bataclan et n’ont fait aucun geste pour intervenir !
http://www.voltairenet.org/article192758.html
Le Vaillant Équipage de la station de sauvetage s’apprêtait à lancer son canot pour une patrouille près du rivage quand ils aperçurent, à peu de distance, un navire chaviré avec une douzaine d’hommes s’accrochant à la quille.
« Quelle bonne fortune, s’exclamèrent les hommes du Vaillant Équipage, que nous ayons vu cela à temps ! Nous aurions pu subir le même sort. »
Aussi remontèrent-ils leur canot dans son abri, et furent-ils épargnés pour servir encore leur pays.
Ambrose Bierce, Fantastic Fables, 1899
Superbe texte de circonstance ! 🙂
Et vous prenez l’information comme ça, brut de décoffrage ?
Interrogez-vous sur ce qu’est le réseau Voltaire, et qui est derrière… ce qui peut permettre de voir plus clair.
Ne vous inquiétez pas, c’est une maladie courante chez les gens comme vous. D’autres à une autre époque tuaient le messager quand la nouvelle n’était pas bonne.
« Les militaires présents aux abords du Bataclan après l’irruption des djihadistes n’ont pas reçu l’autorisation d’intervenir, d’après les enregistrements d’échanges radio que « l’Obs » a pu consulter. »
http://tempsreel.nouvelobs.com/attentats-terroristes-a-paris/20160506.OBS9964/bataclan-pourquoi-la-police-et-l-armee-n-ont-pas-pu-intervenir-ensemble.html
Je ne vois pas en quoi le fait que nous soyons administrés par des socialistes en ce moment a à voir avec la lourdeur de l’administration française. Nous nous en plaignons depuis au moins 40 ans, la différence ici est que des personnes ont été touchées parce que l’état a faillit à les protéger.
De droite comme de gauche et depuis au moins 40 ans ce sont des socialistes qui sont au pouvoir.
Faut pas croire ce qui est écrit sur l’étiquette, regardez les actes.
Flawless as usual . Sauf une remarque: « socialisation » est mal employé. « Collectivisation » est plus juste et éclairant précisément de la destruction du lien social par L’État qui le prétend contrôler…