Par Bérénice Moustial.
Un article de Trop Libre
Le 23 juin, 51,9% des Britanniques se sont exprimés en faveur de la sortie de l’UE, marquant un tournant historique pour le Royaume-Uni et l’avenir de l’Europe.
Perdant son deuxième contributeur net derrière l’Allemagne avec 12,3 milliards d’euros, l’Union européenne pourrait voir son budget considérablement réduit et sa légitimité questionnée. À l’heure où les politiques européennes sont fortement remises en cause, tant sur l’euro que Schengen ou la PAC, le départ de nos voisins britanniques renforce la position des eurosceptiques. Le risque d’un effet domino persiste toujours, entraînant dans un premier temps les pays voisins du Royaume-Uni tels que le Pays-Bas, la Finlande, le Danemark et la Suède.
Un futur incertain pour la Grande-Bretagne
Le sort de la Grande-Bretagne demeure à cette heure incertain et oscille entre deux éventualités : la première serait d’obtenir un « accord à la norvégienne » préconisée par Christine Lagarde, permettant de conserver l’accès au marché unique ainsi que la libre circulation des individus, sans contribution au budget européen. La seconde solution, plus radicale, impliquerait de rompre intégralement les liens avec l’UE afin de supprimer tout type de versement, limitant l’immigration et ainsi, rompant l’accès au marché unique qui représente pourtant près de la moitié des exports britanniques.
La première option semble être le choix des potentiels successeurs de David Cameron dans le camp des « Tories », cherchant à causer le moins de dommage à l’économie britannique.
Dans l’attente de la désignation du futur successeur du locataire de Downing Street, le ministre des Finances, George Osborne, et le maire de Londres, Sadiq Khan, ont dévoilé leurs plans économiques afin de lutter contre les effets négatifs du « Britain exit ». Ceux-ci pourraient être lourds : dépréciation de la livre face à l’euro et au dollar de près de 10% et 8% respectivement, dégradation de la note de la dette du Royaume-Uni par l’agence Standard & Poor’s de AAA à AA provoquant une éventuelle fuite des capitaux et potentielle chute du PIB britannique de près de 2,75% dans les 18 prochains mois.
Retournement de situation ?
Face à ces risques, George Osborne tente de retenir les entreprises inquiètes, les encourageant à préserver leurs sièges sociaux et usines au Royaume-Uni : il a annoncé l’abaissement du niveau de taxation des entreprises de 20% à 15% en 2020 et a promis d’allouer des avantages fiscaux proches de ceux de l’Irlande . Le chancelier de l’Échiquier prévoit de plus le renforcement d’initiatives pour attirer davantage encore d’investissements chinois outre-Manche. En Europe, certains ont instantanément réagi à cette forme d’offre fiscale, qualifiée d’ « agressive » par Pascal Saint-Amans, directeur du centre de politique et d’administrations fiscales à l’OCDE, conduisant la Grande-Bretagne vers une économie « de type paradis fiscal » et à une fragilisation de l’économie européenne. Ce coup de revers pensé par Osborne jouerait en défaveur des capitales européennes, toutes à la course pour attirer les grandes entreprises internationales.
Sadiq Khan, de son côté, milite pour davantage d’autonomie financière au sein de la capitale. Alarmé par les potentielles conséquences à Londres (73000 emplois supprimés, chute de 26% à 10% des investissements étrangers), le maire de Londres préconise le maintien de la Grande Bretagne au sein du marché unique afin de préserver ses échanges avec les 27 et craint la perte du « passeport européen », permettant aux banques au sein de l’UE l’accès aux marchés financiers.
Le Brexit ne fait que commencer…
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Cela fait très longtemps que la Grande-Bretagne et ses dépendances constituent le premier paradis fiscal du monde.