Mettre en cause l’État, « c’est dangereux pour la démocratie » !

Jean-Marie Le Guen a fait un commentaire pour le moins étonnant : pour lui, c’est anti-démocratique de critiquer l’État.

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Jean-Marie Le Guen by Parti socialiste(CC BY-NC-ND 2.0)

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Mettre en cause l’État, « c’est dangereux pour la démocratie » !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 juillet 2016
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Par Eric Verhaeghe.

Jean-Marie Le Guen by Parti socialiste(CC BY-NC-ND 2.0)
Jean-Marie Le Guen by Parti socialiste(CC BY-NC-ND 2.0)

 

Jean-Marie Le Guen a commis, sur RTL, un nouvel argument, bien au-delà du sophisme habituel. Jusqu’ici, l’équipe Hollande s’était contentée de dire que demander des comptes à l’État sur sa gestion du terrorisme était une atteinte à l’unité nationale. Ce sophisme bien connu des rhétoriciens est d’ailleurs le discours que l’on tient d’ordinaire lorsqu’on n’a plus rien à dire.

Cette fois, Le Guen a franchi une sorte de mur du son dans le déni de démocratie en expliquant  :

« Je veux bien qu’on aille sur ce terrain-là, mais dans ce cas, il n’y a plus d’État de droit dans le pays. Si un certain nombre de journalistes, de commentateurs, de responsables politiques mettent en cause le fonctionnement de la justice et des services administratifs de l’État, alors c’est une thèse qui est extrêmement dangereuse pour la démocratie. »

Mettre en cause le fonctionnement de l’État, c’est contraire à la démocratie

L’équation est amusante : mettre en cause le fonctionnement de l’État, c’est contraire à la démocratie. Autrement dit, la démocratie, c’est obéir à l’État et ne lui demander aucun compte. La tyrannie survient au contraire quand les citoyens se mettent à critiquer l’État et ne plus lui obéir.

On rappellera juste les articles 14 et 15 de ce monument de tyrannie qu’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui brisa le très démocratique Ancien Régime et sa merveilleuse monarchie absolue :

Art. 14. –

Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.

Art. 15. –

La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Jean-Marie Le Guen, il vous faut relire ce texte ! Vous semblez l’avoir oublié.

Le Guen bientôt conseiller d’Erdogan ?

Au rythme où il va, Le Guen pourrait en tout cas retrouver un job en or en juin 2017, s’il devait ne pas être réélu. Avec sa conception brillantissime de la démocratie, il pourrait sans doute être recruté à prix d’or par Erdogan. Le président turc a en effet un besoin urgent d’esprits éclairés pour le guider dans la vie de tous les jours.

Manifestement, Erdogan a laissé trop de libertés aux ennemis de la démocratie. Voilà qui lui a donné chaud au popotin et a failli lui coûter une destitution par l’armée. Heureusement, la démocratie reprend provisoirement son cours en Turquie, avec des milliers d’arrestations dans les milieux fascistes et plus de 10 000 confiscations de passeport, en attendant mieux.

Le Guen, symptôme de la réaction nobiliaire en France

Donc, un ministre de la République peut, sans démissionner dans la minute, expliquer que la démocratie, c’est ne pas critiquer l’État. Après l’avalanche d’insultes et de haine contre le suffrage universel à l’issue du referendum britannique, la classe politique française franchit une nouvelle étape dans son dévoilement. Elle ne se cache plus pour dire que, selon elle, la démocratie consiste à ne pas critiquer la classe dirigeante.

Sous l’Ancien Régime, cette inversion des vérités s’était appelée la réaction nobiliaire. Menacée par une société nouvelle, l’aristocratie française, dans les années 1770 et 1780, s’était raidie sur ses privilèges en vilipendant le tiers état.

Merci, Jean-Marie Le Guen, d’illustrer aussi parfaitement la nouvelle réaction nobiliaire.

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  • Ouiap…mais de 1770 a 1789 il s’ etait encore écouler 20ans avant que l’on commence guillotiner, cela en dit long sur la distance que l’on peut encore parcourir avec cette nouvelle noblesse…

  • critiquer l’état , lui mettre le nez dans son incompétence , lui montrer sa nocivité , c’est ça la démocratie ; si nous on ne peut pas leur dire ce qu’ils sont ( nos zélés zélus ) , alors comment l’état peut il se corriger ?

  • Ambiance fin de règne. Les membres du gouvernement passent leur vie sur les télés à expliquer l’inexlicable. Hollande fait son discours à chaque évènement. Il va bientôt faire les chiens écrasés.Avec la bienveillance des directeurs de chaînes. Leurs chaînes ils feraient bien de les secouer.

  • il a un peu raison , la « démocratie » donne tout pouvoir à un élu et ils le savent et en profitent. la « démocratie » n’existe que durant une élection ,ensuite on passe a autre chose qu’on pourrait qualifier de « dictature démocratique » et c’est ainsi qu’un président a tout les droits comme mentir trahir ou se payer un coiffeur a 10000 euros /mois !

  • Il y a une chose que LE GUEN oublie : le peuple existe et c’est grâce à lui (pas moi) qu’il est là où il est. En effet il semble considérer que hormis les politiques, les commentateurs et les journalistes (c’est quoi çà les journalistes…) le peuple n’a pas d’existence et puisque n’existant pas ne peut pas penser.

    Désolé LE GUEN mais nous sommes là et nous pouvons et devons contester toute action, comportement, mensonges de nos gouvernants. Et là nous sommes servis. C’est précisément face au désolant spectacle qui nous est offert, aujourd’hui dans le cadre du malheureux attentat de Nice, que nous devons réagir et ne pas nous laisser manipuler. La démocratie est en péril car le droit d’expression nous est dénié purement et simplement. Si nous n’acceptons pas le politique (in)correct de cet état nous sommes contraints de la fermer sous peine de sanctions.

    Notre liberté d’expression doit être préservé à tout prix.

    • on peut toujours s’exprimer en démocratie dictatoriale mais en aucun cas cette expression ne peut franchir le mur des « amis » du pouvoir , amis qui naguère on appelait « la cour ». « cour » qui , bien sur ,se rebelle si le « tyran » en place n’obéit pas comme on l’a vu pour l’ex président ..un sale roturier emigré

    • C’est concis, précis, incontestable. Bravo !

    • MG: La démocratie est en péril car le droit d’expression nous est dénié

      La démocratie n’est pas « en péril » en France, elle n’existe pas ou n’a même jamais franchement existé, ça se voit plus actuellement, c’est la différence.
      De fait le peuple n’a absolument aucun « pouvoir » ce qui est l’essence du mot démocratie (« pouvoir du peuple »).

      Avoir vaguement le droit d’élire un monarque et quelques princes consanguin ce n’est pas « exercer un pouvoir ».

  • Le Guen ( cheveux blancs en breton) parle pour la démocratie socialiste, qui n’a rien à voir avec le Démocratie. En République Démocratique Socialiste Française, le citoyen doit être soumis à l’État qui lui dit ce qu’il doit penser.

  • ca me fait penser a ceux qui mettent en avant le consensu scientifique pour l’opposer aux critiques.

    ce que dénonce la soi disant fliquette (comme la méprisent pas mal de ptit bourges comme bruno masure, qui a du se coucher mille fois san peut être le voir), cheffe de police municipale, droit dans ses bottes, avec une conclusion très républicaine : « on arrête la guegerre des polices pour se rappeler que c’est le terroriste qui a tué, pas la police », est en fait une habitude bien connue.

    en météo il y a l’affaire de l’alerte rouge que ségolène royal a imposé
    http://www.contrepoints.org/2016/06/08/255902-segolene-royal-sait-mieux-specialistes

    il y a philippe verdier qui dénonce les demande de fabius de réchauffer la météo.

    il y a le rapport sur la goutha ou Fabius a faitd isparaitre l’hypothèse qui actuellement est émergente, celle d’un accident du a un bombardement de labo rebelle.

    il y a aux USA la complaine du DIA que l’administration obama les force a réécrire les rappor sur la Syrie et daesh…
    http://www.washingtontimes.com/news/2015/dec/2/michael-flynn-former-dia-chief-obama-ignored-isis-/

    bref ce que la « fliquette » de nice dénonce est aussi improbable qu’un orage en été.

  • le socialisme dérive vers le totalitarisme. rapidement quand il s’agit de régime plus dure dès le départ(communiste), plus lentement mais tout aussi surement pour les autres

  • La gauche s’est fait une spécialité du déni de réalité… et de responsabilité.
    Michèle Alliot Marie indiquait en 2014 dans « La tentation totalitaire de la gauche », comment la gauche avait « viré » desgens compétents au seul motif qu’ils étaient de droite. Pour les remplacer par des « responsables » dont la première compétence était leur bonne militance socialiste. Elle écrivait notamment »
    « Au seul ministère de l’Intérieur, en quelques mois, ont été nommés :
    – dès mai 2012, un nouveau directeur général de la police nationale, alors que le précédent était unanimement respecté ;
    – un nouveau patron de la Direction centrale du renseignement intérieur ;
    – dès juillet, un nouveau secrétaire général ;
    – un nouveau président du conseil d’administration de l’Office français de l’immigration et de l’intégration ;
    – un nouveau patron du RAID, etc.
    L’intérêt de la continuité dans ces postes dont dépend la sécurité des Français est, on le constate ici, passé au second plan. Un réseau d’ambitions politiquement orientées enserre les lieux de décision administratifs. »

  • Monsieur Le Guen
    Je ne suis qu’un simple citoyen, mais j’ai le droit de savoir; de savoir si la réglementation, les décisions prises ont été respectées.Si j’attends que l’état nous informe de lui meme et sincèrement et spontanément, je sais que je n’aurai jamais de réponse. Les réactions de l’opposition servent au moins d’aiguillon.

  • L’État c’est nous, j’aime l’autocritique pour devenir meilleur.

  • pour les socialos , la démocratie c’est le moment où tu glisses un bulletin de vote dans l’urne pour les faire élire.
    Il faut aller lire les commentaires sur « le monde » , les commentateurs gauchos, d’habitude si prompts à la tolérance, se lachent ,c’est panique à bord, la policiére municipale y est qualifié d’idiote , de mafieuse , de bonne à rien …… un flot de haine parce qu’elle ose tenir tête à un menteur de la République. Le doute est semé ,c’est trop tard il est dans les esprits. Les socialos ne savent plus où donner de la tête et c’est jouissif.de les voir s’agiter dans tous les sens .

  • Il faut bien relire la déclaration de JM Le Guen car c’est tout à fait édifiant. Il donne presque mot pour mot la définition de la « Raison d’Etat » qui est précisément la négation de « l’Etat de droit » en ce sens qu’elle suppose que la défense d’un intérêt supérieur est plus importante pour le bien commun que la manifestation de la vérité. Pour Le Guen l’intérêt supérieur c’est la fidélité à l’idéologie socialiste (celle de l’UNEF et de la MNEF qu’il présida avec tant de talent). C’est au nom de cette même logique que Robespierre déclencha la Terreur !

  • En fait ce que Jean-Marie Le Guen nous explique c’est qu’il est inutile d’avoir des règles de procédure pénale qui visent à nous protéger.

    Ben oui quoi, si on commence à remettre en cause les décisions ou actions de chaque policier qui abuserait de son pouvoir, alors c’est extrêmement dangereux pour la démocratie.

    D’ailleurs, il est inutile d’avoir des tribunaux indépendants où l’on peut contester d’une façon générale les décisions administratives nous concernant parce qu’on pense qu’elles violeraient le droit.

    Ben oui quoi, si on commence à remettre en cause les décisions de l’administration nous affectant, alors c’est extrêmement dangereux pour la démocratie.

    Sérieusement, il est même inutile d’avoir un parlement. L’administration suffit, on ne va pas prétendre avoir des lois que cette dernière devrait suivre. Si on commence à remettre en cause les décisions de chaque petit fonctionnaire, alors….bref tout le monde a compris.

    Les politiciens au bout d’un moment il va quand même falloir se rendre à l’évidence quant à leur dangerosité et prendre les mesures nécessaires pour qu’ils ne puissent plus rien décider concernant les citoyens, c’est-à-dire leur enlever le pouvoir qu’ils ont sur nous. Je me demande même si à la fin on devra pas malheureusement se résoudre à en pendre quelques uns.

    • Sérieusement, il est même inutile d’avoir un parlement.
      étant donner qu’une large majorité des parlementaire sont des fonctionnaires on peut dire qu’il n’existe pas de parlement à proprement parlé…

  • C’est un grand classique de la réthorique des dictatures: l’Etat est au service du peuple. Si vous êtes contre l’Etat c’est que vous êtes contre le peuple. Même discours sous la terreur pendant la révolution. Le Guen ne fait que répéter un discours bien rodé. Il n’y a plus qu’a rétablir la guillotine ou le goulag…

  • Les courants se tiraillent dans l’hémicycle, mais l’union se fait des lors qu’il faut voter contre la justification des frais professionnels des députés. Une belle bande de crevards.

  • ses gènes marxisants n’ont décidément pas été éradiqués, en tout socialiste français il y a un totalitariste qui sommeille et qui se réveille à la première alerte

  • « Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État. »

    Benito Mussolini.

    Le Guen a de belles références.

  • le plus inquiétant n’est pas tant que leguen dise des conneries mais c’est l’absence de réaction des types en face qui se sentent obligés ,on ne sait pourquoi de ne pas réagir, à une connerie si énorme qu’elle soit…

    si je comprends bien un journaliste interviewe un ministre qui lui dit que critiquer son action c’est antidémocratique, pourquoi ne lui demande t il pas un communiqué à lire tout simplement.

  • Mais je parie que, pour ce Le Guen, mettre en cause l’Etat d’Israël est hyper-bon pour la démocratie. Hypocrisie et incohérence socialiste.

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