Quand le dollar a remplacé l’or

Le régime de l’étalon-dollar a remplacé celui de l’étalon-or. Cela a conduit à des déséquilibres commerciaux puis financiers à l’échelle mondiale. Ce système est à bout de souffle.

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Quand le dollar a remplacé l'or by Bill Brooks(CC BY-SA 2.0)

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Quand le dollar a remplacé l’or

Publié le 7 août 2016
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Par Richard Duncan.

Quand le dollar a remplacé l'or by Bill Brooks(CC BY-SA 2.0)
Quand le dollar a remplacé l’or by Bill Brooks(CC BY-SA 2.0)

Alors les Dieux du marché vacillèrent, et leurs sorciers enjôleurs se retirèrent,
et les coeurs les plus vils furent humiliés et commencèrent à croire en cette vérité,
que tout ce qui brille n’est pas d’or, et que deux et deux font quatre.

— Rudyard Kipling, 1919

Lorsque le système monétaire international de Bretton Woods prit fin en 1973, les responsables financiers du monde entier furent incapables de s’accorder sur un nouvel ensemble de lois pour réguler le commerce international et les relations monétaires. À la place, un nouveau système commença à apparaître sans accords formels. Il est également resté sans nom.

Le dollar a remplacé l’or

On appellera donc le système monétaire international actuel, né de l’effondrement des accords de Bretton Woods, l’étalon-dollar, parce que le dollar américain est devenu la première monnaie de réserve mondiale en remplacement de l’or, qui constituait les actifs de réserve sous le système de Bretton Woods ou avec l’étalon-or classique du 19ème siècle.

L’étalon-dollar a principalement permis aux États-Unis de financer des déficits courants extraordinairement élevés. Les États-Unis vendirent des obligations du Trésor à leurs partenaires commerciaux, au lieu de payer pour leurs importations avec de l’or, comme l’aurait exigé le système de Bretton Woods ou celui de l’étalon-or.

C’est ainsi que l’étalon-dollar a inauguré l’ère de la mondialisation, en permettant aux États-Unis d’acheter ses produits à crédit au reste du monde. Cet arrangement a permis une croissance économique beaucoup plus rapide, en particulier dans les pays en développement.

Cela a également tiré vers le bas les prix pour les consommateurs et par conséquent les taux d’intérêt aux États-Unis, car les biens manufacturés bon marché fabriqués par une main-d’oeuvre très peu chère ont été importés aux États-Unis en des quantités toujours plus grandes.

Les trois vices de l’étalon-dollar

Toutefois, il devient aujourd’hui de plus en plus évident que l’étalon-dollar a également donné lieu à un certain nombre de conséquences indésirables et potentiellement catastrophiques.

Tout d’abord, il est clair que les pays qui ont amassé de grandes quantités de réserves monétaires grâce aux excédents de leur balance des paiements ont connu de graves surchauffes économiques et une hyperinflation du prix de leurs actifs, ce qui a fini par entraîner un effondrement économique.

Le Japon et ceux qui ont été frappés par la crise asiatique sont les exemples les plus évidents de pays ayant souffert de ce processus. Ils n’ont pu éviter un effondrement économique total que parce que leurs gouvernements se sont lourdement endettés pour renflouer les déposants de leurs banques en faillite. Aujourd’hui, la Chine traverse une crise similaire.

Deuxièmement, les points faibles du système monétaire international actuel ont également entraîné une surchauffe économique et une hyperinflation du prix des actifs aux États-Unis, dont les partenaires commerciaux réinvestissaient leurs dollars excédentaires en actifs libellés en dollars.

Ces acquisitions d’actions, d’obligations d’entreprises et de dettes des agences américaines ont aidé à alimenter la bulle boursière, ont poussé à la mauvaise affectation du capital des entreprises et ont permis aux prix de l’immobilier aux États-Unis d’atteindre des niveaux insoutenables.

Troisièmement, la création de crédit rendue possible par l’étalon-dollar a entraîné un surinvestissement à large échelle dans quasiment tous les secteurs. Ce surinvestissement a produit une capacité excédentaire et des pressions déflationnistes qui à présent sapent la rentabilité des entreprises à travers le monde entier.

L’étalon-dollar à l’origine des bulles internet et immobilière

La Fed n’a pas été la seule banque centrale à créer de la monnaie fiduciaire au fil des années. Afin d’empêcher leur monnaie de s’apprécier, beaucoup de banques centrales ont créé leur propre monnaie et l’ont utilisé pour acheter les dollars entrant dans leur économie, résultat de leurs excédents commerciaux.

Une fois qu’elles avaient acheté les dollars, elles les investissaient dans des actifs libellés en dollars pour bénéficier d’un rendement. Les deux précédents excès de liquidités ont été enregistrés en 2000 à l’époque de la bulle du NASDAQ et en 2006 lors de la bulle immobilière. Ce sont les excès de liquidités qui sont à l’origine de ces bulles.

Les partenaires commerciaux des États-Unis ont une alternative : soit continuer à investir leurs surplus de dollars dans des actifs libellés en dollars malgré des raisons très valables de mettre en doute la sécurité de tels investissements ; soit convertir leurs surplus de dollars en leur propre monnaie, ce qui entraînerait l’appréciation de leur monnaie et donc la baisse de leurs exportations et de leur croissance économique.

Aucune des deux propositions n’est attrayante, en particulier si l’on considère la fragilité économique de la plupart de ces pays et les sommes énormes servant à financer le déficit courant des Etats-Unis.

Ces dernières années, des cycles importants d’expansion et de récession ont brisé les systèmes financiers et les finances publiques de pays affichant un fort excédent de leur balance des paiements.

Pour résumer, l’économie mondiale est dans un état de déséquilibre extrême. Les faiblesses du système monétaire international sont responsables de ce déséquilibre. Celui-ci aboutira en un effondrement de la valeur du dollar US et dans un marasme économique mondial continu.

Le système doit changer tôt ou tard. La seule question est de savoir à quel point la transition sera douloureuse.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

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  • Très bon article, très intéressant.

    La question qui se pose c’est quels événements, crises pourront faire que les pays du monde entier, du moins les économies les plus importantes se rencontrent pour mettre au point un système monétaire international stable et perenne.

    Car contrairement aux deux articles de Ron Paul qui semble croire que les USA peuvent revenir à un Dollars-or unilatéralement je ne crois pas que ce soit si simple. Justement parce que le Dollars est à la base du système actuel.

    Personnellement je ne crois pas au retour de l’étalon-or ce ne serait ce que parce que tous les pays ne possèdent pas de réserve d’or mais il faut bien trouver un pivot, référence au dehors d’une monnaie nationale.

    • Les USA ont déjà imprimé de nouveaux billets de 50 et 100$ garantis par l’or. Ces billets sont en circulation ou le seront dans un avenir très rapproché.

      Un beau jour…bang, vous 30 jours ou qqch de similaire pour changer vos vieux billets sur le territoire US pour les nouveaux. Si vous avez des billets dans des parais fiscaux vous êtes cuit.

      • Vous êtes sûr ? je ne trouve aucune référence là dessus. Et puis que veut dire « garantis par l’or » ? les billets seraient échangeable dans une contrepartie en or ? sinon quel intérêt ?

  • Article tres juste!
    Vivant dans un pays en développement avec un fonctionnement libéral, on note immédiatement les effets de ce dollar de pacotille. Le prix des métaux que le pays exporte s’est effondré et pourtant les prix des actifs notamment l’immobilier continue d’augmenter bien que les prix soient déja ridiculement élevés. Bien que les dollars affluent a la recherche de rentabilité (un pret immobilier c’est 8% d’intéret annuel) le taux de change du dollar demeure élevé (10% de plus qu’il y a 2 ans)
    Les gens qui ont acheté il y a 10 ou 15 ans leur maison a 30 000$ la revendent au moins a 350 000$ aujourd’hui. Une est en vente a 700 000$ dans ma rue. Demandez leur pourquoi autant d’augmentation, ils vous répondront que « en ese entonces, era plata » (a cette époque, ca valait de l’argent). Tout est dit.

  • L’auteur semble souscrire à la vieille croyance mercantile, selon laquelle les exportations seraient une bonne chose et prouveraient l’existence d’un développement économique.
    C’est le contraire qui est vrai.
    L’intérêt des pays autres que les États-Unis est de se débarrasser au plu vite de cette monnaie de singe que l’on nomme dollar.

  • Une bonne guerre mondiale ( nos chères élites « otanesques » semblent y travailler actuellement; en tout cas ça y ressemble fort… ) et affaire réglée : dizaines, voire centaines de millions de morts pour une remise des compteurs à zéro et un nouveau cycle de croissance ( sans cesse sur le métier… ), cette fois-ci avec gouvernement et police mondialisés ( tous les jeunes crétins « antifas » actuels vont enfin savoir ce que c’est que le fascisme et pouvoir apprécier la différence ), monnaie unique et disparition du cash. Au profit de qui ? De ceux qui auront créé de toutes pièces ladite guerre.

  • Le dilemme de Triffin n’aboutira pas tant que les pétrodollars couleront à flots, sauf si la Chine décide d’accoler sa monnaie à l’or…

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