Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre
Aurélie Jean vit aux États-Unis et travaille au prestigieux MIT de Boston, où elle code des données informatiques appliquées à la recherche scientifique.
« Je développe des modèles mathématiques que j’implémente dans mon système de calcul pour simuler la déformation des tissus humains, en particulier le cœur et le cerveau (…) je regarde comment le tissu humain se déforme lorsque la tête est impactée ». Les applications de ces travaux sont diverses, du football américain, au ski, en passant par l’armée. (…) « Et donc pour faire tout cela, nous avons besoin de coder », ajoute la jeune chercheuse, en croisade dans l’ouverture d’un secteur en pleine croissance qui boude encore les femmes.
Encourager les jeunes filles à dépasser le cap de l’autocensure.
Si Aurélie Jean réussit sa carrière professionnelle, elle ne se laisse pas bercer par le succès : elle souhaite aujourd’hui partager son expérience et expliquer aux jeunes françaises en quoi consiste son métier. « Coder cela veut dire écrire des lignes dans un langage informatique et ce bout de texte va être interprété par un ordinateur pour exécuter plusieurs tâches définies par le programmeur. À plus grande échelle, on parle de logiciel », précise-t-elle. « Je ne sais pas si le code est la voie royale pour les filles. En tout cas, c’est l’une des plus excitantes et pleine d’opportunités».
Mais l’intérêt de la filière n’apparaît pas au premier coup d’œil. « On imagine le codeur un peu geek, dans sa bulle et c’est un peu dommage car je n’en connais pas beaucoup. Personnellement, je connais des gens super sympas », s’amuse la jeune chercheuse avant d’avancer ses arguments.  « Il y a plein de jobs dans ce corps de métier et il y en aura de plus en plus puisque le code va s’imprégner dans toutes les disciplines, de l’agriculture à la médecine. Autre argument, le salaire : on est plutôt bien payé ».
Aurélie Jean souhaite inspirer les filles, dans un secteur qui offre plus de liberté, financière, mais aussi dans le travail, puisque l’on peut travailler de chez soi. « C’est une discipline qui pousse également à l’entrepreneuriat et aux activités libérales, car il y a plein de choses à faire autour du code. En ce moment, je travaille depuis chez moi, pour les États-Unis. C’est important pour les jeunes femmes qui veulent concilier équilibre familial et carrière », ajoute la codeuse. Sans fausse pudeur, ni demi-mesure, Aurélie Jean sait ce qu’elle veut : offrir un « role model » aux jeunes filles françaises, en manque d’exemple. Elle veut montrer que les personnalités féminines qui programment et réussissent dans ce qu’elles font, sont moins rares que des licornes.
Les codeuses ont un rôle à jouer, et le « mentorship » ou tutorat, très développé aux États-Unis, commence à se généraliser en France, mais il faut aller plus loin. Le but ultime d’Aurélie Jean : donner l’envie d’oser. « Avec deux de mes collègues, on a déjà développé un code qui fait pas mal de choses et nous avons l’ambition de le faire grandir encore.
Mais j’aimerai aussi que les autres codeuses jouent ce rôle de tutrice, afin d’inciter les jeunes françaises à se lancer dans l’aventure. Mon but dans la vie c’est d’inspirer les jeunes filles à coder ».
Les géants du net ont saisi la mesure du retard : Google incite aussi les jeunes filles à coder.
Le manque général de diversité dans les effectifs est flagrant. Un constat qui a poussé Google à lancer et renforcer son action pour plus de diversité dans les nouvelles technologies. L’entreprise a développé le programme  «Made With Code», dont l’objectif est d’encourager les jeunes femmes à s’orienter vers la programmation. Selon l’étude publiée en 2013 par le « National Center for Women in Information and Technology », seulement 26% des professionnels de l’informatique aux États-Unis sont des femmes. Un manque d’incitation et d’information que Google veut corriger. Le programme «Made With Code» veut s’appuyer sur la création de projets grâce à  « Blocky », un outil d’initiation aux fondamentaux de la programmation.
Pas besoin de taper du code, il suffit d’articuler logiquement de petits blocs où figurent des morceaux de phrases. Au-delà du programme, Google entend multiplier les partenariats, avec le MIT notamment. Au-delà des questions de parité au sein de la Tech, c’est la diversité dans sa globalité qui est sous-représentée.
Le gouvernement est à la traîne sur le sujet.
Un édito publié dans Les Échos, cosigné par Catherine Ladousse, présidente du « Cercle InterElles », Claudine Schmuck, présidente du groupe Informatique et Telecom Sciences po Alumni et Thaima Samman, présidente du « European Network For Women in leadership », exhorte le gouvernement à l’action.
« Aujourd’hui, la proportion d’étudiantes dans les filières du numérique est inférieure à 15 %, et ne cesse de diminuer, alors même que ce sont les diplômés de cette spécialisation qui bénéficient, aujourd’hui,  des meilleures conditions d’insertion sur le marché du travail avec 79 % de diplômés en informatique en CDI (contre une moyenne de 50 % pour tous les diplômés en France) », constate le collectif. Un état de fait que ces Tech-women rejettent en bloc.
« Aujourd’hui, nous refusons de nous résigner ! Nous refusons d’accepter cet état de fait. Il est temps, il est urgent d’agir, de réagir. Il est temps de réconcilier les jeunes filles et les jeunes femmes avec des formations qu’elles ne choisissent pas, souvent par ignorance, ou en raison de stéréotypes liés à ces métiers ».
Les initiatives individuelles et privées se multiplient : de nombreuses associations, réseaux de femmes et d’entreprises s’engagent pour davantage de mixité, dans les écoles et les universités ou dans l’administration. Mais le retard est toujours là .
« C’est pourquoi nous invitons le gouvernement à engager une action décisive sur ce sujet. Une action qui, parce qu’elle engage la puissance publique, ainsi qu’une pluralité d’acteurs représentatifs et, en particulier des réseaux féminins tels que ceux que nous représentons, permettra aux femmes de contribuer également aux développements futurs dans le numérique », affirme la tribune.
En Grande-Bretagne et outre-Atlantique, la prise en compte des répercussions économiques des « gender equality issues » fait son chemin, comme l’explique Martha Lane Fox, dans son article pour le Financial Times : « imaginez la quantité de développeurs que nous pouvons former parmi les 800 000 femmes sans emploi au Royaume-Uni ». Du pragmatisme, pas de sentiment ni de charité. Un écho direct aux revendications des entrepreneuses françaises, toujours dans l’attente d’un signe fort du gouvernement et des professionnels du secteur.
Pour aller plus loin :
- « Des clubs de code entre filles, pour vaincre les préjugés dans l’informatique », Le Figaro.
- « Il faut enseigner le code aux filles », Slate.
- « Les femmes à l’assaut du web », L’Express.
- « Dites-le aux filles : ça manque de femmes dans le numérique », 01net.com
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il y a aussi trés peu de femme chez les tailleurs de pierres…. ce n’est pas sérieux , la femme vient tout juste de sortir de sa cuisine et de torcher bébé que vous voulez qu’elle y retourne en travaillant à la maison !
Des subvention, des programmes, des comités, des consortiums, des fonctionnaires, pour obliger des gens à faire des choses qu’ils n’ont pas envie de faire, parce que leur choix ne correspond pas à l’idéologie du moment! Le constructivisme dans toute sa splendeur…
Je propose d’ouvrir la fillière des éboueurs aux femmes
Ah non désolé j’avais oublié que c’était pas un métier prestigieux donc forcément ça n’interesse pas les féministes…
Pourquoi le polititque veut-il encore s’occupper de cela ? Chacun peut choisir ses études et son métier, il n’y a pas de discrimination. Laissons les femmes faire ce qu’elles veulent. Sinon il faudrait aussi faire une politique pour les petits, les fumeurs, les immigrés, les illettrés, les X et les Y…. Et l’article n’explique même pas l’intérêt d’une telle politique. Si il y a plus de femmes, cela va-t-il améliorer la qualité des logiciels ? Si oui, les patrons vont s’en occupper en les payant plus et il n’y a pas besoin de faire une politique pour cela. Si cela n’apporte pas d’avantages, pourquoi encore perdre de l’argent avec cela ?
J’ai cru que j’étais sur Libé…