L’effet toxique de l’enseignement public[Replay]

Présenté souvent comme facteur d’éclaircissement et d’émancipation, se peut-il que l’enseignement public exerce actuellement un contrôle toxique sur nos sociétés ?

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L’effet toxique de l’enseignement public[Replay]

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 septembre 2016
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Un billet d’humeur de Gabriel Lacoste.

Enseignement public
Ecole – Credits Calliege (CC BY-NC 2.0)

Ayant longuement étudié dans des disciplines de culture générale, j’ai croisé de nombreux enseignants dans ma vie. Certains sont de vieux amis encore présents sur mon fil de nouvelles Facebook. Récemment, un d’eux partageait un texte faisant l’éloge des profs, maîtres à nous faire lire entre les lignes. Celui-ci concluait ainsi :

« Pourtant, priver les élèves d’une formation générale et fondamentale de qualité, c’est justement leur enlever ce terreau fertile sur lequel peuvent prendre racine, après un très long processus d’apprentissage, ces fameuses compétences, mais c’est aussi les condamner à être des êtres plats tout juste programmés pour répondre aux attentes et aux commandes stéréotypées de la société de consommation, du marché du travail et de la propagande politique. »

J’ai ressenti le besoin d’y répondre, tellement ce genre de propos me semblent exagérés.

Les enseignants se décrivent habituellement comme ouverts à la diversité d’opinions, rationnels, neutres, experts et nuancés. Ils déplorent l’individualisation des consciences, prétendant apporter à leurs élèves une représentation objective de la réalité. Ils valorisent la vie citoyenne, engagée politiquement, critique et soucieuse de projets de société. Ils s’opposent à l’omniprésence de l’argent, y opposant la sagesse.

Ils se racontent l’histoire de leur propre profession de façon héroïque. Au détour de la modernité, des foules enthousiastes ont revendiqué la création de leurs écoles, puis, fortes de leurs lumières, elles se sont émancipées d’idées rétrogrades. Les chances de succès de tous furent égalisées.

Qu’en est-il vraiment ? Prétention ou réalité ?

Les enseignants se définissent souvent par des prétentions plutôt que par des réalités. L’ouverture d’esprit, la rationalité, la neutralité, l’altruisme, la capacité de faire des nuances, la profondeur d’analyse, l’étendue de leur culture (générale plutôt que spécifique), la crédibilité de leurs sources sont des idéaux qu’ils veulent atteindre. Est-ce qu’ils réussissent ? Pas forcément. En fait, la structure de l’enseignement public dans nos sociétés favorise les prétentions erronées.

La signification d’un message se trouve dans la réaction de celui qui le reçoit et non dans l’intention de celui qui le formule. Si la majorité des adultes instruits pensent avoir réussi leurs cours de philosophie simplement parce qu’ils répétaient ce que leurs professeurs voulaient entendre, voilà ce en quoi consiste RÉELLEMENT le sens de cet enseignement. De la même manière, si presque personne ne se souvient, ni n’utilise, une règle d’algèbre complexe, cela définit la réalité d’un cours de mathématiques. Si les enseignants proclament ensuite haut et fort sur toutes les tribunes qu’ils multiplient nos pouvoirs intellectuels, ils ont tort. Pourquoi ? Parce que c’est le récepteur et non l’émetteur qui a autorité en la matière.

Les limites de l’enseignement actuel

Fort de ce principe, il est plus facile de montrer ce qu’il y a de toxique dans l’enseignement actuel. Au-delà des spéculations, les écoles sont avant tout des postes de contrôle visant à filtrer l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Ce rôle donne aux enseignants un pouvoir énorme, leur permettant de taire les messages contradictoires venant de leurs élèves ou de leurs parents. Voilà un piège les rendant plus vulnérables aux fausses prétentions que n’importe quel autre groupe de la société.

Cela n’est pas forcément un problème, si le reste de la société a la capacité d’y répondre. Là où ça en devient un, c’est lorsqu’ils forment ensemble un syndicat puissant capable de contrôler ce qui se fait dans ce secteur, sous la menace de paralyser le reste de la société avec des grèves. Ils jouissent alors du privilège de financer leurs activités de prélèvements forcés, puis d’obstruer de leurs idées le parcours des jeunes vers le marché du travail.

À ce moment-là, ils se coupent du reste de la société, formant une entité autonome capable de se raconter toutes sortes de fables sur eux-mêmes sans avoir à en rendre compte. Bref, tous les ingrédients à la formation d’une culture prétentieuse et erronée sont réunis.

Culture commune ou sous-culture ?

Cette idée est invraisemblable, car le milieu de l’enseignement n’est pas remis en cause via les processus démocratiques. Il n’existe pas de comités de parents qui se mobilisent contre lui. De plus, les journalistes ne rapportent pas de mouvements de contestation exigeant la libéralisation de ce système. Lorsqu’il y a action collective, c’est pour mieux le financer en faisant payer davantage les riches. Le tout semble donc volontaire.

Pourtant, il y a deux visions conflictuelles de l’enseignement qui sont ici confondues. D’une part, il y a celle des parents et des jeunes eux-mêmes. Ceux-ci désirent s’intégrer ou intégrer leurs enfants à la société par l’apprentissage des habilités de socialisation et en se spécialisant sur le marché du travail. D’autre part, il y a la vision des professeurs (celle du texte citée plus haut). Ceux-ci rêvent de changer la société, d’en faire un lieu plus altruiste, plus réfléchi, plus général, plus noble, plus profond, plus démocratique ; bref, plus idéal. Les uns ont des objectifs pragmatiques à taille individuelle, alors que les autres en ont des rêveurs qui s’étendent à la nation toute entière, puis qui visent la ré-ingénierie de la société par l’État.

Les parents n’ont plus leur mot à dire dans l’éducation de leurs enfants

Si les parents ou les jeunes étaient véritablement en position de choisir une école pour eux ou leurs enfants, puis que les enseignants entraient en concurrence pour les satisfaire, ce serait la première vision de l’éducation qui l’emporterait sur la seconde.

La situation des familles actuellement s’apparente plus à une impuissance apprise. N’étant jamais en position de choisir ce qui se passe dans les écoles et n’ayant aucun véritable moyen d’y changer quoi que ce soit, les parents finissent par en concevoir le système comme une sorte de fatalité du destin, qui doit bien avoir sa raison d’être. Ils cessent donc d’y penser. Ce ne sont que les groupes politiquement organisés ayant une chance réelle d’en influencer les résultats qui se mobilisent devant les caméras et font beaucoup de bruits.

De ce point de vue, non, le système scolaire actuel n’est pas volontaire, mais forcé. Les idées qui y sont transmises ne représentent pas celles de la société, mais celle d’une sous-culture : la culture des étudiants et des enseignants œuvrant dans certaines facultés universitaires. C’est la grille de ces gens-là que les élèves apprennent à « lire entre les lignes ».

À qui appartient l’esprit des jeunes ?

Ce qui me choque le plus dans cette histoire, c’est d’entendre autant de gens badiner sur ce que les jeunes doivent absolument mettre dans leur tête avant d’être technicien ou professionnel. Si j’ai grandi au Québec, je dois connaître la crise d’Octobre ou les différents traités constitutionnels de la conquête anglaise à nos jours. Il faut inévitablement que je distingue des sortes de sophismes ou que je puisse raconter une histoire qui suit un schéma actantiel. Je dois pouvoir situer les pays sur une carte ou interpréter un atlas. Il est impératif que j’apprenne l’algèbre à 14 ans. Le manifeste du Parti communiste de Karl Marx ne peut pas simplement sombrer dans l’oubli (la Bible, par contre, oui), puis les rêveries de J-J. Rousseau sur le bon sauvage sont incontournables.

Et pourquoi donc ?

Il y a un tas de choses vitales que nous n’apprenons pas à l’école : séduire une femme, initier une conversation, écouter activement, résoudre un conflit, réparer une voiture, rénover sa maison, flairer des opportunités d’affaire, voyager, épargner, défendre ses droits sur le marché du travail, négocier son salaire, fouiller sur internet, diffuser un blogue sur Youtube, défendre sa propriété contre un socialiste en public, comprendre comment la taxation est du vol.

De quel droit est-ce qu’un étranger qui ne connaît rien aux exigences de MA vie viendrait me dire, à moi ou à mes parents que situer Christophe Colomb sur une ligne du temps ou faire une opération logarithmique est plus important que tout cela ? Sous prétexte de traiter l’enseignement comme un bien public ou une culture générale, ce citoyen engagé agit comme si l’esprit des jeunes lui appartenait, puis qu’il pouvait en faire usage à son gré. Lorsqu’il devient professeur, il agit comme si sa classe était son fief, puis ses élèves ses serfs, avec le contribuable comme esclave à la solde de ses fantaisies idéologiques.

Et de grâce, lecteurs, évitez de tomber dans le cliché visant à faire de moi un « individualiste » refusant le « vivre ensemble ». Dans la circonstance, l’égoïste qui n’écoute pas les gens autour de lui, c’est le prof qui défend son système de contrôle sur les esprits.

C’est pourquoi, lorsque je vois passer un texte d’un prof de philo faisant l’éloge de l’enseignement général sur mon fil de nouvelle Facebook, même s’il émane d’un vieil ami, je perds patience et deviens un troll.

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  • Oui , l’entre soi….pas d’évaluation, refus d’accepter les critiques de la part des “étrangers”… pour autant, une culture générale partagée par tous , ou ben elle couvre TOUT et est enseignable ou bien, c’est forcement un choix arbitraire, se donner l’objectif d’acquisition de cette culture générale est donc un piège… il faut forcement une autorité pour en décider des contours, ça devient aussi l’alpha et l’oméga de l’évaluation de la réussite scolaire..
    Est ce un hasard si on se retrouve avec un ministère de la culture..qui décide de ce qui est culturellement acceptable et subventionnable ou pas?
    Est ce un hasard si on assiste à la criminalisation des opinions?
    Est ce hasard si au final au lieu de dire j’aime cela tout un tas de cuistres vous expliquent ce qui est bon, des livres ,aux films en passant par le vin le camembert ou l’andouillette de vire?
    J’ai toujours trouvé amusant que certaines personnes qui pensent détenir la vérité sur ces sujets sont aussi des antireligieux, alors qu’ils se veulent être de nouveaux curés et censeurs…

    • Aucun hasard, effectivement, mais c’est l’idéologie sectaire à l’oeuvre. L’utopie socialiste est une religion séculière, et elle est plus nuisible que les religions révélées car elle avance masquée, drapée dans un magistère moral usurpé. La “Décomposition française“ (Malika Sorel-Sutter) atteste du pouvoir de nuisance tentaculaire de cette secte qui a greffé avec succès son surmoi marxiste (post)soixante-huitard sur l’ensemble de la société. Elle l’endoctrine par le biais de l’école et des médias qui lui sont inféodés. Le pédagauchisme est une des nombreuses branches de la secte, mais c’est la plus redoutable, car elle endoctrine dès la Maternelle. Elle a son catéchisme, ses dogmes et ses mantras, que psalmodient les Enragés noctambules: déterminisme, relativisme, nivellement social, reductio ad Hitlerum. Elle a ses pathologies (bourgeoisophobie, anti-libéralisme viscéral et atavique, obsession de la repentance, haine de soi), ses grand-prêtres, ses dames patronnesses et ses autodafés. Ne jamais oublier que les pires pédagauchistes, à la Mérieu, sont des cathos de gauche…

      L’égalitarisme jacobin, matrice intellectuelle de l’utopie socialiste, est l’idéologie de référence de la gauche; c’est l’“idée en tant qu’elle domine“, (Roland Barthes), imposant ses normes à une société qu’elle prétend être la seule à savoir interpréter….pour son bien, évidemment.

      Hannah Arendt ajoute l’imposture et la mystification à l’essence totalitaire de tous ces “systèmes d’explication de la vie et du monde qui se flattent d’être en mesure d’expliquer tout événement, passé ou futur, sans faire autrement référence à l’expérience réelle. La pensée idéologique ramène tout ce qui arrive à la logique de son idée, et quand un événement semble la contredire, elle le nie ou affirme l’existence d’une réalité plus vraie, qui se dissimule derrière les choses sensibles, et requiert, pour que nous puissions nous en aviser, la possession d’un sixième sens“. (La Nature du totalitarisme, traduction Launay Payot, Paris 1990, page 118)
      Pour que son “idée domine“, l’idéologue évacue les cinq autres sens, imperméable aux faits.
      L’imposture est son fonds de commerce et ceux qui l’achalandent, avec la ferveur des nouveaux convertis, sont ses idiots utiles. Lénine l’avait bien compris.

  • Et combien, dans cette caste quasi nobiliaire, ne connaissent que l’École depuis 3 ou 4 générations, déformés, conformés par l’Académie, en bêtes à concours, le CAPES comme Graal?

  • “Moi si j’étais au pouvoir, j’interdirais la télé-réalité, ça rend les jeunes débiles”

  • La critique est intéressante, je me permets de rebondir sur quelques points.

    D’abord préciser que l’enseignement, via notamment les dernières réformes et celle en cours, se libéralise – un plus grand choix de parcours dès le collège – et se détourne des savoirs pour embrasser les compétences. L’école, malgré les discours – et la volonté – de certain-e-s de ses enseignant-e-s est déjà en mutation, des posts comme celui que vous citez reflètent surtout le chant du cygne d’une génération d’enseignant-e-s qui se sont coupé-e-s du monde.

    Ensuite, il me semble que proposer un programme de construction de compétence plutôt que de savoirs, ce n’est pas résoudre le problème, mais le déplacer. On substitue à un modèle un autre, mais la critique demeure : si vous pouvez vous plaire dans le nouveau modèle, d’autres à leurs tours n’y verront qu’un programme imposé, étranger à leurs problématiques ou aspirations personnelles.

    Quelle solution alors ? Comment faire de l’école autre chose qu’une machine à établir et distinguer des catégories sociales bien segmentées, en classant les élèves selon leur efficacité à adopter ou suivre certaines normes ? Comment donner du sens aux enseignements proposés ?
    Les écoles Freinet ou Montessori apportent des éléments de réponse, avec notamment les pédagogies collaboratives, en particulier constructivistes et constructionnistes – typiquement, dans le cadre d’un enseignement constructionniste, on peut très bien imaginer un cours de Technologie durant lequel les élèves répareraient effectivement le moteur d’une voiture.
    Basées sur la collaboration et l’horizontalité, de nombreuses alternatives existent, qui visent l’épanouissement de l’élève, l’écoute de ses besoins, la concertation entre tous les acteurs de l’éducation, parents et élèves évidemment compris-es. Malheureusement ces méthodes même si elles existent et sont pratiquées (avec succès) depuis le siècle dernier n’ont pas encore pu se frayer un chemin jusqu’aux institutions – mais les choses avancent doucement.

    Par ailleurs je pense que l’école actuelle met déjà à mal le vivre-ensemble, et encourage déjà l’individualisme : les élèves sont déjà enfermés dans des cadres de plus en plus strictes, et mis en concurrence perpétuelle. D’autant que ce climat est aussi celui dans lequel les enseignant-e-s évoluent, relégué-e-s au rang d’élèves face à leur administration ou l’inspection, parfois fliqué-e-s et acculé-e-s par leur hiérarchie jusqu’à les en dégoûter.

    Enfin il me semble important de rappeler que les enseignant-e-s font leur possible pour élever au mieux chaque élève, entendre les critiques et adapter leurs pratiques – pour un salaire par ailleurs bien loin de justifier les efforts consentis – et cela dans le respect de l’autorité de l’Etat. L’enseignement, notamment dans le contexte actuel qui cherche dans l’école la source de tous ses maux est un art difficile.

    • Affirmer sans bouger une oreille que « l’école se libéralise » et dans le même souffle qu’elle « détourne des savoirs pour embrasser les compétences» est un aveu d’allégeance aux mantras de la secte pédagauchiste et à son relativisme ontologique: Cette foutaise des « compétences » ne serait qu’un modèle comme un autre, et surtout il ne serait pas pire que celui qui consiste à transmettre des SAVOIRS !
      En reprenant ainsi à votre compte ce mantra, vous vous révélez d’emblée comme un adepte, ou à tout le moins un idiot utile, lobotomisé par les ayatollahs. Le bon sens élémentaire dicte pourtant une évidence que méprisent vos idéo-pédagogues,fossoyeurs de l’école de la transmission des savoirs: qu’est donc une compétence, si ce n’est l’accumulation cohérente de SAVOIRS, mise au service de la pensée et de l’action? La secte construit sur du vent et détruit les forces vives de la nation, condamnant au chômage et à la précarité les 30 à 40 % de chaque cohorte, qui sortent de l’école sans maîtriser les savoirs fondamentaux.

      Merci d’avoir aussi crûment révélé l’imposture de la doxa pédagauchiste et de ses poncifs incantatoires. On dirait du Mérieu, “Vivre-ensemble”! Ce terme est aussi racoleur que le substantif “citoyen” devenu adjectif, pour masquer la vacuité du propos.

      Pauvre France! Jacques Julliard (pourtant homme de gauche militant) l’a bien compris quand il dit qu’à ce niveau de désastre humanitaire il n’y a plus qu’une solution: “raser la Rue de Grenelle”.

      • Vos propos sont excessifs. La “libéralisation” ,appelons ça comme ça, de l’éducation nationale ne vient pas des “pédagauchistes”, mais des injonctions plus ou moins discrètes de l’OCDE, grosso modo depuis le milieu des années 2000. Oui, le socle est un nouveau paradigme, et l’évaluation qui lui est liée en est un autre, bien différent de ce qu’on a pu connaître. C’est le mode d’évaluation des épreuves PISA. On peut dire ce qu’on veut, mais PISA, est un thermomètre commun, justement, à l’échelle mondiale. Les pedagauchistes n’ont pas grand chose à voir là-dedans.

        • La chronologie infirme votre propos. Si les injonctions de l’OCDE datent effectivement du début de ce siècle, la dérive pédagauchiste a commencé 50 ans plus tôt, amorcée à la Libération avec le plan Langevin-Wallon, deux idéo-pédagogues communistes. L’ idéologie de référence de ces fossoyeurs est celle de l’utopie socialiste, l’égalitarisme, et son avatar le relativisme. Elle a infusé tous les niveaux de la technostructure éducative. Et le thermomètre PISA confirme, tous les trois ans depuis 2001, la gravité irréversible de la débâcle du système public français qui condamne à l’illettrisme 40% de chaque cohorte. Les autres pays ont réagi à la gifle PISA en rendant l’école à l’école. En France, on soigne les maladies en cassant le thermomètre.

  • Je n’ai aucun ami qui bosse ds l’éducation nationale et je n’en aurais jamais . J’ai choisi.

  • “obstruer de leurs idées le parcours des jeunes vers le marché du travail”

    Mais pourquoi vouloir former les jeunes au “marché du travail” ? Pour en faire de bons esclaves ? Le jour où l’éducation parviendra à former 100% des jeunes au marché du travail, il n’y aura plus d’entrepreneurs. On aura atteint l’état communiste “parfait” où chacun a un travail et où tout le monde est totalement improductif, attendant qu’un autre lui dise quoi faire …

    Il y a un autre article ce jour qui veut expliquer que pour trouver du travail, il faut montrer à l’employeur ce que l’on peut apporter à la société. Mais les jeunes bien formatés par l’EN ne veulent pas être productifs : ils veulent un salaire en acceptant de mauvaise grâce un lien de subordination en échange. Même avec de bonne capacités, une bonne formation et de la bonne volonté, il faut avant tout une volonté de produire de la valeur et la pleine conscience que l’on ne travaille que pour cela. Et à partir du moment où on s’investit dans le résultat au lieu de se complaire dans le lien de subordination, on a tout intérêt à se mettre à son compte – et donc plus besoin de chercher du travail.

    • On peut être travailleur à son compte, au contraire d’un employé: ce mot à lui seul illustre la subordination envers l’employeur. Si on leur apprend à entreprendre (au hasard) ils ne seront pas formés à devenir de parfaits petits fonctionnaires…

  • Ok, à un détail près. Ce ne sont pas les enseignants qui décident des programmes.
    En outre, l’école secondaire a en partie intégré, dans ses intentions, qu’elle n’est pas le lieu unique de transmission du savoir, et qu’elle l’est de moins en moins dans un mode de communication exponentielle. C’est en introduction des programmes.
    Le reste, important ou pas, renvoi à la première remarque. Et à la deuxième. Le socle commun, vous connaissez ? PISA, vous connaissez ?
    Vous semblez découvrir le problème d’une culture commune. Vieille Lune.

    • “Ce ne sont pas les enseignants qui décident des programmes.”
      heu … Ailleurs, je sais pas, mais en France, sur 16 membres effectifs du Conseil supérieur des programmes, il y a (au moins !) 14 enseignants, alors que la composition officielle, et la déontologie élémentaire en requière ZERO (vous imaginez un conseil supérieur du tabagisme composé à 14/16 de marchants de tabac ? Et bien c’est exactement ce qu’on a ici, et tout le monde trouve ça normal …) .

      voici la composition officiel du
      trois députés
      trois sénateurs
      deux représentants du Conseil économique social et environnemental (Cese)
      dix personnalités qualifiées

      Et voici la réalité (16 membres, au lieu de 18 : il en manque deux, un “qualifié” et un “CESE”) — j’ai marqué d’une * ceux qui ne sont pas enseignants …
      Président Michel Lussault est professeur des universités à l’École Normale Supérieure de Lyon.
      Vice-présidente Sylvie Plane Agrégée de grammaire et titulaire d’un doctorat en épigraphie grecque,

      Catherine Becchetti-Bizot est inspectrice générale de l’éducation nationale, agrégée de lettres classiques et docteur ès lettres.
      Marie-Claude Blais est maître de conférences en sciences de l’éducation
      Xavier Buff est professeur des universités en mathématiques
      Anny Cazenave est chercheuse Titulaire d’un doctorat d’État en géophysique
      Éric Favey Instituteur de formation inspecteur général de l’éducation nationale. Il est vice président de la Ligue de l’Enseignement.
      Roger-François Gauthier est inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche et professeur Agrégé de lettres classiques, ancien élève de l’ENA et docteur en sciences de l’éducation,
      Denis Paget est professeur de lettres modernes et chargé de recherches

      Députés
      (*)Xavier Breton est député de la première circonscription de l’Ain et membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation.
      Sandrine Doucet est Professeur agrégée d’histoire-géographie , syndicaliste de l’enseignement
      Martine Martinel est Professeure de Lettres et Langues anciennes, elle a notamment enseigné en Collège, puis à l’Université et à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres.

      Sénateurs
      Marie-Christine Blandin a enseigné les sciences naturelles en collège pendant plus de vingt ans.
      Claude Kern est sénateur du Bas-Rhin depuis 2014 et membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat. ( il est aussi, même si ce n’est pas indiqué, enseignant en productique : http://www.alsace-histoire.org/fr/notices-netdba/kern-claude.html )
      Jacques-Bernard Magner est instituteur de formation.

      Membres du Conseil économique, social et environnemental
      (*)Marie-Aleth Grard est photographe de formation.

      http://www.education.gouv.fr/cid75495/le-conseil-superieur-des-programmes.html

      • Vous confirmez ce que je dis. Ce ne sont pas des enseignants qui décident. Et maître de conf, inspecteur, chercheur, ce n’est pas enseignant du secondaire. On ne consulte pas les “profs” de collège ou de lycée pour établir les programmes. Ils ne décident de rien. Ils appliquent. Point.
        Alors maintenant, à qui confier le soin d’établir les programmes ?

        • Ben si ce sont des enseignants… Ceux qui sont devant les élèves ne sont pas plus qualifiés pour décider.

          Maintenant, “à qui confier le soin d’établir les programmes ?”. À personne. À tout le monde, c’est à dire à chacun pour ce qui concerne ses enfants. Les profs/les écoles peuvent toujours proposer, mais ils distribueraient moins de m***** si on avait plus de choix : les cocos qui vantaient l’URSS en 85 seraient dehors depuis longtemps. Pourquoi UN programme ? Il faut de la diversité.

          • Comme d’hab’, nos “éducateurs” ont tout faux et se laissent mener par le bout du nez par la secte pédagauchiste. On ne rendra l’école à l’école qu’en défaisant ce qui est fait depuis quarante ans. Condorcet le disait déjà en 1791, mais c’est surtout une évidence que dicte le bon sens: il faut des programmes hétérogènes, enseignés dans des classes homogèmes. C’est ce sytème qui a fonctionné avant 68. L’égalitarisme est l’idéologie liberticide par essence qui nivèle par le bas, nie l’évidence et a imposé d’homogéniser les programmes et d’hétérogéniser les classes.
            Quand un attelage se compose d’éléments de force inégale, le plus faible finit toujours par ralentir les autres.

  • Je vous remercie pour cette réponse claire. Individualité ? Vivre ensemble ? …La solution ne réside t-elle pas dans la “manière de faire” de l’enseignant(e) ? Les apprentissages communs et la culture générale construisent une personne. C’est de mon point de vue indéniable. Le rôle de l’enseignement ne serait-il pas de développer l’esprit critique des “élèves”, de leur apprendre le raisonnement et l’analyse. Bref, la liberté d’écouter pour comprendre et construire, innover et proposer. C’est le respect de l’individualité dans un cadre. La société française a, à priori, opté pour le “vivre ensemble”. Mais, le “vivre ensemble” signifie t-il pour autant “uniformité”…de la pensée, des postures, des modes opératoires, des idées ? Ne faut-il pas rendre ce cadre plus élastique au sens de l’étirer, de le remodeler pour l’accorder aux évolutions technologiques, des idées…aux perspectives que pressentent les enfants pour eux-mêmes.
    D’ailleurs, pourquoi n’y a-t-il pas de cours de philosophie en enseignement professionnel ?
    Oui, la crise économique et la perte des emplois sont liées aux murs et aux contraintes qui se dressent autour de nos enfants, dès leur plus jeune âge…rejet de celle ou de celui qui pense et agit autrement,

  • Le pb est que l’enseignement privé était bien pire.
    (mais c’est vrai que les enseignants se font des illusions sur eux-mêmes)

    • l’enseignement privé était pire, oui, il y a cinquante ans: c’était le dépotoir du public, mais avec la débâcle du public, c’est le contraire aujourd’hui. Elle fait la fortune du privé…L’égaliratisme confirme sa propension inégalée à créer des inégalités

  • “Si la majorité des adultes instruits pensent avoir réussi leurs cours de philosophie simplement parce qu’ils répétaient ce que leurs professeurs voulaient entendre, voilà ce en quoi consiste RÉELLEMENT le sens de cet enseignement.”
    Absurde en effet. Ou comment faire une nation de courtisans dénuée d’esprit critique. Espéront que les courtisés ne se tromperont jamais dans leur décision s’il n’y a plus personne pour les remettre en question.

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