Par Éric Verhaeghe.
Emmanuel Macron est à peine sorti de Bercy et n’est pas encore candidat à l’Élysée que, déjà, les thuriféraires se précipitent pour monter dans un train qu’ils espèrent prometteur ! C’est le supermercato de la présidentielle qui veut cela : partir assez tôt pour ne pas paraître un résistant de la 25ème heure, mais ne pas partir trop tôt quand même, car il ne faudrait pas se griller pour rien.
Renaud Dutreil soutient Macron
Dans cette course complexe au minutage, les entrepreneurs apprécieront une première incongruité à sa juste valeur : Macron a d’ores et déjà recueilli le soutien de l’ancien ministre raffarinien Renaud Dutreil, créateur, avec son ami Philippe Bas, lui aussi ministre de cette époque reculée, du RSI. Les deux compères, accessoirement conseillers d’État, sont des adeptes du “jardin à la française“, dont la logique profonde consiste à supprimer la concurrence émiettée au profit de quelques grands acteurs.
Dutreil, un soutien embarrassant ?
Pour Emmanuel Macron, ce ralliement de droite déjà acté depuis juillet constituera rapidement un handicap. Dutreil, admirateur du jardin à la française, a œuvré un temps à New York pour LVMH. Si certains cherchent des arguments pour étayer l’idée que Macron est le candidat des riches, Dutreil les leur sert sur un plateau. On ajoutera que l’épouse de Renaud Dutreil a attaqué les Wendel en 2012 après avoir contourné l’impôt dans un plan d’intéressement de 324 millions d’euros. Elle n’était pas seule à en profiter… mais là encore, les faits, qui sont têtus, risquent de ne pas profiter à Macron dans une hypothétique course à l’Élysée.
Bientôt le soutien d’Henri de Castries ?
Macron devrait prochainement bénéficier d’un autre soutien officiel : celui d’Henri de Castries, ancien président d’Axa, dont il se murmure depuis plusieurs mois qu’il a démissionné pour soutenir son poulain. Pour mémoire, Henri de Castries est un ancien de la promotion Voltaire, et personne ne peut soutenir avoir entendu dans sa bouche des propos flatteurs pour François Hollande. En outre, Axa est le grand financeur de l’Institut Montaigne, le think tank dont l’épouse du directeur Laurent Bigorgne fut la première à héberger le mouvement de Macron…
Macron soutenu par Gérard Collomb
Pour l’heure, le soutien le plus actif de Macron n’est autre que le maire de Lyon, Gérard Collomb. Âgé de 70 ans, celui-ci fut pendant quelques années enseignant en lettres avant d’entamer une carrière politique qu’il n’a plus quittée. Là encore, Macron devra s’appuyer sur cet embarrassant soutien qui n’incarne ni une autre façon de faire de la politique, ni un renouvellement des générations, et qui peinera à combler l’image très élitiste qui lui colle à la peau.
Macron et le gouvernement profond
Macron pourra donc compter sur le soutien actif du gouvernement profond pour faire campagne. Grâce à ces petits artifices, il devrait obtenir une bonne couverture médiatique et bien occuper l’aile droite de François Hollande. En revanche, cette facilité pourrait lui coûter cher en termes d’images : elle constituera un pain béni pour tous ceux qui voudront voir un lui un candidat fabriqué de toutes pièces (ou presque) pour maintenir debout un système à l’agonie, moyennant un peu de chirurgie esthétique.
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