Par Dominic Frisby.
Cette année, j’ai monté un spectacle dans le cadre du Festival d’Edimbourg. Le sujet est très prisé dans le genre comique : les impôts.
De prime abord, ce thème peut sembler quelque peu ardu – il l’est. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas important. On pourrait même dire que c’est l’un des sujets les plus importants qui soient.
L’impôt c’est le pouvoir. Qu’il s’agisse de rois, d’empereurs ou d’États, s’ils perdent leurs recettes fiscales, ils perdent leur pouvoir. C’est pourquoi je suis passablement agacé lorsque j’entends de soi-disant anarchistes – Russell Brand et consorts – exiger qu’untel et untel paient plus d’impôts. Si vous voulez briser le système, affamez le monstre, ne l’alimentez pas.
Combien d’anarchistes faut-il pour changer une ampoule ? Plutôt que changer une ampoule, il vaut mieux la briser.
L’impôt est partout
La façon dont nous sommes taxés en dit long sur la société dans laquelle nous vivons. Au Royaume-Uni, les impôts sont indirects, pris par force, à la source et sans qu’on ait le choix (excepté un vote, dont l’effet est discutable, tous les cinq ans).
L’impôt est omniprésent dans tout ce que nous faisons. Il fait autant partie de nos vies que manger, boire, rire ou dormir.
- Lorsque vous travaillez, l’impôt est là.
- Lorsque vous achetez ou vendez quelque chose, l’impôt est là.
- Lorsque vous mangez et buvez, l’impôt est là.
- Lorsque vous voyez un médecin, votre consultation est financée par les impôts.
- La plupart des loisirs entraînent des impôts. La maison dans laquelle vous vivez est imposée.
Existe-t-il une activité, à part respirer, qui n’implique pas d’impôt ? Hum, je sais à quoi vous pensez. Mais en faisant cela vous ne faites que fabriquer de futurs contribuables.
Nous sommes le produit de notre système fiscal
La façon dont nous nous comportons, à quel point nous nous sentons responsables, nos valeurs, notre attitude vis-à-vis de l’autorité et même notre honnêteté, résultent de notre système fiscal.
Les responsables politiques utilisent l’impôt pour influencer les comportements. Ils ne veulent pas que les gens boivent ou fument ? Ils taxent l’alcool et les cigarettes. Ils veulent que les gens utilisent plus d’énergie verte ? Ils octroient aux éoliennes un allègement fiscal.
Pierre le Grand, voulant occidentaliser la société russe, pensait que la barbe, c’était démodé. Il l’a donc taxée. Les hommes avaient le choix : se raser ou payer. À ceux qui choisissaient de garder leur barbe, on donnait un jeton prouvant qu’ils avaient payé et qu’ils devaient accrocher à leur barbe. Sur le jeton il était écrit : « La barbe est un fardeau inutile. » Hipsters, gare ! Conséquence involontaire, les barbes devinrent alors le symbole d’un statut.
Il n’y a pas que les individus qui soient façonnés par la manière dont on les impose mais toute la société. L’impôt est l’une des rares façons par lesquelles les responsables politiques pourraient réellement changer et améliorer le monde – le ministre des Finances a un pouvoir incroyable à cet égard – mais ils se contentent de prendre des mesures à la marge.
Un grand nombre des problèmes auxquels nous devons faire face en Occident tire son origine de nos systèmes fiscaux et notamment de l’inégalité des richesses.
Le seul moyen de réduire les inégalités est le travail
Si vous n’avez rien, le seul moyen pour vous de réduire l’écart entre vous et les très riches est de travailler ; pourtant, le travail est lourdement et continuellement taxé. L’impôt sur le revenu et la Sécurité sociale représentent 40% des revenus de l’État. La TVA en représente 20%.
Pendant ce temps, nous subventionnons les propriétaires de patrimoines par la dépréciation de la monnaie que sont l’assouplissement quantitatif, la manipulation des taux d’intérêt et la mesure erronée de l’inflation.
La terre est la richesse la plus élémentaire, or non seulement les plus grands propriétaires terriens – la Reine, le Duc de Buccleuch etc. – ne sont pas imposés sur leurs terres mais en plus ils reçoivent des subventions.
La complexité des systèmes fiscaux nourrit l’inégalité
Philip Green, Amazon et Starbucks consacrent de grosses sommes pour chercher les vides juridiques, qui sont nombreux – le Code des impôts compte 10 millions de mots. Nous autres n’avons pas les ressources de faire cela et nous payons donc proportionnellement plus.
Les terres de feu le Duc de Westminster passeront à son fils via le vide juridique qu’est le fidéicommis. Mais nous, nous devons payer des droits de succession.
Ma génération est plus pauvre que celle de ses parents. La génération qui me suit est plus pauvre que la mienne. C’est le contraire de l’évolution. La dernière fois que c’était le cas dans ce pays, c’était au Moyen-Âge. Pourquoi ? La plupart des objets ont vu leur prix chuter au cours des 100 dernières années.
La seule chose qui a augmenté depuis 100 ans, c’est le coût de l’État
En 1900, un ouvrier consacrait entre 80% et 90% de son revenu pour se nourrir, se vêtir et avoir un toit. À présent, il y consacre seulement 40%. Le seul coût qui a augmenté est le coût de l’État et de ce qu’il fournit. Et nous devons tous payer ce coût via les impôts.
Ce n’est pas seulement le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui qui est façonné par la manière dont il est imposé. Derrière tout grand événement de l’histoire, il y a un impôt. La naissance du Christ ? Marie et Joseph étaient en chemin pour payer l’impôt. La chute de Rome ? La ville a été saignée à blanc par l’impôt.
Toute guerre est financée par l’impôt, que ce soit pendant ou après. Si vous voulez mettre fin à une guerre, mettez fin aux impôts. Le but de toute conquête est de prendre le contrôle de la base fiscale. Toutes les révolutions se sont élevées contre l’excès de taxation, quelle qu’elle soit.
L’impôt a façonné toute l’Histoire.
Si on corrige l’impôt, on améliore la société. Si vous voulez changer le monde, il faut changer la façon dont nous sommes taxés.
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Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit
3 Impôts et basta: un impôt sur le patrimoine immobilier pour les dépenses locales , une flat tax sur le revenu et un impôt sur la consommation et basta…
+ un impot sur les commentaires internet, proportionnel au nombre de fois ou y est écrit « basta »
😀