Marisol Touraine va-t-elle tuer les cliniques privées ?

Supprimer l’hôpital privé pour contraindre tous les patients à fréquenter un hôpital public en pleine implosion, c’est du suicide !

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François Hollande et Marisol Touraine (Crédits Mathieu Delmestre- Solfé Communications, licence Creative Commons)

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Marisol Touraine va-t-elle tuer les cliniques privées ?

Publié le 17 septembre 2016
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Par Éric Verhaeghe.

Marisol Touraine va-t-elle tuer les cliniques privées ?
François Hollande et Marisol Touraine (Crédits Mathieu Delmestre- Solfé Communications, licence Creative Commons)

Alstom a donné le parfait exemple des dangers que l’État représente pour le marché et les entreprises qui le composent lorsqu’il intervient directement : commandes tardives, partenariat inéquitable, promesses jamais tenues. L’État est le pire partenaire qui existe. Dans le domaine de la santé, l’État n’est pas en reste : la politique de Marisol Touraine vis-à-vis de l’hospitalisation privée le montre abondamment.

L’État, un concurrent déloyal

Dans le domaine hospitalier, commençons par rappeler quelques évidences salutaires. L’État y joue un triple rôle essentiel. Premièrement, il est l’administrateur in fine de l’assurance maladie, notamment à travers la direction de la Sécurité sociale. Deuxièmement, il est le régulateur et la puissance réglementaire de l’hôpital, qui fixe notamment les tarifs et la politique d’offres. Troisièmement, il est l’employeur, au sens large, d’une grande partie des salariés qui font l’hôpital en France : soit parce qu’il est l’autorité de tutelle des hôpitaux publics, soit parce qu’il est celui qui fixe les règles et détermine la rémunération des fonctionnaires travaillant dans ces hôpitaux.

Pour les 1.000 cliniques privées de France (soit un tiers environ de l’offre de soins), l’État présente donc la particularité d’être à la fois l’arbitre qui fixe les règles du jeu, et le capitaine de l’équipe adverse qui concurrence directement l’activité économique. C’est un peu comme si Pepsi-Cola devait obéir à une réglementation élaborée par Coca-Cola…

Comment Touraine a accru cette déloyauté

Dans sa politique dévastatrice, Marisol Touraine a fait adopter une loi (promulguée le 26 janvier 2016) créant, dans son article 99, le service public hospitalier. Dans la pratique, ce service public hospitalier constitue une étape importante dans une sorte de nationalisation de fait du système de santé. Les hôpitaux privés ont la possibilité de s’y inscrire si et seulement si ils se plient à des obligations, notamment tarifaires, qui entravent totalement leur autonomie.

Touraine veut tuer l’hôpital privé

Désormais pieds et poings liés dans un système où ils sont mis sous surveillance, les hôpitaux privés devraient prochainement bénéficier d’une autre mesure destinée à les « finlandiser », comme on disait à l’époque où l’Union Soviétique voulait s’assurer de la soumission d’un pays sans l’envahir ni le mettre en coupe réglée trop visible. La prochaine parution d’un décret sur les « bénéfices raisonnables » plafonnera la marge des hôpitaux privés à 10%. Au-delà, l’État récupérera les sommes perçues par les structures.

Officiellement, il s’agit de transposer une directive européenne. Dans la pratique, il s’agit surtout de remettre au pas un concurrent turbulent.

L’hôpital privé est beaucoup moins cher que le public

Contrairement aux idées reçues, l’hospitalisation privée est en effet beaucoup plus économique que l’hospitalisation publique. En moyenne, le coût des soins dans le privé est deux fois moins élevé que dans le public.

Dans le Quotidien du médecin, Anne Bayle-Iniguez retient que la chirurgie de la cataracte qui coûte 1 470 euros dans le public contre 1 147 euros dans le privé et l’extraction des dents de sagesse qui revient à 1 310 euros à l’hôpital et seulement 770 euros en clinique.

Pour Marisol Touraine, la réglementation, selon une bonne logique soviétique tenace, sert donc à empêcher la concurrence économique que les cliniques privées remportent face aux hôpitaux publics, au besoin en pillant d’autorité (façon Philippe le Bel sur les Templiers) les bénéfices de structures privées beaucoup plus performantes que les structures publiques.

L’hôpital privé va payer la note des mesures salariales de l’État

Cette année, la loi de financement de la Sécurité sociale devrait donc servir à un transfert de richesse particulièrement simple. À l’approche des élections présidentielles, la gauche mène une politique de cadeau et d’achat de voix tout à fait transparente. Elle a notamment mis en place un plan de revalorisation du salaire des fonctionnaires. Elle a également, par la dernière convention quinquennale, revalorisé la consultation médicale de ville. Devinez qui va payer l’addition ?

Les assurés sociaux, bien sûr, qui vont absorber une hausse de l’objectif de dépenses des hôpitaux, et l’hôpital privé qui va écoper d’une superbe mesure de plafonnement de ses tarifs. Et qui, dans l’hypothèse où il continuerait à gagner de l’argent, sera pillé en bonne et due forme par l’État.

4.000 emplois supprimés dans le privé à cause de Touraine

Le président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée estime à plusieurs milliers le nombre d’emplois perdus dans l’hospitalisation privée depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Ce chiffre paraît plausible, tant les fermetures d’établissements privés sont fréquentes. Ce chiffre équivaut donc à environ 6 usines Alstom fermées par la politique soviétique de Marisol Touraine, dans l’indifférence générale.

L’hôpital public va mal

Si ces fermetures intervenaient pour des raisons valables ou pour une amélioration de la qualité de soins dans les hôpitaux publics, nous pourrions nous en satisfaire. Tout le problème réside dans l’évidente dégradation des soins au cœur de l’hôpital public, et dans le mal-être grandissant des salariés qui y travaillent. Supprimer l’hôpital privé pour contraindre tous les patients à fréquenter un hôpital public en pleine implosion, c’est du suicide soviétique, ou nous avons perdu notre latin.

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  • Nous n’en sommes plus à un comportement aberrant près ….
    De toute évidence l
    e gêneur celui qui coûte cher, celui qu’il ne faut surtout pas admettre en hospitalisation c’est le patient.
    Vous supprimez le patient, vous n’avez plus besoin d’aide soignants ni d’infirmières et encore moins de médecins.
    Celui qui est indispensable dans la gestion de l’hôpital c’est l’administratif …. qui par définition ne coûte rien parce qu’il gère, lui …. le médical ne crée QUE des dépenses …. j’irai même jusqu’à conseiller à nos génies transcendants d’enseigner l’art médical à E.N.A. et non plus dans les facultés de médecine dont je suis issu ….. là vous ne pourrez que constater des résultats financiers mirobolants à l’image des résultats de la gestion du pays.
    Le rêve …..

    • C’est une évidence que le patient et le soignant représente le coût, non ?

      • @ Pascual

        Si le patient est un consommateur de soins et le soignant celui qui les prodigue, il s’agit d’une activité économique: si vous n’y voyez aucune « valeur ajoutée », ne vous soignez plus!
        La « sécu » est un système d’assurance où les assurés (bien-portants) cotisent pour les « sinistrés » (malades).
        Qui a jamais calculé le coût des « charognards parasites » qui vivent de ce système sans être malade ni soignant dans les « usines à gaz » françaises? Personne!

  • l’état , concurent déloyal , l’état mauvais payeur qui met des entreprises en danger , l’état fabriquant de chomeurs , l’état pilleur de richesse…..forcément , ce pays va bien s’en sortir …..

  • Les soignants ne sont pas aveuglé par une soi disant revalorisation de salaire. Au stade ou on en est il nous faut bien pys que cela

  • « l’extraction des dents de sagesse qui revient à 1 310 euros à l’hôpital et seulement 770 euros en clinique »
    En cabinet libéral, il en coûterais 209 € sous anesthésie locorégionale.

    • Ces sommes correspondent à l’extraction de 4 dents…est-ce le cas avec vos 209 euro

      • Oui pour les 4 sans complément d’honoraire au tarif secu. Pour le même acte les stomatos ont droit aux honoraires libres, pas les dentistes.

        • Est ce que cela correspond à la même intervention ? Dans le cas de l’hôpital ne s’agit-il pas d’une chirurgie avec enlèvement des bourgeons et en cabinet à un simple arrachage de dents déjà sorties ?

          • Non , s’il s’agissait de 4 dents déjà sorties le tarif serait de 50.16 €, 33,44 € pour la première, la moitié pour la seconde et les deux autres gratuites. Et après on croit que les soins dentaires sont chers.
            Bien sur il s’agit d’intervention faites en cabinet avec anesthésie locale, ce que je précisais dans la première intervention. Dans le cas de la clinique ou de l’hopital on mobilise un bloc et un anesthésiste. Mais cette intervention se faisait couramment en cabinet il y a quelques années, aujourd’hui vous comprenez pourquoi c’est adressé en clinique( ou à l’hopital). Est ce que la sécu y gagne ??

            • Certaines extractions de dents de sagesse peuvent effectivement se faire en cabinet sous anesthésie locale. Ce n’est pas le cas de toutes les extractions. En cas de dent incluse, d’intrication (ou contact étroit) avec le nerf dentaire ou des racines dentaires de morphologie variant, c’est beaucoup moins simple car cela peut nécessiter une découpe plus importante de l’os d’ou l’intérêt de le faire au bloc chirurgical avec anesthésie. Si vous avez trouvé un dentiste qui accepte encore de faire une extraction des dents de sagesse, tant mieux mais ils se bousculent de moins en moins pour le faire et n’acceptent que les cas sans aucun risque. L’exigence accrue des patients et les ennuis qui peuvent découler du moindre problème (judiciarisation de la médecin et indemnisation quasi-systématique du « préjudice moral ») font que beaucoup de dentistes abandonnent ce type de soins dont la prise en charge fait appel à des structures plus lourdes pour palier aux moindre reproche. La sécu n’y gagne pas effectivement.

              • Et pour 50 euros la dent de sagesse le dentiste n’a pas comme l’hôpital la possibilité de se rattraper sur le tarif d’une journée d’hospitalisation. c’est curieux le tarif de la journée d’hospitalisation est à géométrie variable selon l’hôpital c’est pas le meme tarif ( de 1 à 5 quand meme ! ) mais toujours payé à l’aveugle par la sécu ! -)))

    • ha ha ha , on ne peut pas comparer des établissements ayant des charges financières différentes , encore heureux que les tarifs soient différents !

      • Sauf qu’au bout du compte le résultat est le m^me on vous a enlevé 4 dents incluses, libres à vous de payer plus cher, ah oui c’est pas grave ce sont les autres qui payent…

        • « ah oui c’est pas grave ce sont les autres qui payent… »
          c’est le principe de base des assurances, il y a des gagnants et des perdants ..mais pas tout a fait 🙂

      • oui, on peut aussi louer un marteau pilon pour enfoncer une punaise. C’est plus cher que de le faire au pouce Mais quand on aime on ne compte pas. les charges sont différentes mais ils ne travaillent pas à perte. C’est pas grave hein c’est la sécu qui paie.

        • Pour information : depuis 2007 les établissements de santé ne sont plus payés « à la journée » mais à l’activité c’est à dire qu’à chaque intervention on alloue un tarif : « Tatification à l’activité »… Donc on ne gagne RIEN à garder un patient 24 h de plus.

          • En cabinet on ne gagne rien tout court à extraire des dents de sagesses. On perd. C’est quand meme pratique de se rattraper sur l’hospitalisation pour compenser des soins à perte. 1310 euros de cout total à l’hôpital public pour 209 euros l’acte médical.

  • Va t’on encore les laisser détruire notre pays en toute impunité ? Un simple citoyen lucide et honnête qui a été adressé à une clinique privée par un CHU et à même d’expliquer d’où vient le gaspillage Français de nos monopoles étatiques. Qui va agir et réagir ?

  • Si ce gouvernement, ou le suivant, ne redonne pas de l’oxygène à l’hospitalisation Privée, efficace et de 22% moins cher à acte égal, les patients soignés actuellement devront aller se faire soigner dans le public.
    Certes c’est l’objectif des actions délétères de ce gouvernement, mais où cela mène t’il ?
    Il faudra augmenter le budget de soin de ces patients forcés d’aller se faire soigner dans le public de 22 % , et ce sur 57% de l’activité chirurgicale !! moralité : augmentation du budget de la part chirurgicale des soins de 12% environ.
    Outre l’aspect financier, les délais pour se faire opérer, de facto, augmenteront de manière considérable. Alors que le Canada, où les délais explosent, envisage pour s’en sortir d’introduire un système Privé, la France socialo-marxiste envisage de se passer du secteur le moins coûteux et le plus efficace.
    Je profite de ce commentaire pour faire connaitre le fait que le CICE est versé aux établissements privés…et sur-compensé par un baisse tarifaire d’environ 2,5% (depuis 2 ans)….
    Il existe également une dégressivité tarifaire: si votre activité augmente la rémunération de l »établissement pour l’acte concerné diminue.
    Tout cela se solde par bien entendu par une optimisation des moyens et la disparition d’emplois…

  • ce n’est pas nouveau. Au lieu d’installer une saine concurrence avec le public , les cliniques ont toujours été bridées. Certaines activités sont même quasi impossibles ; le motif officieux mais principal étant de ne pas concurrencer l’hôpital , pourtant 2 fois plus couteux, même en tenant compte des « dépassements ».

    On pourrait même imaginer, des écoles de médecines privées en concurrence avec les chu: cela donnerait un sacré coup de jeune et de modernisme dans la formation de nos futurs soignants !

    Bon , faut pas rêver, les socialo-communistes de « gauche » et de « droite » dirigent le pays au moins depuis la deuxième guerre mondiale.

  • et que proposent les candidats dits « de droite » à la prochaine élection présidentielle ? Par exemple commencer par remplacer tous les directeurs d’administration du ministère constituerait un bon point de départ…..

  • Cette femme est folle (il suffit de voir l’expression de son visage) et dangereuse. Vivement qu’elle soit virée avant d’avoir causé une catastrophe irréversible.

  • Marisol Touraine est la plus dogmatique des incompétents ministres de la santé qui se succèdent….Il n’y a même pas lieu de faire de long discours… Tant que nous serons à 10% de chômeurs en France la SS sera déficitaire et nos hiérarques auront beau jeu de réduire encore et encore la voilure hospitalière …Et tout le reste…

  • « Dans le Quotidien du médecin, Anne Bayle-Iniguez retient que la chirurgie de la cataracte qui coûte 1 470 euros dans le public contre 1 147 euros dans le privé et l’extraction des dents de sagesse qui revient à 1 310 euros à l’hôpital et seulement 770 euros en clinique. »

    Chez le cochon de dentiste en cabinet les extractions de dents de sagesses c’est : HBGD038. Avulsion de 4 troisièmes molaires retenues ou à l’état de germe, montant 209 euros opposable. Inutile de vous dire qu’à ce tarif plus personne ne s’emmerde à les faire. L’état a tué la chirurgie en cabinet dentaire.

    • Donc c’est soit à l’hôpital public soit en clinique chez le stomato secteur 2 qui peut faire des dépassements d’honoraires. Mais plus chez le dentiste qui lui est en secteur 1 sans possibilité de dépassement sur ce tarif indigne.

  • franchement , et selon mon expérience, il FAUT supprimer ses cliniques , des mouroirs ou des escrocs faute de ressources financières suffisantes

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