Par Ferghane Azihari.
La stabilité financière et donc la sécurité de notre épargne, la lutte contre l’inflation ou le chômage ne sont pas les vrais objectifs des banques centrales. Ce sont d’abord des institutions corporatistes créées pour protéger le cartel bancaire et capter les richesses.
Les titulaires du monopole légal du faux-monnayage qui portent le nom de banquiers centraux sont devenus les gourous de l’économie moderne. Nous nous tournons obséquieusement vers eux comme vers des rois thaumaturges, pour leur demander de faire des miracles : relancer la croissance, éradiquer le chômage et la pauvreté… Comme si la création monétaire pouvait magiquement remplacer ce qui fait la prospérité des civilisations : des institutions respectueuses de la liberté d’entreprendre, le progrès technique, l’accumulation de capital, la productivité, etc.
Notre confiance aveugle vis-à-vis des banques centrales puise sa source dans le mythe qui voudrait que ces institutions aient été créées pour garantir la stabilité du système économique et financier, la sécurité de notre épargne… Un tel mythe ne résiste pourtant pas à l’analyse historique. Les banques centrales ont bien sûr été créées pour remplir un tas de missions, mais certainement pas pour ces nobles objectifs décrits plus haut. En fait, elles ont toujours eu une finalité politique et corporatiste incompatible avec le bon fonctionnement des marchés financiers.
Objectifs politiques des banques centrales : s’accaparer subtilement les ressources des citoyens
Les banques centrales sont apparues quand les souverains ont découvert au fil du temps et de l’expérience que le monopole de la création monétaire était un moyen beaucoup plus subtil que la fiscalité pour s’accaparer les ressources de leurs sujets.
Voyez-vous, la fiscalité présente des inconvénients politiques. Il faut envoyer des percepteurs chez les gens afin de confisquer leurs biens. Évidemment, ces mêmes gens ne sont pas contents. Ils crient à l’extorsion. Ils se rebellent, se révoltent, coupent des têtes et vont parfois même jusqu’à faire sécession en créant un nouvel État ! Rendez-vous compte ! Mettez-vous à la place du souverain. De telles situations sont évidemment inconfortables…
Alors qu’il suffit d’imposer le cours forcé d’une monnaie de singe et d’accroître la masse monétaire à volonté pour opérer une discrète redistribution des richesses des sujets gouvernés vers les gouvernants. Ainsi, loin d’être nées pour réguler la finance, la plupart des banques centrales en Europe sont nées en raison de difficultés éprouvées par les souverains à financer leurs dépenses.
L’épisode de la naissance de la Banque de France est à cet égard emblématique. La Banque de France était à l’origine une banque privée notamment détenue par Napoléon Bonaparte et ses proches.
Inutile de préciser que l’octroi en 1803 du monopole d’émission des billets s’est révélé lucratif pour les actionnaires de cette banque. L’inflation pouvait dès lors s’utiliser pour financer les dépenses de guerre de l’État français tout en permettant à ceux qui contrôlaient le monopole de la création monétaire de s’enrichir sur le dos des populations.
Objectifs corporatistes des banques centrales : couvrir les cartels bancaires
Outre les objectifs politiques, les banques centrales se sont vu assigner la mission de protéger des intérêts corporatistes. Elles agissent comme des prêteurs en dernier ressort en vue d’abreuver de liquidités les banques en difficultés. Elles sont ainsi à l’origine d’un aléa moral qui pervertit les incitations des banques. Ces dernières sont désormais dans la capacité d’émettre excessivement du crédit sans être soumises à une quelconque discipline de marché. C’est pourquoi la création de la Réserve fédérale américaine en 1913 a vivement été encouragée par les élites financières de l’époque.
Le mécanisme est simple. Normalement, la privatisation des profits et des pertes est un élément clef de la régulation du capitalisme. Ce sont les profits et les pertes qui permettent de guider les entrepreneurs vers une bonne affectation des capitaux tout en leur imposant une certaine discipline. Or les banques centrales ont été instituées précisément en vue de briser ce mécanisme régulateur. Elles conduisent à la privatisation des profits mais à la socialisation des pertes grâce à la création monétaire. Par conséquent, on peut affirmer sans hésitation qu’elles sont responsables du dérèglement des marchés financiers. Cette déresponsabilisation est d’autant plus encouragée que les normes prudentielles exigées par les régulateurs réduisent la concurrence et renforcent les cartels établis.
La distorsion du loyer de l’argent
Enfin, les banques centrales ont le pouvoir de forcer les taux d’intérêt de manière arbitraire. Cela fausse les signaux de prix guidant les préférences des épargnants et des emprunteurs. Il s’ensuit deux nuisances. Les taux d’intérêt artificiellement bas découragent l’épargne et donc réduisent les investissements nécessaires à l’accumulation de capital productif. En l’absence de véritables signaux de prix, le marché est dans l’incapacité d’allouer le capital de manière optimale, ce qui nuit à la production globale de richesses et à la croissance économique.
Les banques centrales n’ont jamais été créées pour notre bien. Notre argent ainsi que nos économies se porteraient beaucoup mieux si elles n’existaient pas.
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Pour plus d’informations, c’est ici.
La création monétaire n’est pas opérée par les banques centrales, mais par les banques commerciales, via les réserves fractionnaires, vous vous trompez de cible.
Privatiser les bénéfices et les pertes d’une banque … vous mélangez actionnariat et dépôts : la responsabilité d’une banque n’est pas tant au niveau de l’actionnariat que de la clientèle : les banques socialisent l’économie, ce qui permet aux entreprises d’être privés. Contrairement aux entreprises dont le passif financier se résume en grande partie au capital (et aux fournisseurs et banques), le capital d’une banque est ridicule comparé au passif financier – en plus simple : l’argent que doit une banque à ses clients est bien plus important que l’argent que la banque doit à ses actionnaires : privatiser les bénéfices et pertes veut dire faire payer les clients !
Les taux d’intérêts des banques centrales n’ont absolument rien à voir avec l’épargne mais avec l’inflation : soit vous favorisez l’épargnant, soit vous favorisez le prêteur … la seule « justice » est un taux directeur proche de zéro, ce qui limite à la fois inflation et création monétaire.
Un taux directeur fort veut dire que la banque centrale détruit la monnaie prêtée au remboursement des prêts … donc qu’elle se voit dans l’obligation de créer de la monnaie pour maintenir la masse monétaire … vous voyez le schéma à l’envers : on n’est plus au temps où la création monétaire était corrélée aux réserves en métal précieux et donc relatif à celui-ci, on est dans le schéma inverse.
Le problème des banques centrales n’est pas le monopole .. c’est justement qu’il n’y en ai pas : il y a autant de banques centrales que d’Etats Nations (à peur de chose près) et que les banques commerciales bénéficient de privilèges qui devraient être limités à la banque centrale ou accordés de façon égale à toutes les entreprises en permettant une concurrence entre banques et entreprises : la création monétaire via les reserves fractionnaires n’a aucune raison d’être un privilège délégué et réservé à une minorité (contrôlée par l’Etat d’ailleurs) : toutes les banques commerciales (Françaises) sont sous la coupe de l’Etat via son actionnariat ou via les modalités de désignation de ses dirigeants. Le secteur bancaire est le plus gros capitalisme de connivence qui soit.
Privatiser les bénéfices et les pertes d’une banque
Excusez moi, mais l’auteur n’a pas été exclusif. IL N’Y A PAS QUE LES BANQUES A AVOIR DU CAPITAL.
Je n’ai jamais dit le contraire, c’est l’auteur qui prétend que les banques centrales abreuvent en liquidité les banques en difficulté et qui fait un corolaire avec la nécessité de privatiser les bénéfices et pertes. J’ai peut être été un peu vite, en effet, mais on ne peut considérer sur le même plan des entreprises dont le passif repose sur les actionnaires (et les préteurs) et les banques dont le passif repose sur les clients : privatiser les bénéfices et les pertes pour les banques équivaut à bénir toutes les pratiques malhonnêtes : c’est gratuit, c’est les clients qui paient !
Je pense que l’auteur se fie à la légende urbaine comme quoi les actionnaires des banques sont des « capitalistes » (le fameux monde de la finance) et ceux de la banque centrale des « étatistes » or l’actionnariat des banques est détenu en grande majorité par des institutionnels (82% pour BNP Paribas) et leur engagement est en grande partie … constitué de dettes d’Etat. La BCE ne faisant « que » mettre en place une politique monétariste en régulant l’inflation (ce qu’elle fait plutôt bien d’ailleurs) c’est à dire en empêchant les Etats de se sucrer sur les dos des contribuables en émettant de la monnaie de singe à volo.
En gros la BCE est (toutes proportions gardées) le seul truc un tant soit peu « libéral » dans tout cet infâme capitalisme de connivence qu’est le système bancaire européen (et mondial)
Merci d’avoir remis un peu les choses en place car l’article ne tient pas debout : le pire étant le final sur le taux d’intérêt « forcé »
L’auteur a complètement oublié le marché des devises qui a un rôle régulateur de la concurrence entre monnaies (carry trade).
@ Stéphane Boulots
+ 10 !
L’article part de plusieurs postulats faux pour prétendre arriver à une vérité !
Vous m’avez évité d’effectuer les corrections qui s’imposaient !
Merci de ces observations qui s’imposaient …
Objectifs politiques des banques centrales : s’accaparer subtilement les ressources des citoyens
Ce ne serait pas plutôt l’objectif des états ❓ Qui le font d’autant plus qu’ils sont plus socialistes ❓
La banque centrale n’étant que l’outil qu’agite l’état ❓
Ainsi, loin d’être nées pour réguler la finance
Ahem ahem…
La banque centrale est bien la responsable de la création monétaire en dernière analyse. Il lui suffit d’un haussement de sourcil pour mettre à terre une banque majeure en un weekend comme on a pu l’observer en 2008. La création et la destruction monétaires ne posent aucun problème spécifique à partir du moment où ces activités sont régulées par le marché, autrement dit dès lors que les monnaies émises et détruites sont strictement distinctes et en concurrence. C’est bien le monopole de la création monétaire au service de l’Etat obèse et du cartel bancaire institué afin d’échapper aux contraintes du marché qui conduit aux crises financières puis économiques. En effet, le monopole crée une solidarité de fait entre tous les porteurs de la monnaie monopolisée, spoliant les vertueux de leur production et encourageant les indélicats dans leurs fraudes.
A lire : http://www.institutcoppet.org/2016/03/20/naissance-banques-centrales-louis-rouanet
Absolument, et dans le « cartel bancaire », on peut se demander si il existe encore des « vertueux » : ce truc étant à peu près autant « privatisé » que le cartel militaro-industriel soviétique sous Brejnev
Très bon article dont les critiques alambiquées, tatillonnes et prétendument techniques n’ont ni queue ni tête. Les mécanismes via lesquels les banques centrales crée de la monnaie varient en fonction des modes et des époques mais reviennent toujours au même : une activité de faux monnayage à grande échelle au profit de ceux qui contrôlent le robinet et de leurs clientèles. La BCE n’a rien de libéral et ne sert à rien d’autre que de supprimer la concurrence entre les monnaies, seule barrière à l’expansion monétaire avant l’hyper inflation.
Personne n’a dit ici que la BCE était libérale.
Cet article propage des mythes et n’aide pas du tout le lecteur profane à comprendre le mécanisme de la « création » monétaire.
Allez sur le marché des devises et vous y verrez la concurrence en action… vous y trouverez même le BTC.