Parmi les économistes qui ont été nobélisés, James M. Buchanan est probablement l’un des plus singuliers. Né le 3 octobre 1919 (il aurait 97 ans aujourd’hui), Buchanan répudiait l’idée que les économistes devaient être des technocrates qui guidaient l’action gouvernementale.
James M. Buchanan, la domination du politicien et du fonctionnaire
Après la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, les sociétés occidentales ont été dominées par des courants de pensée qui favorisaient un rôle très important de l’État dans l’économie. Ces courants de pensée concevaient le rôle du politicien et du fonctionnaire comme de fins mécaniciens de l’économie et de la société ; d’autres diraient des technocrates — terme qui est justement né durant cette époque.
De la même façon qu’ils avaient planifié l’économie en temps de guerre, ils allaient pouvoir planifier l’économie en temps de paix. Ces courants de pensée présentaient aussi ces acteurs publics comme étant infaillibles, insensibles aux pressions extérieures et sans préférences individuelles, en opposition à un être humain faillible dont les décisions individuelles pouvaient mener au désordre social ou aux crises.
Buchanan, remettre l’homme politique à sa place
Avec son collègue Gordon Tullock, Buchanan a décidé de remettre en question ces affirmations.
Pour eux, les politiciens et les fonctionnaires sont aussi des êtres humains faillibles motivés par leurs intérêts et leurs préférences. Ainsi, ils peuvent notamment se servir de l’État à des fins personnelles.
Sur la base de cette intuition, Buchanan a publié une série d’études qui ont permis de fonder un nouveau courant de pensée baptisé l’école des choix publics — l’étude des mécanismes de décisions gouvernementaux à partir de la science économique. À l’époque, c’est-à-dire dans les années 1960, cela a constitué une véritable révolution dans le monde des idées. L’objectif était scientifique : reconnaître que si les marchés peuvent être défaillants, les gouvernements peuvent l’être aussi.
Les défaillances du Politique
Ce raisonnement était effectivement révolutionnaire. Auparavant, si on voyait ou percevait une défaillance du marché, on concluait automatiquement qu’il fallait faire appel à l’action gouvernementale pour résoudre le problème, et que cette intervention serait nécessairement appropriée. La pensée de Buchanan revient à dire que la solution peut en fait être pire que le problème.
La logique de Buchanan va plus loin qu’une simple critique de l’action gouvernementale a posteriori. Il a examiné comment certains problèmes sociétaux peuvent être causés par l’action gouvernementale. Dans son magnum opus The Calculus of Consent, Buchanan souligne les méfaits des politiques qui favorisent un groupe aux dépens des autres.
Les groupes d’intérêts comme les lobbies d’agriculteurs ou les syndicats d’employés municipaux peuvent faire des gains importants en essayant d’influencer le pouvoir politique afin qu’il adopte des lois qui les favorisent.
Coûts dispersés, bénéfices concentrés
Ce qu’il faut comprendre, et ceci est un point essentiel de Buchanan, c’est que le coût des mesures que les groupes de pression favorisent sont payés par l’ensemble des contribuables. Par conséquent, le coût par personne est faible et dispersé au sein de la population en général, alors que le bénéfice pour les groupes favorisés est élevé et concentré.
La gestion de l’offre au Canada est un exemple de ce phénomène. Pour les agriculteurs, qui sont peu nombreux, les bénéfices de ce système constituent plusieurs millions de dollars en rentes et privilèges.
Pour les très nombreux consommateurs, le coût annuel de cette mesure représente un peu plus de 400 dollars annuellement. Ce n’est certainement pas un coût assez élevé pour inciter les consommateurs à manifester dans les rues. Par contre, du point de vue des agriculteurs, perdre des millions en privilèges est assez important pour bloquer les rues et amener son tracteur sur la colline parlementaire.
Buchanan lauréat du prix Nobel
Les contributions de Buchanan sont nombreuses et vont bien au-delà de celles discutées ici. Ses analyses étaient assez convaincantes pour lui valoir le prix Nobel de sciences économiques en 1986.
Dans l’analyse que nous faisons de nos politiques publiques au Québec et au Canada, nous ne devrions jamais oublier ces enseignements importants. Au final, le processus politique est mené non pas par des êtres vertueux désincarnés, mais par des êtres humains normaux, c’est-à-dire qui ne sont pas dépourvus d’intérêts, qui ont des préférences individuelles et qui répondent aux incitations de leur milieu.
Un article de l’Institut économique de Montréal publié initialement en octobre 2016.
En France, nous avons un président normal.
Moyennement intelligent (du moins en apparence)
Moyennement charismatique (au sens qu’il l’est autant qu’un quidam que l’on croiserait chez le boucher)
Moyennement compétent (juste ce qu’il faut pour se maintenir dans son job de politicien professionnel, donc avec la même compétence qu’un salarié, qu’un fonctionnaire ou qu’un commerçant lambda)
Moyennement élu (pas besoin d’explication)
En fait, sans sa tirade célèbre, Moi Président donnait déjà un indice subliminal : Moy Président…
Oui, les politiciens sont des hommes et des femmes faillibles, c’est bien pour ça qu’il en faut peu, et qu’il doivent être limités dans leurs pouvoirs…
Tous les êtres humains sont faillibles. Sauf que les individus qui mènent mal leurs études (comme moi) et/ou leurs affaires n’impactent qu’eux-mêmes et potentiellement un groupe très restreint de personnes (familial et amical).
Les dirigeants faillibles / incompétents / malhonnêtes, impactent toutes la société négativement, y compris les groupes qu’ils favorisent lesquels finissent, par facilité, par gérer mal leurs affaires.
Ceci est une généralité, j’en ai conscience, mais qui décrit assez bien le pays actuel.
les politiciens sont d’autant plus faillibles qu’ils ne paient jamais les conséquences de leurs erreurs.
Et comme Hayek souligne avec raison que la politique attire les pires, ceci explique la décadence de la France que le gouvernement en place accélère par ses mesures débiles et populistes!
Excellente idée de republier cet article qui n’a pas pris une ride.