Par Phoebe Ann Moses.
La France n’est pas le premier pays à faire preuve de protectionnisme en temps de crise. Mais impossible de croire qu’au fond, les Français ne sont pas accueillants, et qu’ils ne veulent pas accueillir de migrants chez eux, dans leurs villes.
Le problème n’est pas les migrants. Le problème, c’est l’État.
Solidaires avec la jungle de Calais ?
Si les migrants ne sont pas bien acceptés en France, c’est parce qu’on sait parfaitement qu’avec notre système social (que le monde nous envie), il faudra mettre la main au porte-monnaie. Et c’est justement impossible par les temps qui courent. La solidarité made in France consiste à distribuer de l’argent « pour aider ». Le problème, c’est que l’argent, on le donne et que la misère ne se réduit pas pour autant, bien au contraire.
La misère, c’est que les migrants de la jungle de Calais soient déplacés, après avoir été parqués avec l’interdiction d’aller où ils le souhaitent. Ces « migrants économiques », nettement moins bien accueillis que s’ils étaient « réfugiés politiques » doivent bien se demander pourquoi le monde est trop petit pour leur permettre de faire fortune ailleurs que dans leur pays natal. Les Français expatriés à Londres ou ailleurs, migrants économiques eux aussi, ne subissent curieusement pas cette distinction.
Accueillir les migrants pour rajeunir la population
C’est le moment de réfléchir à notre système social, et de le remettre en question. Car si l’Allemagne, à laquelle on se compare volontiers quand ça nous arrange, souhaite accueillir des migrants, c’est parce que sa natalité ne compense plus les retraites qu’il faudra payer. Rajeunir la population de manière aussi inespérée est une aubaine pour ce pays. Ce n’est pas le cas de la France qui a le taux de fécondité le plus élevé d’Europe et ne parvient pourtant plus à verser les retraites qu’elle doit.
Et la France ce n’est pas non plus les États-Unis auxquels nous nous comparons aussi volontiers. D’abord les États-Unis n’ont pas – pas encore – le même système social que nous. Ensuite, chacun n’y a pas été « accueilli » comme on l’entend souvent, mais y a été « accepté », au sens où chacun pouvait tenter sa chance et se débrouiller. Et s’il y arrivait, tant mieux. La mentalité américaine répugne encore à assister celui qui ne fait pas un effort pour « y arriver ».
Alors, oui, la France peut faire une place aux migrants. Mais il faut qu’elle réforme son système et sa mentalité : laissons s’installer les individus, et que les meilleurs gagnent. Quant à celui qui n’y parvient pas, il ne peut plus être question que l’État y supplée en permanence sans jamais rendre de compte sur la manière dont est employé l’argent des contribuables.
La solidarité ne doit plus être gérée par l’État
Que chacun s’occupe de soi-même d’abord, cela nous aidera à accepter les autres. Au lieu de compter sur la solidarité gérée par l’État, nous pourrions payer pour nous-mêmes des assurances en tout genre. Cela évacuerait l’aigreur de certains qui observent que les largesses de l’État ne sont pas pour eux, mais « pour les autres ». Tout le monde serait logé à la même enseigne : à chacun de subvenir à ses besoins, et de s’assurer (ou pas). La solidarité deviendrait active et consentie au lieu d’être forcée comme elle l’est depuis soixante ans, ce qui n’aboutit, on le voit dans les sondages récents, qu’au rejet de l’autre.
Quand c’est l’État qui s’occupe de solidarité, est-ce satisfaisant de voir des êtres humains parqués dans des tentes entourées de barbelés ? Est-ce cela la définition de la dignité humaine proposée par l’État français ? Et maintenant, déplacer cette population, juste avant l’hiver (au mépris des règles imposées aux propriétaires qui eux, ne doivent pas expulser de locataires à cette période !), en se déchargeant sur les villes de cette « gestion » encombrante, est-ce bien satisfaisant ? Attend-on de façon bien hypocrite, qu’ils se volatilisent « dans la nature »… ce qu’on aurait pu leur accorder depuis le début ?
Un Code du travail qui empêchera les migrants de travailler
Évidemment, il n’y aurait pas que le système social à revoir, il faudrait aussi remettre à plat le Code du travail. Oui, parmi les migrants, il y a peut-être des enseignants, des médecins, ou d’autres « nobles » professions. Mais va-t-on leur ouvrir les portes de l’Éducation nationale ? Leur donner une équivalence de diplôme en médecine ? Alors qu’on peine déjà à reconnaître la formation d’un médecin venant de Roumanie ? Soyons réalistes. Le plombier polonais avait déjà du mal à se faire une place en France1.
Non, toutes ces personnes instruites et courageuses ne trouveront pas un emploi à leur mesure. Mais déjà, si elles pouvaient trouver un emploi, elles n’auraient pas perdu leur dignité, en plus de leur famille.
Pour cela, il faut plus qu’une réforme du Code du travail : il faut libérer totalement la population de l’emprise de l’État, dans quelque domaine que ce soit. Oui, cela donne plus d’incertitude sur la vie. Mais cela donne aussi plus de chances de s’en sortir. N’est-ce pas cette possibilité que chacun souhaiterait pour lui-même ?
- « Cette affaire est très grave, car la directive Bolkestein permet à un plombier polonais ou à un architecte estonien de proposer ses services en France, au salaire et avec les règles de protection sociale de leur pays d’origine. Sur les 11 millions de personnes actives dans les services, un million d’emplois sont menacés par cette directive. Il s’agit d’un démantèlement de notre modèle économique et social. » Philippe de Villiers, Le Figaro, 15 mars 2005. ↩
« Alors qu’on peine déjà à reconnaître la formation d’un médecin venant de Roumanie ? »
Ah ?
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/actualites/annee-en-cours/actualites.html?tx_ttnews%5Btt_news%5D=531&cHash=84264ccf16988d4b686b027138a91aa8
« L’Ordre recense 1 466 primo-inscrits au tableau de l’Ordre en 2014. Parmi ces primo-inscrits, 510 praticiens ont obtenu un diplôme hors de France. »
» la grande majorité des primo-inscrits dont le diplôme n’est pas français ont étudié en Roumanie, en Espagne et au Portugal. On recense, en 2014, 218 diplômes roumains (contre 205 en 2013), 132 espagnols (contre 96 en 2013) et 74 portugais (contre 56 en 2013). »
Pendant ce temps là on a toujours un numerus clausus. En fait l’etat empêche plutôt les français de travailler en France. Un jour va arriver que des les praticiens formés à l’étranger seront plus nombreux que ceux formés en France.
En medecine c’est différent. A l’hôpital et à l’ECN la nullité des médecins formés dans ces pays se voit.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/02/09/les-internes-en-medecine-formes-a-l-etranger-dans-le-viseur_4861921_3224.html
Vision un peu angélique et quelque peu biaisée de la réalité. Si on en croit l’auteure, ce ne sont que des « hypers » diplômés qui arriveraient sur notre sol ?
Je n’ai pas l’impression que cela corresponde à la réalité.
Par contre pour ce qui est de laisser la liberté de « faire son trou » sans que la collectivité ne soit une fois de plus sollicitée, cela me parait une bonne chose.
Attendons la suite de Calais, je crains bien qu’il n’en sorte rien de bon, même si avoir accepté cette implantation et la laisser se développer n’étaitsurtout pas la solution. C’est bien en amont que nos peu courageux politiques auraient dû intervenir…
« Je n’ai pas l’impression que cela corresponde à la réalité. »
Vous avez discuté avec combien ?
La réalité ne se détermine pas en discutant, mais en regardant à l’oeuvre ! C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, disait-on du temps où la tchatche n’avait pas priorité.
plutôt que de claquer 10 millions d’euros par an pour trois ex présidents qui ont enfoncés la france , chacun à sa manière , pourquoi ne pas reprendre une grosse partie de cet argent pour les migrants mais aussi les français qui sont à la rue ?
Et pourquoi ne pas rembourser le contribuable ?
Who is Ragnar Danneskjöld ?
Incroyable qu on en face tout un pataquès…20 000 migrants en France comparés au Million pour l Allemagne.
C est le signe d une société peu sure d elle-même.
20 000 est considerable quand on sait qu’il s’agit d’une faible partie de l’immigration totale et de la siruation du pays. 20 000 en combien de temps deja? Il faut parler en flux Sinon cela n’a pas de sens.
sur Calais entre 5000 et 8000 personnes
“La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique.” — Joseph Staline