Par Jean-Eric Branaa.1
L’idée d’une « surprise d’octobre » était dans toutes les têtes depuis très longtemps. Les observateurs l’évoquaient, les républicains l’annonçaient et les démocrates la craignaient. Mais, au fond, personne n’y croyait vraiment. Dans ces derniers jours de campagne, l’industrie des médias et celle des sondages, tout autant que la cohorte d’observateurs et de spécialistes se demandaient tous ce qui pourrait encore être ajouté à ce qui avait déjà été dit sur les deux candidats.
Trump donné perdant contre Hillary Clinton
On commençait donc à s’intéresser à des sujets un peu différents : l’émergence de Michelle Obama sur la scène politique et son aura extraordinaire qui donnait enfin à la campagne Clinton le dynamisme qui avait tant manqué, les noms de celles et ceux qui étaient susceptibles de participer au gouvernement de la première présidente des États-Unis, les chances pour les démocrates de remporter le Sénat et, pourquoi pas après tout, la Chambre des représentants par la même occasion… Car plus personne ne pariait sur les chances de Donald Trump, qui semblait ne plus y croire non plus, même s’il déployait toute son énergie pour donner le change.
Mais il avait déjà donné l’explication à cette défaite annoncée : l’élection allait être truquée, notamment par le FBI qui avait protégé Hillary Clinton et par son directeur, James Comey, l’homme qui avait conseillé aux procureurs fédéraux de ne pas la poursuivre dans l’affaire dite « des e-mails ». Il avait en effet estimé qu’il n’y avait eu aucune intention criminelle de la part de l’ancienne ministre des Affaires étrangères. Et il s’était aussitôt attiré le courroux du milliardaire new-yorkais qui en avait fait une cible de ses attaques.
Une catastrophe pour Hillary Clinton
C’est pourquoi, jeudi dernier, lorsque le chef du FBI fut informé de la découverte d’un millier d’e-mails jugés « pertinents » pour déclencher une nouvelle enquête fédérale impliquant Hillary Clinton, on imagine assez bien quel a été son désarroi. Il s’est alors empressé d’adresser un courrier à huit présidents de commissions du Sénat et de la Chambre des représentants, tous républicains, les informant que la police fédérale allait rouvrir une enquête.
L’annonce, aussitôt révélée au public par un des sénateurs, a fait l’effet d’une bombe dans une campagne qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Après cette année un peu folle, qui a déjà connu toutes les outrances, chacun aspirait au calme. En cette veille de week-end d’Halloween, Hillary Clinton faisait campagne dans l’Iowa, un État très républicain et qui semblait pourtant à sa portée après deux semaines de chute vertigineuse de Donald Trump et de son camp dans les sondages. Le même jour, Barack Obama devait enflammer les foules de Floride dans un meeting qu’il présiderait et Hillary Clinton allait conclure tout cela avec un concert géant donné par Jennifer Lopez à Miami, en présence de la candidate démocrate.
Au lieu de cela, on retiendra que le staff démocrate est resté coincé de très longues minutes dans son avion, sur le tarmac de Cedar Rapids, dans l’Iowa, en cherchant la meilleure stratégie pour se sortir de ce qui est interprété par beaucoup comme une catastrophe. Puis il y a eu une conférence de presse improvisée et Hillary Clinton a demandé au FBI de publier toutes les informations qu’il possède. Car personne ne connait les faits et, à dix jours de l’élection, le pire est bien entendu de laisser la rumeur enfler. Car le rebondissement créé par cette annonce, alors que l’écart s’était à nouveau resserré au niveau national entre les deux principaux candidats, pour s’établir autour de 4,5% en faveur de Mme Clinton, pourrait être dévastateur d’ici le 8 novembre.
Donald Trump saute sur l’occasion
Les premières informations sur toute cette affaire sont pourtant peu alarmantes pour Hillary Clinton : il serait question cette fois-ci d’e-mails entre Anthony Weiner, un ancien député et candidat à la mairie de New York, poursuivi pour des sextos adressés à des mineures, et son ex-femme, Huma Abedin, qui l’a quitté voici six mois. Car cette dernière est également la directrice adjointe de la campagne d’Hillary Clinton depuis le début des primaires.
Mais dans un contexte hystérisé par l’enjeu et le calendrier, l’affaire ne va pas être aussi simple : Donald Trump a aussitôt soufflé sur les braises autant qu’il a pu, bien entendu. Le Parti républicain en a fait de même, voyant là la possibilité inespérée de venir en aide à des candidats aux sénatoriales qui se trouvaient en grande difficulté, tel que Marco Rubio en Floride ou Kelly Ayotte dans le New Hamsphire. Même Paul Ryan, le patron des députés républicains, a mis de côté ses différends avec Donald Trump et s’est fendu d’un communiqué cinglant à l’encontre d’Hillary Clinton, qui n’aurait pas su « être à la hauteur de son poste prestigieux. »
Le public va à nouveau être abreuvé d’attaques diverses et de noms d’oiseaux, qui éclipseront les quelques rares incursions dans la politique qui avait pu être relevées ici et là . On va, bien entendu, à nouveau reprocher à Hillary Clinton un certain goût pour le secret et la dissimulation, attaque préférée des républicains depuis seize mois.
Cette campagne aura été un combat d’un nouveau type dans la politique américaine, un combat inédit dans l’histoire des campagnes, presque une blague, comme lorsque ces enfants font le tour du quartier à la recherche de bonbons, à l’occasion d’Halloween. Faute de quoi ils promettent de lancer un mauvais sort.
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Sur le web-Article publié sous licence Creative Commons (CC BY-ND 4.0)
- Jean-Eric Branaa est maître de conférences Politique et société américaines, Université Paris II Panthéon-Assas. ↩
« Il avait en effet estimé qu’il n’y avait eu aucune intention criminelle … »
Créer un serveur distinct du gouvernement ? Utiliser ce serveur ? Supprimer les archives de ce serveur ?
Oups ?!
La suppression de ces archives est une destruction de données appartenant à l’état, et provoqué la perte d’informations sur cette période. Même Nixon ne l’avait pas fait !
Autre point : Est-ce la patron du FBI qui est à l’initiative ou le FBI lui-même qui pousse à révéler ces affaires ?
Des infos complémentaires sur cet excellent papier de Charles Gave:
http://institutdeslibertes.org/coup-de-tonnerre-dans-la-campagne-presidentielle-americaine/
Oui, le dossier pourrait être moins vide que le laisse entendre cet article.
Dans ce désastre politique, il reste tout de même un point positif : aux US tout est possible, le pire comme le meilleur, mais on arrive difficilement à échapper à la vraie justice, celle de la vérité et du peuple.
Peut-on encore en dire autant chez nous?
Et tous les grands média en supporter d’un seul candidat ?
Alors qui dira la vérité au peuple pour que justice se fasse ?
Cette campagne est surtout une blague quand on omet d’écrire qu’il y a un candidat ex gouverneur, qualifié et sans scandales accrochés à ses basques, Gary Johnson.
Gary a fait le buzz. Désormais son nom est connu. Laissez quatre ans au peuple américain pour potasser l’action de Gary en temps que gouverneur, et reconsidérer sa mise au ban présidentielle.
Sa prochaine campagne peut capitaliser sur l’actuelle.
Bizarre ce papier de Jean-Eric Branaa… qui cherche à relativiser, voir minimiser cette affaire.
C’est un point commun aux médias français.. ils n’y absolument comprennent rien.
Même cet article est truffé d’approximations et en effet n’est pas à la hauteur du séisme.
L’affaire est véritablement atomique. Et le revirement de Comey absolument ahurissant.
Sa sortie, plus (c’est très fort) son courrier au Congrès… est pourtant facile à analyser.
Le FBI a déjà analysé une partie des 650 000 emails retrouvés sur le portable de Wiener (l’ex mari obsédé sexuel compulsif de Huma Abedin, la « seconde fille » de Clinton, son bras droit depuis des années, et qui est d’origine saoudienne, c’est un point fondamental pour mesurer la corruption de la maison Clinton).
Si Comey a effectué un tel revirement, plus une communication au Congrès, le tout à 12 jours du scrutin… c’est que certains de ces emails doivent être DES BOMBES.
Clinton a donc de facto perdu.
Le système ne prendra pas le risque de la faire élire, pour qu’ensuite elle soit impeached etc.
Il est facile d’anticiper qu’à cette heure…. les machines à voter son trafiquée dans l’autre sens !
Une victoire de Trump, avec lequel le système fera un deal, ou traitera ultérieument (à la Kennedy par exemple)… est maintenant une quasi certitude.
Vous ne mesurez pas l’ampleur du séisme. Obama et le DOJ sont également mouillés (obstruction !).
Je savoure déjà la une des grands médias français la semaine prochaine… Ca va être grand.
Le FBI n’est pas censé avoir encore pris connaissance des nouveaux emails saisis sur l’ordinateur de Wiener.
C’est très troublant, ou j’ai raté une subtilité?
La seule explication rationnelle: les emails Wiener n’ont pas été retrouvés DU TOUT auparavant, c’est a dire que Clinton a systématiquement épuré les serveurs remis au FBI ( ce dont tout le monde se doutait mais ce qui n’a pu être prouvé jusqu’ici).
La, effectivement, game over, le caractère systématique levant tout doute.
Conversation londonienne ce soir avec des Amerloques: pour eux, le FBI n’avait tout simplement plus le choix, c’est a dire, le contenu tellement explosif que de toutes les façons, Clinton ne tiendrait pas son mandat.
Qui et que croire?
(je ne fais pas le faux ingénu, je déteste Clinton, je soutiens Gary Johnson et personne d’autres, pas de over the top reactions please).
Vous avez raté une subtilité.
Les emails de Clinton trouvés sur l’ordinateur de Wiener ne lui étaient pas destinés et tout porte à prouver que l’équipe Clinton ignorait leurs existences.
Autrement ils les auraient effacés depuis belle lurette.
Il y a plusieurs explications possibles, mais la plus probable pour l’heure, c’est l’incompétence informatique.
Un jour la femme de Wiener à du utiliser l’ordinateur de son mari pour se connecter au serveur Clinton via Outlook,et ensuite elle n’y a plus pensée.
Il semble qu’Outlook à la facheuse habitude de se connecter tout seul pour télécharger les nouveaux messages…
Et au vu du nombres de messages, cette situation dure depuis des années.
Si un seul des messages est classé secret défense et ne faisait pas partie des emails livrés avant par Clinton, il y a parjure et tentative de destruction de preuves.
Et cela sans compter sur ce que les agents peuvent trouver par inadvertance en cherchant des mails secret défense. Ce n’est pas pour rien qu’elle avait un serveur privé.
A moins que Hillary soit blanche comme neige (ha ha ha…), ou que l’enquéte soit manipulée, elle est cuite.
A ce stade, qu’elle gagne les élections n’a méme plus d’importance, elle sera empechée ensuite.
Il y a des millions d’Américain trés en colére contre elles qui y veilleront, et ils sont armés.
Les emails de Clinton trouvés sur l’ordinateur de Wiener ne lui étaient pas destinés et tout porte à prouver que l’équipe Clinton ignorait leurs existences.
Peu importe. Clintion n’avait pas a utiliser son serveur.
Il semble qu’Outlook à la facheuse habitude de se connecter tout seul pour télécharger les nouveaux messages…
Cet ordinateur était mal protégé, de plus une cible potentielle. Si mal protégée, c’est la faire aux cancres. Peu importe qu’Outlook se connecte tout seul. La version professionnelle charge tout le fichier dans le mode le plus couramment utilisé, cela ne peut se faire à votre insu, puisque cela dure des heures.
La messe est dite.
il semble que les derniers mails révèlent que Clinton avait été informée des questions avant les débats, grâce à la partialité des chaînes d’info, je pense que cela va choquer beaucoup d’américains et justifie les accusation (jugées grotesques …) de Trump sur le truquage des élections
Au risque de passer pour le naïf de service, il faut dire que c’est assez choquant!
Et a peine digérée l’énormité de l’info qu’il faut se préparer au contre feu comme quoi cette information véridique aurait été obtenue par le FSB.
You just can’t make that sh.t up.
Oh no wait.
Bill et Hilary ..
Il y avait eu l’affaire Paula Jones avec Bill qui lança la mode des cigares à son nom que l’on trouvait dans les bonnes boutiques, il y a maintenant l’affaire Hilary avec ses e-mails.
Même si, objectivement, ce ne sont pas des affaires extrêmement graves par elles-mêmes (encore que l’affaire Hilary soit quand même quelque chose en matière de sécurité nationale), il y a une chose que les américains détestent par dessus tout, c’est que leurs dirigeants leur mentent « les yeux dans les yeux et la main sur le coeur ».
Et, à la différence des français, ils ont les moyens de concrétiser leur mécontentement grâce à leur Pouvoir Judiciaire totalement indépendant des deux autres – nous n’avons qu’une « autorité judiciaire » et elle est en plus bien malade.
Le coup du cigare, amusant, mais d’abord le mensonge de Bill, avait failli entraîner la procédure d’impeachmentl, il est donc très possible que la candidature d’Hilary soit plombée par les e-mails.
Petit rappel des casseroles de Clinton: http://institutdeslibertes.org/11482-2/
Un excellent article dans The Economist sur les malversations des Clintons:
http://www.economist.com/news/united-states/21707936-clintons-activities-outside-politics-are-both-inspiring-and-worrying-bill-and-hillary?frsc=dg%7Ca
Clinton c’est 38 ans de corruption et de scandale:
https://danieljmitchell.wordpress.com/2016/10/28/hillary-clintons-38-year-history-of-sleaze-and-corruption/
La fondation Clinton est le centre de la corruption de Clinton. En gros, le mécanisme est très simple. Les multinationales et états font un don à la fondation Clinton et en échange, Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’état, utilise son influence pour les aider. C’est de la corruption pure et simple. Cela me choque mille fois plus que l’affaire des emails. http://www.atlantico.fr/decryptage/nouvelles-revelations-wikileaks-millions-donnes-grandes-entreprises-americaines-bill-clinton-pour-obtenir-faveurs-hillary-betsy-2865280.html http://www.nationalreview.com/article/441573/hillary-clinton-corruption-foundation
les Clinton ont créé un système (une mafia) dans l’Administration qu’ils ont exploité à leur avantage en vendant des services aux généreux donateurs de la Fondation Clinton
Un bon papier dans le très « liberal » Chicago Tribune
http://www.chicagotribune.com/news/columnists/kass/ct-hillary-clinton-emails-kass-1030-20161028-column.html
Un excellent site sur la fondation Clinton: http://charlesortel.com/ Charles Ortel est analyste financier à Wall Street. C’est lui qui a révélé le scandale financier de General Electric en 2008. Il décrit la fondation comme « une entreprise de fraude d’envergure épique » : « une partie importante des sommes versées à la Fondation disparaît sans être mentionnée dans leurs livres comptables. » Il explique le fonctionnement mafieux de la fondation clinton. Il faut lire son site c’est très intéressant
L’ enquête menée par le FBI avait été conclue en Juillet 2016 par une demande de non lieu par monsieur Comey qui avait souligné que madame Clinton avait à peu près commis tous les crimes que l’on pouvait lui reprocher mais qu’il ne demandait pas d’inculpation …car elle ne se rendait pas bien compte des conséquences de ses actions. Selon lui, il n’y avait pas d’intention criminelle. Vive l’argument foireux. Tous les cadres dirigeants du FBI s’étaient opposé à cette décision de conclure l’enquête. La ministre de la justice dans l’administration Obama, très vieille alliée des Clinton a refusé de témoigner devant le Congrès sur les pressions qu’ elle a exercé sur le FBI de peur de s’ inculper elle même(elle a utilisée le 5 amendement)
Celui qui menait l’enquête au sujet des emails (le numéro 2 du FBI) avait une épouse qui se présentait comme candidate démocrate en Caroline du Nord, dont le gouverneur est le plus ancien ami des Clinton. Les Clinton avaient subventionné la candidate à hauteur de 650 000 dollars. La femme du directeur adjoint qui mène l’enquête reçoit 650 000 dollars de la personne sur laquelle son mari enquête ? Coincidence ou corruption ?
Article intéressant reprenant les découvertes les plus gênantes dans wikileaks sur Clinton: https://perspicaceblog.wordpress.com/2016/11/02/mensonges-corruption-collusion-comment-wikileaks-ma-tue-saison-1-episode-9/