Donald Trump, si typiquement américain ![Replay]

La campagne de Donald Trump, qui scandalise l’Europe, s’inscrit en réalité dans une longue tradition américaine. C’est pourquoi elle choque moins aux États-Unis. Décodage.

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Donald Trump, si typiquement américain ![Replay]

Publié le 8 novembre 2016
- A +

Par Guy Sorman.

Donald Trump
Donald Trump By: Ninian ReidCC BY 2.0

Quel candidat à la Présidence des États-Unis a-t-il traité son adversaire de « Mouton obèse à tête de concombre » ? Eh non, ce n’est pas Donald Trump, mais Zachary Taylor, en 1848. Auparavant, John Adams avait accusé son concurrent Andrew Jackson d’être l’enfant naturel d’une prostituée noire et James K. Polk soupçonnait Henry Clay d’être un entremetteur.

Donald Trump n’est pas le premier à user de la violence verbale

Les réseaux sociaux n’existaient pas encore, mais les affiches, libelles et gazettes répandaient vite ces insultes qui collaient aux candidats. La violence verbale a toujours fait partie des élections américaines : chez Trump, l’innovation tient plus à la technique de communication, Twitter, qu’au contenu.

Le mensonge n’est pas non plus sans précédent : Trump avance, sans preuve, que Hillary Clinton souffre, entre autres, de la maladie de Parkinson, mais Franklin Roosevelt, à l’inverse, mena trois campagnes victorieuses en dissimulant qu’une poliomyélite lui interdisait de se tenir debout et de marcher. Jusqu’au terme de ses mandats, les Américains ont ignoré la gravité de son handicap.

Ces traditions politiques américaines, vues d’Europe, nous laissent pantois, mais elles expliquent en partie pourquoi l’électorat de Trump reste insensible à son incessante cascade de mensonges et d’agressions.

Donald Trump recycle de vieux préjugés

Le racisme de Trump, contre les Mexicains, les Musulmans, les immigrants en général autant que son machisme peuvent se réclamer de racines anciennes. Ce que l’on appelle le « nativisme »,  à l’origine la haine de blancs protestants d’origine anglo-saxonne contre les immigrés « exotiques », catholiques, irlandais, italiens, russes, juifs, chinois… et les noirs bien entendu, est aussi une constante politique américaine. On ne s’en prend plus aux catholiques comme au XIXe siècle, les Noirs et les Juifs sont, en public du moins, protégés contre les agressions verbales, mais les derniers arrivés – les Latinos – héritent de tous les préjugés hostiles aux nouveaux venus. Trump qualifiant les Mexicains d’assassins et de violeurs n’innove pas, mais il recycle et cela semble toléré par ses partisans.

Les Américains n’attendent rien de l’État

En Europe aussi, la xénophobie fut et devient de nouveau un moteur de campagne, mais l’Amérique se distingue radicalement sur un point, à droite surtout, par une haine de l’État qui n’existe pas en Europe et surtout pas en France. Les Européens attendent tout de l’État, certainement plus qu’il ne peut fournir, tandis que la plus grande partie des Américains n’en attendent absolument rien. Il est d’usage chez les candidats républicains surtout, mais parfois démocrates (Jimmy Carter, par exemple), d’attaquer Washington et sa bureaucratie qui serait coupée de la nation réelle. L’hostilité de Trump à l’establishment appartient au répertoire américain.

Que l’État fédéral soit cassé et qu’il faille le réparer est un propos reaganien autant que trumpien. Mais Trump se sépare de ses prédécesseurs populistes (on pense à William Jennings Bryant, candidat en 1900) par sa méconnaissance, sans doute réelle, des institutions – Congrès, Cour Suprême – sans lesquelles aucun Président ne peut agir.

Donald Trump, l’ignorance proclamée

Cette ignorance de Trump (« il ne sait pas qu’il ne sait rien », observe le sénateur républicain John McCain) s’inscrit dans une tradition historique, celle de l’ignorance proclamée, une sorte de sagesse populaire qui serait plus avisée que celle des experts qualifiés de « tête d’œuf », à l’ère Kennedy. Un mouvement, bien nommé, les Know nothing, fut constitué à la fin des années 1840 pour s’opposer à l’immigration catholique, devint l’American Party, puis s’est fondu dans le Parti Républicain : une brève existence politique, mais une influence durable que l’on retrouve maintenant dans le Tea Party, cette droite dure qui dénonce en Obama un communiste musulman, pour éviter de dire qu’il est noir. Trump est clairement un Know nothing dopé par la télévision.

Par-delà cet ancrage de Trump dans une tradition exclusivement américaine, politologues et sociologues tentent de rationaliser sa campagne exotique en l’inscrivant dans un flux plus général des sociétés occidentales : il est vrai que la xénophobie progresse partout, mais avait-elle jamais disparu ?

Donald Trump, porte-parole de gens modestes ?

On attribue volontiers cette xénophobie renaissante à un choc en retour de la mondialisation, mais l’explication n’est pas absolument convaincante. Il me semble plutôt que le souvenir de l’Holocauste et de la décolonisation s’estompant dans les mémoires, il est de nouveau acceptable de se déclarer publiquement xénophobe. Des économistes rationnels nous expliquent aussi que les inégalités de revenus générées par cette même mondialisation susciteraient la révolte des laissés pour compte.

Mais Trump paraît un étrange porte-parole des humbles et il reste à prouver que les inégalités progressent : aux États-Unis, ce n’est plus le cas, essentiellement parce que la croissance est soutenue, et le chômage s’estompe.

La campagne fantasque de Trump me paraît avant tout, sinon exclusivement, s’inscrire dans l’histoire longue des États-Unis et dans la médiatisation de nos sociétés, beaucoup plus qu’elle n’est déterminée, sur le mode marxiste, par des paramètres économiques objectifs.

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  • Bien sûr.

    Et la fermeture des usines dans le Michigan… pour ouvrir de l’autre côté de la frontière, au Mexique… ce n’est pas un « paramètre économique objectif ».

    Idem pour les mines de charbon en Virginie.

    Quant au « chômage s’estompe »… on frise l’hystérie… Un « libéral » incapable de comprendre que le taux de chômage est lié au « taux de participation »… et que celui ci est au plus bas depuis des DECENNIES.

    Il y a des millions d’américains qui pourraient travailler qui sont simplement sortis des stats du chômage.

    Bref, Sorman, le Français qui ose se moquer des Américians qui ne « savent rien », et qui prétend connaître les USA mieux que les Américains eux-mêmes…

    Quelle ironie.

    • Les quelques 2,5 millions qui sont en prison (essentiellement des pauvres, majoritairement blacks) et le quasi million d’américain qui vit directement ou indirectement sur le dos du système carcéral : ça suffit pour faire baisser le chômage.
      Bon sang, ça y est, c’est la solution : il faut faire pareil en France et le problème du chômage sera résolu !

      • Totafé… sauf que le « coup » des emprisonnés et du personnel pénitentiaire qui font mathématiquement baisser le chômage, ça a toujours existé ux States.. La bonne question serait de connaître l’évolution de cette « population »;

    • Nouveauté : le Michigan, frontalier du Mexique… Quelle ironie

      • @PastilleVerte: Si l’usine était fermée dans le Michigan et rouverte dans l’Ohio, cela ne serait pas un sujet pour l’élection présidentielle américaine.
        Il est donc évident que la frontière est celle de l’Union.

  • c’est du grand spectacle , les acteurs sont bien maquillés leur diction est parfaite…comparés a nos amateurs mal cravatés coiffés avec un pétard et on est même pas sur qu’ils comprennent leur texte appris 5 min avant d’entrer en scène

  • Insupportable Sorman… Comme d’habitude. Aucun argument. Juste une sorte de copy-paste mal traduit de ce que ses copains du DNC lui envoient. Le faux intello de droite par excellence. Lire cela dans Le Monde, je comprendrais. Sur Contrepoints, c’est moins clair. Clinton est pourrie jusqu’à la moelle. Elle, n’apprend même pas ses discours. On lui dicte par oreillette. Aucune passion, aucune vision, bref, la candidate des bobos qui veulent que rien ne change. La candidate de la génération Sorman en fait. Gageons que c’est cette génération qui nous poussera le filandreux Juppé. Lamentable.

  • je suis beaucoup plus choquée par les propos de la clinton , qui veut à tout pris engager des guerres contre la russie , contre la chine , contre tout les pays qui ne sont pas à la botte des usa , que par la violence verbale de trump ;comment une femme peut elle vouloir la mort de millions de gens ? cette femme est folle et j’espère bien qu’elle ne sera pas élu ; ce qui ne veut pas dire que j’apprécie trump , mais lui au moins prône le rapprochement avec les autres grandes puissances et non pas le chaos à tout prix ;

    • Ronald Reagan ne tenait pas un autre discours.

      • Proudhon: Ronald Reagan ne tenait pas un autre discours.

        À l’époque le communisme finalisait le meurtre de 100 millions de personnes et l’URSS était un empire puissant, agressif et expansionniste. C’était une guerre mondiale « froide », mais une guerre quand même qui a fait selon les sources dans les 50 millions de morts.

        Actuellement la Russie a un PIB en dessous de la Grande-Bretagne, son armée représente 5% des dépenses militaires de l’UE et des USA. Depuis l’effondrement économique de l’URSS en 1991 elle remonte la pente (doublement du PIB) et Poutine aimerait de nouveau exister dans le concert des nations. N’importe quel autre pays qui enverrait 30 avions au Moyen-Orient comme il l’a fait ne déclencherait aucune réaction et certainement pas les réactions hystériques et dangereuses de la Clinton.

        Proudhon

        C’est étonnant, jamais je n’ai vu un interlocuteur avec ce pseudo dire quoi que ce soit de pertinent sur le net.

        • Aujourd’hui ce n’est pas seulement la Russie qui garde quand même une capacité militaire de premier ordre, il y a désormais la Chine, avec un PIB et une capacité militaire qui ne fait que monter en puissance.

          • la Russie qui garde quand même une capacité militaire de premier ordre

            Ils ont quelques joujoux technologiques et sur le papier ça peut faire peur, mais la puissance économique et industrielle ne suit pas et cette armée classée 2eme au « Global Firepower Index » s’est fait démonter la tête par des gardiens de mouton afghan.

            Une guerre ce n’est pas un jeu vidéo avec une campagne limitée et un « capture the flag » qui signe la victoire au bout.

            La Chine, avec un PIB

            PIB minable par habitant, qui ne montera pas beaucoup plus haut sans un véritable état de droit libéral. L’économie de la chine tousse déjà pas mal à cause du dirigisme et du planisme des barons corrompus qui ont de multiples défis très sérieux à relever et une foultitude de forces contraire à mater en interne.

            « Ils » gèrent déjà 1,3 milliard de personnes, de multiples provinces qui sont quatre fois plus grandes que la France et qui sont encore plus diverses culturellement et linguistiquement (trois variantes de mandarin, 6 de cantonnais, 52 ethnies)..

            En bref, ils peuvent écraser des pieds dans la région, comme au Tibet ou dans les eaux de certains pays, mais une réelle aventure militaire serait extrêmement dangereuse pour le pouvoir politique.

            Proudhon: Ronald Reagan ne tenait pas un autre discours.

            Comme je l’ai dit , les buts géostratégiques et idéologiques ont disparu avec le communisme. Il n’y a aucune volonté d’expansionnisme militaire en Chine et en Russie et leurs fondamentaux sont bien trop fragiles pour se lancer dans une telle aventure.

            La Clinton est le jouet de types qui ont soit des intérêts dans le complexe militaro-industriel ou de cinglés qui vivent dans un passé révolu quand ce ne sont pas les mêmes.
            Insulter, humilier et se comporter agressivement avec la Chine et la Russie est une très mauvaise idée. Ils ne sont plus expansionnistes, mais relancer une guerre économique dommageable pour eux tout en les insultant serait extrêmement dangereux.

    • Ahhh! Enfin un peu de sens ! Et en plus Trump a gagné son argent en travaillant pas simplement en… parlant. Si elle est élue, première femme à la maison blanche, elle voudra gonfler ses muscles et nous amènera la guerre en Europe pour avoir fait alliance (forcée) avec les USA.

  • « Le nivellement par le haut » est la devise de ce site, comment certains (nombreux) commentateurs réguliers le prennent-ils ?

  • Rien de tel qu’un peu de relativisme historique pour comprendre le présent.

  • « Le Tea Party, cette droite dure qui dénonce en Obama un communiste musulman, pour éviter de dire qu’il est noir… »

    M. Sorman, vous êtes consternant de bêtise.

    • Pourriez-vous développer votre pensée ?

      • Aux Etats-Unis où la liberté d’expression est protégée par le 2e amendement, quelqu’un a parfaitement le droit de dire qu’il n’aime pas Obama à cause de sa couleur de peau.

        En affirmant – sans la moindre preuve, et pour cause – que les membres du Tea Party « dénoncent en Obama un communiste musulman, pour éviter de dire qu’il est noir », M. Sorman élabore un homme de paille pour prêter des intentions racistes à des gens qui critiquent une politique et des valeurs qui n’ont rien à voir avec la couleur de peau.

        On peut facilement retourner l’argument pour démontrer son absurdité: peut-on critiquer la politique d’Obama, bien qu’il soit noir? Selon M. Sorman, il semble que non.

        • @ Montabert,

           » En affirmant – sans la moindre preuve, et pour cause – que les membres du Tea Party « dénoncent en Obama un communiste musulman, pour éviter de dire qu’il est noir »,  »

          C’est à moitié vrai. bien des membres du Tea Party on souvent comparé Obama à un communistes voir même à Hitler. Par contre le tea party racistes? C’est plutôt non. J’avais déjà répondu sur son blog le cas d’Hermann Cain le candidat des tea party qui est un noir lors de la présidentielle de 2012.

           » peut-on critiquer la politique d’Obama, bien qu’il soit noir? Selon M. Sorman, il semble que non.  »

          Au contraire, c’est plutôt oui. Sorman critique Obama dans un de ses billets dont ou pourrait croire que c’est écrit par Guy Millière.

          http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/obama-un-bilan-tragique

          Quand au sujet principale du billet je ne vois pas trop ce qu’il y a de critiquable. C’est plus plutôt une description assez juste de la société américaine lors des campagnes présidentielles.

          D.J

    • +1
      Cette phrase est la plus pire…

  • GS a complètement perdu le sens des réalités.
    Trump n’est pas très compétent ni charismatique, mais Hillary incarne l’incompétence satisfaite qui a plongé les USA dans la situation actuelle: Une dépression économique. De plus elle est cynique, corrompue, sans scrupule, et d’un arrivisme à glacer le sang.
    Trump est donc infiniment plus compétent et sympathique.
    L’incompétence et le cynisme mènent à la guerre à force d’obstination: Trump peut nous éviter un conflit mondial.
    Aux USA, on lui associe la sentence « Vous êtes viré ! » (you’re fired !) à la suite d’une émission de télé-réalité sur l’entrepreneuriat où il intervenait comme patron.

    C’est le message que l’électorat de Trump le charge d’apporter à Washington.
    You’re fired. Drain the swamp.
    Vive Trump !

  • à propos de « ignorance proclamée »…

    « En Europe aussi, la xénophobie fut et devient de nouveau un moteur de campagne, mais l’Amérique se distingue radicalement sur un point, à droite surtout, par une haine de l’État qui n’existe pas en Europe et surtout pas en France. Les Européens attendent tout de l’État, certainement plus qu’il ne peut fournir, tandis que la plus grande partie des Américains n’en attendent absolument rien. Il est d’usage chez les candidats républicains surtout, mais parfois démocrates (Jimmy Carter, par exemple), d’attaquer Washington et sa bureaucratie qui serait coupée de la nation réelle. L’hostilité de Trump à l’establishment appartient au répertoire américain. »

    Les Américains seraient donc anarchistes ? Ou l’auteur parle-t-il du gouvernement fédéral, par opposition aux 50 Etats de la fédération ? Gouvernement fédéral, rappellons-le, dont la plus grande partie des activitiés sont illégitimes d’après sa propre constitution (guerre à la drogue, contrôle des armes, impôt fédéral sur le revenu, etc) ?

    Et puis bon, ce genre de phrases  » Les Européens attendent tout de l’État, certainement plus qu’il ne peut fournir, tandis que la plus grande partie des Américains n’en attendent absolument rien. « , sur wikipedia ce serait taggé https://en.wikipedia.org/wiki/Weasel_word .

  • Jadis, Guy Sorman était libéral. Mais ça fait longtemps qu’il est devenu un libéral-traître par excellence. Alors évidemment, sa prose est dans l’ensemble préférable, à tout prendre, à celle des innombrables crapules et têtes-à-claques communistes, socialistes, écolo-gauchistes, nationalo-étatistes, etc. qui occupent massivement les mondes médiatique, politique, universitaire, éditorial et culturel français. Mais dans l’absolu, ce que Sorman raconte n’a aucun intérêt. Et en présentant une fausse image du libéralisme, il est profondément nuisible.
    Au passage, voir https://www.lewrockwell.com/2016/10/no_author/intellectuals-trump/ + https://www.lewrockwell.com/2016/10/becky-akers/hillary-nasty-marxist/

  • Pas sur de comprendre la virulence des critiques! Ce n’est certainement pas THE grille de lecture unique des elections US, mais ce n’est certainement pas, et de très loin, la plus médiocre.
    Au final, ce sont les pires candidats que ces pauvres américains auront eu a départager depuis très longtemps. Vous reprendrez un peu de choléra, ou vous préférez passer a la peste tout de suite?
    Et nous nous plaignions du ti nain amphétaminé a talons et du flasque a moped!

    Le rappel historique est utile en tout cas.

    Après, concernant le Tea Party avec GS, ou UKIP avec NMP, c’est sans doute vain d’espérer voir un court billet éviter le vague relent de caricatures dont ils sont constamment l’objet. Exercice de style oblige.

  • Sorman, hélas !!! (ou le crépuscule du intellectuel jadis libéral)

    J’aimais beaucoup te lire avant. Une semaine ne passait pas sans que j’aille jeter un coup d’œil à ton blog pour lire ton dernier article. Mais depuis 8 ans, tu as curieusement changé d’opinion. Avec W. Bush, tu étais pro-néocons. Avec Obama, tu es devenu « air du temps ». Comme une girouette, tu t’orientes selon la direction du vent. Mais, le plus triste est que tu est devenu un parangon de mauvaise foi (je refuse de croire que ta vive intelligence d’avant s’est muée en bêtise) et tous tes articles contiennent désormais un contre-vérité par phrase. Bien que la lecture de votre article me soit pénible, j’ai essayé de faire une petite recension des mensonges (non, pas des erreurs) de votre article.

    1- « Trump avance, sans preuve, que Hillary Clinton souffre, entre autres, de la maladie de Parkinson »

    Trump n’a jamais affirmé lui-même que Hillary avait la maldie de Parkinson. Ce sont la plupart du temps des pro-Trump qui avance cela.

    2- « … mais elles expliquent en partie pourquoi l’électorat de Trump reste insensible à son incessante cascade de mensonges et d’agressions. »

    Aux mensonges de qui ? D’Hillary qui ment à propos de tout et de rien ? Benghazi, serveur mail privé, fondation Clinton, fraude électorale aux primaires, double langage révélé par Wikileaks, etc. Et de quelles agressions s’agit-il ? celles des activistes démocrates de l’acabit de Robert Creamer qui fomentait des bagarres lors des meetings de Trump afin de donner l’impression que les pro-Trump sont des gens dangereux ? celles des extrémistes démocrates qui ont incendié une permanence du partie républicain ?

    3-« Le racisme de Trump, contre les Mexicains, les Musulmans… »

    Et moi qui croyait qu’être Mexicain, c’était avoir le statut juridique de la nationalité et qu’être Musulman était le fait de confesser et pratiquer une religion… Je devrais certainement acheter un dictionnaire neuf. L’actuel que je possède date peut-être.

    4-« Trump qualifiant les Mexicains d’assassins et de violeurs… »

    Superbe raccourci pour faire semblant de ne pas voir que Trump tape sur les immigrés mexicains illégaux et non sur tous les Mexicains, y compris ceux qui vivent dans leur pays !

    5-« Mais Trump se sépare de ses prédécesseurs populistes […] des institutions – Congrès, Cour Suprême – sans lesquelles aucun Président ne peut agir. »

    Obama, du fait de ses études universitaires en droit, connait si bien les institutions qu’il a su très bien agir sans elles (record pulvérisé des executive orders, guerres déclenchés et traités internationaux signés et ratifiés sans l’accord du congrès, nomination de hauts fonctionnaires dans le dos du Congrès, agences gouvernementaux érigés en organes législatifs pour court-circuiter le Congrès, etc). Nul doute qu’Hillary qui a fait des études de droit plus brillants que ceux d’Obama et qui a plaidé dans des procès (contrairement à Obama qui n’avait jamais plaidé) fera « mieux » que son prédécesseurs pour agir sans les institutions. En un sens donc, on peut raisonnablement penser que la méconnaissance de Trump est salutaire pour la démocratie.

    6-« une brève existence politique, mais une influence durable que l’on retrouve maintenant dans le Tea Party, cette droite dure qui dénonce en Obama un communiste musulman, pour éviter de dire qu’il est noir. »

    Ah bon ! Critiquer vertement un adversaire politique, surtout en exagérant, c’est forcément une façon de masquer des motivations plus sordides que le racisme ? Ok, bon disons alors que les Afro-Américains qui pourfendent Trump le font en fait parce qu’il est Blanc…

    7-« Il me semble plutôt que le souvenir de l’Holocauste et de la décolonisation s’estompant dans les mémoires, il est de nouveau acceptable de se déclarer publiquement xénophobe. »

    Curieux de confusion des réalités historiques! L’Holocauste fut motivé par l’antisémitisme et non la xénophobie puisque les Juifs d’Allemagne étaient issus de familles reconnues comme allemands depuis des siècles. Je me demande bien ce que le souvenir de la décolonisation a à voir avec la xénophobie… Sorman mélange tout et perd même le sens du raisonnement logique.

    8-« … il reste à prouver que les inégalités progressent : aux États-Unis, ce n’est plus le cas, essentiellement parce que la croissance est soutenue, et le chômage s’estompe. »

    La pauvreté a augmenté, les revenus des moins fortunés ont baissé au regard de l’inflation, le système d’assurance santé Obamacare est déjà en faillite en à peine 4 années de fonctionnement, la croissance est soutenue mais asthénique (Obama restera dans l’histoire comme le seule président n’ayant pas réalisé un taux de croissance annuel de 5%) et a été obtenue au prix d’un surendettement effroyable (dette quasiment doublée en 8 années !), et le chômage s’estompe en bonne partie parce qu’une partie non négligeable ses emplois en temps complet on été remplacé par des emplois en temps partiel (avec ce que cela implique de déflation des salaires).

    Bref, Sorman a tout faux (ou presque). Pourquoi un tel naufrage ? Je n’en sais rien. Du moins, ce que je sais, je préfère n’en rien dire. Triste décadence d’un intellectuel jadis libéral.

  • Et si Trump était finalement le meilleur allié des libertariens américains ? Entendons-nous bien, Trump n’a rien à voir avec ce mouvement, ce n’est pas ce que je veux dire. Mais il a à mon sens deux qualités : premièrement il casse les codes du fonctionnement politique-politicien américain et est apprécié pour cela. Les libertariens eux-aussi critiquent ce fonctionnement qui conduit bien souvent à un capitalisme de connivence. Secondement, il est la caricature du politicien opportuniste qui n’a aucune pensée, aucun programme, change d’opinion en fonction du sens du vent, électoraliste et là pour le coup est la caricature des politiciens américains dénoncés aussi par les libertariens. L’aile libertarienne de l’Old Party a donc une franche occasion de surfer sur cette vague (cette vague, la critique de l’establishement qui fait gagner Trump tout en dénonçant l’électoralisme qu’il pratique comme les autres hommes politiques classiques) pour s’imposer au sein du parti et surtout imposer sa ligne. Les libertariens américains ont toujours hésité entre deux stratégies : fonder leur propre parti (dénonçant les autres partis et le système dans son ensemble) avec le risque de rester strictement fidèle à leur pensée tout en faisant de faibles scores. Ou bien infiltrer les partis dominants et les influencer de l’intérieur en prenant le risque d’être considérés comme traîtres. Ici l’occasion est donnée de dépasser ce vieux dilemme.

  • Effectivement, le souvenir du nazisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme des années Trente s’estompe, 71 ans après la fin du Troisième Reich.
    J’ai étudié, et j’étudie toujours l’Histoire, et je suis effaré par le retour de cette haine des étrangers !

  • excellent article et bien ecrit.

  • Il fallait au monde un ESPOIR de changer le destin des relations USA avec les autres « blocs » mondiaux du XXIe !
    Aux travers de leur « grands électeurs », leurs citoyens -lassés- viennent de porter cet espoir « sur les fonds baptismaux ».

    Il est outrageant de lire ou entendre en Europe (si mal gouvernée) des propos de soi-disant « élites » et sordides médias n’ayant eu de cesse de démolir ce qui ne correspond pas à leurs schémas mentaux déformés par les thèses de gauches et intérêts de bas étage.
    Observons maintenant une forme d’apaisement qui pourrait se développer entre blocs (et oublions les propos de campagne électorale).
    Real politik à l’oeuvre , voici ce qui va se passer. Les dogmes à la poubelle !

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