Par Christopher Brenier.
Après des mois de campagne, des primaires ayant eu leurs lots de surprises, des débats d’un niveau assez consternant et des révélations qui n’auront épargné aucun des candidats, la course à la présidence des États-Unis est terminée.
Cette élection représentait une grande opportunité pour le Parti Libertarien, qui espérait bien naviguer sur le rejet des candidats républicain et démocrate. Alors qu’en est-il des résultats du candidat Gary Johnson à l’issu du vote ?
Une performance en demi-teinte pour le Parti Libertarien américain
Avec 3% des scrutins, et un peu plus de 4 millions de voix, le Parti Libertarien réalise un nouveau record et triple son score des élections de 2012. Néanmoins, ce résultat reste décevant puisque Gary Johnson était souvent crédité de 7 à 8% dans les sondages. La dernière ligne droite aura été difficile pour le candidat libertarien.
Dans un précédent article, j’avais évoqué trois objectifs pour le Parti Libertarien, à savoir :
- Réaliser un score au-delà de 5%
- Remporter un État
- Obtenir un score supérieur à l’écart Trump/Clinton
Seul ce dernier point est atteint, bien aidé en cela par un résultat final particulièrement serré entre Démocrates et Républicains.
Une base électorale libertarienne solide dans le centre du pays
Si l’on analyse les tendances État par État, on constate que Gary Johnson obtient ses meilleurs scores dans les États du centre du pays. Outre son État du Nouveau-Mexique où il dépasse les 9%, il réalise 6,3% dans le Dakota du Nord, 5,7% en Oklahoma ou encore 5,3% dans le Wyoming. Des États assez ruraux et plutôt méfiants à l’égard du gouvernement fédéral.
Ces États représentent un terreau favorable aux idées libertariennes, sur lequel le LP devrait s’appuyer lors des prochaines échéances électorales.
De mauvais résultats dans les États du Sud
C’est dans ces États que Gary Johnson marque le pas. Son discours en matière sociale (légalisation de la marijuana, mariage homosexuel) ayant sans doute du mal à convaincre dans des États où la religion reste très présente. Le candidat libertarien n’obtient par exemple que 1,9% des suffrages en Louisiane et seulement 1,2% dans le Mississippi.
Des progrès à faire dans les grandes villes
En observant les résultats dans les grandes agglomérations, on constate que là aussi les scores de Gary Johnson ont été assez faibles. Dans le comté de Los Angeles, il atteint péniblement les 2,5% et n’obtient que 1,4% dans celui de New-York, deux endroits où les électeurs ont plébiscité la candidate Clinton. Il est cependant intéressant de noter que Gary Johnson triple ses scores dans les comtés péri-urbains, qui, eux, ont principalement voté en faveur de Trump.
Un bilan somme toute encourageant
Malgré un résultat médiocre, il existe quand même des raisons de se réjouir pour les défenseurs de la liberté. Bien que la paire Johnson-Weld n’ai pas été invitée à participer aux débats officiels, cette campagne aura toutefois apporté une grande médiatisation aux idées libérales. De grands noms de la politique ont apporté leur soutien au candidat Johnson, gage de crédibilité pour le parti et son programme. Enfin, selon un sondage USA Today en sortie d’urne, Gary Johnson obtient 5% des voix chez les électeurs de moins de 30 ans. Espérons que cela soit de bon augure pour les prochaines élections.
Peut-on compter sur Contrepoints pour nous fournir au moins une grande carte représentant les états US avec le score par état de TOUS les candidats et une petite carte donnant pour chaque état la répartition ou non des délégués pour la véritable élection présidentielle de décembre ?
Merci
Nous avons été tellement désinformés avec, entre autres, ces sondages (non crédibles a priori) nationaux, alors qu’il s’agissait de désigner un nombre de délégués selon des modalités non identiques pour chacun des états
Vous pouvez entrevoir la carte ici (mais peut-être doit elle être actualisée) :
https://m.youtube.com/watch?v=r4bfMbvRuow
Et vous pourrez également apprécier la « fine » analyse (une parmi d’autres) qu’on donne de la victoire de Trump.
Spoiler : la faute aux méchants blancs racistes.
On trouve des cartes détaillées assez facilement sur le net, par exemple ici :
http://www.politico.com/2016-election/results/map/president
(« Electoral votes » est le nombre de votes des grands électeurs ; il y en a 538 et il faut avoir la majorité absolue pour gagner. Dans tous les états à part le Maine et le Nebraska, le candidat arrivé en tête dans un état gagne tous les grands électeurs de cet état et les autres candidats n’ont rien.)
C’est merveilleux: avec cette progression il ne faudra que 68 ans au LP pour gagner avec 51% de voix…
En gros, les survivalistes, moins les hommes des bois qui ne votent pas…
Piètre résultat pour une idéologie qui se veut « naturelle ».
Le LP n’a pas pu faire mieux parce que Johnson est un gaffeur professionnel. Inutile de tourner autour du pot, son « Aleppo moment », son incapacité à citer un chef d’état étranger ou ses grimaces qui font dire à ses détracteurs que le cannabis lui a grillé la cervelle ont plombé une candidature qui aurait dû faire mieux.
Cela étant dit, son influence sur le scrutin n’aura pas été nulle, selon la « mythique » Rachel Maddow, qui n’est jamais la dernière pour raconter n’importe quoi, si Trump a gagné, c’est de sa faute et à celle de Jill Stein…Si, si, elle ose le dire. 😀
Et oui… tout est bon pour expliquer l’échec de Killary… mais surtout pas de remise en question, il est plus facile de trouver des boucs émissaires, comme avec le socialisme.
Les élections c’est comme le théâtre : tout le monde joue mais a la fin, lorsque le dernier projecteur s’éteint, lorsque le rideau a bientôt fini de se baisser, il est possible d’observer durant une fraction de seconde le relâchement des acteurs, qui dévoilent leurs vrais visages.
Trump, avec son premier discours, aura montré qu’il n’est pas un candidat anti-système mais un démagogue beaucoup plus doué que les autres.
Killary et ses fans, grands gardiens de la démocratie / égalité / tolérance, des totalitaires de la pire espèce : des hypocrites prophètes autoproclamés prêt a violenter, humilier, mépriser, prendre en otage tous ceux qui ne se plieraient pas aux souhaits de la grande architecte de la société.
Même plus besoin de relire Atlas Shrugged ou de regarder les films…
(Need more popcorn)
La réalité est ailleurs pour paraphraser un slogan de série connue.
Les libertariens américains ne se reconnaissent que très peu dans le personnage. Et pour une fois, l’argument de la libéralisation du cannabis a été inopérant (nombreuses initiatives mises au vote, position ouverte des candidats y compris Trump qui plaide pour un laisser faire et donc un retrait de l’état fédéral sur la question).
Il a par ailleurs été soupçonné d’être un faux-nez favorisant (ou étant destiné à favoriser) Clinton. En tout état de cause, et malgré le « spin » des médias mainstream, sa présence lors du vote final a été favorable à Clinton. Pour des chiffres intéressants voir cet article du WP (pourtant difficilement classable pro Trump…) https://www.washingtonpost.com/news/volokh-conspiracy/wp/2016/11/11/gary-johnson-helped-hillary-not-by-enough-but-he-did/
Enfin, ses scores potentiel ont été systématiquement augmentés dans les sondages, en particulier quand cela permettait de placer Clinton 12 points en avance sur Trump non pas en face à face, mais en élection ouverte avec donc Johnson et Stein. Ainsi pour préserver la narration d’une victoire certaine de Clinton, les appareils médiatiques ont-ils biaisé les attentes de report… 😉