Par Sébastien Laye.
Il est toujours douloureux, rétrospectivement, de réaliser à quel point on peut être un Cassandre peu écouté dans son propre pays. Or, en juillet 2014, au milieu du concert de louanges qui avaient accompagné la mise sur les fonts baptismaux de la nouvelle BPI (avec un si rare consensus gauche droite), nous sortions la première analyse critique de cette institution1 dans un rapport dont les conclusions furent aussi défendues à l’Assemblée Nationale au printemps 2015. À l’époque, nous mettions en exergue la gouvernance ubuesque de la banque, mais aussi le risque de sérieux conflits d’intérêts au sein d’une institution aux activités si éparses qu’elle n’avait aucun équivalent dans le monde (préteur, garant de prêts, fonds de fonds, investisseur direct au capital des sociétés (des start-ups aux géants industriels en Bourse), conseil, export-assureur), si ce n’est peut-être dans les rêves les plus impérialistes d’un Blackstone que Nicolas Dufourcq prétendait concurrencer (à mille lieux de la vision mesurée et austère que l’on attendrait d’un grand commis de l’État soucieux des deniers publics).
Un ver dans le fruit depuis la conception de la BPI
Nous écrivions ainsi en 2014 :
À l’instar des déboires du Crédit Lyonnais, la structure même de la nouvelle BPI porte en elle le germe de futurs mal-investissements. En effet, les responsables de la BPI sont issus de la technostructure, sans réelle expérience entrepreneuriale et n’ont aucune expérience pratique du secteur privé, du private equity, du capital-risque ou encore du crédit aux PME. Cette situation porte en germe de nombreux conflits d’intérêts et ne laisse pas présager d’un bon usage des deniers publics.
Concrètement, la Cour des comptes révèle aujourd’hui le résultat de cette gouvernance technocratique : malgré un bénéfice net divisé par deux en 2015 et des marges incroyablement faibles au regard du volume d’activité, les salaires de l’institution sont parmi les plus élevés de la fonction publique ; malgré des contre-performances évidentes dans leurs investissements, 28 cadres dirigeants de l’activité Investissement ont connu une hausse de 23 % de leur salaire en 2015 après deux autres années consécutives d’augmentation, ce qui porte leur rémunération actuelle à un niveau moyen de 245 000 euros. Les notes de frais et de taxis se sont envolées alors que les seules voitures de fonction coûtent presque 7 millions par an…
Ce tour de finance collective et créative avec l’argent du contribuable qu’est la BPI, ce hedge fund avec l’argent public, est en train d’accoucher du monstre dont nous avions anticipé les déboires : du fait d’investissements hasardeux de la BPI et du cumul d’engagements pour les années à venir, la Cour des comptes anticipe, dans un rapport encore provisoire, un besoin de financement non résolu de 2,4 milliards d’euros possiblement entre 2017 et 2019. Bien sûr, le niveau final dépendra des taux de défaut et de la tenue des marchés financiers à l’horizon 2018, mais on ne peut que déplorer le niveau d’amateurisme de la banque, qui reste incapable d’imaginer des sources de financement en cohérence avec ses engagements. La Cour des comptes doute en particulier de la conformité des ratios de solvabilité de la banque aux normes de Bale III. Voilà à nouveau un État donneur de leçons aux banques et aux acteurs du privé, incapable de contrôler ses propres troupes. En réalité, nous demandions dès 2014 à la banque d’arbitrer dans ses positions et de sortir du capital des entreprises cotées, ce qui lui aurait permis de récupérer ces 3 milliards qui manquent aujourd’hui au bilan de la banque. Pourtant, presque rien n’a été fait en deux ans, et Nicolas Dufourcq promet à nouveau à la Cour des comptes de vendre ces participations au cours des prochaines années. Nous demandons à voir, alors qu’il est peu probable que les marchés financiers permettent de liquider ces positions aussi facilement que par le passé au cours des prochaines années…
[1] BPI : Bureaucratie Protectionnisme Inefficacité, Laye & Koenig, Generation Libre, Juillet 2014
-  BPI : Bureaucratie Protectionnisme Inefficacité, Laye & Koenig, Generation Libre, Juillet 2014 ↩
BPI? le nouveau « carrefour du développement ?
Pourquoi les rapports de a cour des comptes ne permet-elle pas d’engager des procédures contre ces incompétents, pilleurs de l’argent des français ? Les ministres qui les managent et qui doivent les contrôler sont les premiers coupables, et souvent complices.
Parce qu’il n’y a rien dans le code contre l’incompétence
Et encore ! Nous avons Didier Migaud à la tête de la Cour des Comptes ! Il faut lui rendre hommage même si les avis de l’institution n’ont pas de réels impacts. Un des derniers Grands fonctionnaires ? Parce que ca a existé.
Il est assez amusant de constater que l’article oublie un point capital : Ségolène Royal s’est largement mêlée de la gestion de la BPI, et qu’on on connait ses compétences en économie…
A noter : en mars, Le Monde faisait un article sur le « succès de la BPI ».
Ségolène! 2 amies qui ont du travailler avec elle à 2 époques différentes (1er Ministère Environnement et Poitou Charentes) elles ne s’en sont toujours pas remises. Imbu vable. Détestée . Une pédante surtout intéressée par La Presse,
Pardonnez-moi mais il ne fallait pas être grand clerc pour voir se profiler un « Crédit Lyonnais » bis. Mais merci de l’avoir dit et de suivre. Il serait peut-être intéressant de regarder également ce que traficote la Caisse des Dépôts depuis quelques temps. Comme un pressentiment !
Tant que la fonction publique pourra prendre ses désirs pour des réalités sans qu’aucune sanction (professionnelle, financière, judiciaire) ne vienne jamais modérer les rêves et les tribulations de ses apprentis sorciers. ..
Non …. BPI : Banque Pour Inféodés (au PS) … faut pas se tromper de définition.
Si vous avez la carte du PS, tout va bien … et encore c’est pas garanti.
Sinon, circulez, il n’y a rien à voir !
Oui d’accord, mais vous oubliez lz principal, le BPI grâce à l’argent du contribuable, a permis à la mère-concubine de se refaire une santé financière et une image politique; et elle en avait bien besoin la pauvre, car notre président était financièrement empêtré dans ses démêlés avec la suivante-concubine et il ne pouvait tout de même pas laisser sa progéniture dans le besoin.
De plus, grâce aux relations occasionnelles, une certaine « journaliste-compagne » d’un ex-ministre en mal de redressement, a pu trouver un job bien juteux à la tête d’un canard boiteux appartenant à un financier bien en place et bien rodé aux manipulations diverses des fonds publics ou privés.
Et actuellement elle sert encore à mettre à l’abri, financièrement parlant, quelques énarques ou conseillers spéciaux du gouvernement qui ont quitté précipitamment le navire en perdition.
Objectivement, ce fut une belle opération médiatique (la BPI devant, dixit Moi-Je, relancer la croissance, mais pas de bol…) et financière pour le PS vu la fonte de sa trésorerie suite aux successives vestes électorales depuis quatre ans.
Qui a dit que les socialistes n’étaient pas interressés par l’argent et la finance, ces ennemis du peuple?
LA BPI c’st un machin qui sert à acheter des voix d’électeurs en « sauvant » (contre le gros vilain marché) des entreprises sub-claquantes.
Comme l’etat va recuperer la ristourne fournie à SG en 2008 … ça paiera peut être la gabégie de la BPI