Éducation, RSI, entreprises… Que veut François Fillon ?

Un entretien exclusif avec Pierre Danon, entrepreneur et adjoint à la campagne pour la primaire de François Fillon.

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Éducation, RSI, entreprises… Que veut François Fillon ?

Publié le 22 novembre 2016
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Un entretien dirigé par Pierre-Louis Gourdoux

Education, RSI, entreprises... Que veut François Fillon ?
By: European People’s PartyCC BY 2.0

François Fillon a créé la surprise au premier tour des primaires à droite, en creusant l’écart avec Nicolas Sarkozy, qui a été éliminé, et Alain Juppé, qui a maintenant une semaine pour convaincre le peuple de droite de se mobiliser pour lui. Mais que veut le candidat François Fillon pour la France ? Contrepoints a interrogé Pierre Danon, ancien PDG de Numericable et Capgemini, devenu directeur adjoint de la campagne de François Fillon pour la primaire.

Santé : François Fillon indique vouloir « focaliser l’assurance maladie universelle sur des affections graves ou longue durée, l’assurance privée sur le reste ». Est-ce à dire qu’il compte mettre fin au monopole de la sécurité sociale pour une partie de la prise en charge des soins, revendication libérale très forte et de longue date ?

Il faut redéfinir les rôles respectifs de l’assurance maladie et de la complémentaire santé. Le système actuel se caractérise de plus en plus par la confusion des rôles. Les complémentaires se plaignent du désengagement de l’assurance maladie. Les assurés ne savent plus quel est le niveau de leur couverture santé. Ils constatent, par ailleurs, souvent une augmentation très forte des cotisations à leur complémentaire.

François Fillon propose, par conséquent, de centrer l’assurance maladie sur les affections graves ou de longue durée. Il ne s’agit pas d’un désengagement de la sécurité sociale. Il s’agit, en concertation avec l’ensemble des parties prenantes, de définir un panier de soins pris en charge par la sécurité sociale, panier de soins dont le contenu pourra naturellement évoluer.

Optique et prothèses dentaires pour les adultes, très peu remboursés aujourd’hui par l’assurance maladie, pourraient être pris en charge intégralement par les organismes complémentaires. Notons que les frais de gestion de l’optique par l’assurance maladie sont quasi aussi élevés que les montants du remboursement. Il faut en discuter. Il n’y a pas de sujet tabou.

Dernier point, un mécanisme de conventions entre les complémentaires santé, les établissements de soins et les professionnels de santé permettra un bon usage des soins, un maintien de l’offre plurielle de soin ainsi qu’une régulation des dépenses, sous l’égide d’une agence de contrôle et de régulation.

Éducation : Vous proposez de permettre aux chefs d’établissement d’exclure les élèves « les plus perturbateurs ». Cette possibilité existe déjà, mais dans les faits les contraintes imposées à l’établissement sont excessivement nombreuses et rendent cette décision difficilement praticable. Que propose-t-il concrètement pour donner plus de liberté au chef d’établissement sur ce point ?

Toutes les contraintes de ce type seront levées dans un cadre où l’autonomie des établissements sera renforcée. Des établissements particuliers seront créés pour accueillir ces élèves « perturbateurs » et leur permettre d’acquérir le socle commun de connaissance, avec une discipline renforcée.

Éducation encore : M. Fillon propose de « laisser toute liberté aux universités » de sélectionner les candidats au Master. Pourquoi ne pas faire de même dès l’entrée en licence ?

Tout simplement parce que la règle selon laquelle le baccalauréat vaut droit d’entrée dans l’enseignement supérieur est maintenue.

Mais François Fillon réformera le baccalauréat : les trois épreuves choisies par le lycéen (en plus de l’épreuve de français) dans le cadre du baccalauréat lui permettront de mieux se préparer à l’enseignement supérieur. Il faudra aussi régler la question de savoir comment on choisit les étudiants dans les filières en tension (médecine, STAPS, droit, psycho, arts…) où les capacités d’accueil ne permettent actuellement pas de répondre à toutes les demandes ; à la dernière rentrée, on a voulu tirer au sort en 1ère année de santé à Paris !

Ailleurs, c’est le hasard de l’application Admission post-bac qui définit les étudiants sélectionnés. François Fillon souhaite mettre en place un système moins injuste et plus conforme au principe d’autonomie des universités qui consistera à demander à chaque université d’indiquer les matières des épreuves du baccalauréat préparant mieux à la filière souhaitée par l’étudiant.

Dans les filières en tension, les universités pourraient alors choisir les étudiants en 1ère année en fonction des matières choisies au baccalauréat, des résultats obtenus et éventuellement du livret scolaire.

Entrepreneuriat : Une « simple » réforme, aux contours assez flous, du RSI est envisagée. Pourquoi ne pas envoyer un signal fort en proposant sa suppression, et sa fusion avec le régime général voire en permettant aux petites entreprises de choisir leur propre assurance ?

Pour François Fillon, la fusion avec le régime général n’est pas la solution mais au contraire le problème. Le RSI est aujourd’hui trop dépendant du régime général et la réforme consiste à le rendre totalement indépendant. En effet, la logique des indépendants est différente de celle des salariés et devrait justement permettre ce que vous suggérez, c’est-à-dire le recours à la carte à un système assurantiel de complément au régime de base.

Économie : Le budget prévisionnel établit table sur une croissance supérieure à 2% à partir de 2021. Si, durant le mandat, la croissance est moins forte que prévu, le Président F. Fillon choisira-t-il de baisser davantage la dépense, ou d’augmenter les prélèvements. Et s’il s’agit des deux, dans quelle proportion ?

D’abord, François Fillon a toute confiance dans l’effet sur la croissance du véritable choc qui sera créé au 1er septembre : réforme du marché du travail, baisse du coût du travail, réforme de la fiscalité du capital, libération du travail indépendant.

Les ingrédients sont tellement puissants que les hypothèses modestes de croissance devraient être atteintes. Si ajustement à la marge il devait y avoir, cela se ferait sans doute de manière équilibrée entre dépenses et prélèvements avec quand même une préférence pour essayer d’aller plus loin et plus vite sur la réduction des dépenses.

Politique étrangère : Les tensions entre grandes puissances n’ont jamais été aussi fortes depuis des décennies. Si, demain, un conflit armé éclatait entre les États-Unis, la Russie et la Chine, quel camp choisirait le Président François Fillon ?

C’est une question complément théorique. Ce qui est certain c’est que la politique étrangère de François Fillon sera une politique de souveraineté qui affirmera de manière plus forte les positions de la France, tant en matière économique qu’en matière géopolitique, et maintiendra un dialogue avec chacune des autres puissances.

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  • Concernant les assurances sociales, l’urgence est de les dissocier de l’activité professionnelle.

    1- parce que les parcours professionnels sont multiples
    2- parce que les parcours professionnels peuvent être et le seront de plus en plus pluriels
    3- parce que les besoins de couverture des risques santés, pertes d’emploi, retraite ne peuvent plus être décidé par d’autre que les intéressés eux mêmes.

    « la logique des indépendants est différente de celles des salaries… » est pour moi assez stupide…Je m’interroge alors pourquoi ne pas allez jusqu’au bout de cette affirmation : après tout il y a des logiques tout aussi différente selon les individus, entre salariés…

    Par ailleurs, je ne comprends pas l’attachement des employeurs à collecter les assurances sociales pour leurs salariés, d’en assumer la charge et surtout les risques vis à vis des organismes de collecte.

  • Wow ! Quelle tempête de libéralisme dites moi !

  • « la logique des indépendants est différente de celle des salariés et devrait justement permettre ce que vous suggérez, c’est-à-dire le recours à la carte à un système assurantiel de complément au régime de base. »
    C’est presque bien, sauf la partie « complément au régime de base » : François Fillon persistera dans l’étatisation de l’assurance maladie, de toute évidence. C’est le jeu du paritarisme, de la paix sociale, du compromis.
    Le RSI totalement indépendant restera une monstruosité pour les indépendants : seule solution valide, leur donner le libre choix de leurs assurances sociales (santé, famille, retraite, travail, etc.).
    Histoire de montrer l’exemple.
    Pour pouvoir ensuite le généraliser à l’ensemble de la population.
    L’assurance automobile, l’assurance habitation sont des assurances obligatoires, pourtant l’Etat et les syndicats n’y œuvrent pas. Du coup, ça marche.
    Idem pour les assurances sociales, mais FF ne le fera pas, inutile de rêver.
    Quand on parle de créer un organe de contrôle et de régulation dans le domaine de la santé, la vision est toute tracée…

  • En fait tu continues à payer le RSI 53 % du bénéfice .. Et tu peux t’assurer ailleurs en plus pour les jours de carences .les retards de remboursement . Les régularisations qui ne ressemblent à rien .les congés payés.le chômage . Bon même si j’aime bien monsieur Fillon . Mais le système RSI Fillon ou un autre n’est pas prêt d’y toucher . Là quand on est concerné on s’aperçoit que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent . Depuis le temps j’ai peur quand j’entends que ça va changer . Simplifier . Coûter moins cher . Mais bon il a le mérite de dire qu’il va essayer .

  • Fillon semble être quelqu’un qui respectera les libertés individuelles, mais de là à qualifier son programme de libéral, il y a un canyon.

    • Non, clairement. Voir son programme. Ex: homos, burkini, etc.

      Cet homme est un socialiste ultra conservateur mais un peu moins idiot que la moyenne en économie. On est loin de Ron Paul.

  • En sommes FF ne fera rien si ce n’est des mesurettes à deux balles. Bref, autant voter AJ qui, au moins, est plus libéral (bien que socialiste) sur les questions de société.

    Qu’on ne me dise pas que quelqu’un en a quelque chose à foutre de l’autonomie des universités. Soit dit en passant, celles-ci seront autonomes quand elles ne vivront plus de l’argent public. Une vaste blague cette histoire des établissements autonomes (donc qui ne répondent à personne) mais qui vivent grâcement de la spoliation légale. Bref, si ces établissements revendiquent leur autonomie, personnellement, je revendique de ne plus les financer.

    •  » établissements autonomes (donc qui ne répondent à personne) mais qui vivent grâcement de la spoliation légale. »
      Mais, c’est ça être Français et depuis 40 ans!

  • Mai 2018, ça va saigner…

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