Par Éric Verhaeghe.
Le discours de candidature de Manuel Valls a apporté deux certitudes.
La première est que la gauche devrait se trouver dans la position peu confortable de la force qui défend un bilan et une continuité. Dans le cas du Premier ministre, ce jeu constituera une véritable prouesse, dans la mesure où l’on peine à discerner l’inspiration générale, la cohérence du quinquennat Hollande.
La deuxième est que Valls bâtira sa campagne en creux. Il devrait même se contenter de dire tout ce qu’il ne fera pas plutôt que d’annoncer ce qu’il fera : non, il ne diminuera pas le nombre de fonctionnaires, non, il ne les fera pas travailler 39 heures, non, il ne réformera pas la Sécurité sociale, non, il ne remettra pas en cause le vivre-ensemble, etc.
D’une certaine façon, Valls va naviguer nez au vent en prenant le contrepied des propositions de Fillon, sauf sur un point : lui aussi annonce une baisse d’impôts pour les classes moyennes, en prenant bien garde d’expliquer comment elle sera financée. Là où Fillon a fixé une ambition impériale, Valls se réfugie dans une ligne immobiliste.
Il n’est pas sûr qu’il ait beaucoup le choix, mais il n’est pas sûr non plus que cette ligne soit gagnante.
Valls obligé d’improviser une campagne
Même s’il a pu psychiquement se préparer à l’échéance, Valls doit malgré tout aujourd’hui improviser une campagne avec les moyens du bord. Plombé par son bilan, il devrait peiner à faire émerger un projet cohérent et novateur. Le temps lui manquera en tout cas pour le formaliser. En outre, une campagne, c’est tout de même une mobilisation, des militants, des gens qui y croient. Là encore, le Premier ministre part de loin (même s’il part de moins loin que Hollande s’il s’était présenté).
Le défi est colossal.
Valls attendu au tournant par ses petits copains
À peine sorti du bois, Valls s’est essuyé de puissants tirs d’artillerie de la part de tous ses amis. Depuis Mélenchon et son entourage jusqu’à Macron, en passant par Montebourg et Aurélie Filipetti, Valls a reçu la curée, notamment à la suite de son appel à l’unité à gauche. Selon toute vraisemblance, sa campagne pour la primaire, si elle a lieu, sera extrêmement dur.
Gérard Filoche n’a par exemple pas hésité à déclarer que le discours de candidature de Valls était « à gerber ». Le ton est donné…
Ira-t-il à la primaire ?
On peut même s’interroger sur l’intérêt, pour Valls, de concourir à la primaire, alors que ses principaux challengers, Macron et Mélenchon, ont refusé de s’y soumettre. Dans ces conditions, le bon sens pour Valls serait d’au moins griller immédiatement la politesse à Montebourg en squizzant l’étape primaire et en torpillant ainsi toute candidature socialiste adverse.
Restera ensuite à convaincre les écologistes et les radicaux de gauche de rentrer dans le rang, et à croiser les doigts pour que le candidat Macron s’effondre en cours de route. S’agissant de Macron, on peut même penser que Valls lui a réservé quelques boules puantes qui devraient l’affaiblir.
La campagne anti-idées
Pour le reste, le Premier ministre devrait mener une campagne essentiellement tactique. Jouant à la fois sur la fonction d’épouvantail de Fillon et de Le Pen, il devrait tenter de rassembler en tenant les propos les moins risqués et les moins clivants possibles. Pas question de proposer des idées, mais plutôt éviter les coups et rassembler tous ceux qui espèrent encore un moment d’oxygène et d’hallucination avec les réformes douloureuses.
Bref, une campagne sous contrainte, une campagne obligée, une campagne tactique, loin du rêve que ses adversaires se promettent de vendre…
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Sur le web
on voit bien que Valls fera fi de ses convictions personnelles, contrairement à Fillon : on peut espérer que les français seront las des discours purement politiciens pour adhérer à un programme de véritables convictions
Au moins ce sera plus drôle que la primaire à droite.
Valls a tort. Il devrait attendre 2022. Mais il faut lui reconnaître qu’il a des cojones. Il défend son bilan, lui et il affronte la primaire, lui. Cela en fait à peu près le seul mâle à gauche.
Si cela pouvait être le seul mal qui était au gouvernement…
Ou le seul mal à droite…
Qu’est donc venu faire Valls dans cette galère de 1er ministre puis cette candidature, comment se griller en 2 petites années.
Je suis prêt parie qu’il ne gagnera pas la primaire.
Ce n’est pas avec des postures et un ton martial qu’il risque de convaincre les déçus.
Peut-être que, pour une fois, la tactique ne l’emportera pas sur le programme… Vu l’état du pays, les gens sont fatigués des jeux politiciens et des promesses électoralistes.
Il montre l’exemple …
Un jour d’interdiction des plaques impaires, il se déplace dans une voiture « 341 » alors étonnez vous après que nos enfants soient des cancres en maths … et … sa voiture en polluant aura tué combien de parisiens ???
Valls a ses chances dans la primaire car il y a toujours eu un décalage entre les militants PS très à gauche et les élécteurs PS plus centristes. Par contre, l’union de la gauche tel que conçu par Mitterrant est morte.
Incapable de tenir ses ministres, ses députés, de négocier quoi que ce soit, Valls est le plus calamiteux PM depuis Cresson. Et la barre était haute.
Il n’a rien d’un homme d’État.