Par Rodolphe Airelle, depuis Cuba.

C’est au petit déjeuner que notre hôte nous explique dans un mélange d’anglais et d’espagnol la nouvelle de la nuit : “cette nuit, à 3 heures du matin, Fidel Castro ha muerto. Couic”, en servant le café d’une main et en se passant le doigt sur la gorge de l’autre. Il ne semble pas souhaiter que nous sachions ce qu’il en pense et montre de la retenue dans ses émotions. “comment dit-on en anglais? He die? He died ?”.
Neuf jours de deuil sont décrétés, avec interdiction de vendre ou consommer de l’alcool, nous dit une serveuse, “en l’honneur de notre commandant”. L’interdiction concerne a priori tout le pays, mais se ressent en particulier à Trinidad, réputée pour sa vie de fête. Les touristes habitués aux mojitos, canchancharas et autres cuba libres, ne savent soudain plus quoi boire.
Ambiance étrange
D’autant plus qu’en se rabattant sur les versions sans alcool, le prix des consommations ne varie guère. Il n’y a pas de petit profit. L’ambiance est alors quelque peu étrange, languissante, presque pesante, car la musique et les orchestres dans les lieux publics sont également proscrits.
Cependant, derrière les portes closes des casas particulares, ces petites maisons d’hôtes privées hébergeant les touristes de passage, les choses sont un peu différentes. Les gérants, pour la plupart de petits entrepreneurs qui profitent des timides réformes du gouvernement, servent bières et cocktails aux clients, tout en leur demandant de rester discrets.
La réaction des autorités ne se fait guère attendre et, dès le lendemain, menace les contrevenants, non seulement d’un retrait de licences d’hébergement d’étrangers, mais également d’une saisie pure et simple de leurs maisons. Celles où ils dorment avec leurs familles au rez-de-chaussée et où ils logent des touristes à l’étage. Leur foyer et leur outil de travail. Des contrôles par la police dans les casas seraient organisés pour vérifier que les consommations sont sans alcool.
Alors, ce deuil sans alcool ?
En nous promenant, une jeune femme nous aborde, un appareil photo à la main, un smartphone dans l’autre. Elle nous explique être une journaliste chilienne, et nous demande notre avis sur ce deuil sans alcool. Nous lui répondons que l’ambiance sans musique est quelque peu curieuse. Elle tente de recentrer la discussion sur l’alcool, et notamment si on en a servi dans notre casa, non sans nous expliquer que Fidel Castro est très important pour elle car elle est journaliste. Nous écourtons poliment la conversation pour poursuivre notre visite.
Un peu plus tard, nous découvrons qu’il est encore possible de prendre un mojito ou une bière dans quelques endroits. Notamment dans certains bars, restaurants et hôtels d’État. Ceux-ci appartiennent aux proches du pouvoir en général, et à l’armée en particulier, et se permettent donc des largesses sur les interdictions imposées au reste de la population. Le choix pour le touriste se limiterait donc à l’abstémie d’un côté, et au financement de la kleptocratie de l’autre.
Plus généralement, les réactions cubaines semblent mixtes. À Cienfuegos, cité industrielle du sud de l’île ayant bénéficié du soutien du régime, ce dernier a organisé au palais du gouvernement local la signature d’un registre de condoléances pour quelques milliers d’habitants. Parmi eux, des centaines d’écoliers à qui l’on a peu laissé le choix, des Cubains souhaitant bien se faire voir, mais aussi des Cubains émus, des fleurs à la main.
Tous ont défilé en une longue file indienne place José Marti, père de l’indépendance cubaine. La place, incontournable pour qui visite la ville, était fermée à la circulation, tandis qu’une portion seulement était accessible aux piétons. Difficile donc de ne pas constater officiellement le deuil du peuple cubain après pareille mise en scène.
Coquille dans la 1ère ligne…
Comment vont ils organiser le deuil dans la dernière république communiste socialiste d’Europe en France, pour la fin du hollandovallisme devenu hollandocazeneuvisme?. Verra t-on en direct, à la télévision d’état, le suicidé idéologique de son plein gré, quitter le poste de “capitaine de pédalo”?.
Sans musiques et sans trompettes ou dans le fracas des manifestations et des bombes ou des attentats qui ont endeuillés cette hollandocratie.
Réponse en mai prochain.
Mais, attention, français pas encore libres, la bête n’est pas encore morte. La kleptocratie de l’information vraie sera encore présente longtemps après la disparition supputée des derniers “petits timoniers valliste et cazeneuviste”.
L’illustration du syndrome de Stockholm . . .
Non c’est l’organisation communiste. Le syndrome de Stockholm, c’est autre chose.
À Cuba, il y a un Commissaire Politique (aux ordres du Parti) dans chaque quartier ; il est assiste par des auxiliaires qui quadrillent le quartier. Et quand il y a une manifestation organisée par le Gouvernement (défile du 1er Mai, funérailles de Fidel, rapatriement du corps du Che), il est demandé à la population de se rendre à la Manif. Le commissaire Politique et ses ouailles contrôlent ensuite qui est resté chez lui , et organise des sanctions : privation d’emploi temporaire (ou non), confiscation de la maison selon les explications du “récalcitrant”.
Puis , le Gouvernement annonce qu’il y a eu 1 million de personnes au défilé (du 1er mai par exemple); les gens de gooche sont émerveillés par le succès de la démocratie cubaine ; et les journalistes qui ont choisi leur métier pour avoir échoué au concours des Poste relaient l’information avec des larmes au bout de leurs stylos.
D’ou l’importance d’avoir un cerveau et de savoir s’en servir.
Un détail dans le registre des infos distillées sur la fin de Castro, entendu une seule fois sur France Info, disparu de tous les comptes rendus et apparu naïvement sur le Nouvel Obs: “La Havane (AFP) – Des centaines de milliers de Cubains se sont recueillis, émus, lundi sur la célèbre place de la Révolution à La Havane face aux portraits Fidel Castro, premier acte d’une semaine d’hommages rendus au “Comandante” mort vendredi à 90 ans.
Partout dans leur île, les Cubains étaient aussi invités à signer des registres dans un millier d’écoles, d’hôpitaux et d’autres bâtiments publics pour “jurer” de respecter leur “engagement à préserver le legs du Commandant en chef et à défendre les conquêtes de notre révolution”.
Moment judicieusement choisi pour des statistiques personnalisées de la fidélité à Fidel?
A Miami les nombreux réfugiés cubains ont fait la fête et dansé tout le week end!