Idée reçue : les banquiers ont causé la crise de 2008

Il serait réducteur de dire que les banquiers ont provoqué la crise de 2008. Si ceux-ci ont évidemment prêté à des ménages insolvables et joué au casino sur la valeur de SPVs qu’ils étaient incapables de valoriser, ils ont bien été poussés au crime par l’État.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Monopoly crédits Thomas Hawk (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Idée reçue : les banquiers ont causé la crise de 2008

Publié le 10 janvier 2017
- A +

Par Eddie Willers.

Idée reçue : "Les banquiers ont causé la crise de 2008"
Monopoly crédits Thomas Hawk (licence creative commons)

En 2008, il était alors de bon ton de désigner les banquiers comme coupables de la faillite du capitalisme. Or les banquiers étaient loin d’être les seuls responsables de cette crise et malheureusement les années qui ont précédé la crise n’avaient pas grand-chose à voir avec le capitalisme.

Pour comprendre d’où vient la crise de 2008, il faut revenir en… 1992 ! Certains ne s’en souviennent peut-être pas mais l’année est marquée aux États-Unis par des émeutes dramatiques à Los Angeles. Entre le 29 avril et le 4 mai, celles-ci feront entre 53 et 55 morts et plus de 2300 blessés. Onze mille personnes seront arrêtées en l’espace de 6 jours.

Moins d’un an plus tard, Bill Clinton entre à la Maison Blanche et l’analyse qu’il fait de ces émeutes est la suivante : les gens n’auraient pas mis à sac certains quartiers s’ils avaient été propriétaires de leur maison. En conséquence, il faut permettre aux personnes issues des quartiers les plus modestes d’accéder à la propriété. Comment faire en sorte que ces personnes qui n’ont que peu de ressources puissent y accéder : grâce au crédit pardi !

 

L’État américain soutien des subprimes

Néanmoins quel établissement bancaire serait assez fou pour prêter à des ménages non solvables ? Aucun. Un des principes fondamentaux de l’économie est que l’être humain répond à des incitations. Si les incitations ne vont pas le sens qui vous convient, il faut alors les modifier. L’État américain va alors s’escrimer à modifier les incitations des banquiers pour que ceux-ci prêtent aux ménages subprimes.

Les banques prêtent en priorité aux ménages prime, ceux qui offrent les meilleures garanties. Elles réalisent un arbitrage entre le risque généré par ce prêt et ce que le prêt leur rapporte (le taux d’intérêt). Plus le taux d’intérêt est élevé et donc moins elles ont intérêt à prendre de risque (pour un même risque, le profit est plus élevé).

Les premiers changements d’incitation interviennent en 1999 avec l’abrogation du Glass-Steagle Act. Cette loi célèbre datant du New Deal séparait les activités de banque de dépôt et les activités de banques d’investissement. En abrogeant le GS Act, Bill Clinton permet aux banques d’investissement d’aller puiser dans les dépôts des épargnants pour financer leurs activités. Or les dépôts sont très faiblement rémunérés, les banques ont donc accès à leur ressource première à un coût bien plus faible.

D’autre part, après l’explosion de la bulle internet en 2000-2001, la Fed a souhaité relancer l’économie en baissant fortement les taux d’intérêts et en faisant fonctionner à plein wagon la planche à billets. En réduisant les taux d’intérêt et en fournissant aux banques leur matière première (l’argent) à un coût ridicule, la Fed les incite à prendre davantage de risque.

Quel est l’impact d’une forte baisse des taux comme celle qu’a engagé la Fed au milieu des années 2000 ? Lorsque c’est facile de faire du profit grâce à des taux élevés, on ne va pas prendre de risque et on prête donc aux ménages prime, solvables. En revanche quand les taux sont plus faibles et que l’on a déjà vendu un crédit immobilier et deux crédits à la consommation aux ménages prime, il faut sortir de sa zone de confort pour aller chercher du profit. Les banques se tournent alors vers des crédits plus risqués, mais dont le taux est plus élevé (car le risque est plus élevé) : les ménages subprimes.

 

Fannie Mae et Freddie Mac

Nous remarquons que l’État américain a donc déjà bien entamé sa modification des incitations : en abaissant les coûts de matière première des banques et en les incitant à prendre plus de risques, il pousse les banques à vendre des crédits immobiliers à des ménages subprimes. Cependant, deux éléments vont achever de pousser au crime les banques américaines, ces deux éléments portent les initiales FM : Fannie Mae et Freddie Mac.

En effet, au travers de ces deux agences gouvernementales (Government Sponsored Enterprises), l’État américain va garantir les crédits hypothécaires des ménages afin encore une fois de favoriser l’accès des ménages modestes à la propriété. En juillet 2008, elles garantissaient la bagatelle de 5 trillions de dollars de crédits hypothécaires, et ce alors que depuis l’été 2007, la crise des subprimes s’est déjà manifestée aux États-Unis.

L’État américain achève donc sa mutation des incitations envers les banques. Il les rend parfaitement irresponsables : elles peuvent se financer à un coût extrêmement faible auprès de la Fed ou directement sur le compte des épargnants et n’ont pas pas à assumer leurs pertes puisque les crédits hypothécaires sont garantis par des GSE.

Et que se passe-t-il lorsqu’un enfant n’a pas à assumer ses bêtises ? Il en fait beaucoup !

Les banques ne vont alors pas se faire prier. Elles vont vendre des crédits hypothécaires à ces ménages non solvables. Il est alors intéressant de s’attarder sur la mécanique de ces crédits hypothécaires afin de se rendre compte que l’absence de responsabilité devient maladive et s’étend à tous les étages :

  • Un agent bancaire va à la rencontre de M. et Mme Smith. Ces derniers ont des revenus extrêmement faibles mais souhaiteraient devenir propriétaires de leur modeste pavillon dans la banlieue de Detroit. Notre agent bancaire leur explique alors que la période est formidable : les taux sont très bas et leur prêt bénéficie de la garantie de Fannie Mae. D’autre part les prix de l’immobilier sont en constante augmentation. Leur crédit est donc couvert par la valeur de leur pavillon qui n’a de cesse de croître. Notre agent bancaire leur propose donc de souscrire à un crédit hypothécaire à taux variable. Les deux premières années, ils bénéficient d’un taux attractif très faible (teaser rate) qui sera appelé à augmenter après ces deux ans. M. et Mme Smith se disent que l’économie croît à un rythme soutenu, que leurs revenus seront donc supérieurs dans deux ans et qu’entretemps la valeur de leur pavillon aura encore augmenté. Ils ne sont donc pas effrayés par cette augmentation des intérêts dans deux ans. Convaincus par notre agent bancaire, ils souscrivent donc à ce prêt.
  • Une fois le prêt contracté, notre banque ne va pas garder ce prêt risqué à son bilan. Elle va donc l’isoler au sein d’un Special Purpose Vehicle (SPV). Comment fonctionne un SPV ? À l’actif vous avez le prêt de M. et Mme Smith qui génère des flux de remboursement. Ces flux de remboursement servent à payer des investisseurs qui ont investi de l’argent dans le SPV. Tous ces investisseurs n’ont cependant pas pris le même risque. Certains se sont vus promettre un rendement de 2 % par an, ils sont donc remboursés en premier jusqu’à ce que la totalité de la somme investie + 2 % par an leur soit remboursée. D’autres ont investi la même quantité d’argent et récupèreront ce qu’il reste une fois que les premiers investisseurs auront été remboursés. S’il y a peu de défauts, ils gagneront beaucoup. Si à l’inverse il y en a beaucoup, ils perdront leur mise.
  • L’histoire aurait été trop simple si les banques s’étaient contentées de mettre dans ces SPV uniquement des crédits immobiliers. Elles vont donc y placer plein de prêts présentant des niveaux de risque différent : des crédits étudiants, des crédits à la consommation, des crédits aux entreprises etc. In fine, plus personne ne sait vraiment ce que contiennent ces SPV. La banque s’est donc désengagée de la responsabilité de suivre un emprunt en le plaçant dans ces véhicules. Et en ajoutant plein d’actifs différents dans ce cocktail pourri que constitue un SPV, elle a fait en sorte que personne ne sache vraiment de quoi ils sont constitués.
  • Personne n’en connaissait le contenu, pas même les agences de notations. Celles-ci ne cherchaient pas à le savoir, elles préféraient percevoir grassement leurs commissions en évitant de se mettre à dos leurs gros clients. Qui sont-ils ? Les banques. Et qui demande la notation pour les véhicules qu’elles créent ? Les banques. CQFD. Les agences de notation, organisées en cartel, n’avaient donc pas besoin d’assumer la responsabilité de leurs avis. D’autre part, la plupart des gestionnaires d’actifs ne peuvent pas acheter un titre s’il n’est pas noté. Les agences de notation étaient donc certaines de toujours percevoir leurs commissions puisqu’une banque ne peut pas se permettre de ne pas accéder aux gestionnaires d’actifs.
  • Revenons à nos moutons : notre crédit immobilier a été isolé dans un SPV et a été noté AAA par S&P. Superbe ! Les grandes banques d’investissement de la planète se ruent alors pour acquérir des parts de ce SPV qui semble peu risqué au vu de sa notation, et offrir un beau rendement.

 

Nous sommes alors au milieu de la décennie et tout va mieux dans le meilleur des mondes. Les taux d’intérêts sont bas : les remboursements de nos ménages subprimes qui bénéficient des teaser rates sont encore faibles, de plus en plus de ménages veulent en profiter et accéder à la propriété, ce qui pousse les prix de l’immobilier à la hausse. Les ménages américains ont l’impression de s’enrichir du fait de l’accroissement de la valeur de leur maison. Ils continuent à s’endetter et à profiter des taux bas pour prendre des crédits à la consommation et acheter une, puis deux voitures etc.

Tous ces crédits trouvent leurs débouchés dans des SPV, ces cocktails toujours plus dangereux. Les banques s’endettent pour acheter des parts dans ces SPV.

 

La Fed deale les taux bas

La Fed agit au cours de cette période comme un dealer distribuant sa drogue au monde entier. Sa drogue s’appelle les taux bas. Elle pousse l’ensemble des acteurs économiques à s’endetter bien au-delà de leurs capacités de remboursement en leur donnant l’illusion que ce qu’ils possèdent a une valeur très élevée. Taux bas –> accès plus facile au financement –> plus grande concurrence pour acheter des titres financiers –> prix qui s’envolent.

Malheureusement, lorsque l’on est sous l’emprise de la drogue, le retour à la réalité est souvent violent. Les taux bas ne font pas exception à cette règle. Lorsque la Fed se décide à augmenter ses taux au cours des années 2005 et 2006, de nombreux foyers se rendent compte de l’insoutenabilité de leur emprunt (d’autant plus qu’ils ne bénéficient plus des teaser rates). Ils font donc défaut. Cela ne pose pas de problème a priori : notre agent bancaire s’était assuré qu’en cas de défaut, la banque pourrait revendre la maison à sa valeur et récupérer sa mise. Malheureusement ce raisonnement est valide la plupart du temps mais pas quand tous les ménages subprimes décident de vendre leur maison au même moment. À ce moment là vous avez un surplus d’offres qui fait dévisser le prix des biens achetés. Votre emprunt n’est alors plus du tout couvert par la valeur de la maison.

Les flux d’argent n’entrent alors plus dans les SPV. Les banques qui avaient massivement investi dans ces véhicules a priori sûrs commencent à se rendre compte que ce qu’on leur avait vendu comme un titre sans risque l’est au contraire excessivement.

Comme elles avaient massivement investi dans ces SPV, elles voient la valeur des SPV et donc de leur actif se réduire à peau de chagrin. Des titres qu’elles avaient acheté 100 ne valent plus que 20 ! Quand vous apprenez que, de plus, ces achats de titres ont été financés pour elles aussi par de la dette, vous comprenez aisément que la situation devient intenable.

Or qui finance les prêts aux entreprises ? Les banques. Lorsque les banques toussent c’est toute l’économie qui s’enrhume. Et courant 2008, les banques sont plus proches de la coqueluche que d’une rhinite. Bear Stearns est sauvée in extremis de la faillite, d’abord par de l’argent frais fourni par la Fed, puis reprise par JP Morgan après une forte décote de son cours. En septembre, c’est au tour de Merrill Lynch d’être rachetée par Bank of America. Lehman Brothers n’aura pas cette chance et fera plonger avec elle le reste des marchés financiers. Lehman Brothers doit alors servir d’exemple pour le reste des banques d’affaires : l’État ne viendra pas vous sauver.

Ce message sera balayé d’un revers de main lorsque l’État fédéral viendra en aide à AIG qui avait pris des positions délirantes sur les crédits subprimes. Mais la quintessence de ce soutien de l’État américain aux banques d’investissement fut le Troubled Assets Relief Program : un programme de rachat d’actifs toxiques (pour ne pas dire pourris) par l’État américain pour rassurer les investisseurs quant à la solidité des banques américaines. Pour info, le montant initial de ces rachats devait atteindre 700 milliards de dollars et a finalement été réduit à 475 milliards.

La raison invoquée par le département du Trésor était que si ces banques faisaient faillite, plus personne ne croirait à la solidité des banques en général. Les déposants voudraient alors à tout prix retirer leur argent. Comme nous l’avons vu précédemment, une banque n’a que 10 % de l’argent que vous lui avez confié, elle serait donc incapable de répondre à cette demande. Toutes les banques feraient alors faillite, entraînant une récession mondiale.

Ces banques too big to fail doivent donc être sauvées à n’importe quel prix. Même si elles prennent des risques inconsidérés, peu importe, de toute façon, l’État (le contribuable) sera obligé de venir à leur rescousse. Les banques ne sont donc pas responsables des risques qu’elles prennent.

Si vous avez suivi cet article jusqu’ici vous avez compris d’où vient en premier lieu la crise de 2008 : l’absence de responsabilité. Les banques se disent qu’elles seront toujours sauvées, les agences de notation qu’elles auront toujours des clients, les agents bancaires qu’ils ne garderont pas les emprunts subprimes dans leur bilan et que Fannie Mae et Freddie Mac les rachèteront.

La question est donc de savoir d’où provient cette absence de responsabilité ? Elle provient du trouble-jeu de la Fed et de l’État américain. En souhaitant encourager à tout prix l’accession à la propriété des plus modestes, l’État américain a engagé une politique d’argent pas cher qui a drogué l’économie mondiale à l’endettement. En rachetant les crédits subprimes via les FM, il a dégagé les agents bancaires de leurs responsabilités vis-à-vis des crédits qu’ils accordaient à des ménages qu’ils savaient insolvables. En sauvant les banques de la faillite, il a empêché les actionnaires de faire face à leurs responsabilité en prenant leurs pertes.

Il serait donc réducteur de dire que les banquiers ont provoqué la crise de 2008. Si ceux-ci ont évidemment prêté à des ménages insolvables et joué au casino sur la valeur de SPV qu’ils étaient incapables de valoriser, ils ont bien été poussés au crime par l’État.

Les politiques monétaires accommodantes, qui font fonctionner la planche à billets à plein volume et proposent des taux bas créent toujours des bulles : argent facile –> accès au financement plus facile –> plus de concurrence pour acheter des actifs –> prix des actifs s’envolent. Or une bulle doit éclater et quand elle éclate, c’est toute l’économie qui en souffre.

Regardez maintenant les taux directeurs des banques centrales sur ces 8 dernières années et l’augmentation de la taille de leurs bilans. Comparez à ce qui a été fait au milieu des années 2000. Now you can freak out.

 

Sur le web

Voir les commentaires (29)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (29)
  • coquille : “Glass-Steagle Act” au lieu de Glass–Steagall Act
    ambiguïté : mieux vaut écrire “5000 milliard” plutôt que “5 trillions” qui peut aussi être compris comme “5 millions de milliards” .

  • Il y a pas mal d’erreurs factuelles significative dans cet article. Je pense que la conclusion est peut–être correcte mais la démo est à côté de la plaque.

    Déjà les GSEs n’ont quasiment jamais garanti de subprime puisque l’exécution était bien plus rentable en non-agencies. Elles ont donc acheté des obligs subprime, ce qui leur a pété à la figure, certes. Mais ça c’était parce que les agences de rating le permettaient en donnant du AAA à du papier pourave, pas parce que l’Etat les incitait à garantir du subprime.
    Ensuite, la part de non-RMBS dans les structurés était de peanuts donc l’argument sur les prêts étudiants etc n’a aucun effet. Si c’est pour dire que c’était compliqué, oui ça l’était, mais pas pour ça.
    Et dans tout ça les banques européennes ont été encore plus friandes de papier structuré le plus pourri que les banques US. Et c’est pas le Govt US qui leur disait d’en acheter non ?
    Ca serait pas plutôt l’arbitrage des contraintes de ratios capitalistiques (BAsel etc) qui les auraient poussées à faire ça? Acheter du caca avec AAA marqué dessus parce que ça rapporte 5bps de plus sans se soucier des risque… Et ces ratios, ce sont des contraintes règlementaires établies par un collège de banquiers et de hauts fonctionnaires. Pas vraiment du politique qui décider de sédentariser les pauvres en les rendant proprios.

  • S’il est réducteur de dire que les banques ont créé la crise de 2008, votre article ne démontre certainement pas leur irresponsabilité dans l’affaire loin s’en faut. Les banques font des profits déjà faramineux. Je me rappelle très bien que le groupe pour lequel je travaillais à l’époque a fêté en grandes pompes le premier Milliard de francs de bénéfice en 1999. Et que le premier Milliard d’EUROS (!!!!) a été fêté en 2005. Multiplier les profits par quasiment 7 en 6 ans, pas mal. La seule chose qui a guidé les banques dans l’affaire des subprimes, c’est l’avidité, pas le souci de conforter des résultats récurrents pour pérenniser l’entreprise.
    Les banques connaissaient parfaitement les risques finaux, pour preuve la mis en place des SPV qui ont permis de refiler la patate chaude aux copains et aux investisseurs, voire carrément prendre des positions “put” par les traders de certains établissements alors que leur front-office vendaient les SPV !!!!
    Les états sont évidemment responsables d’un environnement économique désastreux et de mesures qui pouvaient permettre n’importe quoi, sans même parler des liens consanguins entre l’administration fédérale et les membres des banques d’affaire. Ceci étant, ce n’est pas parce qu’un enfant PEUT faire des bêtises qu’il DOIT obligatoirement les faire ! Les banques canadiennes n’ont pas trempé dans ce genre de magouilles alors qu’elles ont été très fortement démarchées par leurs confrères nord-américains.
    Par ailleurs, aucun patron de banque n’a été inquiété et les big boss dont l’établissement était virtuellement en faillite venaient réclamer des fonds de l’état fédéral en jet privé…
    Je ne comprends pas bien votre entreprise de réhabilitation d’une bande de canailles sans foi ni loi qui représentent l’essence même du crony capitalism.

    • Crise des subprimes, un désastre engendré par l’état
      http://www.objectifliberte.fr/2008/08/subprimes.html

    • D’abord, faire des profits n’implique pas nécessairement une responsabilité dans l’apparition des causes ayant permis ces profits même si on peut concevoir des soupçons. Ensuite, les banques ne supportaient pas le risque puisque précisément des outils leurs permettait de refiler le bébé, le bain, le canard en plastique et la nourrice aux futurs anciens copains. Après, il reste effectivement la connivence entre l’administration et une partie de la sphère financière. Mais là, comme l’histoire de l’oeuf et de la poule, savoir qui corrompt qui est sans importance. Ce qui importe est de faire cesser la cause du scandale, et cette cause, c’est évidemment l’obésité de l’Etat et rien d’autre.

      • Que les états soient obèses et irresponsables, c’est une évidence. Mais la cause du scandale n’est pas l’obésité de l’état en l’espèce, elle est directement imputable aux décisions que les grands patrons de banque ont pris. Que ces décisions aient été favorisées ou pas par une autorité ou un superviseur quelconque, ce n’est pas le problème. Encore une fois, ce n’est pas parce que l’armoire est ouverte que vous pouvez piquer les pots de confiture, surtout si vous en avez déjà une pleine caisse !
        Comprenons nous bien, qu’une entreprise fasse du profit et à fortioti une banque, c’est parfaitement légitime et honorable. Que le profit soit fait par le mensonge, la magouille et qu’il n’y ait aucune responsabilité en cas de pépin, c’est carrément autre chose. Tous les grands patrons et toutes les agences de notations auraient dû être jugés pour escroquerie et abus de confiance, pour le moins. Et ceux ayant permis cela par la mise en place d’un environnement législatif et réglementaire adéquat également.
        Monsieur ROZAN avait été très clair lors d’un entretien sur thinkerview, pour lui les problèmes avaient sérieusement commencés quand les revenus des membres de sociétés de courtages ou de banques d’investissement avaient été totalement décorrélés de la responsabilité financière et pénale qui pesaient sur la tête de leurs patrons. Des perspectives de gain énorme et aucune responsabilité en cas de problème ? What else ?

        • Le plus triste, c’est que comme vous le soulignez, ils auraient eu tord de se priver d’en profiter !
          Et l’histoire leur a finalement donné raison, pour notre plus grand malheur : ils se sont fait un max de thunes de façon totalement irresponsables, et ça ne leur a presque rien couté au final.

    • L’article de Les crises est intéressant, mais il est aussi très, très idéologique. Privatisation des pertes des banques en faillites (bail-in, pourquoi pas) mais uniquement payé par les gros investisseur (pourquoi ce parti pris ?) puis nationalisation !
      Le reste est à l’avenant.
      L’article condamné à priori les banques et le système financier européen, met une bonne partie de la responsabilité sur le dos de la monnaie unique, et omet juste un peu de rappeler la surprenante économie cachée de la Grèce ainsi que sa fiscalité pourquoi le moins exotique.
      L’article d’Eddie Willers est peut-être critiquable sur des aspects techniques, mais il ne me semble pas aussi politiquement orienté “rouge” que celui de Les Crises…

  • L’action du gouvernement a tordu la notion de résponsabilité. L’aviditié, aussi bien des banquiers que des petites gens voulant s’offrir plus que de raison, a fait le reste.

  • Article lumineux à quelques détails près soulignés par les autres commentaires. Je veux connaître votre identité, Mr Eddie Willers. On déjeunera ensemble, vous êtes mon invité.
    Envoyez un email à la rédaction, elle transmettra, je pense.

  • Les banques pas responsables ? C’est quand même la JP Morgan qui a vendu des milliards de dollars de CDS à toute la place, dont AIG, dont vous parlez du sauvetage par l’état (= nationalisation avec l’argent des contribuables). Voir le livre de Pierre Jovanovic sur ce sujet : “Blythe Masters : La banquière de la JP Morgan à l’origine de la crise mondiale”. Il y a aussi l’excellent film “Margin Call”, avec Kevin Spacey, qui décrit très bien cette période…

    • Le film Margin Call explique au contraire, mais sans s’y attarder longuement il est vrai, que les banques sont couvertes par les autorités et que personne ne viendra leur demander de prendre leur responsabilité.
      Les banques sont complices, mais pas responsables.

      • Complices mais pas responsables, responsable mais non coupable: le politicien veut calmer la grogne et assurer sa réélection, le banquier veut sa promotion et l’augmentation qui va avec , et le citoyen lambda veut son crédit pour sa nouvelle caisse ou nouvelle baraque: en effet dans ce système la tout le monde est complice mais personne est coupable: quel politicien aurait gérer les émeutes de centaines de milliers ou millions d’américains sur le plan du logement en n’accordant pas une politique de crédit très bon marché?

        Que ce passe t’il quand l’offre de crédit excède la demande solvable n’est pas ça qui amènera tout politicien à opter pour le créditisme?

        la clientèle solvable n’est pas infini, une fois que vous avez accorder des prêts à ceux qui peuvent rembourser vous avez deux solution:

        tu t’arrêtes mais ça veut dire in fine une limite des profits?
        Ou tu continue et tant que ça passe ça passe le jours où ça casse ça casse: si t’es malin tu te retire avant sinon tu n’as que tes yeux pour pleurer.

        Alors que l’intérêt d’un politique d’un homme d’affaire et d’un citoyen sont rarement convergents l’avant 2008 est une exception à la règle: tout le monde avait intérêt à continuer tant que ça marchait.

        C’était sans doute la dernière illusion avant la réalité de notre époque: stagnation de la croissance en Occident au profit des pays émergents ; personne ne l’accepte,alors que c’est pourtant inéluctable.

        Ca serait intéressant de connaitre la part des emplois non qualifiés dans la reprise économique des pays de l’OCDE post 2008 et il ne s’agit pas de les dévaloriser un emploi non qualifiés sera toujours mieux qu’être sans activité par ailleurs je connaît très bien le monde du travail temporaire.

        Cependant à long terme cela mérite de se poser quelques question non : les prochaines crises se résorberont telles par de la main d’oeuvre non qualifié ou peu onéreuse? N’est ce pas un aveu que l’Occident n’est plus capable de se à quoi il aspire?

        • La stagnation de la croissance est le résultat des politiques menées sur les 50 dernières années. L’augmentation du poids de l’état c’est comme couler du béton dans une horloge : ça grippe tout! Les états ont tentés de relancer la machine comme ils le font habituellement avec de la monnaie de singe mais créer de la monnaie n’a jamais enrichi personne ça créé juste des millionnaires opportunistes et des bulles qui font croire que de la richesse est créée (comme on l’a vu en 2000, en 2008 et comme on le verra encore bientôt…) mais c’est du bidon. Les seuls facteurs qui créé de la richesse c’est la liberté et l’innovation et dans nos sociétés de plus en plus corseté l’un et l’autre sont en voix de disparition car sévèrement combattu. les pays émergeant progresses parce que la liberté progresse chez eux après des siècles d’oppression nous parcourons simplement le chemin inverse. Comme dirait V il y en a qui sont plus responsables que d’autre et ce sont nos gouvernants qui ne vivent naturellement qu’en exploitant les peurs et les envies de pillage mais la faute en revient également aux individus qui donnent du crédit au discours des démagogues et des bonimenteurs.

    • Et les acheteurs de CDS, pas responsables ? Alors si JP ou GS ou ML ou.. achetaient de la protection sur des trucs pourris, y avait bien le crédit mutuel de pétaouchnok ou la Landesbank de spoutznie en face pour la vendre non ? Et eux ils sont pas responsables et sont pas supposés savoir quoi faire avec leurs fonds propres ?

      • Sans le boom artificiel ante 2008, on aurait parlé des USA comme de la Chine, la fin d’un rêve , le constat que des millions d’américain voir même des dizaines de millions d’américains sont insolvables pour une voiture ou une maison même en ayant un boulot etc… C’est ça la contradiction US: pas de salaire minimum, assure privé mais on prête à tout va pour booster artificiellement la croissance. Quelle président américain aurait eu le courage et la lucidité d’un telle constat au sortir de la guerre froide et de l’euphorie bienpensante suite à l’effondrement du bloc soviétique.

        Qu’est ce qui distingue les USA du reste du monde: une monnaie qui à le monopole des transactions et affaires internationales, une place stratégique de donneur d’autre à l’OMC, FMI, BM ce qui lui permet de faire ce qu’il veut.

        La vérité c’est que les USA sont le symbole du capitalisme de connivence depuis post 45 et ce système n’ a jamais été remis en question par personne tout simple parce que les modalité de fonctionnement et de règlement de ce système était la condition non négociable de leur participation à la gouvernance internationale.

        Un monde sans capitalisme de connivence c’est avant tout monde où le système américain tel qu’il existe et fonctionne depuis 45 n’existerai plus, malheureusement c’est mal parti avec Trump.

        Une diplomate US résume très bien la position des USA dans le monde: “Multilatéraux quand nous le pouvons, unilatéraux quand nous le devons”

        Appliquez ça à l’économie et vous comprendrez le bordel occasionné: à savoir que les pays émergents ont seulement réagit à la stratégie US et ceci dès les accord du GATT en 1947 et cela n’ a pas changé avec l’OMC avec les USA : le libre-échange c’est pour vous pas pour les autres.

        • Personne n’a remis en cause ce système parce que tout le monde le pratique AU MOINS de manière aussi intense sinon plus (particulièrement en France la petite URSS)

  • Il y a des idées ( l’encouragement de l’Etat auprès des acheteurs de maison dans un but de paix sociale ) mais tout n’est pas exact: En particulier dans la technique financière; Black & Scholes a permis des calculs de probabilité intelligents utilisés dans de nombreux domaines. Malheureusement le risque est fortement sous évalué par cette méthode (cygne noir, chute des fonds de taux LTCM en 1998); C’est ce mode d’évaluation du risque qui a permis la naissance des SPV special purpose vehicle de sorte que tous ont accepté les notations établies par les agences avec cette méthode de calcul. Il ne faut pas accuser ici les politiques (pour une fois ! ) mais le conformisme des économistes US, (les européens n’ont suivi qu’avec 30 ans de retard la révolution des marchés conditionnels rendus possibles par l’adoption du modèle Black & Scholes).

  • L’état pousse les banques au crime, et leur colle des amendes record pour leur responsabilité… Au final qui l’est vraiment ?
    Ca me fait penser à BMW qui a pris une amende en Australie pour avoir vendu des crédits à des personnes qui ne pouvaient pas rembourser : au lieu de punir les méchantes entreprises, il faudrait surtout responsabiliser les acheteurs qui vivent au dessus de leurs moyens.

    • Tout dépend de l’effort comm/marketing des sociétés pour faire croire au gens qu’ils le peuvent.
      et dans le cadre des subprimes aux us, il y a eu des armées des commerciaux qui ont démarchés les familles, avec tout un tas de documents officiels, courbes, analyses, expertises et validation des sociétés de notation pour dire que : “tout le monde gagne, c’est l’ecole des fans”.
      Des personnes dans le besoins finissent par y croire : pourquoi pas nous ?

      c’est tres facile de voir ça de loin. mais la bas ça fonctionne qu’au credit. si tu veux pouvoir acheter qq chose, il faut que tu aies validé ta capcité de remboursement, donc que tu as deja souscrit des credits. Ils ne regarde pas combien tu gagnes, uniquement ton historique de remboursement et de defaut de crédit. donc tout le monde achete à crédit, vu que c’est comme cela que tu peux acheter

  • +1 Cavaignac.
    En ce sens l’article est à coté de la plaque, parce que le problème est plus profond
    Il y a toujours eu des hommes d’affaires honnêtes et des malhonnêtes. Mais c’est l’État moderne qui a confié les clefs du camion économiques aux seconds en
    * organisant une impunité de facto par une justice
    -> Trop lente (surtout si vous avez les moyens de vous payer les bons avocats). Elle a toujours été très lente, mais maintenant il lui faut 10 ans pour commencer à travailler (Cf. la Deutsch Bank qui fait les gros titres seulement maintenant pour ses fautes d’il y a un décennie). Les coupables ont de temps de profiter de leurs crimes, voire de mourir et laisser leur patrimoine à leurs héritiers (, avant se faire rattraper par la patrouille.
    -> inadéquate. la DB va s’en tirer avec une amende qui sera payée par des innocents, quelques coupables seront sacrifiés et recyclés ailleurs, aucun n’ira en prison
    * imposant des normes toujours plus drastiques et couteuses, qui empêchent la naissance de petits concurrents aux grands groupes installés, créant des entreprises TBTF
    * prenant en charge l’aléa moral, de sorte que le jeu des TBTF se transforme en : face je gagne (gros), pile tu perds (encore plus gros). Ce qui renforce encore l’avantage des TBTF face à leur concurrents : ils peuvent prendre plus de risques et donc gagner plus, sans en subir les conséquences

    Et c’est vrai pas seulement dans la banque, hélas

  • L’etat a fait plus que donner des stimuli. Il a forcé les banques a preter aux pauvres, pour se faire élire.

    Wiki :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Community_Reinvestment_Act

    Le CRA a pour but de contrer le refus des banques de prêter aux personnes habitant dans certains quartiers d’une ville. Selon William Julius Wilson, ces quartiers devenaient rapidement des ghettos dangereux à cause du manque d’investissement1.

    L’idée que ce dispositif législatif est en partie responsable de la crise financière de 2008 via la crise des subprimes est défendue par des économistes libéraux ou libertariens. Ils considèrent qu’il a obligé les banques à prêter à des ménages qui risquaient de devenir insolvables.

  • Le but du papier n’est pas de dire les banques sont les victimes dans la crise des subprimes, mais les banques ne sont pas les seuls responsables de celle-ci.

  • Ce serait vrai si les banques indépendantes n’avaient effectivement pas fourni de prets subprimes (vu qu’elles n’avaient aucun compte à rendre à l’etat). Mais elles ont arrosé de subprime comme toutes les autres.

    Donc elles se sont gorgées à coup de primes pendant quelques années, avant d’accuser les autres.

    Mais pas besoin d’etat pour faire une chaine de Ponzi

  • Quel est le rôle de l’Hypothese de l’Efficience des Marchés dans cette crise ? Indépendamment des manœuvres éventuellement frauduleuses des uns et des autres, le problème est-il ideologique ? Je pense forcément au desarroi de Greenspan.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Il ne s'agissait pas d'un « esprit animal », comme l'affirment de nombreux keynésiens.

Article original publié sur la Foundation for Economic Education. 

Le 5 août était censé être un « lundi noir ». Les marchés boursiers du monde entier ont subi des baisses bien plus importantes que la normale. L'indice VIX, qui mesure la volatilité des marchés financiers, a atteint un niveau inégalé depuis mars 2020.

Les turbulences financières suscitent toujours des critiques à l'égard de la spéculation. John Maynard Keynes (1883-1946)... Poursuivre la lecture

Par Sylvain Fontan.

[caption id="attachment_127195" align="alignleft" width="235"] Milton Friedman (Crédits : The Friedman Foundation for Educational Choice, licence Creative Commons)[/caption]

L'interview qui suit est donnée par Milton Friedman, économiste libéral, prix Nobel d'économie 1976 et chef de file de l'École monétariste. L'entretien date de 2003, il est dirigé par l'économiste français Henri Lepage.

Depuis cette interview, Milton Friedman est décédé. Âgé alors de plus de 90 ans, lors de cet échange il dresse so... Poursuivre la lecture

Charles-Henri Colombier est directeur de la conjoncture du centre de Recherche pour l’Expansion de l’Économie et le Développement des Entreprises (Rexecode). Notre entretien balaye les grandes actualités macro-économiques de la rentrée 2024 : rivalités économiques entre la Chine et les États-Unis, impact réel des sanctions russes, signification de la chute du PMI manufacturier en France, divergences des politiques de la FED et de la BCE...

 

Écarts économiques Chine/États-Unis

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles