Par Jean-Baptiste Boone.
Un article de l’Iref-Europe
Plusieurs grandes sociétés françaises commencent leur histoire il y a plusieurs siècles déjà . La plus vieille, Saint Gobain, est même apparue sous Louis XIV, en 1665. De ce fait, le CAC 40 regroupe de vieilles entreprises.
Mais il est frappant de voir qu’il n’en héberge aucune de vraiment jeune, comme si la création entrepreneuriale avait cessé depuis des dizaines et des dizaines d’années. Car s’il n’est pas le plus « vieil » indice (il s’agit du Footsie, de la bourse londonienne), il est celui dont la plus jeune société a déjà 44 ans, contre moins de 33 ans, au pire, dans les autres indices comparés. Encore s’agit-il de Sanofi, qui provient du détachement d’activités d’Elf en 1973. Il faut remonter à 1967 pour voir une vraie création, celle de Cap Gemini.
Les quatre autres indices de notre étude ont vu des sociétés plus récentes intégrer leur rang. En fait, le CAC 40 ne compte aucune société qui serait née après lui. Cette situation témoigne de la difficulté des entreprises françaises à atteindre une taille majeure.
Un indice paradoxalement très industriel
L’État a considérablement et largement pesé sur les choix des entreprises françaises, industrielles particulièrement. Le résultat en est visible dans la composition du CAC 40. En effet, si on la compare avec celle des autres indices phare des bourses mondiales, on remarque que c’est en France que la part d’entreprises industrielles est la plus forte, devant même l’Allemagne.
On compte une moitié d’entreprises industrielles sur les 40. C’est trompeur puisque cela ne reflète pas la part réelle de l’industrie dans la production nationale (12,41% en 2016).
Le goût des politiques de cartellisation a incité à des regroupements toujours plus importants des entreprises du secteur, souvent pilotés par les services de l’État. Résultat, la France est réputée pour avoir un réseau de moyennes entreprises assez peu étoffé à l’inverse de l’Allemagne. Cette attention particulière de l’État n’a cependant pas empêché de précipiter nombre de fleurons publics loin des sommets du CAC, tels Thomson, Alstom ou EDF.
À l’inverse, l’interventionnisme n’a pas favorisé l’émergence de nouvelles entreprises dans le paysage français. Le secteur des technologies de l’information et de la communication est faiblement représenté avec seulement cinq entreprises tandis qu’on ne trouve qu’une seule entreprise du secteur informatique, à savoir ATOS.
Libérer l’entreprise pour prospérer
De par sa longue histoire, la France est partie avec de l’avance dans la compétition économique mondiale. Elle a toujours été au-dessus de la moyenne du PIB par tête des pays de l’OCDE mais ce n’est plus le cas depuis 2015. Nous vivons de nos constructions passées mais sommes incapables d’en créer de nouvelles. En ce sens, nous courons un péril économique important.
Les plans étatiques successifs et nombreux prétendant anticiper les vagues d’économie nouvelle (dont le plus fameux, le plan calcul) ont été des échecs et il ne pouvait en être autrement. Il n’y a que des essais multiples et d’origines diverses qui peuvent porter des fruits. Aux États-Unis, où est née et a prospéré la révolution internet, AOL ou Myspace sont mortes devant Google et Facebook.
Apple a survécu et Microsoft aussi, mais jamais l’État n’a prétendu les guider ou les restructurer. Il est probable que son aide auprès des premières entreprises du secteur aurait empêché la création des nouvelles. C’est ce phénomène de renouvellement naturel que nous refusons d’admettre en France. Il ne s’agit pas tant d’aider des entreprises déclinantes que de favoriser la création de nouvelles entreprises. Il s’agit moins de préserver que d’entreprendre.
L’économie française a besoin de créativité et de liberté plutôt que de soutien étatique. À cet égard, la réponse américaine reste un modèle au travers des réformes fiscales et des mesures de dérèglementation votées ces dernières semaines.
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- Selon une convention internationale fixée par l’OCDE, on qualifie de secteurs des technologies de l’information et de la communication (TIC) les secteurs suivants : > secteurs producteurs de TIC (fabrication d’ordinateurs et de matériel informatique, de TV, radios, téléphone, etc.) ; > secteurs distributeurs de TIC (commerce de gros de matériel informatique, etc.) ; > secteurs des services de TIC (télécommunications, services informatiques, services audiovisuels, etc.). ↩
Une entreprise française récemment créée ne peut échapper, ni ses dirigeants-propriétaires, à la confiscation de sa croissance par l’Etat. Tout ce qui ailleurs serait réinvesti part à satisfaire le fisc. D’autre part, les actionnaires français hors institutionnels sont inexistants, le CAC est largement propriété d’étrangers mais les sociétés restent en France (et encore !) pour des raisons historiques, les autres si ça va bien ont tout intérêt à s’expatrier là où les financements en bourse seront plus faciles à obtenir, et où les propriétaires profiteront des fruits de leur clairvoyance et de leur industrie.
Exact, toutes les start-up vont aux USA car elles peuvent y trouver des fonds. Mais nos imbéciles dirigeants continuent leur sabotage de l’avenir du pays.
Pourriez-vous arrêter de dire que l’état français fait du tort aux entreprises ? Ce sont les français qui ont fait que l’on en arrive là …
Parce que c’est l’état qui rackette les entreprises et les citoyens!
Si les Français avaient plus conscience du mal que fait leur Etat, ils pourraient en élire de moins nocifs à sa tête. Mais si vous dites que ce sont eux-mêmes les responsables, quand bien même ce serait en partie justifié, vous n’avez aucune chance de changer les choses.
Merci de cet article original, et hélas très éclairant…
Original ?
Le sujet de la vieillesse des entreprises du CAC40 est un des plus fameux maroniers de la presse economique, avec toujours la meme comparaison avec les EU, et toujours le meme exemple avec Saint Gobain.
Il y a bien des petites boites comme eurofins dont le cours a progressé – à la louche – 1100% en moins de 10ans ou orpea etc….. , ces 2 là s’ intégreront peut etre un jour au c 40
bon je ne suis pas fan de iref apparemment mais je gère correct mes finances félicitation mr
MORILLE Alain