Électricité : la chute de l’équilibriste va-t-elle entraîner celle de la France ?

À quoi joue « l’équilibriste » RTE-DGEC dont la chute entraînerait celle de l’activité économique de la France ?

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Électricité : la chute de l’équilibriste va-t-elle entraîner celle de la France ?

Publié le 21 novembre 2020
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Par Michel Gay et Jean Fluchère.

La production d’électricité doit toujours être égale à la consommation instantanée. Il suffit d’un déséquilibre de quelques secondes non compensé par le gestionnaire du système électrique, « l’équilibriste », pour que tout le système électrique s’effondre, tel un château de cartes.

Qui est « l’équilibriste » ?

Depuis la loi de février 2000, la responsabilité de la prévision de l’équilibre du système électrique français relève du Ministère de la transition écologique et solidaire, via la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) qui, elle-même, s’appuie sur les données prévisionnelles du gestionnaire du Réseau de transport de l’électricité (RTE) sans rien en changer.

Donc, la responsabilité de l’équilibre électrique en France incombe aujourd’hui en totalité au binôme RTE-DGEC via le Centre National d’exploitation du système électrique (CNES) qui est l’équilibriste en temps réel, et non à EDF.

Si couper l’alimentation des sites industriels rémunérés (gain jusqu’à 1 500 MW), ou baisser la tension (gain jusqu’à 4 000 MW) et déclencher des coupures localisées et tournantes, comme le propose la Ministre de l’écologie Barbara Pompili et comme l’Allemagne a dû le faire en juin 2019, ne suffisaient pas, alors il se produirait instantanément un « black-out » national, et peut-être même, par effet domino, un effondrement européen.

Toute la vie de la France s’arrêterait car tout dépend aujourd’hui de commandes électriques.

La dernière chute de l’équilibriste ayant entrainé un black-out en France a eu lieu le 19 décembre 1978. La remise en route de l’alimentation électrique (« black-start ») a duré une journée complète. Aujourd’hui, un « black-start » en France prendrait plus d’une journée et les conséquences seraient immenses et désastreuses.

Pour madame Pompili, qui représente le gouvernement, ce serait la faute de notre « dépendance au nucléaire » ou, bien évidemment, « la faute à la Covid-19 » qui a bon dos pour expliquer toutes les erreurs commises dans le passé et pour justifier par avance les mauvais choix des investissements en cours dans le domaine de la production d’électricité dans le Plan de relance.

Cette mauvaise foi sans fin du gouvernement au sujet des possibles black-out devient écœurante.

Faire des prévisions…

Le binôme RTE-DGEC établit des projections de la consommation électrique sur plusieurs années afin de recommander au gouvernement de lancer les nouveaux moyens nécessaires pour assurer une production équilibrée.

L’entreprise EDF étant dorénavant un producteur parmi d’autres n’a plus de responsabilité dans ce domaine.

Toutefois, RTE ne peut faire des prévisions qu’avec les moyens dont la production est… prévisible, c’est-à-dire pilotable et disponible au moment voulu, comme les centrales thermiques (nucléaire et à flammes) et, pour une partie seulement, hydrauliques

Les outils de production éoliens et photovoltaïques dépendants du vent et du soleil ne doivent pas être pris en compte en raison de leur imprévisibilité. Sauf, bien sûr, pour le solaire photovoltaïque qui, avec certitude, ne produit rien la nuit ni lors des pointes de consommation hivernales qui ont lieu entre 18 heures et 20 heures…

L’Allemagne estime que seulement 1 % de la puissance éolienne installée est… prévisible et sûr le soir lors de la pointe de consommation. Et les relevés de ces dernières années en hiver lui donnent raison !

Toutefois, en France, au motif que pendant 90 % du temps, la puissance éolienne en France est au moins égale à 10 %, RTE retient dans ses prévisions une puissance de… 10 % minimum ! Soit 10 fois plus…

Cette surprenante « niaiserie statistique » ignore les creux de production éolien à moins de 1 % de la puissance installée en France et se produisant notamment lors des périodes anticycloniques qui sont des périodes froides, donc de fortes consommations.

Une injonction de sureté non respectée ?

 En outre, les autorités responsables de la sureté interdisent d’invoquer un défaut générique sur plusieurs réacteurs du parc pour justifier un fonctionnement dégradé de la sûreté nucléaire afin maintenir l’équilibre production-consommation.

Pour garder des marges de manœuvre, il faut donc conserver des capacités de production en réserve pour pallier en toute sécurité des déficiences techniques.

Or, cette année, l’incident générique se nomme « Covid-19 » qui, en raison des contraintes sanitaires liées à la protection des salariés, a allongé les durées de révision du parc nucléaire.

Malgré des efforts remarquables, EDF a atteint 45 GW de puissance nucléaire au 15 novembre 2020 et atteindra probablement 50 GW début décembre 2020, sur les 61 GW de puissance nucléaire installée.

RTE semble n’avoir jamais tenu compte de cette injonction de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) et de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans ses bilans prévisionnels.

Et la DGEC, dont c’est aussi le rôle, n’a jamais relevé ce point fondamental alors qu’elle entérine les bilans prévisionnels proposés par RTE.

De plus, depuis 5 ans RTE surestime la disponibilité du parc de production et sous-estime la consommation. Ses bilans prévisionnels s’appuient sur les données fournis par l’ADEME reprenant elle-même celles de l’association antinucléaire Négawatt.

Résultat : les bilans prévisionnels de RTE (confirmés par la DGEC) font apparaître des excédents de moyens de production et EDF a donc proposé d’arrêter définitivement les centrales thermiques qui devenaient inutiles.

RTE n’a pas demandé à la DGEC de conserver en secours une plus grande partie du parc thermique à flammes (quitte à la mettre dans les réserves de capacité), ni de reporter la décision d’arrêt de Fessenheim.

La pointe de consommation en France a atteint 102 GW en février 2012. RTE a pu faire face alors avec un parc thermique pilotable (nucléaire et à flammes) plus important de 12 GW à celui d’aujourd’hui, et une disponibilité de 100 % du parc électronucléaire. Pourtant, plus de 7 GW ont dû être importés d’Allemagne.

Ça passe ou ça casse…

Pour éviter le black-out généralisé, RTE peut importer jusqu’à 14 GW… à condition que les pays voisins puissent fournir l’électricité manquante.

En effet :

1) selon le bilan prévisionnel de l’Allemagne pour l’hiver 2020 / 2021, la réserve pour l´exportation éventuelle vers la France lors de la pointe de consommation en Allemagne sera de seulement 2,6 GW en janvier 2021 dans l´hypothèse d´une simultanéité d’événements.

A partir de 2022, après l´arrêt de 4 GW de nucléaire et de 6 GW de charbon prévus en 2021, les marges restantes seront même négatives… L´Allemagne devra elle aussi intégrer l’importation d’autres pays (dont la France…) pour garantir l´équilibre offre-demande d’électricité.

Il reste à espérer que RTE connait ce bilan prévisionnel allemand, et que la pointe de consommation en France ne tombera pas au même moment qu’en Allemagne qui dépense pourtant chaque année des dizaines de milliards d’euros pour subventionner ses énergies renouvelables intermittentes.

De part et d’autre du Rhin, les mêmes grosses ficelles tentent de masquer les sommes gigantesques ponctionnées sur le dos des citoyens. La France a plafonné la CSPE et l’Allemagne son équivalent « EEG-Umlage », mais chacun a rajouté des ponctions sur une ligne budgétaire de l’Etat. Pour la France, il s’agit du programme 345 « Service public de l’énergie »

2) L’Italie, l’Angleterre et la Suisse sont structurellement déficitaires en hiver, tandis que la Belgique  équilibre à peine sa consommation avec les arrêts actuels des centrales nucléaires Doel 1 et 2.

Restent les interconnexions avec l’Espagne et l’Allemagne qui permettraient d’importer 5 GW.

Il faudrait donc procéder à des délestages au-dessus des possibilités de délestages des industriels qui sont au maximum de 2 GW.

De plus, et pour les connaisseurs, certaines interconnexions en courant continu (avec les Anglais par exemple) ne participent pas à la synchronisation en fréquence du réseau Européen (UCTE).

L’équilibriste sur la corde raide sans marge !

Alors que la puissance appelée n’était pourtant que de 88 GW en janvier 2020, et malgré le délestage de grands clients, RTE avait alors signalé que sa marge n’était plus que de 1 GW (soit un seul réacteur nucléaire).

Il n’y a donc plus aucune marge en puissance mobilisable.

RTE confirme que : « l’hiver 2020-2021 reste placé sous vigilance particulière, principalement à cause de la crise sanitaire. (…) En cas de vague de froid, principalement en janvier et, surtout en février, des difficultés pourraient survenir ». 

 Et ces « difficultés » (quel euphémisme !) surviendraient un jour d’activité en semaine et couterait donc environ 10 milliards d’euros !

L’électricité est devenue le système sanguin d’une économie moderne. C’est un bien commun vital. Sans elle, même pendant quelques secondes, ou avec des productions erratiques, ce serait le chaos en France.

L’argument facile de la Covid-19 est bien commode pour justifier toutes les « bêtises » d’hier, d’aujourd’hui et de demain…

Transition énergétique, que de crimes le gouvernement commet en ton nom !

A quoi joue « l’équilibriste » RTE-DGEC dont la chute entraînerait celle de l’activité économique de la France ?

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  • Acheter un groupe électrogène avant qu’ils n’augmentent.
    Acheter des bougies
    Acheter un camping gaz

  • Cette possible catastrophe aurait logiquement le mérite de discréditer les Verts qui sont tout de même les inspirateurs de cet absurde déséquipement.
    Mais les électeurs français sont-ils logiques?

    • oh que non, aux yeux des verts ce serait la société surconsommatrice qui serait le coupable… ça « prouverait » la nécessité de négawatt..

      • « La production d’électricité doit toujours être égale à la consommation instantanée », d’où lorsqu’il y a trop d’électricité produite peut-être qu’en profiter pour obtenir de l’hydrogène (accessoirement de l’oxygène) ne serait pas inutile ?

    • La « possible catastrophe » se serai des titres dans les journaux, des usines à l’arrêt, des campagnes privées d’électricité pour cause de délestage, bref pas de quoi inquiéter le bobo-écolo…

  • Au point où nous en sommes arrivés, un blackout pourrait même peut-être se révéler salutaire en faisant enfin comprendre aux citoyens que l’écologisme tue, ce qui n’est pas le cas du nucléaire…

  • Article très intéressant.
    La solution consistant à baisser la tension d’alimentation est certainement très délicate, compte-tenu de la présence d’électronique dans la majorité des appareils y compris le chauffage.
    Voilà où nous mènent les délires des écolos et les concessions que sont prêts à leur faire les partis au pouvoir.
    Il y a aussi un manque évident de culture scientifique dans la classe politique. Je me souviens de Bruno Le Maire, alors ministre de l’agriculture, qui ne savait pas convertir un ha en m² ni reconnaitre un enjambeur.
    Et puis, il y a l’abrutissement systématique de la population avec des discours qui nous font croire que le danger, c’est le réchauffement.
    Quand on lit les chiffres de cet article concernant nos capacités comparées aux pics de consommation de 2012 et 2020, ça fait froid dans de dos.
    La question n’est pas de savoir s’il va y avoir un black-out mais de savoir à quel moment il aura lieu.

    • Le 31/12 à 23:59:50, si tous les ménages mettent le four électrique en marche plus quelques plaques électriques, plus quelques radiateurs poussés au maximum, on l’aura ce black-out.

    • plus beaucoup de polytechniciens et autres scientifiques/ingénieurs parmi les politiques, mais des profs, des médecins, des fonctionnaires administratifs… à la pelle !

  • dans la rubrique, on vous l’avait bien dit…

  • A ce nivea, il ne s’agit pas d’incompétence ni d’amateurisme mais de sabotage. Même si les saboteurs restent dans l’ombre et qu’apparaissent seulement des individus comme Mme Pompili qui, le 27 février 2020, ne voyait pas comment la fermeture de Fessenheim pouvait menacer l’équilibre de notre système électrique.

    • oh que si mais pas de l’incompetence, ce qui ne veut rien dire quand on ne place précise pas au sur quoi, de la politique à courte vue et purement électoraliste…et causée , à l’origine, par des absurdités gobées par ne majeure partie du pays..

      soyons clair, quand on vous a convaincu que la société dans laquelle vous vivez est une société de « sur »consommation ….ça a des conséquences..

      un président a pu fixer comme objectif la consommation energetique de ce pays.. et ensuite quoi ? la consommation de crevettes en 2030? le nombre de rapports sexuels autorisés?

      et vous trouverez pléthore de commentaires sur contrepoints de gens qui approuvent des mesures liberticides quand elles touchent les autres ou des trucs qui ne leur plaisent pas.. 5G, suv , produits chinois, amazon..ou autre..

  • Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, et DGEC, « Direction générale de l’Energie te du climat », C’est deux dénominations sont stupides et ne veulent rien dire.
    Les actions du gouvernement et nos choix énergétiques sont sans aucun rapport avec le climat, le temps qu’il fera sur la France en février 2021,. Si il doit y avoir une influence ce qui n’est pas prouvé de manière absolue, car nos décisions ne peuvent régenter l’activité solaire, pour ne prendre qu’n seul exemple. Et si la baisse de nos émissions de CO2 franco française devait avoir une influence sur le climat d’ici 30 ans, des milliards d’Habitants de plus en Afrique et ailleurs, effacerons tout ça.
    Par contre le besoin en Kilowatts dans trois mois on le connait assez précisément.
    L’urgence absolue et de rebaptiser nos ministères et administrations, (quelques heures), et de virer de tous les services les idéologues « solidaires ».

  • en cas de coupure prolongée et de grand froid la solution serait de se calfeutrer dans sa voiture avec le chauffage .. ah oui mais zut avec de véhicules électriques ça ne marchera pas non plus absurdité supplémentaire dans ce foutoir écolo

  • Conclusion: garder vos véhicules à moteurs thermiques et mettez une dizaine de bidons de 20l dans votre garage.
    Au moins, vous pourrez vous mettre au chaud pendant une heure ou deux avant de retourner dans votre glacière…..
    Finalement, de quelque côté qu’on se troune, on ne trouve que des arriérés mentaux, des incompétents notoires, des saboteurs, qui font tout ce qu’ils peuvent pour foutre en l’air ce qui pourrait être un beau pays.

  • un vrai black out fera des morts… cela m’étonnerait que personne ne porte plainte…

    • au moment de regler les comptes il faudra resortir les enregistrements des discours des ecolos.Les paroles ne s’ envolent plus……..

  • … et ce « gouvernement » veut promouvoir la voiture électrique !!!
    Il y a quand même une limite au -excusez-moi – foutage de gueule

  • Ajoutez à cela l’abandon de l’ejp (Ces offres d’effacement ne sont plus disponibles et pour ceux qui les ont, les tarifs sont devenus ininteressants au point qu’il est préferable d’abandonner ces offres).
    On dirait que tout est fait pour nous envoyer dans le mur…

  • «  » » » » » »Électricité : la chute de l’équilibriste va-t-elle entraîner celle de la France ? » » » » » »
    Pourquoi le futur dans ce titre ? Et comment promouvoir la voiture électrique alors qu’on ne pourra plus chauffer nos appartements ?
    Au fait Pompili nous prévoit des coupures en février ; en janvier on sera tranquille ; elle est météorologue ou énergologue ?

  • Les commentaires sont fermés.

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