Réinventer la liberté d’expression : le paradoxe du chatblanc et l’appel à l’action citoyenne contre les deep fakes

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Réinventer la liberté d’expression : le paradoxe du chatblanc et l’appel à l’action citoyenne contre les deep fakes

Publié le 22 juin 2024
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Il faut sauver la liberté d’expression, comme nous l’avions évoqué, face à la prolifération des deepfakes en évoquant, avec le Dr Sylvie Blanco, Professor Senior Technology Innovation Management à Grenoble École de Management (GEM)  « le paradoxe du ChatBlanc » (cf. « Autopiégés par les deepfakes : où sont les bugs ? » Contrepoints, 11 février 2024 ) pris de vitesse, nous voilà mis devant ce terrible paradoxe : « réclamer en tant que citoyens la censure temporelle des hypertrucages pour préserver la liberté de penser et la liberté d’expression ».

Une contribution de Dr Sylvie Blanco, Professor Senior Technology Innovation Management à Grenoble Ecole de Management (GEM) & Yannick Chatelain, Professeur Associé Digital / IT, GEMinsight Content Manager, Grenoble Ecole de Management.

Le changement de culture à grande échelle ne peut que venir d’une exigence citoyenne massive. Empêcher quelques bigs techs de continuer à générer et exploiter les vulnérabilités de nos sociétés est plus que légitime. Le faire sans demi-mesure est impératif : interdire des outils numériques tout comme on peut interdire des médicaments, des produits alimentaires ou d’entretien. Ne faut-il pas redonner du poids aux citoyens dans la diffusion de ces technologies et reprendre ainsi un coup d’avance, pour que la liberté d’expression ne devienne pas responsable de sa propre destruction ? Ce mouvement, le paradoxe du ChatBlanc, pourrait obliger les big techs à (re)prendre le temps d’un développement technologique approprié, avec ses bacs à sable, voire des plateformes dédiées pour les créations avec IA. Les citoyens les plus éclairés pourraient avoir un rôle d’alerte connu, reconnu et effectif pour décrédibiliser ceux qui perdent la maîtrise de leurs outils. Au final, avec ce partitionnement, c’est peut-être la sauvegarde d’un Internet libre qui se joue !

 

Des avantages et des défis

Partitionner le web en catégorisant les plateformes entre celles créées par des humains et celles créées avec l’aide de l’IA pourrait avoir plusieurs avantages et répondre à différentes préoccupations.

 

Avantages

  1. Transparence et responsabilité : en distinguant les plateformes créées par des humains de celles utilisant l’IA, les utilisateurs peuvent mieux comprendre comment les contenus sont générés et recommandés. Cela favorise la transparence et permet une meilleure responsabilité envers les décisions algorithmiques.
  2. Confiance et sécurité : certains utilisateurs peuvent se sentir plus en confiance en sachant qu’ils interagissent avec des contenus créés par des humains plutôt que générés par des algorithmes. Cela peut réduire les préoccupations concernant la manipulation ou la diffusion de désinformation.
  3. Diversité et créativité : en soutenant les plateformes créées par des humains, on encourage la diversité des voix, des idées et des contenus. Cela peut promouvoir la créativité et offrir aux utilisateurs une plus grande variété d’expériences en ligne.
  4. Protection de la vie privée : la catégorisation des plateformes en fonction de leur utilisation de l’IA peut également aider à identifier les services qui collectent et utilisent activement les données des utilisateurs pour personnaliser les contenus. Cela permet aux utilisateurs de prendre des décisions plus éclairées concernant la protection de leur vie privée en ligne.
  5. Innovation éthique : encourager le développement de plateformes axées sur des valeurs éthiques et une utilisation responsable de l’IA peut stimuler l’innovation dans ce domaine et promouvoir des pratiques plus éthiques et inclusives dans la conception de produits technologiques.

 

Les défis

Cependant, il convient de noter qu’une telle partition du web pourrait également présenter des défis, notamment en ce qui concerne :

  1. La définition claire des critères de classification et la mise en œuvre de mesures efficaces pour garantir la conformité.
  2. Il existe un risque de créer une ségrégation entre les contenus créés avec l’IA et les autres contenus sur les réseaux sociaux, ce qui limiterait la diversité des interactions en ligne.
  3. L’exigence de ressources supplémentaires pour développer et maintenir ces plateformes dédiées, ce qui entraînerait un coût financier et technique.
  4. Il demeure encore difficile de déterminer avec certitude si un contenu a été créé avec l’IA ou non, cela pourrait entraîner des erreurs de classification pour ces plateformes spécialisées. De plus, les utilisateurs peuvent faire face à une fragmentation de l’expérience en ligne, en ayant besoin de passer d’une plateforme à une autre pour différents contenus.

 

Pour ces raisons il est donc important d’adopter une approche réfléchie et équilibrée dans la gestion de la diversité des plateformes en ligne. La question, dès lors, de partitionner au moins les réseaux sociaux, ne mérite-t-elle pas d’être posée ?

À lire aussi : 

Le(s) darknet, pour qui ? Pour quoi ? Comment ?

Pour conclure

La question de proposer de partitionner le web en catégorisant les plateformes en termes d’humains ou d’IA estime qu’un tel changement pourrait avoir de nombreux avantages pour la transparence, la confiance, la diversité, la protection de la vie privée et la recherche éthique. Bien sûr, il existe également des défis majeurs associés à la définition de critères de classification claire, la gestion des ressources, qui sont particulièrement graves comptes tenus de la possibilité d’erreurs de classification, et le risque de fragmentation de l’expérience en ligne.

Cependant, il est essentiel de peser soigneusement ces aspects tout en reconnaissant que la question de la manière dont les technologies affectent notre expérience en ligne est extrêmement complexe et en perpétuelle évolution. Une approche équilibrée des avantages et des inconvénients mettant l’accent sur la protection des droits et des libertés fondamentaux de l’utilisateur est nécessaire. En fin de compte, la question de la façon de protéger la liberté d’expression et de maintenir l’existence d’un Internet ouvert exige un effort soutenu des citoyens, des entreprises et des gouvernements pour trouver des solutions responsables. L’un des problèmes les plus graves est de savoir comment maintenir un équilibre entre la régulation qui empêche les abus et garantit la diversité et la créativité en ligne.

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  • A partir du moment où on utilise un ordinateur, on utilise l’intelligence artificielle. Elle nous permet d’automatiser certaines tâches pour nous rendre plus disponibles pour d’autres. On pense le découvrir aujourd’hui à cause de la publicité faite autour de open AI et son langage conversationnel.
    D’autre part, je ne sais pas si l’humain est plus honnête dans ses propos qu’un ordinateur programmé par l’humain.

  • Qui donc définit ce qui est vrai de ce qui est faux? Lorsqu’on consulte les Fact checckers du journal Le Monde on constate qu’ils nient la réalité qu’ils rangent dans les fakes!

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