La crise en cours n’est pas seulement l’ennemie de la prospérité : elle est également le prédateur du libéralisme. Préparez-vous à souffrir comme rarement. Et à contre-attaquer comme jamais. Introduction à une série d’articles combatifs.
Par Pascal Avot.
Une phrase d’avenir.
« Tout le monde hait la finance, et c’est un euphémisme. » Ainsi commence un article en ligne du Nouvel Observateur sur les algorithmes boursiers, daté du mois dernier. Si vous le voulez bien, arrêtons-nous quelques instants sur cette phrase, afin de lui faire subir une fouille au corps. Enfilez vos gants.
Que signifie-t-elle ? Elle prétend que la formule « tout le monde hait la finance » n’est pas assez forte pour exprimer combien tout le monde hait la finance. Or, « tout le monde » et « hait » sont des absolus. Il n’existe pas de manière plus dense, massive et inaugmentable d’affirmer que tout le monde hait la finance : il n’y a pas là le moindre euphémisme. Nous sommes en présence d’une phrase piégée, qui ment sur elle-même, comme l’idéologie aime tant en produire : de l’authentique langue de bois orwellienne.
« C’est un euphémisme » a pour mission de barrer la route à la négociation. « Tout le monde » et « hait » ne sauraient être considérés comme des exagérations par le lecteur : ils lui sont présentés comme des atténuations. L’unanimité et la complétude de la haine sont acquises, impossibles à infirmer. Les gens qui aiment la finance ne passeront pas, car ils n’existent pas. Ils ne font pas partie de « tout le monde », ils n’appartiennent pas à la famille humaine. On a entendu parler d’eux, certes, mais on n’en a toujours pas vu. Quiconque aime la finance est un Yéti.
L’affaire ne s’arrête pas là . Abordons les zones profondes. En langue de bois, « la finance » signifie à la fois le profit, le marché, la mondialisation, les patrons, le capitalisme, l’argent, l’individualisme. L’idéologie est un kaléidoscope : « finance » est un de ses cristaux de verre colorés, un des noms du Système tout-puissant, cynique et comploteur, dont les boursiers sont les marionnettistes, les politiciens les valets, et les peuples les esclaves. Le Nouvel Ordre Mondial, temple anonyme et souterrain dont l’argent, le pouvoir et la théorie libérale sont les trois piliers.
Enfin, décodé selon la grille de lecture du matérialisme dialectique, « tout le monde hait la finance, et c’est un euphémisme » indique une explosion prochaine. Les tensions entre « tout le monde » et « la finance » sont arrivées à leur point d’ébullition, le crescendo est asymptotique, l’orgasme révolutionnaire approche. Il sera bientôt permis de mordre. C’est là le plus important. Cette phrase doit être lue telle un bulletin météorologique. Elle décrit une ambiance et prévoit son évolution. L’avant-dernière phrase du même article est : « L’humanité court à la catastrophe ». Nous avons le choix entre la révolution anti-boursière et l’apocalypse boursière. Dans le premier cas, il faudra bien que le sang coule à flots, puisque c’est la seule manière de stopper l’hémorragie d’argent.
Wishful thinking is for sissies
Non, la crise en cours ne va pas nous donner accès à l’anarchie rêvée par certains libéraux, car les peuples se croient déjà en situation d’anarchie et craignent par-dessus tout son aggravation. Non, l’effondrement de l’État sur lui-même ne va pas mener à une débureaucratisation, car les aides innombrables apportées aux démunis, aux entreprises en faillite, aux banques au bord du gouffre, à la presse anorexique et aux artistes squelettiques vont achever de les fonctionnariser, de les paralyser et, partant, de les neutraliser. Les réactions viendront des extrémistes. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon s’apprêtent à ramasser la mise. Ni la Grèce, ni l’Espagne, ni Chypre, ne sont sur le chemin de l’avenir radieux libertarien ; la France ne fera pas mieux. Faute d’exercer son pouvoir sur une réalité toujours plus déliquescente, la politique va se rabattre sur ce qu’elle fait le mieux : produire du mensonge et y inclure le monde, accueillir la souffrance dans les bras aimants du Faux, rassurer la foule en lui tendant un miroir déformant, où elle se découvre délicieusement justicière et vengeresse.
Faute de reprise de l’économie, et faute de disparition du Léviathan administratif, nous allons assister à une idéologisation massive : elle aura pour fonction de compenser la perte d’influence et de légitimité de l’État par un regain de son dogmatisme, de ses symboles, de ses slogans, de son élan, de son hivernale colère. Et le meilleur moyen de faire avancer le cyclope Langue de Bois consistera, comme toujours, à lui trouver un ennemi, une cible vivante, une proie : vous.
Allez-vous encaisser, esquiver ou contre-attaquer ?
N’oubliez pas de remercier Cahuzac !
– C’est quoi, au fond, cette crise ?
– Il n’y a plus d’argent.
– Mais il est passé où, l’argent ?
– …
Ce bref dialogue résume l’inquiétude de nos contemporains. Cette inquiétude est hautement logique et légitime : où l’argent de la prospérité est-il parti se cacher, et qui l’y a caché ? Ici, nous abordons un des phénomènes économiques les moins bien compris par l’opinion publique : la destruction de l’argent par les fonctionnaires, son anéantissement invisible et sans marche arrière possible, sa disparition magique.
Dans l’esprit de la foule, l’argent est indestructible. C’est que l’imagination étatiste accorde bien plus de pouvoir à la monnaie que le libéral ne lui en reconnaît objectivement. Pour le libéralisme, l’argent est une invention, un outil, un moyen. Pour l’étatisme, l’argent est un principe métaphysique guidant le monde, une religion à mystères dont l’or est le sanctuaire et le Dollar l’eucharistie. Sa toute-puissance crée les riches – lesquels créent les pauvres, l’exploitation, la corruption, la pollution. Elle peut également, en de bonnes mains, créer des écoles, des hôpitaux et des festivals, à condition que ce soit sous le Haut Commandement bureaucratique et au détriment des riches.
Songeons un instant à l’affaire Cahuzac. Que s’est-il dit principalement ? Que les hommes politiques cachent leur argent. D’où l’Opération Transparence et les glapissements de la population française toute entière, si prompte à oublier qu’elle bénéficie chaque jour des privilèges qu’elle dénonce. Sur cent de nos compatriotes estimant que la Sécurité Sociale est une machine à gaspiller, combien évitent de se faire rembourser leurs médicaments de confort ? « J’y ai droit ! Avec tout ce que je leur donne en payant mes impôts, je peux bien récupérer une partie de ma mise ! » : même chez les libéraux, on entend parfois cette thèse. Or, elle est économiquement absurde. L’argent de vos impôts a disparu pour l’éternité. Il a été jeté par la fenêtre dans un trou sans fond d’où rien ne remonte jamais. En profitant à la petite semaine de telle ou telle réduction, vous ne récupérez rien : vous volez quelqu’un d’autre, qui ne récupérera jamais ce que vous lui avez pris. Nul n’est à l’abri du réflexe mental qui veut croire l’argent permanent.
Les puissants planquent leurs richesses : telle est la conclusion qu’ont tiré, ensemble, de cette affaire et la droite et la gauche. Or, bonnes gens, sachez que l’argent détourné est de l’argent sauvé : il existe encore, celui-là ! Il n’a pas été vaporisé par les formulaires, les tours de tables des partenaires sociaux qui posent les vraies questions et les Grenelle du Cirque ! On sait où il est – même si l’on ignore dans quelle île, sur quel compte – et il y est en sécurité. On devrait remercier les politiciens de mettre à l’ombre des regards fiscaux les sommes subtilisées, car cela revient à sauver des valeurs qu’ils sont rémunérés pour détruire, et que l’État aurait abolies sans eux. Le peu de rationalité financière qui reste à ces tricheurs fait Å“uvre de résistance. Allant à l’encontre de leur éthique et de leur mission, les hauts fonctionnaires qui piratent les comptes de la nation empêchent la transfusion financière du néant par le contribuable.
Alors, dans ces conditions, il est loisible d’affirmer que l’affaire Cahuzac a servi l’État et le socialisme bien plus qu’elle ne les a blessés. Car tous, communistes, socialistes, centristes, démocrates, républicains, nationalistes, nous avons plongé la tête la première dans le piège tendu par l’idéologie : nous avons attaqué la fraude au lieu de condamner la destruction. Nous avons crié avec la meute « Arrêtez de dissimuler l’argent ! » au lieu de hurler « Cessez de l’anéantir ! » Parce que la social-démocratie lie indissolublement les banques et l’État, nous avons participé à inculper la finance en inculpant l’État, au lieu de défendre l’argent et de condamner ceux dont l’industrie est de le changer en absence d’argent – qu’ils travaillent dans le secteur public ou dans sa bienveillante complicité.
Le bureau du temps, c’est le bureau de l’argent
L’ennui, ce n’est pas Cahuzac, mais Mao Peninou (« Mao » est son vrai prénom, donné par ses vrais parents vraiment de gauche – tout le monde n’a pas la malchance de s’appeler Virginie Merle), fonctionnaire à la très-sainte Mairie de Paris. Dans la forteresse festive de Delanoë, Mao occupe un poste au titre orwellien : « En charge du Bureau des Temps ». Authentique : il y a bel et bien un Bureau du Temps à l’Hôtel de Ville, auquel on doit l’invention de Pierrots de la Nuit, ces mimes censeurs patrouillant dans les zones vivantes de la nuit parisienne afin de faire taire les hordes de nightclubbers ivres morts – eux-mêmes jetés sur le trottoir par la législation anti-tabac. On aimerait qu’il y ait aussi un Bureau des Êtres et un Bureau de l’Antimatière, mais n’en demandons pas trop : le camarade Mao est d’avant-garde, il sera à coup sûr imité.
Donc, Mao finance les Pierrots de la Nuit. Budget de l’opération en 2012 : 125.000 Euros. Pas loin d’un million de Francs pour faire de lumpenprolétaires du spectacle des agents de sécurité sonore, des artistes-miliciens du silence. Ces 125.000 Euros, jamais la France ne les reverra. Ils n’existent plus. Ils sont morts pour rien. Il aurait mille fois mieux valu les placer sur le compte secret de Jérôme Cahuzac, quitte à lui laisser les intérêts en pourboire. Au lieu de quoi ils ont été dilapidés en déguisements lénifiants, en conférences de presse pour annoncer combien Mao est Akbar, et en indemnités permettant aux intermittents du « Chhhhuuuuut ! » de prolonger leurs périodes d’inactivité. Quant à l’idée de relancer l’économie en distribuant des Euros à des mimes, qu’on nous laisse considérer que c’est une mauvaise blague. Qui se souvient du Plan de Relance, ce Léviathan du précédent quinquennat ? « Mille projets ! », s’extasiait-on. On y promouvait entre autres – je ne plaisante pas – la réfection des clochers de France pour faire travailler les petits métiers, l’artisanat, le compagnonnage. De ce Plan de Relance, que reste-t-il ? Même pas un ricanement. Les clochers ne brillent pas plus qu’avant dans le soleil couchant. Le Plan Fillon a été avalé par l’amnésie citoyenne, où chaque grand projet annule et remplace le précédent, comme si approfondir un trou le rebouchait. Face à tant de coûteuse rigolade, que pouvons-nous ? Que faisons-nous ? Notre sentiment d’impuissance va s’aggraver dans la période qui s’ouvre.
Non, nous n’avons pas les bons réflexes. Oui, nous nous laissons aisément attraper par le miel événementiel dont Hollande nourrit l’électorat affamé. Oui, la droite républicaine est enlisée jusqu’au cou dans des débats inventés par le PS, guidés et gérés par le PS, réactivés semaine après semaine par le PS – et légèrement bousculés par les CRS, afin de générer le sentiment qu’il se joue quelque chose d’important et qu’on doit impérativement participer au débat, sans quoi l’on n’est plus citoyen. En fait, il n’y a pas de débat : il n’y a que la ruse idéologique, contre laquelle l’intelligence libérale bute comme une mouche sur une porte vitrée.
Choc de simplification idéologique
La nuit, en ville, dans la rue derrière vous, un freinage soudain, un choc sourd, un cri. Vous vous retournez. Un type vient de se faire renverser par une voiture. Il est à terre, dans une position bizarre. Vous vous ruez pour l’aider. Il a les yeux ouverts. Vous vous accroupissez à côté de lui, vous découvrez le tibia, l’os brisé, à nu, qui a déchiré le pantalon. Ça saigne. Il râle. Il est vivant. Vous plongez vos yeux dans son regard. Il a l’air ailleurs. Vous lui parlez doucement. Vous lui demandez à voix basse, comme si vous réveilliez un petit enfant : « Monsieur ? Monsieur ? Ça va ? » Erreur. Il ne répond pas : face à un grand blessé, il faut augmenter le volume.
Notre homme est en panique systémique. L’essentiel de ses capacités sensorielles et intellectuelles a rétréci. En d’autres termes, il entend moins bien, voit moins bien, sent moins bien, comprend moins bien, se souvient moins bien, imagine moins bien, etc. Il est toujours là , mais son esprit et ses sens sont recroquevillés sur eux-mêmes comme un hérisson en boule. Vous devez donc lui parler fort. Lui faire de grands gestes. Lui toucher la main. Le ramener à la surface. L’empêcher de glisser vers le bas, où l’attendent mille complications. Cela passe par un peu d’expansivité de votre part. Secouriste ou moine, il faut choisir.
Ce quidam au tibia en vrac, c’est l’économie française dans quelques semaines ou mois, si rien n’est fait pour endiguer le raz-de-marée d’absurdités dévalant sur nous depuis l’élection de François Hollande. Votre boulanger l’a compris, votre buraliste le sait, même votre prof de yoga s’en doute : lancée à pleine vitesse sous l’orage, la France est le sur le point de toucher le rail de sécurité – il faudra être un sacré cascadeur, pour survivre à la série de tonneaux qui s’ensuivra. Sa dette est si formidable qu’elle semble avoir avalé le pays entier. Son stupéfiant niveau d’imposition intime un vrai respect à l’égard de notre brave peuple, suffisamment entreprenant et dur à l’ouvrage pour se traîner jusqu’ici. Quand ce bon peuple s’affaissera sous le poids conjugué de l’État et des banques, il ne sera pas beau à voir. Il est déjà harassé, déshydraté, plein de crampes et de tremblements, il supplie entre deux suffocations, alors qu’il n’a pas encore vraiment trébuché. Qui osera lui reprocher de haïr la finance, comme tout le monde ?
Nous pouvons deviner comment ce grand blessé nous parlera, une fois sorti de sa commotion : il nous dénoncera. Si le libéralisme est l’âme du Capital, et si tous les maux du monde contemporain viennent de sa nature capitaliste, alors Hayek et Von Mises sont des diables bien plus affreux que Monsanto ou Total. Vous êtes leurs succubes. La question est : qu’allons-nous répondre à des gens ayant perdu la moitié de leurs neurones avec les deux tiers de leurs économies ? Comment nos idées vont-elles passer une épreuve comparable à celles de 1917, 1929 et 1933, quand la planète s’est fait des intraveineuses de mensonges et d’erreurs pour surmonter son désespoir ? Où allons-nous trouver le courage de brandir encore nos idéaux ? Selon quelle méthode ? Avec quels objectifs ? Et à quel prix ? Que sommes-nous prêts à perdre au nom de la liberté ? Sommes-nous disposés à vraiment souffrir ? Qui, parmi nous, préfère mourir que d’être réduit en esclavage ? Ce sont des interrogations qu’il est raisonnable d’examiner avant la grande glissade. La sempiternelle question philosophique sur la Résistance et la Collaboration, « Qu’aurais-je fait pendant la guerre ? » n’a plus guère d’intérêt. Il est urgent de lui préférer « Comment vais-je agir pendant la crise ? »
La bataille pour tous
Dans un article précédent, nous indiquions que la Manif pour Tous, du moins à travers sa communication – or, elle n’est rien d’autre qu’une campagne -, imitait trait pour trait les codes visuels, les symboles et les slogans de la gauche la plus affirmée. Le phénomène s’est aggravé ces dernières heures. Voilà que les anti-mariage gay portent des bonnets phrygiens roses, et exhibent un bel autocar ultra-moderne rouge sang, sur lequel ils ont écrit « François, touche pas au mariage, occupe-toi du chômage ! », et où figurent des poings levés stylisés, plagiant sans honte ceux des affiches soixante-huitardes. Quoi de plus bête, lorsqu’on est de droite, que de demander à Hollande de s’occuper du chômage ? Ce slogan en dit long sur le caractère stratégiquement irréfléchi, publicitairement improvisé, intellectuellement borgne, de ce flashmob du mariage-bashing. Pauvre droite BCBG, obligée de singer la gauche bobo pour se sentir exister ! Pauvre antisocialisme incapable de s’aimer, alors qu’il est tellement beau et son ennemi est tellement laid. La droite décomplexée dont rêve Jean-François Copé est une droite transpolitique comme il y a des transsexuels. Elle ne laissera pas plus d’espace d’expression au libéralisme raisonnable que ne lui en concède François Hollande.
Libéraux, à mesure que le pays s’enfoncera, nous allons avoir contre nous la terre entière, nos alliés y compris. Si nous ne nous plaçons pas très vite en formation de combat, nous allons nous faire laminer. Si nous ne sommes pas pessimistes aujourd’hui, nous serons désespérés demain. Et les plus individualistes d’entre nous vont se trouver si isolés qu’ils vont regretter de n’avoir pas cru à l’idée de communauté. Nos idées ne tiendront pas le coup sans nous. Et nous ne tiendrons pas le coup les uns sans les autres. Nous n’avons pas d’autre choix que de faire ce à quoi nous répugnons le plus : sortir la grosse artillerie. Parler à la France accidentée comme on parle aux blessés en état de choc. Cesser de couper les cheveux minarchistes en quatre avec des ciseaux libertariens, et inversement. L’ère des ‘ »Je suis plus hayekien que Rand et plus randien qu’Hayek » s’achève. Aux chômeurs, il ne servira à rien de parler des contradictions entre Tocqueville et Bastiat. Aux ruinés, évoquer la propriété privée du corps ne sera d’aucune utilité. Aux néo-communistes et aux néo-fascistes, montrer la Main Invisible ne mènera nulle part. Nos armes préférées vont s’enrayer dans l’urgence et la violence d’une situation économique et politique inédite. Nos raisonnements vont se briser dans nos mains comme du cristal. Nos habitudes argumentaires vont passer au mieux pour des dandysmes, au pire pour des provocations. Soit le libéralisme français s’adapte au champ de bataille qu’il doit maintenant traverser, soit il finira crucifié sur les barbelés du no man’s land. Et ici, aucun professeur d’Université, aucun think tank en costumes-cravates, aucun fanzine financé par des retraités désÅ“uvrés ne nous seront de la plus petite aide. Nous sommes au milieu de nulle part et personne ne va nous tendre la main.
Nous nous proposons donc de livrer, à compter de samedi et chaque semaine dans les pages de Contrepoints, un mode d’emploi du combat libéral. Il s’appuiera sur des notions stratégiques, sur des atouts du libéralisme que nous oublions de faire valoir, sur une longue observation de nos adversaires, et sur une actualité qui s’annonce riche. La soviétologie, la connaissance des mécanismes de la communication, l’envie d’en découdre et le goût pour la victoire seront nos fils d’Ariane. Nous n’avons peut-être rien à gagner à livrer bataille, fors l’honneur. Nous avons tout à perdre si nous refusons de prendre au sérieux cet avertissement : « Tout le monde hait la finance ». Et c’est un euphémisme. Nous prions pour que cette série d’articles provoque un débat, et que celui-ci apporte de nouvelles techniques, de nouvelles armes et de nouvelles munitions. Nous n’avons pas l’arrogance de croire que nous détenons l’arsenal entier. Mais nous avons l’humble ambition de vous inviter, tous ensemble, sur le champ de tir. Les exercices se déroulant à balles réelles, ce sera une bonne manière de mettre un terme momentané aux innombrables friendly fires entre libéraux. On reprendra les parties de paintball quand la crise sera terminée.
La fête est finie. Quand on aime la guerre, on profite de chaque instant. Et quand on ne l’aime pas, on la perd. Merci de bien vouloir oublier tes beignets fourrés, mon p’tit Baleine. On change de régime.
[Post-scriptum. Après l’avoir testé sur un ami trader, je suis bien conscient que la thèse « la destruction de l’argent est pire que dson détournement » peut appeler des contre-exemples et des bémols. Mon intention, dans cet article, n’est pas d’affirmer un point de vue économique sur l’affaire Cahuzac, mais d’indiquer notre tendance, en tant que Français, à nous battre à l’intérieur des cadres de pensée proposés par le pouvoir, plutôt qu’à combattre de l’extérieur ces cadres de pensée – sachant, par ailleurs, que ce suivisme vaut moins pour les libéraux que pour bien d’autres écoles de pensée.]
Quand vous parlez de « destruction de l’argent » c’est bien de gaspillage? Car quand l’Etat distribue de l’argent gratuit, effectivement il ne créer pas de valeur, mais cet argent revient quand même dans l’économie grâce à la consommation?
Alors que l’argent « caché », lui continu à faire des petits donc crée de la valeur… Donc, pour faire simple: dans le premier cas, 1€ donne 1€ alors que dans le second 1€ peut donner 2/3/4€. C’est bien ça?
« Cet argent revient quand même dans l’économie grâce à la consommation » : avant de consommer un bien, il faut le produire. Vous ne pourrez comprendre l’économie qu’après avoir abandonné l’illusion que la consommation fait la croissance.
Si on vous prend d’autorité l’essentiel de ce que vous produisez, pourquoi continuer à produire ? Pour la beauté du geste ? Pour le fun ? Autant attendre quelques maigres subventions sans rien faire ! De proche en proche, on produit de moins en moins, phénomène freiné le temps de détruire (consommer) l’épargne résiduelle, jusqu’à rejoindre une économie de subsistance et de troc local, où l’argent est presque entièrement détruit. Ce qui reste de monnaie est concentré sous forme d’or aux mains de quelques Crésus dominant totalement le reste de la population. C’est la destruction de la société moderne, le retour nihiliste à l’économie primitive, celle de l’antiquité, où les échanges volontaires sont marginaux et risqués, où les puissants s’enrichissent exclusivement par le pillage de leurs voisins et la mise en esclavage des vaincus. C’est une économie perpétuellement stagnante, confinée à son plus faible étiage, car tout enrichissement des uns est compensé par une destruction de richesses équivalente pour les autres.
Lieutenant X, je crois que ma réponse complète celle, passionnante, de Cavaignac. J’espère que vous y voyez un peu plus clair, même si ce phénomène de destruction de l’argent reste un genre de phénomène paranormal très difficile à tracer. Un « miracle à l’envers », comme dit Alain Besançon de ces mécanismes collectivistes capable de produire des événements à la fois absurdes et spectaculaires.
Je prélève un Euro sur l’argent du contribuable pour le « redistribuer ».
Mais préveler cet Euro coûte 5 centimes, la campagne de publicité de l’opération de redistribution coûte 5 centimes, et l’opération de redistribution elle-même coûte 10 centimes. Viennent ensuite les conséquences négatives de la redistribution, qui coûtent 10 centimes. Puis, survient la nécessité de prendre de nouvelles mesures de redistribution afin d’enrayer ces conséquences, nouvelles mesures qui coûtent 25 centimes. La campagne de publicité de ces nouvelles mesures coûte 5 centimes. Etc. Je ne vous apprends rien.
J’appelle « destruction de l’argent » toute utilisation de l’argent dont les objectifs sont aberrants, les méthodes contre-productives et les résultats négatifs. Notons que de tels phénomènes s’observent également dans le privé, mais qu’ils y sont tempérés par la nécessité de faire du profit – ou par la faillite.
Bien entendu, on peut dire que l’argent détruit est réinjecté dans l’économie d’une manière ou d’une autre, puisque le fonctionnaire payé pour le détruire consomme. Mais nous savons que les Plans de Relance ont pour effet systématique un appauvrissement des économies ainsi subventionnées. Du coup, on est en droit de se demander pourquoi ce qui dysfonctionne pour une nation fonctionne pour un particulier. Ici, je ne suis pas assez bon économiste pour répondre.
C’est que le fonctionnaire ne crée pas de richesse en tamponnant sur papelard rose N° 27bis. Le boucher, lui, offre un service et un bien à son client.
Au niveau du particulier, si on prend de l’argent chez Paul pour le donner à Pierre, Pierre va consommer, même si c’est moins que ce qu’aurait pu faire Paul si on ne s’en était pas mêlé.
Mais globalement, Pierre – Paul 0. Le reste est perdu par l’état, comme vous le savez.
http://www.wikiberal.org/wiki/Parabole_de_la_vitre_bris%C3%A9e
Ah non, quand l’argent passe par la machine étatique, il perd une grande part de sa valeur, par de multiples moyens :
– Il faut le prélever, cet argent. Et ça coûte. Bercy n’est pas gratuit.
– Il faut aussi le distribuer, et ça coûte aussi. Les différents ministères distributeurs ne sont pas gratuits non plus.
– Il y a un coût lié à l’obtention de cet argent par les destinataires (paperasserie administrative, attente, démarches, appels d’offres… Pour les subventions, dossiers, dessous-de-tables, suivi…
– Il y a aussi une perturbation des règles du marché, qui fait apparaître certains produits ou services à des prix fallacieux, et donc redirige la consommation vers des secteurs moins rentables, donc plus coûteux.
Voilà .
Merci les gars!
Et je suis bien d’accord, la consommation ne crée pas la croissance.
Un riche ayant gagné honnêtement sa richesse a démontré sa capacité à créer de la valeur. Il vaut mieux lui laisser la richesse acquise pour qu’il continue dans la même voie avec plus de moyens : Il créera plus de richesses. Spoliez-le, et vous lui ôtez les moyens et l’envie de continuer.
La consommation doit venir de ceux qui ont participé à la création de valeurs, et pas des clients des politiciens, car alors elle relève du mensonge – elle est contreproductive, non pérenne, vous verrez bientôt l’État emprunter pour la financer.
L’argent est information : Le redistribuer c’est mentir. Et la charité doit être vraie (caritas in veritate). Détruire l’argent c’est mentir, et les politiciens ennemis de la vérité détruisent la monnaie.
Les politiciens arrosent leur clientèle en lui faisant croire que ces moyens lui appartiennent, ce qui est faux. Le socialisme détruit la société en faisant croire aux pauvres qu’ils ne sont pas responsables de leur état, mais qu’il résulte de la cupidité et de la duplicité des riches. Le socialisme, c’est l’abolition de la responsabilité individuelle confondue avec la charité.
La vraie charité n’est pas imposée, ne peut pas être codifiée et automatisée, elle relève aussi de la responsabilité, celle des riches. Elle réunit les classes: Les pauvres ont besoin des riches matériellement, mais les riches ont besoin des pauvres spirituellement.
Je vous conseille cette lecture, surtout la seconde partie : http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/memoire_pauperisme_1/memoire_pauperisme_1.html
Et aussi : http://bastiat.org/fr/maudit_argent.html
« Et la charité doit être vraie »
Très important. On touche là à une dimension essentielle du collectivisme : le caractère purement imaginaire de sa bonté.
Par rapport à l’expression l’argent fait des petits : si on prend le principe du prêt, dans lequel la banque n’est pas forcément présente, un type prête une somme à un autre. Plusieurs modalités sont définies comme le temps de remboursement et les intérêts. J’ai toujours vu les intérêts comme une forme de location car une fois l’argent prêté, le créancier ne peut l’utiliser jusqu’à son remboursement : ça rejoint la location de n’importe quel autre bien. Donc, dire que l’argent fait des petits fait omettre la plupart du temps que c’est une forme de location. Comme si on disait qu’une maison fait des petits parce qu’avec le temps et suffisamment de loyer, on peut construire une autre maison. Trop con. J’ai toujours vu le prêt à intérêt comme une prestation de service plus qu’un truc magique faisant du fric à partir de rien.
« Nous nous proposons donc de livrer, à compter de samedi et chaque semaine dans les pages de Contrepoints, un mode d’emploi du combat libéral. »
Qui est « nous » ?
« Qui est « nous » ? »
Les Illuminati.
Plus sérieusement, ce « nous » stylistique, certes un peu suranné, a pour fonction d’éviter de de dire « je ». Il était autrefois appelé « nous de politesse » – à ne pas confondre avec le « nous de majesté ». Son usage tend à disparaître.
Ça m’intéresse car je manque de donnée dans ce secteur, étant viscéralement énervé par tous les à -côtés d’un mouvements politiques ou social (formation sur un thème déjà maîtrisé ou inintéressant, tractage, esprit de groupe, etc) qui tourne souvent au sectarisme plus ou moins larvé. Donc, j’ai peu de connaissance dans le secteur communication.
ne faudrait-il pas envisager un plan d’action comme s’organiser pour intercepter et décrypter les mouvements de la haute fonction publique vers la sphère bancaire?
Si l’on reconsidère le cas de la Grèce, il est un fait avéré que la banque d’affaire Goldman Sachs a lourdement contribué avec l’aide des politiciens locaux à l’aggravation de la situation financière de ce pays. Il est donc dans ce cas évident qu’il y a eu (et il y aura encore) collusion entre le monde politique et le monde financier. De même que depuis les années 70 l’Etat (français)doit emprunter aux banques (loi dite Rothschild) et il est donc évident que le politique et le financier sont la main dans la main pour le meilleur (la banque) et le pire (l’Etat) comme s’ils avaient convolé en injuste noce … La loi dite Rothschild a été reprise dans les traités de Maastricht et de Lisbonne. Il ne faut pas avoir la mémoire courte !
Je m’insurge… Je suis illuminati et personne ne m’a prévenu que nous livrions à partir de samedi le mode d’emploi du combat libéral…
Mais c’est pas grave… On est plutôt cool quand on complote au niveau mondial… 😉
Merci Pascal pour tes contributions à Contrepoints…
On a tellement le sentiment d’ête isolé quand passe à table avec ses amis de gôche… Et je veux pas changer d’amis, je les aime ces épuisants marxistes qui boivent mes belles bouteilles de Pauillac et de Gevrey-Chambertin en m’expliquant que mes idées c’est de la merde néolibérale et que je vis dans une utopie bon sang… 😉
Excellente scène du beignet fourré où le méchant libéral engueule l’Etat socialiste obèse, « gros tas de graisse débectant » ! Mais on n’oublie pas que le libéral en question sermonne l’Etat socialiste obèse pour son bien, pour que demain il survive.
sauf que dans le film, il meurent tous les deux .
Oui, méprisé par tous, devenu fou, le socialiste tue le libéral qui pourtant lui voulait du bien puis se suicide. C’est très exactement ce à quoi nous conduit l’Etat socialiste obèse : la destruction de la société.
enfin, il reste que dans le film, le méchant libéral reste un foutu connard. Un mec me traite comme ça, il termine comme ce con de sous-off.
Demander aux journaleux du Nouvel Observateur de comprendre le fonctionnement des « algorithmes boursiers » est aussi irréaliste que demander à un cochon de comprendre les mécanismes économiques de l’élevage porcin…
Le cochon grouine et la caravane passe …
J’ai noté trois fines perles dans mes carnets :
« Pour l’étatisme, l’argent est un principe métaphysique guidant le monde, une religion à mystères dont l’or est le sanctuaire et le Dollar l’eucharistie. »
« Cesser de couper les cheveux minarchistes en quatre avec des ciseaux libertariens, et inversement. »
« Soit le libéralisme français s’adapte au champ de bataille qu’il doit maintenant traverser, soit il finira crucifié sur les barbelés du no man’s land. »
Merci M. Avot et à l’abordage !
Comme vous le dites : il n’y a qu’une liberté. Esperons que les libéraux passent le niveau de la réflexion vers l’acte constructif. C’est une bonne nouvelle.
« il n’y a qu’une liberté »
Point extrêmement important dans les batailles qui nous guettent. Je vais y revenir prochainement.
J’attendrai cet article.
La division des libéraux sur le mariage homosexuel illustre la redoutable habileté des socialistes. C’est bien une résistance essentiellement libérale qui s’y oppose, si on accepte l’idée que le libéralisme n’est pas restreint à l’économie. Je me désole aussi de l’ignorance économique manifestée par ces gens, résultat de l’endoctrinement que les socialistes leur imposent.
Mais ces gens que vous raille défendent la société civile contre le socialisme, ce qui est encore plus important (une société doit exister et être pérenne avant d’être prospère). L’attachement à la société civile et donc à un État limité, au-delà de l’ignorance économique, les range fondamentalement avec nous, et les empêchera toujours de s’enfoncer dans le collectivisme.
Une société égalitariste au point d’affirmer qu’il faille étendre le mariage aux couples homosexuels ne tolérera pas les différences de revenus. La passion totalitaire ne peut pas être assouvie. Concédez-lui cette victoire et elle se tournera aussitôt vers un autre champ d’égalisation. Comment expliquerez-vous qu’il faut accepter les inégalités
Une société nihiliste ne peut pas être économiquement libérale, mais même si c’était possible, à quoi bon mourir guéri ?
Le plus déprimant est que des libéraux accordent au socialisme une victoire décisive au motif de la gravité de la situation économique … c’est-à -dire du mal qu’il nous a déjà fait ! Ce sont les avancées concédées au socialisme, notamment sa mainmise sur l’école, qui nous ont plongés dans le désastre économique et la haine de classes où nous sommes.
« Ce sont les avancées concédées au socialisme »
Échapper aux pièges idéologiques est extraordinairement complexe. Et plus on est intelligent, plus c’est difficile. Le danger de se retrouver, in fine, au service de l’adversaire sont grandes.
J’ai la conviction que la Manif pour Tous sert les intérêts de l’étatisme, mais vous avez la conviction exactement inverse, et il est difficile de trancher entre nos deux avis sans faire appel à un genre d’instinct qui se trompe bien souvent. Restons sur nos positions, et voyons où tout cela va nous mener.
Erratum. Les chances de se retrouver, in fine, au service de l’adversaire sont grandes.
faites moi un chèque sur mon compte en suisse « hollandescros » et avec cette argent je stopperais la faim dans le monde ( dans l’un de mes reves cette nuit )
Pour les amateurs, un article de Mao Peninou, paru ce jour. Vous m’en direz des nouvelles.
http://www.huffingtonpost.fr/mao-peninou/pierre-lelouche-nkm-paris_b_3114694.html?utm_hp_ref=fb&src=sp&comm_ref=false
Vous en dire des nouvelles ! C’est très représentatif des collectivistes qui pensent pour les autres : encore pour les français ou les parisiens, on était habitué, mais penser également à la place des touristes, il fallait y penser !
Faut dire que flâner sur les quais le soir, pour voir trois clodos et quatre ados picoler, c’est bien connaître la totalité des parisiens.
Et pour ceux qui veulent se convaincre que le libéralisme est désormais considéré par la droite comme un anarchisme, voire un gauchisme, une vidéo datée de ce jour.
Boutin : « Depuis trente ans, nous vivons sous des idéaux libéraux-libertaires. »
http://www.lefigaro.fr/politique/2013/04/22/01002-20130422ARTFIG00422-les-francais-ne-veulent-plus-des-principes-liberaux-libertaires.php
Pascal Avot: Votre combat pour populariser le libéralisme économique est bel et bon, mais dans la tempête qui s’annonce la priorité est d’imposer la démocratie semi-directe à notre oligarchie.
La démocratie directe est l’antidote contre les politiques constructivistes et contre la gabegie, comme le montre Yvan Blot (Le pouvoir irresponsable, sur dailymotion, par exemple).
L’immaturité du peuple en matière économique ne doit pas nous dissuader de l’instaurer, car la représentation ne vaut pas mieux; et cette inculture ne doit pas nous dissuader de rompre avec le système politique qui en est la cause.
Comme l’étalon-or, la démocratie directe bridera les élans constructivistes et mégalomanes des politiciens – moins efficacement, mais durablement.
La démocratie directe est le sujet qui peut nous fédérer et la réforme qui peut infléchir notre trajectoire vers le totalitarisme. Il faut en faire notre priorité absolue, quitte à voter pour un parti qui s’engage à l’instaurer, quel qu’il soit, même économiquement incompétent, même marginal – il est probable que seul un parti marginal s’engage à anéantir le pouvoir des partis.
L’instauration de la démocratie directe sera révolutionnaire, ne pourra avoir lieu que dans des circonstances dramatiques, car l’oligarchie emploiera tous les moyens pour conserver son pouvoir. Il ne faut donc exclure aucun bulletin de vote, et même rechercher la déstabilisation des institutions; mais pour que cette déstabilisation aboutisse à la démocratie directe, il faut la promouvoir sans arrêt.
La crise de régime qui vient, malgré ses drames, aura été salutaire si nous savons la saisir pour ajouter à notre constitution les quelques lignes qui changent tout.
« notre oligarchie »
Je ne crois pas une seconde à l’existence de ce que vous appelez « oligarchie ». L’idée d’oligarchie, concernant la France de 2013, me semble être un fantasme dangereusement simplificateur. Il n’y a pas de classes, ni d’élites, ni de complot. Il y a l’effroyable complexité du monde et l’immense liberté des individus. La frontière entre le Bien et le Mal n’est pas hors de nous, mais en nous.
« comme le montre Yvan Blot »
Pardonnez-moi, mais je préfère rester prudemment à l’écart d’un type qui a été encarté dans trois partis politiques successifs.
« Il faut en faire notre priorité absolue, quitte à voter pour un parti qui s’engage à l’instaurer, quel qu’il soit, même économiquement incompétent »
Il faut être d’accord avec vous et oublier tout le reste, quitte à voter pour des incompétents ? Vaste programme.
« L’instauration de la démocratie directe sera révolutionnaire »
Alors, non merci.
Je ne suis adepte d’aucune théorie de complot.
Il y a des partis politiques dont les dirigeants, et non le peuple, sont les patrons des députés.
Il y a une haute fonction publique et des syndicats socialistes, aux finances ou à l’Éducation Nationale, qui imposent ses vues au pays.
Appelez cela comme vous voulez.
La démocratie directe détruirait ces pouvoir qu’on peut raisonnablement désigner par le terme « oligarchie ».
« ‘un type qui a été encarté dans trois partis politiques successifs. »
Et alors ?!?
En quoi cela vous empêche-t-il d’écouter ses arguments ?
Il a été membre des instances du RPR et député, écoutez-le au moins relater son expérience.
« Il faut être d’accord avec vous et oublier tout le reste, quitte à voter pour des incompétents ? »
Mais vous voterez de toutes façons pour des incompétents.
Sarkozy l’était à peine moins que Hollande, qui prétendait qu’en travaillant plus nous puissions conserver notre État-providence.
Ne vous épuisez pas à chercher l’homme providentiel: Ce ne peut être que le peuple.
Il ne faut pas chercher le candidat compétent, mais celui qui donnera au peuple les moyens de contrôler les politiciens entre deux élections.
Être d’accord avec mois sur la démocratie directe en vous engage pas
à être d’accord sur quelque sujet que ce soit.
« Alors, non merci. »
Nous n’avons pas voulu la crise politique qui vient, mais en connaissons la cause et devons participer au débat sur le changement de cours politique.
La démocratie directe ne peut être instaurée que dans la convulsion, mais elle pacifie la politique.
Il n’y aurait pas de manif pour tous avec la démocratie directe, mais un référendum d’initiative populaire.
Notre système purement représentatif mettra toujours à la tête de l’État des politiciens mégalomane et constructivistes; c’est une machine à sélectionner de tels profils.
Le pouvoir n’attirera jamais pas les libéraux autant que les socialistes !
L’échec de la démocratie purement représentative est patent et l’alternative la plus couramment admise est la dictature. Il faut faire savoir que nous ne souffrons pas d’un excès mais d’uen défaut de démocratie.
« Il a été membre des instances du RPR »
Voilà qui ne me le rend pas nécessairement sympathique.
« Mais vous voterez de toutes façons pour des incompétents. »
Tant que le vote n’est pas obligatoire, je n’y suis pas contraint.
« La démocratie directe ne peut être instaurée que dans la convulsion »
Traiter le mal par le mal. Je connais. Je vous le confirme : non merci.
À part ça, je n’ai rien contre la démocratie directe, bien évidemment. Mais je ne crois pas aux solutions univoques. A fortiori quand elles me promettent le chaos salvateur.
 » A fortiori quand elles me promettent le chaos salvateur. »
J’ai dû bien mal m’exprimer: La démocratie directe n’est pas le chaos, bien au contraire. Elle procure la stabilité grâce à la légitimité démocratique particulière du référendum d’initiative populaire.
La crise politique n’est pas mon objectif mais une réalité.
Je ne la souhaite pas, puisque j’y cherche remède et que j’en dénonce la cause.
Ce constat d’une crise politique est flagrant et l’échec de la démocratie purement représentative patent. En tous cas, je suis très loin d’être seul à en tirer cette conclusion.
Il est crucial de répandre le mot que nous ne souffrons pas de la démocratie mais de la carence de démocratie.
Sans quoi l’enchaînement des événements se poursuivra sur le route de la servitude (Hayek).
« Tant que le vote n’est pas obligatoire, je n’y suis pas contraint. »
L’abstention laisse le pouvoir aux socialistes.
Ils endoctrineront vos concitoyens avec votre argent.
Avec la démocratie directe vous emploieriez votre énergie non seulement à convaincre, mais à contrer le pouvoir socialiste (de gauche ou de droite) par des référendums.
À abolir la carte scolaire, les régimes spéciaux, le monopole de la sécu etc.
Les absents ont toujours tort.
« Ils endoctrineront vos concitoyens avec votre argent. »
Ça, que je vote ou pas, c’est pareil.
Ce sera pareil tant que nous n’aurons pas la démocratie directe.
Fucius : « L’abstention laisse le pouvoir aux socialistes ».
En votant pour Madelin en 2002, je me suis dit que j’avais légitimé le jeu de la démocratie propulsant un collectiviste et un fasciste au 2nd tour. Merci ! Vous en avez d’autres des idées comme ça ?
Fucius : « La démocratie directe détruirait ces pouvoir qu’on peut raisonnablement désigner par le terme « oligarchie ». » Elle les complèterait par d’autres pouvoirs, plutôt, et d’autant plus écrasants qu’ils seraient plus locaux.
De deux choses l’une. Soit la démocratie directe va dans le sens opposé aux dirigeants, et au lieu d’une démagogie représentative on aurait une démagogie directe, et je ne vois pas ce qu’on y aurait gagné (de plus, ce genre d’expériences mène assez vite au protectionnisme). Soit elle est récupérée par nos élus pour légitimer leurs délires habituels, auquel cas elle est un facteur de tyrannie supplémentaire (et ce sera sans doute le cas : saviez-vous que la Sorbonne propose déjà des masters en « Ingénierie de la concertation » ?).
Pascal : « un type qui a été encarté dans trois partis politiques successifs ». Et pas n’importe lesquels : Blot, c’est quand même ce type qui a quitté le FN de Le Pen père pour aller au MNR de Mégret, parce que le borgne était trop à gauche.
Quoiqu’il en soit, pour avoir entendu Blot en conférence se réclamer d’Heidegger, je sais qu’il ne sera jamais du même côté que moi. Un heideggerien est soit un naïf, soit un ennemi de la civilisation judéo-chrétienne.
Ah, il a fait le MNR, aussi ? Quatre partis, alors ! Joli ! En plus, le MNR, c’est la classe intersidérale.
Je ne suis pas Français et ma connaissance des parties politiques français a quelque limite. Mais il y a le Parti libéral démocrate dont on ne parle jamais sur Contrepoints. N’y a-t-il pas là du moins une sorte de plate-forme pour les libéraux en France? Ou jugez-vous cette plate-forme non valable pour différentes raisons?
Polémos : il arrive que le PLD soit mentionné, souvent en bien, dans ces colonnes. Mais Contrepoints est un magazine indépendant, et donc inféodé à aucun parti.
Personnellement, j’ai de très bons amis au PLD, et il m’arrive d’assister à certains de leurs évènements. Mais c’est personnel.
«Nous, communistes, socialistes, centristes, démocrates, républicains, nationalistes, nous avons plongé la tête la première dans le piège tendu par l’idéologie : nous avons attaqué la fraude au lieu de condamner la destruction.»
Je vous confirme ne pas être tombé dans le piège d’attaquer la fraude, en revanche, je n’ai pas condamné la destruction. Mais Jérôme est quand même remonté dans mon estime, et j’affirme bien autour de moi qu’il était le seul compétent au gouvernement, que ce n’est pas sympa ce qui lui arrive, et que c’est dommage pour la France.
Parce que Jérôme sait depuis longtemps que le socialisme est le partage du fric des autres. Et il a compris, le bougre, que les autres, c’était aussi lui ! Donc, en homme compétent qu’il est, il était logique de retrouver son fric à l’abri. N’appelons-nous pas ça « mettre son fric à gauche ? »
Bien joué.