Le libéralisme sous Hollande

Les socialistes au pouvoir, c’est bon pour le business libéral. À condition que l’on ne s’en remette pas à la seule classe politique

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Le libéralisme sous Hollande

Publié le 15 mai 2012
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Les socialistes au pouvoir, c’est bon pour le business libéral. À condition que l’on ne s’en remette pas à la seule classe politique. Le travail des libéraux de la société civile au cours de ces prochains mois va consister à communiquer, à proposer, à s’organiser.

Par Jacques Garello.
Publié en collaboration avec l‘aleps.

Sous Hollande, le libéralisme se portera mieux que jamais.

C’est ce qui m’est venu à l’idée lorsque Mathieu Laine, qui a dirigé les travaux réunis dans Le dictionnaire du libéralisme, m’a demandé de traiter de ce sujet : « Le Libéralisme sous Hollande ». Mercredi soir 9 mai, dans une des salles de l’Assemblée Nationale, pleine à craquer, une centaine de libéraux avait répondu à l’appel d’Euro 92. Visiblement, la défaite de Nicolas Sarkozy n’avait pas plongé l’assistance dans la torpeur ou le désespoir. Les gens étaient là pour se réconforter mutuellement, mais surtout pour savoir ce qui allait se produire, et ce qui allait se faire.

Du côté de Hollande, point de doute : les réalités vont anéantir les utopies, dissoudre les promesses électorales dans la potion mondialiste. Le choix est entre ruine et crise immédiates ou politique du chien crevé au fil de l’eau.

Et du côté du libéralisme ?

La qualité de senior m’a valu de vivre intensément l’âge d’or du libéralisme français. Je ne parle pas du 19ème siècle, du succès de Bastiat et de la signature du traité de commerce franco-anglais qui ouvraient une période de soixante ans de libre échange et de prospérité généralisée.

Je parle de l’ère Mitterrand, et des suites immédiates du 10 mai 1981. Jamais les idées de la liberté n’ont eu autant de succès qu’après l’effondrement total d’une droite dirigiste et socialisante (« Ne dites pas aux Français que je suis socialiste, ils me croient libéral » a déclaré VGE une semaine avant sa défaite). Il est vrai que le libéralisme pouvait surfer sur la vague Thatcher-Reagan. Mais les conditions ne sont-elles pas comparables aujourd’hui ? Contrairement à une opinion très répandue, la mode intellectuelle dominante aujourd’hui n’est pas au socialisme, et la grande majorité des dirigeants des pays européens ont été élus contre des socialistes. Le pays naguère le plus socialiste d’Europe, la Suède, est aujourd’hui parmi les plus libéraux, sa croissance est bonne et il a un excédent budgétaire. Partout ceux qui ont réussi avaient réduit la place de l’État dans l’économie et dans la société.

Évidemment, nous pourrions attendre patiemment notre tour, et le succès du libéralisme sous Hollande consisterait à compter les buts marqués par les socialistes contre le camp de la France. Mais chaque but représente des misères, des injustices. Si le sens de l’histoire est celui de la faillite du socialisme, il nous faut, comme le disait Marx « accélérer le sens de l’histoire ».

Comme en 1981, la droite aura du mal à survivre, même si elle remporte les législatives. L’UMP éclatera sans doute, faute de n’avoir plus ni président ni majorité. Elle ne tenait que par les seules perspectives électorales, ayant renoncé depuis bien longtemps à avoir la moindre doctrine, s’abandonnant à la pensée unique, étatiste, keynésienne et corrompue.

Dans ce contexte de dérobade de la gauche et de débandade de la droite, la « nouvelle offre politique » sera accueillie avec curiosité, puis avec intérêt, puis avec espoir. C’est ce que j’ai vécu de 1981 à 1986, date à laquelle les libéraux venus au pouvoir avec Chirac – qui n’a été libéral que le temps d’un discours – vont renier leur engagement, et ruiner pour quelques années les chances du libéralisme. Le scénario s’est reproduit en 1995.

Donc les socialistes au pouvoir, c’est bon pour le business libéral. À condition que l’on ne s’en remette pas à la seule classe politique pour couronner le travail, car « le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument » disait lord Acton.

Le travail des libéraux au cours de ces prochains mois va consister à communiquer, à proposer, à s’organiser.

Communiquer : il faut briser le cercle de l’ignorance qui emprisonne l’opinion publique, avoir une pédagogie active qui ne consiste pas seulement à dénoncer les erreurs socialistes – tout le monde les connaît ou les connaîtra – mais aussi à expliquer comment fonctionne un pays où l’on se passe de l’État pour faire régler les problèmes par les procédures marchandes ou communautaires : comment le courrier est mieux distribué par des postes privée, comment les chemins de fer circulent sur des voies fiables quand elles sont gérées par une compagnie privée, comment les écoles privées répondent aux vÅ“ux des familles. Entre autres, la Nouvelle Lettre de l’aleps et le nouveau site www.libres.org lancé la semaine passée contribueront à cette pédagogie active.

Proposer : choisir des cibles concrètes, celles que nul n’a su atteindre jusqu’à présent, faute d’accepter les solutions libérales : le système de retraites et de santé, l’école, la mobilité du travail, la progressivité de l’impôt, le logement. Sur ces questions, le feu couve depuis longtemps, et l’explosion est proche : nous montrerons comment désamorcer ces bombes.

Organiser : les libéraux de la société civile ont pris depuis longtemps la bonne habitude de travailler ensemble : aleps, IREF, Contribuables Associés, Euro 92, Institut Turgot, Liberté Chérie sont déjà en étroite collaboration, chacun gardant la spécificité de ses objectifs et de ses moyens. Contrairement à ce qui a été dit, je ne crois pas que la création d’un nouveau parti libéral à partir des dépouilles de l’UMP soit une bonne solution : le libéralisme ne peut être un « courant » de la nouvelle opposition. Ce n’est pas d’un parti, ni de la classe politique actuelle que sortiront le programme et les hommes du libéralisme à venir. Il nous faut remettre en marche des réseaux où se mêlent société civile et classe politique, pour éviter l’isolement et les dérives des élus, pour intéresser à la chose publique des milliers de Français qui ne veulent pas pour l’instant s’engager en politique. Cette symbiose avait été parfaitement réussie avec Idées Action, un club malencontreusement dissout par son fondateur Alain Madelin, et que j’ai vainement essayé de faire revivre avec Génération Libérale.

J’espère qu’une organisation embryonnaire pourra être discutée, sinon amorcée, à l’occasion de notre Université d’Été, dont tout le monde, mercredi, a retenu les dates : 26 au 29 août.

Vous le voyez : le libéralisme va renaître de ses cendres, l’espoir aussi. « N’ayez pas peur ».

—-
Sur le web.

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  • Le Parti Libéral Démocrate : grand absent de cet article. Aucun espoir de ce côté-là apparemment.

    • Monsieur Garello, merci pour cet article positif et constructif et encourageant 😀
      Mais pourquoi ne parlez-vous du Parti Libéral Démocrate comme le dit Krisville ? J’ai decouvert son existence en regardant une conference de Philippe Maniere, auteur de Le pays ou la vie est plus dure.

      Y-a-t-il un probleme avec eux?

      • Et en plus le PLD a choisi de s’insérer dans l’échiquier politique actuel pour placer des pions. Résultat: soutien à Bayrou et Sarkozy. Beaucoup de libéraux sont tout à fait contre et n’aime pas du tout la stratégie choisie du PLD. Ca sème plus la zizanie qu’autre chose.

        A mon avis, l’absence de mention du PLD par Garello dans l’article signifie qu’il préfère s’en détourner. Mais c’est juste mon interprétation.

        • Honnêtement après leslégislative, il y a de fortes chances que l’UMP explose, à ce moment là, il sera temps de récupérer les mouvement centristes liberaux ainsi que la droite liberale de l’UMP pour créer une veritable Alliance Libérale regroupant toutes les sensibilités vraiment liberal, afin de mieux nous représenter. Qu’en pensez-vous ?

    • Le PLD est né d’une scission avec AL. Il a contribué à fractionner encore plus les libéraux en politique. Surtout, il n’est pas encore temps de s’inviter sur la scène politique pour faire 1 ou 2%. Il faut des structures plus locales, plus informelles, des associations qui aident à répandre les idées libérales, à les rendre acceptables. Sans ce travail de terrain préalable et indispensable, nous n’aurons jamais aucune chance. Le PLD arrive trop tôt.

  • J’avais proposé il y a quelques temps de mettre d’écrire un document sur : « Comment j’explique à mes stagiaires le libéralisme, eux qui ne survivent que grâce au RSA ? »

    Faute de beaucoup de temps, l’écriture avance lentement mais surement.

    Ce qui est remarquable avec l’élection du nouveau président, c’est que les libéraux n’ont plus peur de le dire (peur d’un débat stérile et inutile). J’entends de plus en plus « Je suis libéral » ici même à 9000 Km de la métropole sur l’île de la Réunion (anciennement Coco-land) et maintenant « l’état-est-partout-land ».

    • Ouais, un grand coming-out libéral ! J’avoue que ça m’amuserait de participer à une parade Liberal Pride, un peu comme les Gay Prides, dans un esprit détendu et amusé. Ca changerait des prédictions d’apocalypse, et ça attirerait peut-être l’attention.

      Ca tente quelqu’un ?

      • Pourquoi pas ? Si tant est qu’on ne bloque pas l’espace publique…

        • Et qu’on ne detruit pas la propriete d’autrui, par exemple, au hasard, le voitures.

          • @alainlib et @moi : Où est le plaisir alors ? 🙂 Une bonne manif : Avec des drapeaux bleus (le rouge c’est surfait), des casses de voitures (mais seulement sur la base du volontariat), les CRS, tout ça quoi !

            Avec TF1 en train de filmer en y rajoutant du pathos : « Les libéraux défilent dans la rue, la France est en danger ! »

  • Rome ne s’est pas faite en un jour, la France ne deviendra pas libéral du jour au lendemain. Même Margaret Thatcher a mis 10 ans pour libéraliser (incomplètement) la Royaume Uni

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