L’apprentissage en France était traditionnellement marginal et réservé aux élèves de classes techniques. Il était même un peu méprisé. Depuis 2014, diverses mesures ont été prises en faveur de l’apprentissage notamment au travers d’aides versées à l’embauche du premier apprenti et/ou d’apprentis supplémentaires pour les entreprises de moins de 250 salariés. Comme ceux des CAP, BAC, BTS, les étudiant en licence et master en ont bénéficié. A partir de 2016, l’âge limite a été porté de 26 à 30 ans et le nombre d’apprentis préparant une formation de niveau bac+2 a augmenté.
Un système plébiscité, mais contrarié
En 2023, 849 600 contrats d’apprentissage ont débuté et 62% d’entre eux concernaient l’enseignement supérieur. Les trois quarts étaient conclus avec des entreprises du secteur tertiaire. Au 31 décembre 2023, le nombre de contrats en cours s’élevait à 1 014 500. Le mouvement s’est poursuivi en 2024. Mais depuis lors, l’apprentissage fléchit en même temps que les aides de l’Etat.
Depuis avril, la prime pour le contrat de première année est passée du montant unique de 6.000 euros, fixé en 2023, à 5.000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés et 2.000 euros pour celles qui sont au-delà . A cela s’est ajoutée, le 1er juillet, l’obligation pour les employeurs de s’acquitter d’une somme de 750 euros pour les bacs +3. Les incertitudes économiques et politique et la dégradation du marché de l’emploi pèsent aussi, notamment sur les PME. La plateforme d’offre d’emploi Indeed indique qu’« en juillet 2025, le nombre d’offres en alternance a reculé de 29 % par rapport à juillet 2024, contre une baisse de 18 % dans l’ensemble des annonces » sur son site.
 La réussite de l’apprentissage
Les contrats de travail en alternance liés à un contrat d’apprentissage ont permis à de très nombreux étudiants d’assurer le financement de leurs études en travaillant à temps partiel et en apprenant un métier. L’apprentissage est intéressant parce qu’il organise l’accueil de l’apprenti qui est confié à un responsable expérimenté de l’entreprise d’accueil. Il facilite l’insertion sociale et professionnelles de l’élève et lui permet de trouver plus facilement un job.
Le fait de payer ses études établit une sorte d’obligation de résultat pour l’étudiant qui sait que redoubler lui coutera cher, voire risque de lui imposer d’arrêter ses études. Le fait de travailler est un premier accès au monde professionnel et en facilite l’accès ultérieur. « Les étudiants qui effectuent la dernière année de leur formation en apprentissage obtiennent autant ou davantage leur diplôme que les autres, selon la filière de formation » observait déjà en 2022 le ministère de l’enseignement supérieur. Selon la fondation Adecco, en 2023, le taux de satisfaction des alternants a atteint un pic de 91 % en raison de son rôle clé dans la réussite, l’insertion professionnelle et ses avantages financiers avérés. Plus prosaïquement, un étudiant américain notait sur le web que « les étudiants ayant un emploi à temps partiel sur le campus réussissent mieux sur le plan scolaire que ceux qui n’en ont pas. Cela apporte plus de structure à leur vie, un réseau social plus large de collègues étudiants, et c’est tout simplement plus sain que de boire tout le temps et d’aller en cours en pyjama ». Selon l’OPCO Mobilités, 83% des apprentis sont en emploi ou en alternance six mois après la formation, contre 65 % pour les étudiants en formation initiale.
De diverses études, il ressort qu’un travail rémunéré trop prégnant  peut rendre plus difficile la réussite des élèves, mais qu’un nombre limité d’heures de travail salarié, de 10 à 20 heures par semaine, accomplies en plus du temps consacré aux études peut favoriser la réussite de celles-ci. Aux Etats-Unis où le coût des études est souvent exorbitant, une large majorité des étudiants ne peuvent poursuivre leurs études que parce qu’ils bénéficient de bourses, ou empruntent avec la faculté de rembourser quand ils seront dans la vie active, ou encore font des petits jobs. En général les universités offrent des solutions de financement pour tous les élèves admis.
Amplifier l’apprentissage autrement
La réussite économique des Etats-Unis tient peut-être en partie à cette incitation à la réussite personnelle que représente le prix de l’inscription à l’université et à l’intégration que permet le travail étudiant. Ce qui explique aussi sans doute en partie la faiblesse du chômage et le niveau élevé de formation des jeunes en Allemagne ou en Suisse où l’apprentissage est très important.
Il est donc peut-être plus sain de permettre aux étudiants de travailler un peu plutôt que de leur donner des bourses. Pour le moins il paraît plus juste d’aider ceux qui s’aident déjà eux-mêmes. En ce sens l’ouverture de l’apprentissage aux étudiants a permis à beaucoup d’entre eux d’entreprendre ou continuer leurs études. Les écoles privées qui font payer le cursus scolaire en ont profité car le système leur a permis de trouver plus de candidats qu’elles ont aidé à obtenir des contrats d’apprentissage et dont elles ont aménagé les horaires pour qu’ils puissent étudier en travaillant.
D’une certaine manière l’apprentissage a été utilisé comme le serait un « bon scolaire » au collège ou au lycée. Mais en exigeant de l’étudiant qu’il travaille. Et le système a produit des résultats satisfaisants. Plutôt que de réduire drastiquement les crédits de l’apprentissage en période de disette budgétaire, il faut sans doute aménager et développer le système.
De manière plus simple, il serait envisageable d’accorder une bourse aux étudiants qui décrochent un mini-job à concurrence d’un montant égal au salaire qu’ils ont gagné tout en exonérant celui-ci de charges sociales en considérant qu’il s’agit d’une aide à des étudiants bénéficiant déjà d’un régime social étudiant. Leur effort au travail serait ainsi doublement récompensé. L’aide cesserait en cas de non admission dans l’année supérieure ou de non assiduité aux cours.
8 réponses
Un fait oublié : dans nombre de cas l’apprentissage est une pré-embauche, avec un coût salarial bien inférieur au SMIC.
Pour des diplômés non directement opérationnels c’est un véritable CPE !
Il faut arrêter de supprimer les charges sociales du patronna, les apprentis fournissent un travaille et cette production est revendue au même tarif que celle fourni par un professionnel payé au tarif d’un employé professionnel, et après on dit que les caisses sont vides.
Déjà avec ce system on gréer la trappe au SMIC, les économies peuvent être fait sur la classe politique et les emplois publiques dans les administrations qui fonctionne en double, les français ne sont pas des vaches à lait que l’on trait tous les jours, pour nourrir des improductifs.
Non, les apprentis ne fournissent pas un travail ils doivent être accompagnés en permanence par un tuteur qui pendant le temps qu il passe à former et encadrer
ne produit pas; vous ne connaissez pas l’apprentissage et le monde de l’entreprise
Il est à noter qu’en France, le maintien des bourses est conditionné au succès scolaire… et la comparaison avec les pays évoqués n’est pas très pertinente car ce sont des pays de culture protestante alors que la France est un pays de culture catholique où on trouve toujours un prétexte pour sius-payer le travail, ce qui pousse à la fuite en avant dans les études pour augmenter les chances de décrocher un emploi aux standards d’un pays développé, les secteurs arriérés remplaçant de toute manière les travailleurs français par des immigrés fraîchement arrivés et régulièrement remplacés.
Les secteurs qui emploient des immigrés sont essentiellement des entreprises de main d oeuvre comme la santé, le nettoyage le BTP la logistique le transport la restauration…..que nos 3 millions de chômeurs ne veulent surtout plus faire!!!!
Quant a la culture du diplôme c est une grande tradition bien gauloise!!!!!!
Au sein de l UE seule la France croit encore à la retraite a 60 ans!!!!!
Ne serait-ce pas des fois la présence d’immigrés qui nivelle tout par le bas et pousse les Français à fuir certains métiers?
L’apprentissage tel que développé par M. Macron est une machine à gommer des chômeurs, et il a ainsi pu faire croire qu’il avait vaincu le chômage. Les entreprises sont souvent friandes d’apprentis pour la simple raison que cela leur fait une assistance gratuite, pas pour jouer le jeu de l’apprentissage qui suppose un maitre dans la partie.
L’E.N. ne vérifie pas les qualités réelles des maîtres de stage, ce qui devrait être une condition suspensive dans certains cas. Je parle pour la formation BTS communication, laquelle a vu fleurir les formations privées, et les stages dans des TPE sans aucun rapport avec le métier de communicant (style BTP). Cette pompe aspirante a même asséché une partie des débouchés des étudiants formés dans ce domaine…
Par ailleurs, étrangement, elle attire des personnes fatiguées du système scolaire, mais ne disposant pas de la faculté de savoir lire, écrire et compter !
L apprentissage pratique aussi bien en Allemagne en Autriche en Suisse….a montré toute l efficacité de cette mesure !!!!