Le succès médiatique de Laurent Mauvignier est bien justifié : son amour de la nature le prouve, là où les chevaux sont rois, où la beauté des montagnes du Kirghistan est irrésistible, où l’inconnu a bien plus de valeur qu’un mari mal aimant, où la femme peut enfin faire ses preuves ou du moins y croire. Alors l’héroïne se donne à corps perdu dans un voyage lointain, dans des chevauchées interminables, dans des rencontres éphémères, car jusqu’ici elle dit avoir tout raté : sa vie de romancière, d’épouse et de mère. Aussi elle se jure de sauver  son fils adoré, skinhead et autiste depuis la séparation de ses parents. Comment lui redonner goût à la vie ? Où trouver le bonheur pour cet ado malheureux? Même la montagne a ses dangers, ses précipices et ses voleurs. L’important c’est de « continuer », mais jusqu’où? Car si « errare humanum est, perseverare diabolicum ».
Certes cette chevauchée a tout d’une tentative de guérison,  mais la condition humaine n’échappe pas à ses propres limites. Laurent Mauvignier n’a rien inventé.  Adolescent dans l’âme, il va retourner dans « La maison vide », tenter de découvrir les secrets de ses ancêtres et parvenir à une maturité qui peut lui apporter le prix Goncourt. Dans « Continuer » les descriptions sont ciselées comme des  diamants, les ressentiments sont durs comme des cailloux, parfois noirs comme du charbon, mais l’amour maternel embrase indéniablement tout le livre.