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mercredi 19 novembre 2025

Frais de représentation de nos élus : il faut une clarification

Temps de lecture : 3 minutes

Les frais de représentation d’Anne Hidalgo ont beaucoup agité la sphère médiatique ces derniers temps, attirant même l’attention du Parquet national financier. Une nouvelle polémique a surgi tout récemment, à propos des frais de représentation, jugés excessifs, du maire socialiste du 18e arrondissement de Paris, ce qui a conduit Anne Hidalgo à annoncer qu’elle dévoilerait notes de frais de l’ensemble des maires d’arrondissement en guise de riposte…

La polémique Anne Hidalgo

Le 16 septembre, Mediapart révélait que la maire de Paris avait dépensé, entre 2020 et 2024, plus de 84.000 euros pour acheter des vêtements et 125.000 euros pour financer ses déplacements. Le même jour, l’association Transparence citoyenne produisait ces notes de frais, ayant fini par obtenir les factures réclamées depuis mars 2024, précisément 118 tickets de caisse, après saisine de la commission d’accès aux documents administratifs (Le Figaro, 17 septembre 2025). Se référant implicitement à la « taxe Zucman », Arnaud Dassier, le secrétaire général de l’UDR, a lancé cette remarque cinglante : « La politique socialiste, c’est taxer Bernard Arnault pour permettre à Anne Hidalgo de s’habiller chez LVMH »…

Une déontologie intraitable, mais… modulable

Voilà plusieurs années qu’Anne Hidalgo fait fi des polémiques, se murant dans le silence ou temporisant, comme après son voyage controversé en Polynésie française. Or, cette attitude alimente les rumeurs. Plus encore, elle est contraire à ses engagements. N’avait-elle pas déclaré, le 5 avril 2014 : « Je serai intraitable sur les questions d’éthique en demandant à chacun de se soumettre à des règles claires pour une transparence totale » ? Les réseaux sociaux n’ont pas manqué de reprendre à l’envi cette phrase pour brocarder son auteur.

Si la transparence n’est pas toujours une bonne chose dans la société civile, ne serait-ce qu’en raison du secret des affaires, sans parler du péril totalitaire de la transparence totale, il n’en est pas de même dans la sphère de l’État. Certes, la confidentialité est parfois indispensable, mais la transparence s’impose en matière de rémunération et de défraiement des hommes politiques.

Les règles applicables

Les frais de représentation des maires des grandes villes sont établis avec un plafond annuel fixé par le conseil municipal. Selon l’Association des maires de France (Statut de l’élu local, janvier 2025, p. 79) et conformément au code général des collectivités territoriales, ils ne concernent que les maires et certains présidents d’établissements publics de coopération intercommunales ou de métropoles. Il s’agit d’une allocation et non d’un remboursement, qui ne saurait pour autant  être utilisée n’importe comment. Entre autres obligations, les dépenses doivent être strictement en lien avec l’exercice du mandat.

Une comparaison avec d’autres élus en France…

Depuis la suppression de la très contestée indemnité représentative de frais de mandat, les parlementaires disposent d’une avance de 6.353 euros par mois, qu’ils doivent utiliser à des fins professionnelles et de manière « raisonnable », sous le contrôle d’un comité de déontologie. Cependant, une partie peut être dépensée sans justificatifs et ce, à hauteur de 7.800 euros par an pour les députés  et de 10.620 euros pour les sénateurs (Assemblée nationale, fiche n° 7, « La situation matérielle du député »).

… et en Europe

La situation d’Anne Hidalgo est-elle exceptionnelle au regard de ses homologues étrangers ? En ce qui concerne les indemnités, celle du  maire de Paris,  majorée de 25 % comme le permet le code des collectivités territoriales, se monte 9.204,23 euros bruts par mois. On peut considérer qu’un peu plus de 110.000 euros brut par an pour diriger l’une des principales capitales du monde, dotée d’un budget substantiel, et son armada de fonctionnaires, n’a rien d’extravagant. Le maire de Londres, lui, se voit allouer 195.000 euros par an et celui de Berlin, 212.000 euros.

En ce qui concerne les frais de représentation, l’allocation globale d’Anne Hidalgo est de 19.720 euros par an, sous réserve de justifier desdits frais ainsi que nous l’avons indiqué. Pour prendre quelques autres exemples parmi ceux dont nous disposons, le maire de Madrid a dépensé un peu plus : 90.585 euros entre 2020 et 2024. Le bourgmestre de Bruxelles, lui, reçoit somptueusement… 3.000 euros chaque année. Quant au maire de Berlin,  il ne dispose d’aucune enveloppe (20 Minutes, 18 septembre 2025).

L’hypocrisie française

Comme souvent dans notre pays, et ceci vaut pour de nombreux mandats, l’indemnité de base est modeste, mais il est prévu d’en greffer d’autres, à titres divers, qui la gonflent de manière plus ou moins substantielle. Ne serait-il pas préférable d’avoir moins d’élus, à la rémunération transparente, et de supprimer en contrepartie les frais de représentation, à l’exemple de certains pays étrangers ? La question est plus que légitime…

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4 réponses

  1. La clarification des frais ne passe pas par un texte de plus, il n’est pas légitime de puiser dans la caisse, surtout pour des dépenses somptuaires, mais par une clarification des élus : choisissons des gens intègres…

  2. Les remboursements de frais ne subissent ni charges sociales, ni impôt sur le revenu. C’est sûrement pour cette raison que les salaires sont contenus et les remboursements de frais importants dans la fonction publique.
    En bref, ils cotisent le moins possible en encaissant au max…et en suppliant de prendre aux autres pour combler les déficits qu’ils ont eux même creusés.
    Belle mentalité
    Pour mémoire, François Fillon est tombé sous les cris de la gauche intégré et honnête car , entre autre, on lui avait offert des costumes.

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