Depuis plusieurs années, le débat sur les retraites en France se cristallise autour d’une opposition générationnelle. Les baby-boomers auraient « profité » du système au détriment des générations suivantes. Une lecture simpliste qui divise artificiellement les Français au lieu de s’attaquer au vrai problème : le monopole d’un système par répartition au détriment des options par capitalisation. Et si la vraie fracture n’était pas entre boomers et milléniaux, mais entre ceux qui veulent maintenir un système ruineux et ceux qui veulent le réformer ?
Les baby-boomers, boucs émissaires faciles
Il est vrai qu’après guerre, les premières générations bénéficiaires du régime par répartition ont profité d’un rendement exceptionnel. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, les baby-boomers ont bénéficié d’un taux de récupération (mesure du rendement des contributions au régime de retraite) de plus de 200 %. Autrement dit, ils ont touché plus du double de ce qu’ils avaient cotisé. Mais cette situation tient moins à une quelconque « rente générationnelle » qu’au fait que le système, alors en phase de démarrage, fonctionnait avec beaucoup plus d’actifs que de retraités et que les retraités avaient par définition cotisé peu d’années compte tenu de la date de création récente du système d’assurance par répartition des retraites.

Source : Modèle MELETE (XAVIER CHOJNICKI, JULIEN NAVAUX, LIONEL RAGOT)
La tendance s’est rapidement inversée : ceux qui sont nés dès la fin des années 60 avaient déjà un taux de récupération inférieur à leur taux de contribution. Aujourd’hui, les pensions pèsent toujours plus dans les salaires bruts. Depuis 1995, elles représentent entre 33 % et 38 % des salaires et traitements bruts versés, alors que le taux de cotisation est de 28 % du brut – ce qui fait ressortir un déficit chronique significatif.
Cette situation est-elle imputable aux baby-boomers ? Elle incombe surtout aux décideurs de l’époque, qui ont surfé sur des promesses électorales et ont aggravé l’équilibre du système par répartition. C’est le cas de François Mitterrand qui, en 1983, a réduit le taux d’emploi des séniors en baissant l’âge légal de départ à 60 ans au lieu de 65 ans, sur fond de sophisme économique du gâteau à partager.
Un système de plus en plus coûteux pour les finances publiques
Dans des pays comme le Canada, les Pays-Bas ou l’Australie, les dépenses du secteur privé via la capitalisation ont une part quasi égale dans le PIB aux dépenses du système public de répartition (Panorama des systèmes de retraite en France et à l’étranger, page 17). L’âge pivot de départ est plus tardif : 65 ans au Canada, 67 ans aux Pays-Bas et en Australie. Résultat : les dépenses dédiées aux pensions s’élevaient respectivement à 5 % du PIB au Canada et aux Pays-Bas, 4,3 % du PIB en Australie, contre 14,4 % du PIB en France en 2019. Au sein de l’UE, la France fait partie des pays dont la part des dépenses de pensions dans le PIB est la plus élevée.
À cela s’ajoute un sujet dont on ne parle pas ou très peu : la retraite des fonctionnaires que l’État prend en charge en payant des cotisations fictives, très supérieures à celles du privé (27,9 %). Elles sont de 74,28 % pour les fonctionnaires civils de l’État et de 126,07 % pour les militaires. L’État a aussi versé 3,97 milliards d’euros de cotisations employeurs à l’Ircantec en 2023 pour financer les pensions de ses agents contractuels.
L’écrasante majorité des fonctionnaires ne cotise pas au système de retraite, mais une part significative (4,4 millions d’agents publics actifs) profite de la capitalisation grâce au régime additionnel de la fonction publique (RAFP) et cotise à hauteur de 5 % du montant des primes chaque mois. Il existe également des régimes propres au Sénat et à la Banque de France. Pour quelle raison mystérieuse tous les Français ne pourraient-ils en bénéficier ?
La capitalisation, seule issue possible
Pour améliorer l’équilibre de notre budget, certains proposent de supprimer l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les pensions (gain de 4,6 milliards d’euros par an), d’annuler l’écart de taux de CSG entre actifs et retraités, ou encore de désindexer les retraites sur l’inflation (gain de 3 milliards d’euros par an). Ces mesures permettent certes d’augmenter les ressources de l’État, mais elles ne corrigent pas le grave déséquilibre de nos régimes de retraite que la baisse démographique va aggraver significativement dans les prochaines années.
Alors, quelle solution ? Dans les pays qui ont intégré une part de capitalisation dans leur système de retraite, le taux de rendement (rapport entre le montant des cotisations versées et les pensions perçues) est en moyenne supérieur à 3 % : 2,8 % en Suisse, 3,1 % aux Pays-Bas, 3,3 % au Danemark, 4 % en Australie, 4,1 % au Canada… Comme le think tank IREF l’a démontré dans une étude, la capitalisation permettrait de réduire les cotisations, tout en augmentant significativement les pensions : un salarié pourrait obtenir une pension mensuelle équivalent à 86,5 % de son dernier salaire et 101 % de son salaire moyen sur toute sa carrière, après avoir cotisé 15 % sur ses salaires au lieu des 28 % qui sont prélevés actuellement sur les salaires bruts. C’est ce que l’on observe au Danemark et aux Pays-Bas : l’effort financier des cotisants est inférieur de 30 % à celui des Français, alors que les rendements sont supérieurs de 30 % pour les revenus moyens.
Les Français paient deux fois plus pour recevoir moins, alors que d’autres pays offrent de meilleures retraites avec moins de cotisations. C’est pourquoi la capitalisation est la seule voie crédible pour sauver les retraites françaises et restaurer l’équité entre générations.
45 réponses
Bonjour
Ceux nés à la fin des années 60 n’ont pas atteint l’âge de la retraite… Relisez vous.
Cordialement.
Bonjour,
C’est ce que montre le graphique. On appelle cela une modélisation. Relisez-le.
Cordialement
Les boomers n’ont pas profité du système : ils ont travaillé beaucoup plus, au moins 39h, sans RTT, avec moins de congés, avec très peu d’allocations, un niveau de vie plus modeste, et payaient ce qu’ils consommaient au lieu de demander à l’État d’emprunter pour eux.
Leur véritable faute, c’est l’esprit 1968 : il est interdit d’interdire, on a tous les droits mais pas de devoirs… On voit à quoi a abouti la mise en oeuvre de cette mentalité laxiste et irresponsable dans l’éducation : une génération d’enfants gâtés, pas finis : dépendance, individualisme, frustration permanente, entraînant une exigence très forte envers les autres, notamment l’État, qui par ce biais les asservit sans qu’ils soient même capables de s’en rendre compte, puisqu’ils en redemandent !
Ces enfants sont maintenant aux commandes et Macron en est malheureusement une parfaite caricature : on voit le résultat…
Les boomers ont quand même leur part de responsabilité, et cela bien que l’esprit 68 en soit la cause. L’esprit de liberté étant, entre autres, une des principales causes de la baisse de natalité.
Pas 39h mais 45h
Ce sont les cotisations qui alimente un système de retraite. La durée du travail où je ne sais quoi comme condition n’a rien à voir là dedans. Les boomers ont travaillé pour avoir un salaire (pas gratuitement) dont ils ont profité davantage car il ont moins cotisé. Ils ont cotisé bien moins que les jeunes d’aujourd’hui car le système par répartition fait qu’ils ont cotisé pour les morts de la guerre et une génération moins nombreuse que la leur. Les cotisations mensuelles étaient plus faibles et la durée de cotisation également. Les cotisations globale des jeunes aujourd’hui sont et seront sans commune mesure avec les cotisations faibles des boomers. Ce qui agace c’est que c’est aussi à partir des années 1975 soit quand les boomers ont eu 10 à 30 ans que la spirale de la dette (qui signifie clairement : les jeunes payeront) a commencé. Au lieu d’accepter de faire des efforts, le choix a été fait de continuer avec le même train de vie, comme si ont allant reconstruire la France 10 fois, et de refiler la facture aux générations suivantes. Ajoutez les problèmes climatiques issus d’un système créé par les boomers et que les générations suivantes subiront, le choix de faire des économies sur la défense qui fragilise nos sociétés européennes et que les générations suivantes subiront + le sacrifice COVID pour sauver des boomers avec des jeunes privés volontairement de revenu (dont une explosion de la malnutrition et des problèmes d’accès aux soins chez les jeunes) et des insertions professionnelles sacrifiées. Vraiment les jeunes sont très patients au contraire. Les boomers à leur âge ne commençaient pas avec de tels boulets au pieds attachés par le génération précédente. Arrêtez de vous voiler la face.
tout a fait voir plus
Bonjour, nous sommes bien d’accord, les syndicats et la gauche n’ont d’autres soucis que de faire travailler moins et gagner plus… Dans les années 60 je travaillais 48 heures par semaine et il n’y avait que 4 semaines de congés, pas de RTT. Toute la clique gauchiste ne vise qu’à faire des générations de paresseux et de quasi illettrés.
Les cotisations pour les retraites sont passées de 12% à 22% (à la grosse louche).
Nous travaillons donc 10% de moins : 39h à 35h.
Bien sur la capitalisation est une des voies pour améliorer notre système de retraite mais pas la seule, il faut aussi bosser plus tout au long de la vie donc un projet de retraite a 67 70 ans doit être mis en place très rapidement comme chez tous nos voisins européens
Il faut arrêter avec ce mythe franchouillard de la retraite a 60 ans venue de la goche et défendue par tous les partis!!!
La culpabilité des boomers est un argument tellement séduisant pour nos journalistes encore jeunes mais déjà paresseux !
Pas sûre que les soixante-huitards soient moins « paresseux » que leurs descendants.
Tout est dit ou presque car si on ajoute à cette dérive la baisse du temps de travail à 35 h on peut, sans être particulièrement intelligent, comprendre le glissement des finances publiques et de l’activité en France.
Il faut insister sur le fait que les retraités de la fonction publique ou ceux sous statut, sont particulièrement bien dotés et que cela pèse énormément sur le budget retraite du pays et tout particulièrement sur les retraités du privé qui vont devoir participer au redressement des comptes par amputation de leurs revenus qu’ils ont payé jusqu’au dernier centime. Ces graves erreurs stratégiques prises par des politiciens inconséquents ou ignarent, sont de véritables bombes à retardement, la retraite à 60 ans de Mitterand ou les 35heures de l’équipe Jospin/Aubry pour se faire élire ou réélire. Ces gens sont maintenant peinards avec de belles retraites, voire décédés, mais leur stupides décisions nous explosent à la figure 20, 30 ans plus tard. Mais pour ces pros de la politique, gauche il faut le dire, le mot d’ordre est : après moi le déluge.
La suppression de l’abattement fiscal de 10% est déjà appliqué dans la plus grande discrétion. Certains voient sur leur avis d’imposition un abattement de 10%, annoncé comme d’habitude, alors qu’en réalité, après calcul, il n’est que de 5%. Et cela depuis deux ans. A noter aussi que les professions libérales paient, avec leur cotisation de retraite, au nom de la « compensation » entre les caisses, une belle somme qui va dans les caisses du secteur public. Et ceci ne donne aucun point supplémentaire pour la future retraite. Pas belle la vie?
Il apparait que l’Etat – donc les contribuables – verse 158 milliards d’euros chaque année au titre des pensions de retraite des agents public soit 64 milliards pour les pensions des fonctionnaires, 52 milliards au titre des subventions d’équilibre (cotisations insuffisantes), 7 milliards pour les régimes spéciaux (dont 3.3 milliards pour la seule SNCF) et 33 milliards pour les agents territoriaux et hospitaliers.
Sous la présidence Macron, 180 000 agents publics ont été embauchés, alors qu’il avait promis lors de sa 1ère campagne présidentielle, d’en supprimer 120 000. Ces agents seront à la charge des contribuables pendant une cinquantaine d’années.
On rappellera que les caisses AGIRC et ARRCO des salariés du privé sont excédentaires d’env. 60 milliards d’euros.
Boomers ou agents publics ????
Bonjour GHUS, Vous êtes un des seuls à chiffrer les retraites du public archi déficitaires à celles du privé bénéficiaires. Personne n’en parle. Il est incroyablement malhonnête de dire que tous les retraités sont responsables des déficits alors que seuls les retraités du secteur public sont responsables d’un déficit gigantesque. Comble du comble ce déficit est financé par les impôts des Français du secteur privé…..!
ce Pays marche sur la tête.
Je me suis toujours demandé pourquoi on parle très peu, à l’occasion de chaque tentative de reforme, des retraites des fonctionnaires que l etat en effet prend en charge, donc nos impôts des privés qui paient toujours pour ces privilégiés, qui ont déjà la sécurité de l’emploi en plus que vu leur masse ils participent largement à l’endettement de la France en frais de fonctionnement
Probablement parce qu’ils ont acquis un tel pouvoir électoral que cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied.
Merci André, nous sommes en parfait accord. Je viens de répondre à GHUS.
Sous le Président POMPIDOU 30 % de dépenses publiques, à ce jour, 70 %…
Il faut vraiment être complètement crétin et irresponsables, comme nos dirigeants, pour ne pas comprendre qu’à ce jeu, la France est cuite et en faillite…!
Merci Elodie , Excellent papier qui devrait être adressé à touts les syndicats et partis politiques , RN compris, en leur proposant d eprendre le pari d’en contredire les termes.
Par ailleurs , si j’avais participé à son élaboration , j’aurais proposé d’insister davantage sur les effets d’une harmonisation des retraites Privé/Public en s’adossant sur une simulation Retraite à 64 ans ( par exemple ) avec revenu de remplacement (allocation de retraite) calculée pour tout le monde sur la base du salaire moyen des 20 dernières années. On pourrait , comme vous le suggérez , enrichir l’approche avec un taux réel de cotisation pour tous de 20%.
Il me semble qu’ils y auraient des surprises « auxquelles nous ne saurions résister ».
Merci à vous pour votre commentaire
Les boomers ont travaillé et cotisé pour leurs retraites, ce n’est pas leur faute si l’état profond gaspille!
Les boomers ont cotisé pour des classes creuses ne coûtant pas bien cher en retraite car c’était le plus souvent des ouvriers ou des agriculteurs, rien à voir avec la cohorte de bureaucrates centristes partis en pré-retraite à 55 ans…
LA « REFORME » DES RETRAITES.
Au départ une réflexion sur le mot « réforme » que l’on entend à tout va au sujet de la retraite par répartition.
Sens général :
Réformer un système : revoir ses principes, ses mécanismes.
Or tout ce qui nous est présenté comme réforme consiste principalement à faire varier quelques paramètres du système actuel : Age de départ, durée de cotisation etc. Aucune modification significative des mécanismes ou des principes n’est jamais évoquée.
Le matraquage du mot « réforme » serait-il un exemple supplémentaire du principe bien connu de nos élites : « quand on n’a pas la chose, il faut avoir les mots » ?
A quoi pourrait ressembler une vrai « réforme » ?
– Une chose est admise par tous : il y a un problème de financement.
– Tout le monde s’accorde sur la cause : la baisse de la natalité.
… et on s’en tient là ! Ils ont tous la solution : Il faut trouver qui va payer pour sauver le système. On est bien loin de la définition de ce que doit être une réforme !
Mais une chose devrait attirer l’attention : Comment peut-on chercher une solution a un problème… sans l’avoir posé !
Commençons donc par-là : Que cotisons nous ?
Ce que l’on appelle “cotisation retraite” n’est, en réalité, qu’un transfert immédiat de richesse aux retraités actuels. Il ne s’agit ni d’une épargne, ni d’un investissement à long terme. Nous payons pour les autres, pas pour nous-mêmes. Alors, d’où viendra l’argent de notre retraite ?
Ce sont nos enfants qui, à leur tour, seront ponctionnés sur leurs revenus, comme nous l’avons été vis-à-vis de nos parents, pour nous verser notre retraite.
Ce principe existe depuis le début de l’humanité ou les parents élèvent des enfants qui, devenus grands, prennent soin de leurs parents devenus vieux.
Une répartition… ou une capitalisation déguisée ?
On oppose souvent « répartition » et « capitalisation », ne serait-ce pas un faux débat car élever des enfants ayant un coût, la répartition devient une forme de capitalisation « humaine » sur nos enfants dont les dividendes seront leur contribution à notre retraite.
Les estimations (www.ouest-france.fr, Maïté Charles et Nolwenn Chapelon) chiffrent, en moyenne, à 180 000€ la part restant à la charge des parents pour élever un enfant jusqu’à 18 ans. Soit 360 000€ pour deux enfants. Nous noterons que cela entraine une surimposition en TVA significative. (40 000€, estimé avec un taux moyen TVA d’environ 11%). Cela infirme donc l’idée que ceux qui n’élèvent pas d’enfants paieraient plus d’impôts… ce serait plutôt l’inverse. De plus, l’hypothèse de la fin des dépenses à 18 ans est bien optimiste !
Il faut aussi ajouter la charge de travail bénévole considérable que cela représente et que peuvent consacrer aux loisirs, ou à d’autres activités, ceux qui n’élèvent pas d’enfants. Si on rémunérait ce temps, on pourrait facilement doubler la somme !
Le vrai déséquilibre.
Pourquoi le système est-il en difficulté ? Il suffit de répondre à la question que personne ne pose :
« Qui assurera le paiement des retraites de ceux qui n’ont pas élevé d’enfants ? »
Dans le système actuel la réponse est évidente : Les enfants des autres ! Cela reviendrait, dans un système par capitalisation, à verser une pension à ceux qui n’ont pas épargné. Absurde ? Et pourtant, c’est exactement ce que nous faisons !
Autre question : les 360 000€, en moyenne, qui ont été économisés par ceux qui n’ont pas élevé d’enfants que sont-ils devenus ? Placés intelligemment, sur 40 ans, cela peut faire une deuxième retraite par capitalisation. Les grincheux vont s’écrier : « le beurre et l’argent du beurre… » mais ils oublient qu’il y a en plus le sourire de la crémière !
On récapitule, pas d’enfants à élever c’est :
-Le beurre :
Pas d’argent à consacrer aux enfants et du temps libre pour profiter de la vie.
-L’argent du beurre :
Les enfants des autres pour payer la retraite par répartition.
-Le sourire de la crémière :
La possibilité de constituer une deuxième retraite par capitalisation avec l’argent économisé. 360 00€ cela fait une cotisation mensuelle moyenne de 750€ par mois, à deux, pendant 40 ans.
Avec des intérêts composés moyens de 3% sur 40 ans cela fait un capital de 700 000€ à la retraite.
… et nos « élites » s’étonnent que les français ne fassent plus d’enfants, elles devraient plutôt s’étonner qu’ils en fassent encore !
Il ne s’agit pas de pointer du doigt des choix de vie personnels, mais de mettre en lumière un déséquilibre systémique souvent ignoré. Si personne n’élève d’enfants, c’est tout le système qui s’effondre — y compris pour ceux qui pensaient pouvoir y échapper.
En résumé, inconsciemment, quand on n’élève pas d’enfant on coule le système… et on est récompensé !
Assister à la défense d’un système basé sur la démographie et qui « en même temps » (!) incite à ne pas élever d’enfants, ça interroge. Mais que tous ceux qui prétendent proposer des solutions feignent de l’ignorer… ça donne le vertige !
Maintenant une évidence apparaît : ceux qui n’ont pas élevé d’enfants ont une dette envers ceux qui en ont élevé. Donc si on devait prendre des mesures pour essayer de faire durer le système injuste actuel, ce serait de mettre d’abord à contribution ceux qui n’ont pas élevé d’enfants, et qui n’ont donc pas cotisé à la répartition !
– Avons-nous vu la moindre inflexion dans ce sens ?
– Les « décideurs » auraient-ils à gérer un conflit d’intérêt ?
Une proposition de justice équitable.
Maintenant que le problème est (enfin) posé essayons de le résoudre.
Nous avons compris que la retraite n’était que de la capitalisation, capitalisation « humaine », appelée répartition, ou capitalisation financière. On peut donc évacuer le débat entre répartition et capitalisation : il n’avait pas lieu d’être.
Voici ce que pourraient être les grandes lignes d’une solution :
1 – A son entrée dans la vie active, tout citoyen paye sa contribution à la retraite de la génération de ses parents. Jusque-là rien n’a changé. Cela est normal, chaque citoyen étant l’enfant de quelqu’un. Mais il devra, en plus, préparer sa future retraite.
2 – Pour préparer sa retraite, au cours de sa vie, un couple sera confronté à plusieurs situations : pas d’enfant, un enfant, deux enfants ou plus. Comment gérer cela ?
Allons-y !
A – Pendant la période où il n’a pas d’enfant, le couple capitalise dans des actifs financiers. Avec quel argent ? Et bien celui qu’il aurait consacré à élever deux enfants.
B – Après l’arrivée du premier enfant, la somme consacrée à la retraite devra être répartie pour moitié à élever l’enfant et pour moitié dans des actifs financiers. Il est donc juste de restituer au couple, s’il le désire, la moitié des actifs financiers capitalisés lorsque le couple n’avait pas d’enfant, et de diviser par deux le montant consacré maintenant aux actifs financiers puisque l’autre moitié est investie dans l’enfant.
C – Après l’arrivée d’un deuxième enfant, l’investissement « retraite » étant accaparé entièrement par les enfants il n’y a plus aucune raison d’investir dans les actifs financiers. On restitue donc au couple, s’il le désire, le reste de ce qu’il y a investi.
3 – A la retraite trois cas se présentent :
A – Le couple n’a pas élevé d’enfant : sa retraite est financée par le produit des actifs financiers dans lesquels il a capitalisé.
B – Le couple a élevé un enfant : sa retraite est constituée pour moitié du produit des actifs financiers dans lesquels il a capitalisé et pour moitié des contributions « répartition » des descendants.
C – Le couple a élevé deux enfants : sa retraite est financée entièrement par les contributions « répartition » de la population des descendants.
Nous venons de décrire le principe d’un système simple, naturel, compréhensible par tous, juste et auto-équilibré. On peut enfin parler de « Réforme » !
La « solidarité intergénérationnelle » joue toujours, mais seulement pour ceux dont les enfants sont décédés. Ceux qui n’élèvent pas d’enfant ne sont évidemment pas concernés, ils ne font pas partie du jeu : s’il n’y a pas de descendance, il n’y a pas d’intergénération ! De plus, est-il sérieux de parler de solidarité quand il s’agit d’un choix de vie ?
Vérifions les progrès réalisés avec cette approche. :
-Le beurre :
Ceux qui n’élèvent pas d’enfants ont toujours plus de temps libre, mais l’argent non dépensé pour les enfants est destiné à capitaliser pour leur future retraite. Les plus « citoyens » peuvent consacrer leur temps libre à faire du bénévolat.
-L’argent du beurre :
Ceux qui n’auront pas élevé d’enfants seront rémunérés à leur retraite par leur capitalisation financière. Ils ne puiseront plus dans la caisse de la répartition, ce qui entrainera une baisse du total des « cotisations » à verser, et ne contribueront donc plus à son effondrement. De ce fait leurs « cotisations » à la répartition baisseront.
-Le sourire de la crémière :
Elle n’a plus de raison de sourire… Ou plutôt si, car la compréhension du système peut inciter au redressement démographique !
Cette proposition semble donc aller dans le « bon sens » !
Réflexions complémentaires :
– Et si on ne peut pas avoir d’enfants ? L’adoption reste toujours une option, si non la capitalisation financière répond parfaitement au problème. Ce n’est pas une punition… au contraire diraient certains !
– Et si on élève plus de deux enfants ? La retraite du couple étant assurée par deux enfants, les enfants supplémentaires ne relèvent plus que d’une convenance personnelle.
– Et l’âge de départ ? Pour la capitalisation, on pourrait dire « au choix » en fonction du niveau de vie recherché. Pour la répartition, il faudrait demander aux français, par référendum, à partir de quel âge ils considèrent décent de ponctionner le pouvoir d’achat de leurs enfants… (un âge « économique » minimum étant défini en fonction de l’espérance de vie)
– On pourrait craindre que contribuer à la retraite de ses parents plus cotiser à de la capitalisation soit une charge financière trop importante. Mais prenons conscience que, dans ce système, la contribution de tous à la retraite des anciens diminue puisqu’elle n’a plus à alimenter la retraite de ceux qui n’ont pas élevé d’enfants. Et qu’il y aurait-il de choquant, pour quelqu’un qui ne voit pas baisser son niveau de vie suite à l’arrivée d’un enfant, de consacrer l’équivalent à préparer sa future retraite ?
– Nous nous sommes focalisés sur la retraite et l’apport central des enfants dans le système par répartition. On peut pousser plus loin la réflexion en considérant le fonctionnement de l’état. Qui paiera les impôts qui le financeront et permettront aussi à ceux qui n’ont pas eu d’enfants ni de petits enfants d’en bénéficier à leurs vieux jours (Aides, Santé, sécurité etc.)? …Vous connaissez la réponse !
Ceux qui élèvent des enfants contribuent donc bien plus qu’au seul financement de nos futures retraites. Cela était évident aux yeux des anciens. La démographie faisait la force d’un pays, jusqu’à une nouvelle génération de dirigeants, tellement plus intelligents… qu’ils l’ont oublié.
– BONUS
Conseils à un jeune couple :
– N’ayez pas d’enfant.
– Placez l’argent économisé dans de la capitalisation (750 €/mois à 2 en moyenne).
– Profitez de votre temps libre (sport, loisirs, voyages, travail au n. euh… non bénévolat etc.), et menez une vie sans tracas.
– Mesdames, ne risquez pas les séquelles d’une grossesse qui se passe mal et faite une belle carrière.
– A la retraite, les enfants des autres vous payeront votre retraite par répartition à laquelle viendra s’ajouter votre 2eme retraite, celle par capitalisation.
Et si vous avez mené une vie saine, cela pourrait durer très longtemps.
La cerise sur le gâteau (que n’auront pas ceux qui ont élevé deux enfants) :
– A votre décès, vos héritiers (frères, sœurs, neveux, etc.) toucheront ce que l’état leur laissera de votre capital retraite, constitué par les économies réalisées sur les enfants que vous n’avez pas eu à élever.
Sur 700 000€ en moyenne un neveu touchera 320 000 € !
Merci qui ? Nos chères « élites » qui nous ont bricolé un tel système… et qui s’y cramponnent !
Bien dit. Raisonnement et démonstration très complets.
Assez d’accord avec vous. On pourrait réserver la répartition à ceux qui ont eu des enfants. Les autres se débrouillent pour capitaliser (avec le risque que le capital perde de la valeur lorsqu’il n’y aura plus personne pour faire tourner l’outil de production). Le capital accumulé avant d’avoir eu des enfants est versé au système de répartition et converti en droits de retraite par répartition lorsque les enfants arrivent (la moitié au premier enfant et la deuxième moitié au deuxième et il faut sans doute prévoir un bonus au delà de 2 tant que la natalité globale reste au_dessous du seuil de remplacement).
Merci d’avoir eu le courage de tout lire !
Si on regarde sur les 40 dernières années l’évolution du CAC 40 GR, dividendes réinvestis, la progression moyenne est de 6,2% sur 40 ans (le couple qui aurait investi 750€ par mois, (ce qui correspond aux 360 000€ du coût moyen pour élever 2 enfants, étalé sur 40 ans) aurait pu constituer un capital de 1,5 millions d’Euros et donc, placés à 4%, avoir un complément mensuel à la répartition de 5000€. Il y a de la marge pour le « risque ».
Alors, qui pensez vous qu’il faut mettre à contribution pour éponger le déficit ?
Un élément important n’est pas pris en compte dans votre raisonnement et vos propositions : la prise en compte du nombre des enfants dans le calcul des impôts sur les revenus, de sorte que le différentiel entre les contribuables avec enfants et ceux sans enfant n’est pas aussi conséquent que cela. Mais votre raisonnement n’en est pas pour autant dénaturé.
40 000€, en moyenne, de TVA payés dans les dépenses consacrées aux enfant ne sont ils pas suffisants pour compenser?
Les enfants qui paieront à leur tour des impôts non plus?
Il est clair que ce débat n’a pas vraiment d’intérêt. On peut leur reprocher (après tout ils ont voté pour cela) ou non mais nous ne changerons pas le passé. Il est important de regarder devant nous et de continuer le combat pour corriger le tir en apprenant des erreurs de notre passé.
Quand je vois un adepte de l Etat stratège, je lui parle des retraites. Je lui dis : quoi de plus prévisible qu’une pyramide des âges , et vois tu , ils n’ont pas été fichus de prévoir cela, alors comment peux tu les croire capable de gérer l ‘imprévisible ? Je n’ai jamais voté pour cela , j’étais trop jeune, comme tous les gens sur qui la pyramide de Ponzi va s’écrouler , les architectes de notre chute seront morts . Paix à leur âme malgré tout, oui , malgré tout . Espérons que cette ruine instruise les suivants.
Merci . Vos chiffres montrent clairement que les fonctionnaires profitent honteusement du privé. Quand et comment allons nous mettre fin à leur statut CNR privilégié ? Bien à vous
Je voudrais savoir combien d’argent prend l’état sur les cotisations du privé pour payer une partie des retraites des fonctionnaires.
Encore un plaidoyer pour la capitalisation. Je ne suis évidemment pas opposé à l’épargne individuelle (j’ai des PEA) mais dans le cas d’une capitalisation institutionnalisée (attention, c’est là le piège) dans un pays comme la France, il faut aussi compter que l’état piochera dans cette caisse pour continuer à assister ceux qui le sont par le système actuel. Si on ne supprime pas ce type d’assistanat, la capitalisation ne marchera pas mieux que la répartition.
Et sur le fonds, il ne faut pas oublier que si la difficulté de la répartition est la trop faible proportion d’actifs, c’est aussi une difficulté pour la capitalisation car le manque de force de travail compétente amènera inéluctablement les entreprises à laisser dépérir le capital productif.
Et il ne faut pas compter sur l’automatisation qui économisera les bras. L’automatisation demande une élite technique pour fonctionner et cette élite n’acceptera pas de devenir l’esclave des assistés. Elle fuira vers d’autres pays.
Merci « oncpicsou » pour cette analyse détaillée sur la participation des couples sans enfants qui, dans le principe de la retraite par répartition, ne participent pas à la pérénité du système, or c’est justement sur ce point que ce système est aujourd’hui défaillant car, en se projetant dans le futur, il est clair qu’il faut de plus en plus de naissances pour faire face au financement des futurs retraités. Alors ! faire des gosses ou faire entrer des populations émigrées qui, pour beaucoup et de plus en plus, refusent de ce couler dans notre moule ? On sait maintenant ou cela nous entraine en terme de déclassement de nos sociètés.
Le système doit se réformer vers une individualisation des retraites avec une base minimum tenant compte des situations particulières. et cela pour tous et en toute clarté et égalité. La retraite à point par capitalisation est une solution, elle responsabilise et donne le choix de sa retraite à chacun d’entre nous. De plus, elle permet, comme c’est le cas dans beaucoup de pays développés, de mettre à disposition des financement pour des investissements qui se rentabilisent.
S’il est vrai que les couples sans enfants bénéficient d’un avantage, il n’en demeure pas moins qu’ils participent à la retraite des autres à fonds perdus. Cela revient à entendre cette douce musique que nos politiciens et nos économistes de tout bord (surtout de gauche) nous jouent sur toutes les chaines (publiques surtout) à savoir que les personnes propriétaires de leurs logements sont avantagées par rapport aux locataires et à ce titre devraient être imposés. Nous sommes (enfin je le crois), encore dans une société qui se prétend libre, cette liberté à un coût que d’aucun veulent faire supporter par tout le monde, c’est le cas des retraités de la fonction publique et des régimes spéciaux dont les effectifs ne cessent d’augmenter, qui bénéficient d’avantages devenus insupportables pour l’ensemble des retraités et particulièrement ceux du ‘privé’. Tant que ce système public ne sera pas corrigé, les déficits continueront d’augmenter quels que soient les pansements à cout terme que nos dirigeants vont apporter. Ce ne seront toujours que plus d’impôts, moins de pensions moins de consommation, moins de compétitivité etc etc, la spirale actuelle et cela pour maintenir les avantages d’une petite catégorie de la population.
Michel Rocard, il y a bien longtemps, a voulu réformer le système des retraites à un moment où cela était opportun, mal lui en a pris car cela risquait de compromettre la réélection de François Mitterrand en tant que président de la République. Ce dernier a d’ailleurs fixé l’age de la retraite à 60 ans et fait adopter la semaines de 35 heures. Et depuis les système se dégrade et ses successeurs ont bricolé alors que tous savaient en observant la courbe démographique que le système par répartition ne pourrait pas tenir indéfiniment.
Merci Élodie pour votre excellent article.
Merci à vous, fidèle lecteur
Je ne vois dans aucun article concernant le gap « actifs-retraités », une prise en compte des nombreux dons ou prêts que les parents font à leurs enfants et/ou petits enfants. Ce n’est pas quantifiable bien sûr dans une statistique générale mais ce n’est pas négligeable ! Les reproches faits aux boomers en sont d’autant moins justifiés…
Né en 1939 j’ai commencé à travailler en 1956 . A l’époque le temps de travail était de 45 heures par semaine.
Puis j’ai eu la « chance » de faire 28 mois de service militaire dont 21 en Algérie.
Parti en retraite 60 ans après 43 ans de cotisation, il est vrai que je touche une retraite correcte dont celle d’ancien combattant mais,sans vantardise,je pense l’avoir méritée.
Vous avez raison de le souligner. Mais, la tva payée sur les dépenses pour élever un enfant compense. De plus, on peut mettre en parallèle ces impôts allégés pour ceux qui ont des enfants avec les impôts que paieront à l’état ces enfants devenus grand et dont tous les citoyens profiteront… y compris les retraités sans enfants!
Parler des boomers comme portant « collectivement une responsabilité ne va pas…
C’est les limites de la démocratie représentative…
Le politique ne devrait pas se mêler de cela.. Point barre.
Est ce que les français portent la « faute de présidents pathétiques?
Il n’y a pas de responsabilité collective.
le droit à la retraite.. au logement à l’education à la santé ça signifie le droit de faire payer les autres…pour ce qu’on veut..
La capitalisation devrait se faire par des fonds privés, bien gérés, investis sur les places mondiales.
Quand à l’automatisation, vous touchez mon cœur de métier, et je peu témoigner qu’en 30 ans, grâce à l’automatisation, mon entre prise est passée de 300 personnes à 1200 personnes dans le domaine très concurentiel des équipementiers automobiles… et sans la moindre delocalisation!
Passer de la répartition à la capitalisation, sans doute est ce souhaitable. Mais comment fait on? Et surtout comment fait-on pour que ce ne soit pas une fois de plus la génération présente qui en paie le prix. Car il y a un prix à payer pour la transition.
Cette étude de l’IREF devrait vous intéresser : https://fr.irefeurope.org/garantir-les-retraites-et-augmenter-le-niveau-de-vie-des-salaries-et-des-retraites-avec-des-retraites-par-capitalisation/