Le report sine die du sommet initialement prévu à Budapest à la fin du mois entre Vladimir Poutine et Donald Trump a deux conséquences ; la fin de tout espoir, du moins pour des semaines, voire des mois, d’un cessez-le-feu, mais aussi un risque que le président américain se fasse encore rouler dans la farine par son homologue du Kremlin et cherche à imposer une solution inacceptable. Au passage, l’idée même d’organiser ce sommet à Budapest, où avait été signé il y a trente ans le mémorandum par lequel Kiev renonçait aux missiles nucléaires hérités de l’URSS en échange de garanties de Moscou, mais aussi Londres et Washington, sur l’inviolabilité de ses frontières, constituait une provocation.
Autre conséquence ; la relation Washington-Moscou semble quelque peu ébréchée par ce rendez-vous raté, au vu notamment de l’annulation, mardi matin, de la rencontre préparatoire entre le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, pour cause « d’attentes divergentes ». Visiblement, Moscou espérait amener Washington à ses vues, notamment à son exigence que l’Ukraine abandonne ses forteresses du Donbass. En clair, que Kiev cède des territoires sur lesquels l’armée russe se casse les dents depuis deux ans, en échange de… rien. A défaut, le Kremlin espère que Donald Trump se lasse du sujet et l’abandonne. Or, même si le président américain devient de plus en plus fantasque, semblant prêt le vendredi à céder tout au Kremlin pour être plus ferme le mardi, prônant un simple cessez-le-feu et un gel de la ligne de front, Washington n’abandonne pas l’Ukraine ; il compte toujours vendre des armes aux Européens à destination de l’Ukraine et fournit du renseignement satellite précieux. En bref, l’annonce du sommet Poutine-Trump aura été un coup d’épée dans l’eau. Question suivante ; combien de temps Trump va-t-il supporter les exigences minimalistes de Moscou, et promettre une percée « dans deux jours, deux semaines » ? Et que fera-t-il alors en termes de livraisons d’armes ? A noter à ce sujet que si la livraison de missiles de croisière Tomahawk semble désormais exclue, l’Ukraine dispose d’une industrie autochtone de missiles capables de « faire le job ». Notamment, le Flamingo, aux performances proches de celles du Tomahawk (charge explosive d’une tonne projetée à plus de 1.600 km, sans possibilités de brouillage GPS) quoiqu’étant moins furtif. En outre, le Flamingo peut être lancé du sol, ce qui est beaucoup plus compliqué pour le Tomahawk depuis un lance-missiles Typhon américain, rare et difficilement manipulable par du personnel non américain…
2 réponses
Pour des personnes qui souhaitent découvrir certaines arcanes du pouvoir et des obligations du président aux Etats Unis, je conseille de visionner la fiction documentée de Robert Aldrich de 1977 intitulée » l’ultimatum des trois mercenaires « .
Comme les voyages, les films sont un moyen d’ouvrir son esprit à des réalités peu connues .
Advienne que pourra.
L’auto proclamé « faiseur de paix » est en train de se comporter en benêt à l’égard du Russe.