Le Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire traverse une crise de gestion majeure. Entre un climat social tendu, des grèves fréquentes, l’augmentation constante des effectifs et un système complexe de primes, l’établissement public peine à concilier fonctionnement efficace et pression syndicale, au détriment de sa rentabilité et de sa performance.
C’est une situation à laquelle l’IREF s’était déjà intéressée : les ports français sont les parmi les plus mauvais du monde. L’indice 2024 du CPPI (Container Port Performance Index), forgé par la Banque mondiale et mesurant le temps que les navires passent dans un port, place le top 20 des plus performants en Asie et notamment en Chine. Les grands ports français sont mal classés : Le Havre 202e, Marseille 342e, Nantes Saint-Nazaire 97e.
Le port autonome de Marseille, connu pour son dialogue social houleux et pour la mainmise des syndicats sur son fonctionnement, est un bon exemple pour illustrer cette situation délétère mais il n’est pas le seul. La Cour des comptes s’est intéressée récemment au cas, plus septentrional, du Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN) révélant une nette dégradation de sa rentabilité, due à une politique d’embauche plus guidée par la volonté d’apaiser les syndicats que par les besoins de l’activité économique.
Grèves, vandalisme et 96 primes différentes…
« Le grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire connaît un climat social extrêmement tendu et un dialogue social dysfonctionnel. Les grèves y sont fréquentes et les conflits sociaux peuvent donner lieu à de la violence physique et verbale. » D’emblée, la Cour des comptes met les pieds dans le plat, s’éloignant de son langage d’habitude si diplomatique.
Pendant la période 2017-2024, le port a, en effet, connu 138 jours de grève (suivis par environ 38 % du personnel), soit un mois par an ; le nombre de jours couverts par des préavis, qui ne mènent pas nécessairement à une grève, a même atteint le chiffre de 326 en 2023. Les salariés auraient donc pu cesser le travail la quasi-totalité de l’année, ce qui cause les problèmes d’organisation que l’on peut imaginer.
Les motifs sont souvent plus politiques que liés à des revendications purement locales, la réforme des retraites ayant entraîné, à elle seule, 81 jours de grève. En comparaison, le port de Dunkerque, public lui aussi, n’a connu « que » 13 jours de grève par an entre 2019 et 2022, suivis par seulement 9 % des salariés.
Pour calmer la situation, la direction a été amenée à créer une usine à gaz de 96 primes différentes, dont 50 rien que pour les marins, une prime n’étant même attribuée qu’à une seule personne : le cuisinier du pôle hydrographique !
Vandalisme, dégradations de matériel, tentatives d’intimidation physique du commandant du port, ingérence des syndicats dans la gestion des dossiers d’implantation d’activités… le fonctionnement du port de Nantes Saint-Nazaire est ubuesque.
La gestion irrationnelle des effectifs affecte la rentabilité de l’établissement public
Quatrième port français, le GPMNSN enregistre un trafic de 28 millions de tonnes par an et il emploie 690 agents, un effectif en constante augmentation depuis les 570 employés de 2017.
Entre 2017 et 2024, les charges de personnel, passant de 43,3 à 67,5 M€ (pour un chiffre d’affaires de 95M€) ont augmenté deux fois plus rapidement que celles des autres grands ports hexagonaux et de manière tout à fait décorrélée de la progression de son activité. Conséquence majeure, le ratio entre charges de personnel et chiffre d’affaires se dégrade passant de 61,1 à 69,2% pour cette même période. Le port de Dunkerque, n’emploie, en comparaison, que 361 équivalents temps plein et il réalise un chiffre d’affaires de plus de 110M€.
Deuxième conséquence de ce climat social dégradé, les rémunérations ont progressé de 20% en sept ans, notamment à cause des primes. Mathématiquement, la rentabilité nette du port s’est effondrée : 0,9% en 2024.
Le déficit de compétitivité apparaît on ne peut plus clairement dans le coût horaire de maintenance des navires, 123€. Des sociétés privées effectuent les mêmes tâches pour un coût quasi deux fois moindre (70€). Et de l’autre côté du Quiévrain, le port d’Anvers affichait en 2022 une rentabilité record de 8,6%, soit dix fois supérieure à celle du GPMNSN (avec un chiffre d’affaires de 497M€ et un résultat net de 43M€).
Nous avons là , avec le Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire, une parfaite illustration (une de plus) des dérives structurelles d’un modèle étatique et syndicalisé qui étouffe la compétitivité au nom d’une paix sociale illusoire. À force de compromis, de primes et d’embauches sans lien avec l’activité économique, l’État a transformé un outil stratégique en fardeau budgétaire. Les mêmes causes produisent partout les mêmes effets et les leçons à en tirer sont aussi presque toujours les mêmes : les ports français ne retrouveront quelque dynamisme, et la place à laquelle ils pourraient prétendre, qu’avec la privatisation et la concurrence !
9 réponses
Malheureusement ce n est pas nouveau j habitais St Nazaire jusqu en 1969 j étais lycéen technique à Aristide Briand et travaillais l été au chantier de l Atlantique et les dockers étaient souvent en grève mais roulaient en Mercedes ce qu aucun ouvrier des chantiers ne pouvait se permettre ils roulaient en 4L ou en 2 cv et seuls les dockers pouvaient se payer de belles maisons neuves mais pas question d accéder à la profession si vous n étiez pas de la famille un peu gitane et avec des activités marginales de trafic de cigarettes et d alcool souvent en provenance des bateaux ou des conteneurs fracturés on donnes l impression de découvrir les pertes du port mais cela existe depuis que le port industriel existe yannig Louis lycéen technique à St Nazaire jusqu en 68
Moi qui ait passé mes 20 premières années comme havrais, j’ai cru que vous décriviez ma ville natale…Dockers voyous, trafics en tous genres…la voyoucratie syndicale.
Il faut supprimer le statu de fonctionnaire en France, sauf pour l’armée , la police et la gendarmerie, toutes les autres fonctions, on doit pouvoir licencier de la même façon que dans le privé, pour les retraites les mettre dans les conditions du privé, les subventions des syndicats revu sérieusement à la baisse permettra de mettre ces gens face à la réalité, il faut en finir avec les garanties d’emplois et les placard dorés.
Les dockers ne sont pas des fonctionnaires mais ont des contrats béton!!!!
Très mauvais classement des ports français . Sans rapport,mais c’est comme le classement PISA. Trouvez-moi un classement où la France est bien placée !
Pour les impôts et taxes en tt genre
La fin du port de Marseille qui a entrainé la SNCM avec elle ne suffit pas comme exemple de la pression syndicale négative sur de telles entités, qui font vivre tant de monde, et grassement ?…
La liberté de l’action syndicale doit avoir des limites, et sans pouvoir franchir des curseurs imposés. Mais qui aura le courage ?…
Ils ont réussi à couler le Port de Marseille « marchandises », celui de PORT SAINT LOUIS DU RHONE, bref! où ils passent le travail trépasse, et d’un coté des salariés adhérent, et de l’autre l’Etat donne des subventions!
Encore un peu de patience « kamarades », quand le FMI va mettre son nez dans nos/vos affaires, la vente du port de Nantes à des « Estrangers » sera proche et il sera temps de sortir les mouchoirs! Heureusement, Cholet n’est pas loin!