Le protectionnisme va-t-il Séjourné dans l’Union européenne ?

Le « bébé Macron » Stéphane Séjourné a été bombardé fin 2024 vice-Président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle de la Commission européenne. Il est vrai qu’il était doté de toutes les qualités pour occuper le poste : militant du syndicat étudiant Unef, socialiste puis macroniste de gauche, anciennement pacsé avec Gabriel Attal, homme politique professionnel depuis son plus jeune âge et sans expérience du monde de l’entreprise.

Le 10 décembre, il a présenté à Dunkerque le plan de sauvegarde de la sidérurgie européenne qui avait été dévoilé 72 heures plus tôt par la Commission de Bruxelles (Le Figaro, 10 octobre 2025). Le même jour, il donnait un entretien à Libération qui mérite d’être scruté.

Après avoir constaté que la sidérurgie européenne était au bord du gouffre, Stéphane Séjourné a rappelé les termes de la proposition de réorientation de la politique commerciale de l’Union européenne « pour protéger son marché, dans le but de sauvegarder notre souveraineté dans un secteur stratégique », à savoir une baisse de 50 % d’entrée d’acier extra-européen, 10 % du marché ouverts aux importations sans droits de douane et en pratique réservés aux pays « amis », enfin des droits de douane prohibitifs à hauteur de 50 % pour le reste du marché, visant essentiellement la Chine et l’Inde.

Le commissaire a reconnu que cette hausse des droits de douane provoquerait une hausse des prix pour les produits finis, mais limitée puisqu’il l’a estimée à 3 %. Un peu plus haut, il avait déclaré fièrement, sans relier ce point au précédent, que l’Union européenne aiderait les industriels à « décarboner » avec une enveloppe déjà disponible de… 100 milliards d’euros ! Cela va faire cher de la tonne d’acier « décarboné » !

Ce n’est pas tout. Notre commissaire s’enorgueillit également d’avoir convaincu « les commissaires les plus réticents face au protectionnisme » grâce à un nouveau plan : un « plan visant à accroître la compétitivité du secteur » (que nos lecteurs se rassurent : il ne s’agira pas de peser pour que nos industriels soient moins massacrés normativement, fiscalement et socialement…).

Question posée par Libération : « La Commission, qui défend depuis 30 ans un libre-échangisme total (sic), est-elle en train de se convertir au protectionnisme ? » Réponse : « Oui. C’est la fin de la naïveté européenne ». Et notre commissaire d’ajouter : « Le monde est de plus en plus protectionniste. J’assume totalement le même agenda industriel que Donald Trump » ! Et ne croyez pas que Stéphane Séjourné va se contenter d’un protectionnisme limité à la sidérurgie : « Il faut bâtir un nouveau modèle pour tous les secteurs industriels » !

Décidément, le macronisme n’aura pas seulement fait des dégâts en Europe : il s’exporte à Bruxelles et, lui, sans barrières !