La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, vient de faire paraître un livre intitulé Demain, si tout va bien… (Albin Michel). Il est précisé dès les premières pages qu’il n’a pas vocation à être un programme politique, mais plutôt une « proposition » personnelle visant à « contribuer à la bataille culturelle en cours » (p. 11). À quelle bataille notre auteur fait-elle allusion ? À l’écologisme évidemment, qui devrait fonctionner à ses yeux comme le pivot d’une union des gauches « antifasciste » – quelle originalité ! –, capable de faire barrage à la montée du populisme droitier incarné par le Rassemblement national (p. 213).
L’écologisme, remède au « capitalisme toxique »…
Afin de mieux défendre sa thèse, Marine Tondelier commence par dresser un bilan catastrophique du monde actuel : disparition de la biodiversité, raréfaction des ressources naturelles causée par « notre appétit insatiable de consommation » (p. 12), érosion des libertés publiques, comportements prédateurs de certains grands groupes internationaux … La faute en revient évidemment aux méchants capitalistes, cette minorité qui, par avidité personnelle, n’aurait fait qu’exploiter et spolier le reste du genre humain et détruire la planète, à son seul profit, depuis le XIXe siècle. Une vision évidemment superficielle, clichée et erronée du capitalisme, ainsi que l’ont montré ceux qu’on appelle les « nouveaux optimistes » – parmi lesquels l’essayiste Johan Norberg, auquel nous avions consacré des articles et « pendules à l’heure » : contrairement à ce que prétend Marine Tondelier, le capitalisme est précisément ce qui a permis à l’humanité d’opérer un décollage économique sans précédent, lequel a profité en définitive non pas à une petite minorité mais au plus grand nombre ; et c’est aussi grâce au capitalisme que la pauvreté a reculé comme jamais de par le monde, n’en déplaise aux pourfendeurs du libéralisme économique, systématiquement accusé par eux d’aggraver les inégalités entre « riches » et « pauvres ».
Pour illustrer le simplisme dont Marine Tondelier fait preuve dans sa perception du capitalisme, nous citerons plusieurs passages du chapitre 4, intitulé « L’écologie face à l’économie punitive ». « Je pointe ici, écrit-elle, l’économie des puissants, ce capitalisme toxique, qui privatise les gains, spécule sur les destructions environnementales et fait peser les pertes sur la collectivité » (p. 42). Et elle ajoute un peu plus loin : « Le capitalisme actuel, à la fois néolibéral (NDLR : là encore, quelle originalité !), financiarisé et technologique, s’impose comme le plus destructeur de tous, en enrichissant une minorité tandis que le reste de la population en subit lourdement le coût et les conséquences » (p. 43).
Quand Marine Tondelier décrit à son insu… les travers du socialo-communisme
Ce qui est évidemment ne rien comprendre au capitalisme, puisque celui-ci est un système de responsabilité, dans lequel les individus sont précisément comptables des décisions qu’ils prennent et doivent en assumer les conséquences, sans pouvoir en faire peser le poids sur la société dans son ensemble. Par ailleurs, le capitalisme n’est nullement « l’économie des puissants » : c’est un système fondé sur le respect des droits de propriété des individus, et dans lequel ceux-ci peuvent librement s’associer entre eux s’ils le souhaitent, dans le respect du droit. Comme beaucoup d’écologistes et de socialistes actuels, Marine Tondelier a une conception archaïque du capitalisme, fondée sur la dichotomie marxisante entre « dominants » et « dominés ». Le vrai capitalisme repose au contraire sur l’interdépendance des acteurs économiques, et non sur l’exploitation des uns (les travailleurs) par les autres (les propriétaires de l’entreprise). Soit dit en passant, les passages que nous venons de citer constitueraient bien plutôt une description très juste… du collectivisme dirigiste, celui qui a prévalu notamment dans les pays socialo-communistes, générateur pour le coup d’inégalités structurelles criantes entre une caste de (vrais) privilégiés – la nomenklatura – et le reste de la population, condamnée à la paupérisation.
Citons également cette perle : « la croyance dans la fable libérale nous a fait perdre la maîtrise de nos vies, de notre avenir, de notre sécurité » (p. 51). Marine Tondelier nous montre ici qu’elle ne comprend pas davantage ce qu’est le libéralisme : dans une société libérale, les individus sont justement maîtres de leur vie et de leur avenir, au moins en grande partie, l’État devant se cantonner à assurer les fonctions régaliennes de police et de justice, c’est-à -dire précisément la sécurité des individus. Et le libéralisme est aussi le fruit d’un constat : une société tend à être d’autant plus prospère et à mieux se porter qu’elle laisse davantage aux individus la charge de l’initiative, au lieu de faire de celle-ci faire la prérogative de l’État.
C’est de l’innovation capitaliste que viendront les solutions aux problèmes environnementaux
Interrogée par L’Humanité le 22 décembre 2024 sur le fait qu’il faudrait sortir du capitalisme, Marine Tondelier avait répondu à juste titre : « Si vous voulez, mais il faudra m’expliquer ce qu’on va mettre à la place ». On soulignera aussi ces propos de bon sens figurant dans le livre dont il est ici question : « Le marché a toujours fait partie de nos sociétés », ou encore : « Le problème n’est pas le concept de marché en soi » (p. 50). Ce qui pose réellement problème pour la secrétaire nationale des Écologistes, c’est ce qu’elle appelle la « radicalisation » du capitalisme : « la prédation par des grosses entreprises sur les petites » (ibid.), une « concentration toujours plus forte de la richesse – et du pouvoir – dans les mains de méga-entreprises exerçant un contrôle accru sur nos vies, nos emplois, nos démocraties » (p. 49). Une idée qui n’est pas sans faire penser à la vieille conception marxiste, infirmée par l’histoire, selon laquelle la richesse allait se concentrer toujours plus en un nombre de plus en plus limité de capitalistes, au grand dam du prolétariat.
Les écologistes ont souvent été qualifiés, selon la boutade bien connue, de « gauche pastèque » : verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur. Comme l’avait remarqué Jean-François Revel à leur sujet, une pollution tend pour eux à n’exister dès lors seulement qu’elle est d’origine capitaliste. Certes, Marine Tondelier ne vas pas aussi loin qu’une Harmonie Lecerf Meunier, adjointe au maire de Bordeaux, chargée de l’accès aux droits, des solidarités et des seniors, qui, à la suite du propos susmentionné de l’actuelle secrétaire nationale des Écologiste, jugé sans doute insuffisamment hostile à l’endroit du capitalisme, avait déclaré, : « Nous, avec le collectif Radicalement vôtre (porté également par la députée Sandrine Rousseau), on dit clairement que oui, il faut s’émanciper du capitalisme », avant d’ajouter : « C’est tout l’objet de l’écologie politique : porter un projet de rupture et d’émancipation du capitalisme ». Cela étant, nous voyons bien, à travers les différents passages cités du livre, que Marine Tondelier continue d’avoir une vision biaisée, largement inspirée par le collectivisme « progressiste », du capitalisme de marché libre. Pour elle, il revient à l’État de « réguler » l’économie et de mieux « partager » les fruits de la croissance : « les Écologistes, écrit-elle, veulent mieux réguler l’économie de marché en imposant des conditions de travail dignes, une prise en compte des limites planétaires et un partage du revenu, qui n’accroissent pas les inégalités » (p. 50).
Il serait bon que les écologistes abjurent enfin complètement et définitivement le socialo-étatisme, qui a fait faillite partout, y compris dans le domaine de la protection de l’environnement. Peut-être comprendraient-ils alors que c’est non pas grâce à la réglementation et la subvention étatiques, mais bien plutôt grâce à l’entrepreneuriat, à l’innovation capitaliste, que les problèmes environnementaux tant débattus à notre époque trouveront peut-être des solutions satisfaisantes, à la fois pour nous-mêmes et les générations à venir. À cet égard, on lira avec profit le « grand numéro 2025 » que vient de sortir le magazine L’Express, intitulé « Les Visionnaires » (16-22 octobre 2025), dans lequel il est justement question de ces innovateurs qui imaginent des solutions originales susceptibles de parer aux dangers pointés du doigt par les écologistes.
6 réponses
Simple : écologie = communisme revu et corrigé sur le plan appellation, mais rien a changé sur le fond.
Avant même de désigner un coupable, Tondelier fait une mauvaise analyse du délit…
« disparition de la biodiversité, raréfaction des ressources naturelles causée par « notre appétit insatiable de consommation » (p. 12), érosion des libertés publiques, comportements prédateurs de certains grands groupes internationaux »
Tout ça est faux !
On dirait du Staline : « montrez-moi qui je dois faire condamner, je vous dirai ce qu’il a fait ! »
le seul et unique but du parti « écologiste » est la destruction du capitalisme : c’est ce qu’avait déclaré une de ses représentante lors d’une session de l’ONU, il y a une vingtaine d’années
Quand je vois que nos principales villes sont aux mains de khmaires et dans l’état où elles sont.
J’enverrais tous ces gens faire un stage en Chine où le capitalisme n’existe plus, dans l’esprit, mais existe fortement dans les affaires. Ils finiraient, peut-être, par devenir intelligents. Mais ça prendra du temps.
Madame Tondelier est enfermée dans ses certitudes. A part toujours plus de réglementations et de taxes, elle ne propose rien. Il faudrait qu’elle aille en Russie ou en Chine pour voir ce que le socialisme a fait comme dégâts pour la planète et l’humanité.