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mercredi 19 novembre 2025

Bruxelles se mêle de la manière dont vous gérez votre épargne

Temps de lecture : 2 minutes

Le 30 septembre, la Commission européenne a présenté son projet de « Compte d’épargne et d’investissement » (CEI), un nouveau produit financier censé orienter les capitaux privés vers l’économie européenne. L’objectif serait de générer jusqu’à 1 200 milliards d’euros d’investissements supplémentaires en dix ans, en mobilisant une partie des quelque 10 000 milliards d’euros que les ménages ont placés sur des livrets ou comptes bancaires. Selon Bruxelles, cette épargne serait « dormante », donc sous-utilisée, et devrait être redirigée vers des actions, obligations ou fonds européens grâce à des avantages fiscaux décidés par chaque État membre.

On retrouve ici une vieille tentation technocratique : considérer que l’épargne privée serait une ressource publique dont Bruxelles pourrait disposer. Les citoyens, qui choisissent librement de placer leur argent sur des supports liquides et sécurisés, ne feraient pas les bons choix ; il appartiendrait donc aux technocrates bruxellois de les « aider (…) à prendre des décisions financières judicieuses » afin d’améliorer leur « bien-être, leur sécurité financière et leur indépendance ».

L’initiative de Bruxelles ressemble à un nouvel avatar du dirigisme économique : multiplier les incitations fiscales et les dispositifs bureaucratiques pour orienter les flux d’épargne dans une direction jugée « vertueuse » par la Commission – transition énergétique, intelligence artificielle – notamment pour rivaliser avec les GAFAM. Il existe pourtant des solutions, à échelle nationale, pour orienter l’épargne de manière fructueuse : la France, par exemple, a son Plan d’épargne en actions (PEA), avec 114 milliards d’euros investis fin 2024 ; la Suède, avec son compte ISK qui a convaincu 66 % de la population active…

Ce projet de la Commission masque surtout son échec à créer un marché des capitaux. Fragmenté par des fiscalités et des réglementations nationales disparates, l’UE est incapable de financer ses propres entreprises. Des startups prometteuses comme Mistral AI ou Qonto vont lever leurs fonds aux États-Unis parce que l’environnement est plus simple et donc plus attractif. C’est en allégeant les freins réglementaires que l’Europe retiendra ses capitaux, et non en cherchant à piloter l’épargne des ménages.

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5 réponses

  1. Mais que ces incapables nous laissent en paix . Ils oublient trop souvent qu’ils ne sont que nos obligés .

  2. Il est urgent de revenir au projet européen initial : la paix, l’énergie bon marché, un bloc de puissance économique.
    Pour cela :
    – Réduire au minimum les prérogatives tant du parlement que de la commission
    – Interdire toute visée « sociétale » et « climatique » aux organes européens
    – Cesser d’envoyer des fonctionnaires incompétents à Bruxelles (cas de la « délégation permanente », ramassis d’inutiles imbéciles défiscalisés, tellement « déterritorialisés » qu’ils sont devenus étrangers aux intérêts de leur propre pays)
    – Cesser de rejeter toute responsabilité en pointant « Bruxelles »

  3. Un politicien ne se réalise pleinement que par l’argent qu’il fait dépenser à sa collectivité.
    C’est donc assez naturel pour lui, d’aller chercher l’argent ou il se trouve.
    Qu’il soit de Paris ou de Bruxelles.

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