Bertrand Alliot est porte-parole d’Action Ecologie, think-tank qui « veut promouvoir une écologie responsable qui refuse la radicalité ou l’unique voie de la décroissance. » Environnementaliste, ingénieur-maître en gestion de l’environnement, il nous propose dans cet ouvrage une découverte du « phénomène écologie », en remontant à la définition du terme écologie, qui a peu à peu remplacé l’environnement dans les discours. Il explique d’ailleurs la différence entre ces deux termes : « les politiques menées au nom de l’écologie […] ont vocation à régenter l’organisation des sociétés. » tandis que « les politiques menées au nom de l’environnement ont, quant à elles, vocation à accompagner le développement économique » (p. 21). Il évoque la transition des instances politiques vers l’écologie, qui a été accélérée non pas par les catastrophes écologiques, mais lorsque l’écologie « a délaissé ses thèmes historiques au profit de celui du changement climatique provoqué par l’homme » (p. 71).
Dans son livre, M.Alliot narre la « prise de pouvoir de l’esprit écologique » dans nos institutions, et les conséquences de ce « triomphe » tant sur les politiques que sur la vie des citoyens et des entreprises. Il pense que l’Europe est dans une « décroissance molle », du fait que « la raison écologique ne parvient pas à s’imposer réellement face à la raison économique » (p. 115). Les économies, prises en étau par des injonctions contradictoires, se retrouvent désorganisées.
L’auteur évoque l’écologie comme une « religion séculière ». Selon lui, l’étude des idéologies écologistes amène à « caractériser l’écologie en tant que phénomène religieux » car, la caractéristique principale du mouvement de l’écologie est « la recherche du salut » (p. 129). Mais ce phénomène mystique voit surfer sur lui divers intérêts ; la crise climatique est devenue un « fonds de commerce » pour les « capteurs de subventions de la transition énergétique, des constructeurs d’éoliennes et de panneaux solaires, les opportunistes rêvant de devenir ministre ou député… » (p. 141).
Bertrand Alliot termine son ouvrage en expliquant que le reflux de l’écologie a déjà commencé, notamment du fait de ses contradictions internes. Il faut à tout prix lutter contre les émissions de CO2 alors que la plupart des écologistes combattent ardemment l’énergie nucléaire ou bien les technologies OGM. Il estime que les politiques environnementales, via un remplacement des élites dans les pays occidentaux, se tourneront vers l’adaptation, soit la mise en place de politiques de prévention des risques naturels. S’adapter au changement climatique (inévitable ?) plutôt que de vouloir le stopper et inverser la tendance. L’avenir en sera témoin.