Nous savions que la chasse aux riches était ouverte depuis que Thomas Piketty en a fait le mantra de sa production idéologique. Son élève Zucman a réussi à en faire l’obsession des députés de tous bords.
Méconnaissant que les produits du patrimoine payent déjà 4 fois plus d’impôt sur le revenu que les produits d’activité et de remplacement, comme l’a démontré l’IREF, les parlementaires multiplient les propositions de surimposition des grandes entreprises et de leurs actionnaires dans un tourbillon sans queue ni tête.
Le concours Lépine de la sottise fiscale
La contribution différentielle des hauts revenus, CDHR, instituée l’an dernier à titre exceptionnel et provisoire, a été reconduite, renforcée et, sur proposition du député MoDem Jean-Paul Mattei, pérennisée jusqu’à ce que le déficit public redescende en dessous de 3% du PIB. Elle fixe un taux minimal d’imposition de 20% pour les contribuables dont les revenus dépassent 250.000 euros par an.
Le lundi 27 octobre, l’Assemblée nationale a approuvé, sur proposition du gouvernement, une hausse de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises, elle aussi introduite en 2025 à titre exceptionnel : le taux de 25% de l’impôt sur les bénéfices des sociétés passerait à 26,25% pour les entreprises réalisant plus de 1Md€ de chiffre d’affaires, et à 33,8% au-delà de 3Md€.
Le mercredi 29 octobre a encore produit une bonne fournée d’amendements alourdissant la fiscalité sur les grandes entreprises :
- un amendement LFI voté par le RN a abaissé le seuil de déclenchement de l’impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, de 750 millions d’euros de chiffres d’affaires à 500 millions d’euros ;
- un autre amendement du RN et voté par lui seul, avec l’abstention de la gauche, a augmenté de 8 à 33% la taxe mise en place en 2025 sur les rachats d’actions en étendant son application à l’ensemble des entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 millions d’euros.
- enfin un amendement LFI a instauré, avec l’abstention du RN, une « taxe exceptionnelle sur les superdividendes», pesant encore sur les entreprises ayant réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.
L’apothéose, en attendant pire sans doute, fut la trouvaille du président de la commission des finances, M. Coquerel, qui dans la soirée du mardi 28 novembre a présenté un amendement prévoyant que « toute personne morale ayant une activité en France est imposable à hauteur de son chiffre d’affaires réalisé sur le territoire national ramené à son chiffre d’affaires mondial, le calcul de ces chiffres d’affaires national et mondial incluant également le chiffre d’affaires des entités juridiques dont elle détient plus de 50 % des actions, parts, droits financiers ou droits de vote ». Ce texte probablement inapplicable aux société étrangères opérant en France via une filiale et contraire à la plupart des conventions de non double imposition signées par la France avec plus de 120 pays, est d’une bêtise rare. Il confond chiffre d’affaires et bénéfice ! Il méconnaît les processus de production dans lesquels les marges se construisent à chaque étape. S’il était mis en Å“uvre il entraînerait au surplus, sans tarder, des mesures de rétorsions et bientôt ce sont nos entreprises exportatrices qui en souffriraient à l’étranger.
La diagonale du fou
C’est avec le soutien du RN que cet amendement insensé a été voté. Le député RN Jean-Philippe Tanguy avait dit que son parti était opposé à « toutes les hausses d’impôts » et préférait la « baisse les dépenses ». Mais ces jours sombres à l’Assemblée ont marqué l’accord, à de nombreuses reprises, du RN et de LFI, dans une haine transpartisane de la réussite économique, pour fermer nos frontières, faire fuir les entrepreneurs de notre territoire, augmenter notre pression fiscale qui est déjà la plus élevée du monde.  Ainsi, ils ont aussi réussi ensemble à faire adopter, en commission des finances, un taux de TVA à 33 % sur les produits de luxe et un rétablissement de « l’exit tax » telle qu’elle existait avant d’être amoindrie en 2019, exigeant un délai de 15 ans pour que le contribuable en soit dégrevé, au lieu de 2 à 5 ans actuellement.
Le RN qui voulait récupérer de la crédibilité auprès des chefs d’entreprise a révélé son ignorance économique et ses fondamentaux populistes et étriqués.
Il faut malheureusement craindre que la droite libérale ne sache pas en tirer parti. En l’état, elle manque de vision sauf à écouter David Lisnard, encore bien solitaire dans ce concert souverainiste et étatiste où se reconstitue l’alliance des extrêmes. Bruno Retailleau a beau répéter que la ligne du parti, c’est moins de dépenses publiques, les députés LR sont inconstants. M. Wauquiez se prévaut de minuscules victoires contre le gel du barème de l’impôt sur le revenu ou sur la défiscalisation des heures supplémentaires au-delà de 7 500€. Mais les députés LR ont voté avec le RN sur le rétablissement de l’exit tax en commission et une partie des députés LR a voté la hausse de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises de deux milliards d’euros par rapport à la copie initiale du budget. Certes, le groupe de M. Wauquiez a Å“uvré le 31 octobre pour rejeter toute taxe Zucman, light ou pas, et pour, avec succès, faire adopter un heureux amendement du rapporteur général Philippe Juvin (LR) qui a transformé la taxe sur les holdings du gouvernement, une sorte de nouvel ISF, en une taxe insignifiante sur les actifs somptuaires des holdings.
Le RN qui a voté l’amendement Juvin est inconséquent. Mais les LR ne le sont guère moins. Conservateurs, ils s’opposent aux excès de leurs adversaires et tentent d’en limiter les dégâts. Mais il leur manque la puissance et la cohérence d’une politique de liberté pour proposer et imposer le débat sur des sujets structurants : flat tax, introduction de la capitalisation dans les retraites, réduction des dépenses publiques dans les agences de l’Etat, cession des médias publics, introduction de la concurrence dans les assurances sociales, bon scolaire, ménage dans les subventions publiques… Rêvons d’un Milei français !
11 réponses
Pourtant il existe des gens de gauche pragmatiques. J’ai travaillé à plusieurs reprises avec des syndicalistes qui avaient compris qu’il n’y a pas de salariés sans entreprises et sans employeurs. J’ai notemment signé l’un des premiers accords 35 heures avec la CGT (eh oui), de surcroît en payant la pause hors compteur , cad en travaillant réellement 1600 heures par an.
A l heure actuelle c est une petite minorité complètement stigmatisée et decridibilisee!!!!
Des syndicalistes intelligents, ça existe ? Ah bon… Alors, ils doivent être très très minoritaires, l’intelligence et le syndicaliste étant contradictoire.
Drôle de réforme fiscale votée dernièrement par le RN et le PS ! Tout repose donc sur la notion très floue de « capital productif » et de « capital improductif » : une vraie foutaise. Cette classification qui relève du père Ubu permet en effet toutes les justifications, même les plus scabreuses. C’est bien ce que recherchent nos politiciens : raconter n’importe quoi au mépris d’un minimum de cohérence économique pour justifier leurs petits arrangements.
Donc, pour résumer et si je comprend bien (mais cela n’est pas sûr vu le nombre d’amendements), les actions des entreprises ne seraient pas taxées car elles feraient parti du « capital productif », alors que les assurances-vie en euros et le livret A seraient du « capital improductif » donc taxable ? Pourtant les assurance-vie en euros qui financent l’Etat, et le livret A le logement social, le seraient. Est-ce à dire que financer l’Etat et son déficit n’est pas productif ? De même, considérer les logements loués comme du « capital improductif », donc taxables, relève d’une totale méconnaissance du rôle économique joué par les bailleurs privés. A croire que la fonction de bailleur privé serait improductive ? Ces propriétaires seraient-ils moins utiles que les bailleurs sociaux pour loger les gens ? La crise du logement qui se profile du fait de la désertion des investisseurs privés dans l’immobilier ouvrira bientôt les yeux de nos députés.
Enfin, très bizarre cette réforme quand on sait que les plus grosses fortunes sont investies principalement en actions (et pas en studios ou en fonds en euros) seront épargnées. Ainsi, les très riches (milliardaires) qui détiennent leur fortune principalement en actions seront très contents d’avoir échappé à la taxe Zucman alors que les petits riches, qui sont plus nombreux et qui ne se délocaliseront pas, vont être mis à contribution. Avec cette réforme les vrais riches paieront encore moins d’impôts qu’avec l’ancien ISF, et beaucoup moins qu’avec la taxe Zucman. Est-ce cela que voulait le PS : épargner les très gros patrimoine pour qu’ils ne partent pas ? Pourtant, ils étaient pour la taxe Zucman qui elle visait les très gros patrimoines (plus de 100 millions d’euros). Quelle cohérence !
PS : ce post ne doit pas être considéré comme un soutien à la taxe Zucman qui ne peut être appliquée, selon nous, en France sans au minimum une harmonisation européenne (cf. Philippe Aghion), voire mondiale.
Les logements loués ne sont pas improductif puisqu’ils produisent des loyers et donc des impôts
Et la barque est déjà pleine à rabord pour les propriétaires bailleurs : IFI, TF, travaux, DPE etc
Ils coûtent plus cher qu’ils ne rapportent, avec les soucis en plus
Le mieux est de tout vendre et que les gens dorment dans la rue
Ils sont malades ou fous ces députés, le RN 0 en économie
Le RN ne comprend rien à l’économie, ce n’est pas nouveau, et LFI non plus. Moins de riches ne donnera pas moins de pauvres au contraire
Le logiciel du privé confine le Français moyen à devenir retraité ou fonctionnaire, donc à part réduire la durée de vie des individus, il faudra bien accepter les impôts…
Il me semble que ce cirque fiscal sert juste à caresser le peuple jaloux dans le sens du poil au bénéfice des partis populistes qui savent bien qu’il n’y aura pas de budget et qu’on reconduira le précédent en l’état.
Bref, un piètre théatre pour Noël.
Ces types sont incapables de comprendre que chiffre d’affaire et bénéfice ne sont pas du tout la même chose. Parfaitement nuls sur des notions économiques élémentaires. Ils n’ont absolument aucune idée de ce que peut être une entreprise, pour la plupart ils n’y ont jamais mis les pieds. Et ils oublient carrément, est ce de la bêtise, qu’ils sont rémunérés par l’impôt et donc, en grande partie, par les entreprises qui le payent. Pas d’entreprises, pas d’actionnaires, moins d’impôts, moins de fonctionnaires, et moins de députés. Tiens, ce serait déjà ça!
David Lisnard n’est pas seul.
Impossible pour vous de parler de la ligne économique de Reconquête pourtant résolument tournée vers la baisse des taxes et des impôts par une baisse raisonnée des dépenses, ligne pourtant parfaitement et régulièrement présentée par Sarah Knafo.
Pourquoi ?
Seule une minorité de députés acceptent de voir le réel tel qu’il est, pour tâcher d’oeuvrer intelligemment à l’améliorer. Tous les autres pensent que la richesse nationale leur appartient, et qu’ils peuvent la modeler à leur gré, sans qu’il n’y ait d’autre conséquence qu’une adéquation du réel à leurs pitoyables slogans. Qui dont bien souvent des blocs de merde démagogique.