Il ne se passe un jour sans que l’on entende parler de réchauffement climatique. Journalistes, politiques, experts… ils nous mettent en garde : les températures augmentent, il faut se mobiliser d’urgence. Tant et si bien qu’à force de combattre le chaud, on en oublie le froid. Et pourtant, le froid tue beaucoup plus que la chaleur. Une étude intitulée Comprendre et gérer l’impact de la température sur la mortalité, que vient de publier le National Bureau of Economic Research, le démontre clairement.
Globalement, les auteurs de l’étude (16 scientifiques de plusieurs universités américaines) ont analysé des données détaillées recueillies pendant des décennies dans 30 pays, en ont synthétisé les principaux résultats et sont arrivés aux conclusions suivantes : la température ambiante figure parmi les principales menaces externes pour la santé humaine. Elle est responsable de 5 à 12 % du nombre total de décès dans les pays examinés, soit de centaines de milliers par an aux États-Unis et en Europe. Le climat a été à l’origine de plus de 500 000 décès par an en Europe au cours de la dernière décennie, un chiffre supérieur à celui de toutes les autres causes, à l’exception des maladies cardiaques et du cancer. Aux États-Unis, « les températures non optimales » ont entraîné environ 120 000 décès par an (quatre fois moins qu’en Europe) au cours de la dernière décennie et elles se classent au huitième rang des causes de mortalité dans le pays, un chiffre comparable à celui des maladies neurodégénératives.
Et les décès dus au froid sont au moins cinq fois plus nombreux que les décès dus à la chaleur (voir le graphique). « Dans tous les contextes étudiés, le froid tue davantage que la chaleur », affirment les auteurs de l’étude. « Ces résultats contredisent directement l’idée reçue aux États-Unis selon laquelle la chaleur serait la catastrophe météorologique la plus meurtrière ». D’ailleurs, les données montrent que les journées de très grosse chaleur  – par exemple, supérieures à 30 °C – qui font régulièrement la une de l’actualité et incitent les politiques à intervenir pour « protéger la population », ne comptent que pour une très faible part dans la mortalité globale liée à la température. La prestigieuse revue The Lancet avait naguère, elle aussi, publié des travaux démontrant que le froid tue plus que les chaleurs extrêmes. La « lutte contre le refroidissement climatique » va-t-elle bientôt débuter ?

8 réponses
La presse de vulgarisation scientifique du début des années 70 s’inquiétait du refroidissement climatique qui durait depuis trente ans, maintenant c’est le réchauffement.
Le plus grand danger ne serait il pas la bêtise ?
Bonjour Monsieur Bonnamy,
Vous avez raison de pointer le fait que c’était la presse de vulgarisation qui faisait les gros titres sur un possible refroidissement dans les années 1970.
La littérature scientifique, à l’époque, projetait déjà très majoritairement un réchauffement pour les décennies à venir – qui s’est, comme tout le monde sait, réalisé comme prédit par cette majorité des scientifiques des années 1970.
Merci pour cette veille efficace !
Article intéressant. Le froid tue environ 3 fois plus que la chaleur en France (ordre de grandeur).
Pour compléter et mettre en perspective :
Une étude, publiée le 13/08/2025 dans le « Lancet Public Health », estime qu’à partir d’un réchauffement climatique global de 3 ou 4 °C, la chaleur tuera plus que le froid, notamment dans le sud du Vieux Continent. Source les Echos.
L’homme n’est pas une espèce raisonnable et je doute de plus en plus de son intelligence. Il est sujet à des crises d’hystérie paranoïaque, le nazisme en Allemagne, le communisme d’après guerre, le wokisme de nos jours.
Il n’y a que l’être humain qui s’est inventé un ou des personnages de fiction qu’il considère comme créateurs de toute chose : l’existence millénaire des religions confirme que le besoin maladif de réponses aux questionnements qui travaillent la psyché humaine confine depuis toujours à l’irrationnel.
Une idée de ce qui explique pourquoi les températures non optimales tuent quatre fois moins aux États-Unis qu’en Europe ? Dans la mesure où la chaleur n’est presque pas responsable de ces décès, j’imagine que la climatisation infiniment plus généralisée chez les Américains n’est pas pour grand-chose dans cet écart…
A défaut de vague de froid mortelle, nous avons eu de pannes de courant généralisées à l’occasion de la tempête de l’an 2000. Il faisait jusqu’à 7 d° dans les maisons de retraite de Charente. Nous n’y avons enregistré qu’un décès pour le département. A mettre en relation des 18 000 décès, par déshydratation, de la vague de chaleur de 2003, pour la France. Soit environ entre 100 et 200 pour le même département. Médecin de santé publique.