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mardi 18 novembre 2025

Le nouveau « prix Nobel d’économie », le social-démocrate Philippe Aghion, dans le viseur de la gauche de la gauche  

Temps de lecture : 2 minutes

Et de trois ! Sur les 11 derniers lauréats du prix de la Banque de Suède en sciences économiques, dit « prix Nobel d’économie », il y aura eu trois Français, tous de gauche. Mais pour ce qui concerne le dernier en date, Philippe Aghion, pas suffisamment à gauche manifestement à en croire les réactions de la gauche de la gauche.

Pourtant, le pédigrée d’homme de gauche de ce dernier semble indiscutable : communiste dans sa jeunesse, conseiller successif de Ségolène Royal, de François Hollande et, en 2017, d’Emmanuel Macron, Philippe Aghion a rapidement pris ses distances avec le chef de l’État actuel du fait de la « dérive à droite » de ce dernier et d’un oubli de « l’ambition sociale ».

Mais, le professeur au Collège de France est un « social-démocrate » revendiqué (Le Point, 16 octobre 2025) à un moment où le qualificatif est peu en cours dans notre pays et où, lorsque par exception il est employé, il l’est de manière abusive par des hommes politiques au programme économique et social radical -nous l’avons démontré s’agissant de Raphaël Glucksmann. Philippe Aghion n’a-t-il pas déclaré à de nombreuses reprises qu’il fallait créer les richesses avant de les distribuer ? Inadmissible aux yeux de la doxa de gauche actuelle ! Ne s’est-il pas opposé à la « taxe Zucman » ? Itou !

Philippe Aghion est de gauche, mais pas suffisamment aux yeux de certains, Jean-Luc Mélenchon en tête

Le nouveau « prix Nobel d’économie » a aggravé son cas en mettant économiquement sur le même plan le Rassemblement national et La France Insoumise sur BFMTV le 17 octobre. Il n’en fallait pas plus pour que Jean-Luc Mélenchon s’insurge : « M. Philippe Aghion est prix Nobel. Tant mieux pour la pensée économique libérale (sic). Mais s’il parle d’économie, son devoir est d’argumenter, pas de fulminer des oukases. Puisqu’il condamne sans explication le modèle économique de LFI, nous le mettons au défi d’un débat public avec nous sur ce sujet » (X, 17 octobre 2025). On imagine le professeur au Collège de France tremblant à l’idée de devoir débattre avec les sommités Insoumises !

Le nouveau « prix Nobel » a également reçu un traitement de choix de la part de la presse d’extrême gauche : Alternatives économiques (16 octobre 2025) a stigmatisé sa « chimère d’un capitalisme illusoire », selon une expression au demeurant étrange, et son « fétichisme de la croissance », quand Reporterre (17 octobre 2025) a plus largement parlé du « Nobel d’économie » comme d’une « fumisterie ». On peut supposer que la nomination d’un Thomas Piketty ou d’un Gabriel Zucman serait de nature à apaiser leur courroux. Comme quoi la France recèle des économistes de grand talent et de toutes les nuances de la gauche…

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5 réponses

  1. Mélenchon le grand démocrate s’insurge, quelle belle affaire. Philippe Aghion qui n’est un pas à proprement parler un pur libéral a simplement rappelé que l’on ne pouvait distribuer que ce que l’on avait engrangé, j’y ajouterai qu’il vaut mieux investir maintenant pour engranger demain et que si engranger veut dire faire les poches des français, dans un pays de le PIB est basé en grande partie sur la consommation, c’est le chat qui se mord la queue. (merci au passage aux partis dits de gouvernement qui ont bradé notre industrie et l’emploi qui va avec). M. Mélenchon en était et il ferait mieux de se taire et de cesser de nuire au pays.

  2. Toutes ces discussions avec les économistes atterrés pro-communistes-LFI sont lunaires. Tout le monde devrait s’accorder sur le fait que la France n’est pas isolée et participe à une économie d’échanges avec l’extérieur. En conséquence pour vendre il faut produire des produits et services de qualité compétitifs. La richesse avant la distribution. Malheureusement ceci n’est pas partagé par la gauche.
    Leur solution: la consommation et des services publics pléthoriques (non financés). Si problème de dette on taxera les riches et les entreprises.

  3. C’est tout le problème dans notre pauvre pays…Il faut toujours être plus à gauche !!! Lorsque vous pourriez être d’une gauche modérée, vous êtes tout de suite catalogué « de droite » ! Le curseur entre gauche et droite n’est plus centré, dès que vous semblez ne pas être d’extrème gauche, vous êtes de droite…😒 D’où le problème de la « droite » en France…qui n’existe pas vraiment… Les politiques qui se disent « de droite », sont, en fait, des centristes mous navigant au gré des vents à gauche ou à droite (mais pas trop !!!)

  4. Bof, Normale Sup et le Collège de France, sans compter le Sorbonne sont des repères de gauchistes de toutes obédiences. Qu’ils se bouffent entre eux à en crever ne peut que réjouir le coeur de l’honnête homme.

  5. Le peuple français est souvent présenté par nos journalistes comme un « peuple politique » ! En fait notre problème est que nous sommes idéologues et pas assez pragmatiques. Or, en économie notre situation est simple : nos politiques inventent chaque jour des dispositifs pour taxer encore davantage et redistribuer encore davantage une richesse que nous ne parvenons plus à créer. Nous devons au contraire favoriser la croissance par une véritable politique de l’offre, en promouvant un environnement favorable à l’investissement aux plans fiscal, social, juridique. Et ce non en inventant de nouvelles normes et règles mais au contraire en délégiférant, en réduisant le poids des contraintes normatives qui pèsent sur nos entreprises et sur les individus. C’est la seule façon de redonner envie d’investir. Or, seul l’investissement est créateur de richesse productive. Et nous devons par la même occasion accroître le taux de participation de notre population active, actuellement de 7 à 8 points inférieur à celui de l’Allemagne puisque nous avons 8,2 millions d’actifs sans emploi (3 millions de chômeurs, 3 millions de « halo du chômage », 2,2 de RSA). Remettons au travail ne serait-ce qu’une partie de ces 8,2 millions et nous règlerons notre problème de financement du régime de retraite par répartition. Et de déficit abyssal de nos finances publiques…

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