Un trio infernal d’associations de gauche et d’extrême gauche vient de produire une étude mettant en avant  « les leviers qui, à l’échelle nationale, permettent de créer des logements abordables sans artificialiser. »  Mais cela grâce, nous allons le voir, à un triptyque non moins infernal : interdire, taxer, réglementer.
Il fallait bien s’y mettre à trois ! La Fondation pour le logement, nouveau nom de la Fondation Abbé Pierre, la Fondation pour la nature et l’homme (pas l’inverse…), mieux connue sous son ancienne appellation de Fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement Ile-de-France – un bel attelage ! – viennent de sortir une étude dont le titre est « Loger sans artificialiser » et le sous-titre : « Réussir le ZAN et réduire le mal logement en Ile-de-France ».
Auprès de mon arbre, je vivrai heureux
Le texte d’introduction (appelé « synthèse » dans une des versions, « édito » dans une autre, avec quelques légères différences – cette précision afin que les lecteurs ne soient pas déroutés) éclaire le titre : il faut produire de nouveaux logements en Ile-de-France, mais pas n’importe comment ; sans empiéter sur Gaïa, en jargon contemporain sans « artificialiser » les sols. Or, le besoin de logements est estimé à 70.000 chaque année durant une décennie. Les construire serait s’attaquer au « vivant ». Les solutions consistent donc à produire « à partir de l’existant […] sans toucher aux espaces naturels ». Elles « préservent chaque arbre », un impératif car atténuer les effets du réchauffement climatique ne sera possible, est-il poétiquement dit, « qu’en permettant à la nature de retrouver le chemin des villes. » (Alphonse Allais disait, lui, qu’il fallait construire les villes à la campagne…).
Logements sociaux et « justice sociale »
Cette introduction reprend l’antienne de la Fondation Abbé Pierre : donner la priorité aux logements sociaux, « car ils sont la solution la plus adaptée pour les personnes mal logées. » (p. 3). On en vient à se demander si la Fondation pour le logement n’aurait pas dû choisir l’intitulé « pour le logement social », ce qui aurait été plus clair et plus honnête intellectuellement… La conclusion de l’étude reprend le même thème et appelle à une « politique ambitieuse de lutte contre le mal-logement » soutenue par une « production renforcée de logements sociaux ». La dernière phrase dessillera les yeux de ceux qui n’auraient pas compris l’idéologie sous-jacente : « C’est en conjuguant sobriété foncière et justice sociale que nous pourrons relever les défis du logement en Ile-de-France » (p. 58).
Le triptyque de la gauche et de l’extrême gauche : interdire, taxer, réglementer
Le début du texte se lit comme une ode aux logements sociaux, célébrés pour la simple et bonne raison qu’ils ne seraient pas « un moteur de l’artificialisation des sols ». Non, le coupable, c’est le « parc privé », ce sont « les promoteurs et constructeurs » qui, dès lors, « doivent faire évoluer leurs pratiques ». (p 3). Ce sont aussi les « ménages les plus aisés » qui produisent une « ségrégation socio-spatiale et environnementale persistante, où l’inégalité d’accès à la nature renforce les logiques de ségrégation résidentielle. »  (p. 7). Autrement dit, les méchants riches se logent mieux que les autres, ce qui est proprement intolérable, et en plus ils ne veulent pas s’entasser avec eux ! La « lutte des classes » constitue donc la toile de fond.
L’étude croit constater que la production de logements sociaux serait insuffisante (p. 10). Pourtant, l’Iref l’a rappelé, au 1er janvier 2024 il existait 5,4 millions de logements collectifs sociaux en France ; et en 2020, sur 21 millions de logements sociaux en Europe, pas moins du quart se trouvait dans notre pays ! Mais l’étude a pour axiome que « le besoin en logements en Ile-de-France est avant tout social. » (p. 13).
Quoi qu’il en soit, la question se pose : par quels leviers « produire du logement sans artificialisation » (titre de la première des deux parties) ? Trois solutions  : l’utilisation des espaces vides, la modification de l’existant et l’intensification des usages. S’ensuit une longue liste de mesures qui caractérisent toute politique de gauche et d’extrême gauche dans notre pays, selon le fameux triptyque interdiction/taxation/réglementation.
Nous passerons rapidement sur la seconde partie consacrée aux deux « conditions devant accompagner la mobilisation de ces leviers » (ceux qui permettent d’éviter l’artificialisation)  : produire du logement dans un modèle économique de l’aménagement favorisant le logement social » et « habiter ensemble dans un environnement vivable ». La première suppose une « régulation du marché du foncier et de l’immobilier » (p. 47), avec notamment un usage accru du droit de préemption et un encadrement des loyers (p. 48). Bien entendu, l’étude insiste sur la « régulation des prix » et ce, « dans un objectif de justice sociale où la mixité sociale et l’accès pour tous à un environnement sain doit guider la politique d’aménagement locale. » (p. 47) Traduction française : le socialisme vert doit obliger les individus (pardon : les citoyens) à être parqués dans des tours pour côtoyer des gens qu’ils n’ont pas envie de côtoyer (rassurons nos lecteurs : il y aura toujours des dérogations pour la nomenklatura).
L’apport de l’étude : une belle liste de ce qu’il ne faut pas faire
En substance, l’étude propose des mesures liberticides potentiellement annonciatrices, on pourrait fortement le craindre, d’une société totalitaire de type vert-rouge. Il n’y a pas un mot, c’est stupéfiant, sur le droit de propriété, pas un mot sur les droits de l’homme, pas un mot sur la constitutionnalité des mesures prônées. Des points de détail sans doute. Comme d’ailleurs, il n’y a pas un mot sur l’aspect financier : pourquoi diable s’intéresser au coût d’une « politique ambitieuse de lutte contre le mal-logement » ? Les riches paieront !
En définitive, pourtant, cette étude est utile puisqu’elle empile les mauvaises mesures qui ont déjà échoué. Il suffit de faire l’inverse de ce qu’elle propose pour résoudre les problèmes de l’immobilier en France, dus à notre État interventionniste : respecter strictement la propriété privée, en finir avec les logements sociaux, définir une vraie politique du logement, abroger les réquisitions, interdire l’encadrement des loyers, etc.
3 réponses
On va recommencer les cités nouvelles, on va verticaliser, et pourquoi pas pour l’horizontale relancer les chalandonnettes, ces maisons en carton pâte, toutes identiques façon néostalinienne de créer le bonheur éphémère et au fait pour loger qui ?
Bonne question, si vous voulez être catalogué d’extrême droite.
Je serai curieuse de savoir comment vivent c’est « Yaka-Fauqu’on » qui veulent décider pour les autres… Ils feront certainement parti de la nomenklatura…
Merci pour le partage de cette étude que je n’avais pas vu passer, je la trouve très interessante ! Finissons-en avec le mal-logement, abolissons la propriété privée.