Dans la foulée de l’annulation du sommet Poutine-Trump annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi par la Maison-Blanche, Donald Trump a décidé de sanctionner les numéros un, Rosneft (groupe public dirigé par un proche du président russe) et deux, Lukoil, du pétrole russe en raison de l’obstination du Kremlin à continuer la guerre.
Donald Trump, qui s’est refusé pendant de longs mois à décider de ces sanctions, a estimé mercredi soir que ses conversations avec le président russe n’allaient « nulle part ». Moscou s’est dit, jeudi, contre toute évidence, « immunisée contre les sanctions occidentales ».
Le Trésor américain a donné aux acheteurs de pétrole partout dans le monde jusqu’au 21 novembre pour cesser leurs activités avec ces deux sociétés. Ces sanctions vont poser de sérieux problèmes à la Chine et surtout à l’Inde, les deux plus gros acheteurs de pétrole russe. Avec 2 millions de barils par jour, le brut russe représente 20 % des importations chinoises. Dans le cas de l’Inde, c’est 36 %, soit 1,4 million de barils journaliers.
Les sanctions américaines sont non seulement les premières de ce genre mais sont « massives », selon les mots de Donald Trump. En effet, alors que le dispositif du G7 autorisait l’achat du pétrole russe tant que les cargaisons étaient négociées pour moins de 60 dollars le baril, Washington interdit désormais purement et simplement aux acheteurs de traiter avec les compagnies Rosneft et Lukoil, qui représentent à elles seules la moitié des exportations de pétrole russe. En réaction, le prix du baril a progressé de 5 % jeudi.
Ce nouveau revirement est assez inattendu, puisque le président américain engueulait encore, vendredi dernier, son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, en raison de son refus de céder le Donbass et surtout les places-fortes ukrainiennes de cette région, à l’armée russe. Mais cela illustre combien la détermination du Kremlin à maintenir des exigences maximalistes envers l’Ukraine, reconnaissance de l’annexion de cinq régions, désarmement, fin de toute intégration à l’Ouest, a fini par excéder la Maison-Blanche. D’ailleurs, cette dernière a autorisé Kiev à frapper plus en profondeur le territoire russe avec des armes américaines, sans pour autant annoncer de livraisons des fameux missiles Tomahawk évoquées depuis quelques semaines.
4 réponses
Comment les USA vont ils pénaliser les acheteurs de produits Rosnet et Lukoil ? Comment peuvent ils tracer les échanges entre sociétés écrans ? qu’est ce qui empêche Rosnet et Lukoil de vendre leurs produits à d’autres sociétés russes non mises à l’index qui revendront aux clients de Rosnet et Lukoil ? ?
Bonjour Mr Bourdillon, pouvez vous me dire pourquoi la chine et l’Inde cederaient à ce chantage ? Sans les importations manufacturiennes chinoises et indiennes, c’est compliqué pour les usa et l’Europe, non ?
Mais il n’est pas question d’importations chinoises ou indiennes.
J’ai dit ici et ailleurs depuis longtemps (et bien modestement) que les US ne pouvaient pas lâcher l’Ukraine sous la pression militaire féroce de Poutine sans se déconsidérer définitivement. On y arrive et dans cette affaire Trump se montre beaucoup plus habile que ce clament nos benêts. C’est lui qui est en passe de rouler Poutine dans la farine.