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dimanche 9 novembre 2025

Halte à l’éolien et au photovoltaïque !

Temps de lecture : 4 minutes

Les industriels des énergies renouvelables intermittentes éoliennes et solaires photovoltaïques (EnRI) multiplient les interventions dans les médias et les rouages gouvernementaux pour obtenir la signature du décret (par le Premier ministre) de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (appelée PPE3) qui prévoit de coûteux investissements massifs dans l’éolien et le solaire photovoltaïque pendant 10 ans.

Mais la France n’a pas besoin de cette ruineuse production supplémentaire intermittente d’électricité aléatoire.

Où est le besoin ?

Jamais depuis 2005 la France n’a connu une demande d’électricité aussi faible, en raison de sa croissance anémiée, de la poursuite de la désindustrialisation et de la hausse des prix qui freine la consommation des ménages.

Contrairement au discours martelé dans les médias par le lobby des EnRI qui ne défend que ses propres intérêts, notre pays n’a, aujourd’hui comme demain, aucune raison objective (ni technique, ni économique) de se lancer dans de nouveaux investissements inutiles et ruineux dans les EnRI.

De plus, le réseau électrique français et européen est fragilisé. Il peine dorénavant à gérer les variations subites des productions aléatoires éoliennes et solaires, parfois surabondantes, et prioritaires par la loi, alors que l’électricité est déjà décarbonée principalement par le nucléaire et l’hydroélectricité.

Cette situation d’instabilité conduit à des épisodes fréquents et aberrants de prix proches de zéro, voire négatifs (sur le marché de gros de l’électricité), et à la nécessité de réduire le niveau de production (décarbonée…) des réacteurs nucléaires.  Ces variations parfois rapides affectent leur rentabilité ainsi que leur durée de vie… au moment où elle est prolongée.

Cette réalité est malheureusement masquée par des intérêts particuliers et corporatistes, mercantiles, idéologiques et politiques, au détriment de l’intérêt général.

Pourtant, les industriels des EnRI continuent de crier à la catastrophe si la PPE3 n’est pas adoptée de toute urgence.

Décarbonation et rente de situation

Sébastien Lecornu a indiqué le 26 septembre 2025 au journal Le Parisien : « Il n’est pas question de revenir sur nos ambitions énergétiques car la décarbonation est une priorité pour notre souveraineté. Il faut sortir de certaines dépendances ».

Mais probablement adepte aussi du « en même temps », le Premier ministre a ajouté : « aucune rente ne sera tolérée, n’en déplaise à certains lobbys ». Comprenne qui pourra.

Les contrats garantis par l’État sur 15 ou 20 ans pour les parcs éoliens et solaires sont pourtant des rentes données le plus souvent à des intérêts privés avec un accès prioritaire au réseau (avec dédommagements quand c’est impossible) et un prix de vente élevé garanti.

La France produit plus d’électricité décarbonée qu’elle n’en a besoin

La France produit une électricité déjà décarbonée à 95% (537 TWh en 2024) et en surabondance par rapport à ses besoins stagnants et même diminuant (elle n’en a consommé que 447 TWh cette même année 2024) ce qui se traduit par des records d’exportation d’électricité.

Les faits sont têtus, même si le Syndicat des énergies renouvelables dénonce un « déni démocratique » et un « déni énergétique » en affirmant qu’un moratoire sur le développement des EnRI permettrait aux énergies fossiles de sortir « grandes gagnantes ». Ah bon ?!… Et pourquoi ?

Chacun peut constater que c’est faux en consultant l’application eCO2mix de RTE qui informe les Français en temps réel de la production électrique décarbonée à plus de 90% et du prix de vente de l’électricité sur le marché.

Le constat

Le coût budgétaire des dédommagements à payer aux producteurs des EnRI n’a jamais été aussi élevé, soit pour les dédommager des arrêts de production que RTE leur impose parfois pour éviter un effondrement généralisé du réseau (« black-out » comme en Espagne et au Portugal le 28 avril 2025), soit au titre des prix minima que l’Etat leur a garantis. Car le danger de black-out existe tout autant avec une sous-production qu’avec une surproduction d’électricité.

Jamais EDF n’a été autant contraint de ralentir sa production nucléaire pour absorber le trop plein d’électricité éolienne ou solaire, ce qui a un impact sur la rentabilité de l’entreprise. Jamais la puissance installée éolienne et solaire n’a été aussi élevée en France, et en croissance rapide. Elle représente aujourd’hui l’équivalent de 45 réacteurs nucléaires. Le parc nucléaire en activité en France est de 57 réacteurs. Jamais le nombre de dossiers pour de nouveaux projets éoliens et solaires déposés et en cours d’instruction dans les préfectures n’a été aussi élevé.

Selon le Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique (Cérémé), il existerait déjà 50 GW de capacités d’EnRI aujourd’hui en service en France (dont 69% de solaire).

Il y aurait également un nombre considérable de projets actuellement déposés et en cours d’instruction : 52 GW en attente de construction et/ou de raccordement (soit plus de 30 réacteurs nucléaires EPR de 1,6 GW comme celui de Flamanville !), environ 20 GW en instruction, et entre 2 GW et 5 GW en attente d’une décision de la justice administrative.

Soit un total de capacités d’environ 125 GW, deux fois celui du parc nucléaire français (63 GW) !

Et tout cela avant même les nouveaux appels d’offres que prévoyait d’autoriser la PPE3 !

Halte ! Mise en péril de la transition énergétique vers l’électricité

La construction d’équipements supplémentaires solaires et éoliens va mécaniquement augmenter le déficit budgétaire et le prix de la facture d’électricité pour les consommateurs français qui devront payer ces folies ! Le contribuable, la compétitivité des industriels, et donc les Français, en seront les victimes… pour rien !

Et même la transition énergétique tant vantée passant par l’électrification des usages dans les transports, l’industrie, le chauffage et la climatisation des bâtiments, pour décarboner la consommation d’énergie, sera mise en péril !

En effet, cette électrification des usages sera ralentie, ou ne se fera pas, si les prix de l’électricité sont trop élevés. Et c’est de plus en plus le cas en France et en Allemagne.

L’intérêt général en France commande d’arrêter les nouveaux investissements dans les EnRI. Le pouvoir fera-t-il preuve de responsabilité sur ce dossier en ayant pour seul objectif l’intérêt des Français ?

La France pourrait utilement regarder l’évolution désastreuse de cette transition énergétique outre-Rhin avant de s’engager plus avant dans le développement des EnRI.

En effet, l’Allemagne se désole chaque jour, et notamment depuis la guerre en Ukraine, de sa stratégie énergétique fondée depuis quinze ans sur le retrait du nucléaire, le gaz russe, et le développement des EnRI … Un échec cuisant.

 

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l’auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.

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10 réponses

  1. Les critiques que porte l’auteur envers les EnR s’appliquent d’abord à la filière nucléaire et depuis plus longtemps: lobbying, rente de situation, coûts excessifs. A quoi on peut ajouter: dépendance aux ressources minières étrangères et aux contexte géo-politique, incapacité à éliminer les déchets et dangerosité, compétences perdues.

    Par contre, factuellement, là, aujourd’hui, on constate que le coût de production d’une électricité d’origine photovoltaïque est le plus bas comparé à toutes les autres sources, plus bas même que l’électricité provenant des centrales à charbon.
    Par conséquent, l’auteur aura beau s’offusquer, la filière photovoltaïque a gagné et c’est le monde de la finance qui va l’imposer. La course va même s’accélérer.

    Cerise sur le gâteau: Il y a du soleil et du vent partout donc cela élimine une grande part des motifs de conflits militaires.

    1. Avez vous entendu parler de l’intermittence des énergies renouvelables? Savez vous que les coûts que l’on vous annoncent ne tiennent pas compte des moyens nécessaires pour gommer cette intermittence et la rendre comparable au nucléaire (batteries chinoises monumentales fabriquées à 950g de CO2 par kWh) Et que le bilan CO2/kWh global est 10 fois celui du nucléaire? Soyons cohérents, si la survie de l’humanité dépend des gaz à effet de serre chaque gramme compte , Non?

      1. Il faudrait bien évidemment établir un coût complet des filières photovoltaïques et nucléaires pour piloter une politique industrielle sur plusieurs décennies et de surcroît évaluer les impacts non directement financiers tels que l’effet sur le réchauffement climatique ou, pour reprendre l’exemple des conflits militaires, chiffrer l’intérêt d’une source d’énergie locale donc souveraine à comparer à une ressource située à l’étranger tel que le Mali qui vient de nous sortir du jeu.

        En particulier, l’impact de l’intermittence que vous mettez en avant, momentané car des solutions industrielles sont mises en place progressivement, pourrait être chiffré et comparé, par exemple, aux risques présentés par la filière nucléaire.

        Le débat ne peut pas se limiter à quelques arguments lancés sous forme d’anathèmes mais je maintiens ce que j’ai écris plus haut: l’énergie électrique d’origine photovoltaïque est l’énergie électrique la moins coûteuse et sera donc privilégiée désormais.

        1. Oui, et en plus notre consommation électrique va devoir fortement augmenter pour décarboner rapidement les secteurs qui aujourd’hui consomment du fossile (chauffage, transports etc.). Donc on aura besoin des renouvelables, et le nucléaire tout seul ne pourra pas satisfaire ces besoins, pas au niveau global et même pas en France, vu le temps qu’il faudrait pour installer la puissance supplémentaire, comme vous dites.

        2. Et l’intérêt n’est pas seulement pour le climat, mais aussi (être peut-être surtout ?) pour arrêter de payer des sommes démentes aux pays producteurs, quasiment tous peu recommendables : Russie, Arabie Saoudite, Emirats, USA… il faut être sacrément idiot pour avoir envie de financer le train de vie des cheiks et la guerre en Ukraine.

  2. Laissons de coté les idéologies et concentrons nous sur la cohérence des choix.
    Le seul indicateur objectif (qui dérange) c’est la quantité de CO2 émise par kWh sur la durée de vie du moyen de production d’électricité. Voyons donc ces chiffres:
    1 – Le mix français (nucléaire + renouvelables) se situe à 25g par kWh.
    2 – Si la france n’avait que du nucléaire et de l’hydraulique ce chiffre serait de… 5g ! Or la capacité nucléaire + hydraulique suffit aux besoins actuels de la France. Le renouvelable est donc un luxe masochiste, que nous n’avons pas les moyens de nous payer, et qui dégrade la performance de la France.
    3 – Pour mettre ces chiffres en perspective il faut savoir que la moyenne mondiale est à 450g de CO2/kWh, que la France, depuis plus de 50 ans de nucléaire, n’émet que 5g de CO2 par kWh ce qui représente un crédit carbone de 10 milliards de tonnes. A 80€ la tonne le monde nous doit 800 milliards d’Euros… et on doit donner des gages???
    4 – Restons dans la cohérence: Nous venons d’apprendre que Safran allait construire une usine au Maroc pour un montant de 200 millions d’Euros. Combien le Maroc émet de CO2/kWh ? Réponse 550g (il y a peu de temps c’était 950g, mais passons).
    Nous sommes donc prêts à aller produire à 550g de CO2/kWh au Maroc alors qu’en France on produit à 25g ! et on nous abreuve de promesses sur la réindustrialisation!
    Est ce bien sérieux ?
    10 milliards d’euros sont prévus pour le renouvelable qui va dégrader la performance CO2 de la France. Les 200 millions du cout de l’usine Safran au Maroc pourraient être financés gratuitement par le budget du renouvelable pour une implantation en France et générer une économie de 550g-25g = 525g de CO2/kWh ! et des emplois en prime!
    Est ce bien sérieux?
    Quand je vous dis que nous sommes gouvernés par des imbéciles littéraires qui savent écrire des bouquins mais ne savent pas compter, je suis en dessous de la réalité!

    1. Je vous propose une autre lecture que celle qui consiste à focaliser sur un seul critère technique.

      Globalement, le monde est avide d’énergie et le besoin n’ira qu’en augmentant.

      La filière nucléaire fournit actuellement 5% de l’énergie totale consommée dans le monde. Pensez-vous sérieusement que cette filière pourrait à elle seule fournir les autres 95% ? 20 fois plus ? Rapidement ?

      Inversement, le soleil nous envoie à peu près 10 000 fois notre consommation d’énergie. Il suffit d’en capter 1% pour nos besoins actuels.
      L’objectif est tout de même plus facilement atteignable avec des technologies plus simples, facilement partageables, faciles à disséminer, moins dangereuses.

      1. Le soleil est efficace 4h par jour et l’hiver 3 fois moins que l’été. Pour gommer cette intermittence démentielle il faut stocker. Si on intègre les moyens de stockage colossaux dans le bilan carbone sur la durée de vie, on approche le niveau… du charbon !

  3. Connaissant nos politiciens vous pouvez être sûrs qu’ils vont poursuivre cette gabegie insensée dans l’intermitent, des intérêts très bien placés veillent à ce que cela se poursuive!

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