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mercredi 19 novembre 2025

Médias dits d’intérêt public : des « économistes de premier plan » veulent taxer, planifier, réglementer et subventionner !

Temps de lecture : 3 minutes

Selon 11 économistes, dont deux prix de la Banque de Suède en sciences économiques aussi appelé « prix Nobel d’économie », il faudrait que les Etats agissent pour « investir » dans les médias dits d’intérêt public, l’adjectif se rapportant à leur audience et leur action, et non à leur statut.

Le 22 septembre a été dévoilé un « appel mondial lancé par des économistes de premier plan » afin d’« agir pour protéger les médias d’intérêt public en faveur de la prospérité économique et du progrès humain » (Forum on Information and Democracy, 22 septembre 2025). L’appel a été signé par « 11 des plus grands économistes du monde », dont deux « prix Nobel d’économie », Joseph Stiglitz et Daron Acemoglu, et un Français, Philippe Aghion, devenu depuis lors lui aussi récipiendaire du prix. Pour bien comprendre ce texte, qu’aucun économiste libéral n’a bien entendu signé, il faut revenir un peu en arrière.

La création d’une bureaucratie internationale

En 2019, les Nations unies, considérant que « l’espace mondial de l’information et de la communication est un bien commun de l’humanité », a lancé un « partenariat pour l’information et la démocratie » auquel adhèrent actuellement 56 pays. L’association Reporter sans frontières et plusieurs autres organisations ont créé, la même année, le « Forum sur l’information et la démocratie » afin de le mettre en œuvre. Un panel d’économistes s’est donc penché sur la crise de l’information dans le contexte de la révolution industrielle numérique. Ils ont rédigé un texte intitulé « L’impératif économique d’investir dans les médias d’intérêt public » (septembre 2025, 21 pages) qu’il nous a semblé opportun de résumer et commenter pour nos lecteurs.

Que sont les « médias d’intérêt public » ?

Les « médias d’intérêt public » n’appartiennent pas forcément au secteur public. Selon le Fonds international pour les médias d’intérêt public, il s’agit des médias qui informent le public, lui rapportent des faits fiables, s’engagent dans la « recherche démontrable de la liberté », sont indépendants éditorialement et font preuve de transparence « quant au processus, aux finances et aux politiques utilisés » pour produire lesdites informations.

Des « médias d’intérêt public dans un monde en pleine tourmente »

Selon le début du texte de nos 11 économistes, les « médias d’intérêt public sont en quelque sorte les banques centrales de l’économie de l’information » (p. 3), une allégation étrange et qui n’est pas faite pour rassurer… On retiendra, dans la première partie, cette conviction assénée que « les forces du marché ne suffisent pas à elles seules à fournir ce bien public qu’est l’information à hauteur de ce qu’exigent notre économie et notre société modernes ». En effet, les « médias d’intérêt public » se trouvent soumis à la « concurrence de plus en plus déloyale des géants de la technologie et des plateformes numériques qu’ils contrôlent ». Ce qui est piquant, c’est que le texte s’inquiète à juste titre de l’ « ingérence croissante des gouvernements » (p. 4)… tout en prônant dans la quatrième et dernière partie des solutions qui, en réalité, gravent dans le marbre cette ingérence !

Nous passerons sur les seconde et troisième parties, sauf à relever que, d’après le document, il existerait une « fracture informationnelle », due à un niveau d’information extrêmement faible d’une partie des « électeurs », lui-même dû à la « fracture économique et éducative », et qui devrait être « comblée par des politiques financées » par les gouvernements, comme par exemple des subventions (p. 6).

« Agir pour préserver la valeur de la contribution des médias d’intérêt public »

Dans la quatrième partie, la plus notable, le document appelle « de toute urgence à une action publique décisive » (p. 14), entre autres à de « nouveaux modèles de financements » avec des subventions et des aides directes ou indirectes, la création ou le soutien de « fonds nationaux pour le journalisme » et de nouvelles formules de redevance… mais « sans influence » des gouvernements (p. 15). Bien entendu, la « mise en place des taxes numériques sur les principales plateformes afin de générer des recettes supplémentaires pour soutenir le journalisme » est souhaitée. Ainsi que des « politiques industrielles », des « mesures de protection contre l’emprise des médias et les ingérences », une association des « marchés à une planification intelligente » (p. 17), une « réglementation appropriée » des géants du secteur technologique, qui « privilégient le profit à tout prix au détriment du bien-être social » (p. 19).

En conclusion, les auteurs promeuvent l’investissement dans « l’écosystème médiatique » et son façonnage. Les mesures suggérées, assurent-ils, seraient « relativement peu coûteuses à mettre en œuvre » et ils assurent qu’elles généreraient « des avantages sociaux, politiques et économiques substantiels à long terme » (p. 20). Si ce n’est, comme le disait leur cher Keynes, qu’à long terme, nous sommes tous morts…

Pour résumer, nos économistes défendent des mesures qui versent à peu près toutes dans l’interventionnisme. Il est regrettable qu’ils ne se soient pas penchés sur « l’exception française » avec son cortège de médias publics au budget annuel de 4 milliards d’euros, et ses aides et subventions tous azimuts au journalisme. Ils auraient peut-être compris que le meilleur moyen d’aboutir à une « pensée unique » est de faire intervenir l’État. Mais peut-être est-ce en définitive leur projet ?

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7 réponses

  1. En URSS, il y avait un journal qui s’appelait « La Pravda »… « la vérité », en russe… comme ça c’était simple ! Il y avait la vérité, et tout les autres c’était du mensonge… bref… on connaît la chanson… nos glorieux socialistes se proposent de rétablir un ministère de la vérité, comme aux heures les plus sombres du bolchévisme sanguinaire…

  2. C’est quoi un media d’intérêt public. La Pravda en URSS ou France Inter en France? Autrement dit ceux de gauche politiquements corrects qui répandent la propagande des élites auprès des déplorables?

  3. Je m’en voudrais d’être prétentieux mais franchement là ces messieurs vont trop loin . A croire qu’ils n’ont rien compris . L’Etat devrait investir dans les médias d’intérêts publics ! Mais on se moque de qui? L’Etat n’est pas capable d’investir , tout juste capable d’emprunter pour financer ses frais de structure , c’est à dire financer des pertes par de nouvelles pertes . Alors investir dans le productif c’est comme le sage qui montre la lune et l’imbécile qui regarde son doigt.
    Et par ailleurs , l’Etat n’investit pas dans les médias d’intérêts , il laisse le soin de le faire aux Bolloré et autres chefs d’entreprise. L’Etat lui subventionne, bien trop souvent des inutiles .

  4. La notion même de média d’intérêt public attire immédiatement l’attention sur ce que pourrait devenir une organisation bureaucratique de l’information comme on peut la voir dans des pays qui ne sont pas des modèles de démocratie. Mais on sent que cela titille également l’Union Européenne et certains pays membres qui se verraient bien organiser l’information telle qu’ils souhaiteraient qu’elle soit. De nouvelles taxes en perspective, une activité en plein essor dans notre beau pays.

  5. Hé oui, on y arrive à grands pas….
    Je dis bravo à la gauche, ils savent défendre et répandre leur idéologie et la droite se fait endormir ! elle doit proposer autre chose.
    L’UE veut la démocratie mais sous contrôle, trop de liberté dans la liberté de penser a fait naître
    « La bête noire », l’extrême droite, pas très bon pour leurs projets ! Quand je dis extrême droite c’est tout ceux qui ne pensent pas comme eux, évidemment .
    Le Trumpisme fait peur car la liberté que souhaite Trump fait peur à ces économistes. Et ces derniers montent aux créneaux afin d’insuffler aux gouvernements européens, à l’UE, de faire en sorte de maîtriser l’information, car le petit peuple pense mal sur beaucoup de sujets ; le climat / l’écologie / la démocratie.
    L’UE ne veut pas de place pour les nations mais créer une nouvelle nation….l’UE.
    Petit à petit, réduire nos libertés…..
    Commençons par le plus important, l’information !
    J’ai l’impression que l’on a connu ça par le passé, non ?

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