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mercredi 19 novembre 2025

Où veut en venir Gabriel Zucman avec sa taxe ?

Temps de lecture : 3 minutes

Gabriel Zucman a donné un long entretien à L’Humanité (24-26 octobre 2025) très éclairant sur les dangers de la taxe qu’il prône. Lorsque nous parlons de dangers, nous ne nous référons pas tant ici au court terme, car l’ineptie de la « taxe Zucman » n’a plus besoin d’être démontrée, qu’aux moyen et long termes, trop souvent délaissés.

Au début de l’entretien, l’économiste reprend l’argumentation qu’il a développée à foison : « Un peu partout, les ultra-riches paient beaucoup moins d’impôt en proportion de leurs revenus que les autres catégories sociales », en moyenne 13 % de leurs revenus contre 51 % pour les « Français moyens ». Ces chiffres sont controuvés, mais passons et supposons qu’il ait raison. Un excellent moyen de clouer le bec à notre petit génie est de prendre son raisonnement à l’envers : il ne faut pas hausser les impôts sur les plus riches au taux des « Français moyens » ; il faut au contraire abaisser les impôts des autres au taux des plus riches. On retrouve ici la proposition faite depuis longtemps par l’Iref d’une « flat tax », autrement dit d’un impôt proportionnel sur les revenus, à hauteur de 13 % pour tous -l’Iref disait même 15 %…-. Cela supposerait de réduire de manière drastique les dépenses de l’État et là encore, il suffit de se servir de la boîte à outils de l’Iref qui avait au milieu de l’année dernière estimé les économies immédiatement envisageables à au moins 210 milliards d’euros par an !

Par la suite, Gabriel Zucman donne une première indication inquiétante : « Ces 2 %, c’est vraiment le minimum syndical ». Traduction française : on commencera avec ce taux petit bras et on continuera en matraquant fiscalement les « ultra-riches » encore plus. Mais c’est la fin de l’entretien qui interpelle. Notre économiste prétend : « Si on n’arrive pas à taxer les milliardaires, les autres catégories sociales refuseront légitimement de faire des efforts ». Au-delà de la pétition de principe, cette phrase doit elle aussi être traduite en français : la « taxe Zucman » cible les « ultra-riches », mais elle prépare un matraquage fiscal autrement large. Pourtant, Gabriel Zucman avait reconnu précédemment que « les contribuables dont la fortune s’approche des 100 millions d’euros payent déjà des montants significatifs d’impôt sur le revenu »… Mais on aura compris que c’est l’ensemble des contribuables aisés et très aisés qui seront dans la ligne de mire.

La fin de l’entretien permet aussi de saisir le fondement de la « taxe Zucman » et de la haine des riches et des moins riches qu’elle exsude. D’abord, notre économiste délaisse une fois de plus toute considération de droits de l’homme et de respect de la propriété. « Il faut en finir, estime-t-il, avec la vision selon laquelle seuls les ultra-riches feraient un usage productif de l’outil de travail ». Au contraire, « c’est l’implication des salariés, la coopération avec la puissance publique (?!) et le partage des pouvoirs qui font la productivité ». Ensuite, Gabriel Zucman fait de la démocratie la valeur cardinale, autrement dit il fait de la loi du nombre celle qui permet de tout écraser sur son passage. Et il oppose à la majorité des votants « l’oligarchie ». Car les « ultra-riches » se distinguent du reste de la population : « (leur) patrimoine, c’est le pouvoir ». Il clôt ses propos de manière énigmatique et inquiétante : « Je conçois l’impôt plancher comme une mesure nécessaire mais pas suffisante (?!) pour protéger la démocratie du risque de capture oligarchique ». Dernière traduction en français : c’est la « taxe Zucman » qui empêchera Bernard Arnault et consorts de détenir la souveraineté. Pourtant, cette taxe n’existe pas et les « ultra-riches » ne sont pas pour autant souverains. Etrange, non ? La dénonciation de « l’oligarchie », un lieu commun à la gauche de la gauche aujourd’hui, de Mathilde Panot à François Ruffin, apparaît comme une des moutures les moins reluisantes du complotisme.

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8 réponses

  1. Taxe Zucman : « La richesse en formation est accablée de prélèvements quand la richesse accumulée en est presque exemptée »
    Tribune (Le Monde,26/09/25)
    Jean Gatty, financier et essayiste

    Plutôt qu’une taxe sur les ultrariches, il faudrait étudier l’impôt sur l’ensemble du capital fixe (immeubles, usines…), comme y invitait le Prix Nobel français d’économie 1988, Maurice Allais, suggère le financier Jean Gatty dans une tribune au « Monde ».

    Un impôt de 0,9% sur le capital fixe = montant total de la CSG = rendre du pouvoir d’achat. Qu’en penserait M. Zucman et ceux qui le soutiennent ?

  2. Comment un homme peut il vivre le fait de laisser à la postérité son nom associé au mot « taxe »… Ce type doit être masochiste!

  3. C’est effrayant…
    Voilà toute la différence entre deux nations mal en point :
    – l’une, la France, met sur le devant de la scène et sous les projecteurs un énième économiste d’extrême gauche qui défend bec et ongle une pseudo-théorie qu’il ne cherchera surtout pas à appliquer lui même en se présentant au suffrage universel,
    – l’autre, l’Argentine, a donné la parole et laissé s’exprimer vertement un économiste libéral (même « arnacho-capitaliste » !) qui a pris ses responsabilités à pleines mains en proposant aux argentins d’appliquer lui-même les théories apprises au cours de sa formation.
    D’un côté on a l’ambition intellectuelle d’affirmer que ce qui n’a jamais fonctionné nulle part peut enfin le faire chez nous ; de l’autre on a la conviction qu’appliquer au réel des théories solides, pragmatiques et irréfutables permettra de créer les conditions favorables à une nouvelle ère de prospérité.
    D’un côté théorise indéfiniment, de l’autre on applique méthodiquement.

  4. N’oublions qu’aujourd’hui nous sommes dans un socialo communiste(pour preuve le débat actuel à l’assemblée avec ses comptes d’épicier sur le dos du contribuable).
    A ce rythme nous nous dirigeons vers un régime purement communiste catastrophique.
    Les 45% des français imposés au revenu sont déjà matraqués et ce n’est que le début.
    Zucman, exit.

  5. Au départ, la taxe Zucman consistait à taxer à 2% les patrimoines à partir de 100 millions d’euros. Aujourd’hui, les socialistes proposent une taxe Zucman « allégée » qui consiste à taxer à 3% les patrimoines à partir de 10 millions d’euros en excluant les entreprises innovantes et familiales. On va finir avec une taxe à 5% voir plus sur les patrimoines à partir de 1 million d’euros. Hollande n’avait-il pas affirmé que l’on était riche avec 4 000 euros par mois. A défaut de taxer les « ultra-riches », taxons les riches.

  6. Cet universitaire gonflé de suffisance et ravi de lui même me fait penser à la grenouille opportunément déposée place Vendôme. Les vents cryptocommunistes et écolosocialistes soufflent dans ses contours.

    « Elle qui n’était pas grosse en tout comme un Å“uf,
    Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille…… »

  7. Si l’IA parvient un jour à mettre au chômage les 2/3 de la population avec la contribution de cette dernière, au financement de l’énergie nécessaire à sa survie, il est probable que la taxe Zucman sera la solution. Mais pour le moment en France, bien que l’IA incriminée soit loin du compte, les candidats à la fainéantise payée, sans problème psychologique, sont déjà très nombreux.

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